fuite-papiers-pentagone-ukraine-russie-guerre
Fuite de documents classifiés du pentagone sur la guerre russo-ukrainienne

Pendant que Bakhmut tombe sous domination russe, la fuite des documents classifiés du Pentagone capte l’attention des médias. Cette fuite suscite bien des interrogations sur leur contenu, sur qui les a divulgués et pourquoi.

Le blog d’analyse géo-stratégique italien Piccole Note revient sur cette fuite de documents et donne quelques éléments de réponse qu’il est bon de connaître : « De nombreuses questions ont été posées sur le secret violé, que l’on peut résumer en trois blocs : d’abord celles concernant leur contenu, puis qui les a divulgués et pourquoi. Une autre question pourrait également être ajoutée, qui permet de répondre aux autres et concerne le timing » souligne Piccole Note qui déroule ainsi sa réflexion :

« La fuite de documents, le calendrier et les problèmes

« En fait, la première question à se poser est de savoir pourquoi des documents qui circulent sur internet depuis plus d’un mois, d’abord sur la plateforme Discord puis sur d’autres réseaux sociaux, ne sont découverts que maintenant par les médias, c’est-à-dire par le New York Times. Et qui plus est, avant que les renseignements américains ne s’en aperçoivent, qui auraient dû découvrir leur existence depuis un certain temps et s’opposer à l’opération depuis un certain temps (ils ne manquent pas de moyens).

« Bien sûr, nous pourrions nous retrouver face à une débâcle catastrophique du renseignement américain, la plus grave défaillance de son histoire, mais la question très délicate (l’Ukraine) et la liberté avec laquelle circulent les documents classifiés laissent peu de place à cette éventualité.

« La vraie question est donc de savoir pourquoi cette fuite a été autorisée et pourquoi le New York Times, qui entretient des relations très étroites avec les services de renseignement américains, a décidé de lui donner corps en rendant visible l’invisible.

« La première et évidente réponse est donnée par le timing : la thématique de la fuite du document couvrait l’actualité de Bakhmut, évitant ainsi aux médias de rendre compte de la fracassante débâcle ukrainienne et, en particulier, de son chef Zelensky, qui a décidé de massacrer son peuple pour rien.

« Cette raison explique pourquoi, du moins jusqu’à présent, le matériel qui fuit des réseaux du renseignement américain est si inintéressant. En fait, il n’y a rien dans les documents révélés qui n’était pas connu ou qui n’avait pas fait l’objet d’hypothèses.

« Bien sûr, le contrôle strict des États-Unis sur l’Ukraine, à la fois militairement et politiquement, avec le corollaire d’interceptions par Zelensky lui-même, pourrait scandaliser mais tout cela est bien connu. Les interceptions contre les pays alliés sont habituelles, des nouvelles qui peuvent tout au plus provoquer des éditoriaux pleins de ressentiment.

« Tout aussi bien connu est l’engagement des pays de l’OTAN en Ukraine, même si dans les journaux le nombre de forces spéciales de l’OTAN en action est certainement sous-estimé, et de beaucoup. Certes, la guerre par procuration contre la Russie se révèle ainsi dans sa plasticité, mais est-ce une révélation ?

« Match interne et jeu de miroirs

« En réalité, la seule nouvelle vraiment embarrassante qui soit sortie jusqu’à présent, vraie ou fausse, est le fait que l’Égypte produirait prétendument 40 000 roquettes pour le Kremlin… cette nouvelle mettra le Caire sous pression, ce qui ne déplaira ni aux États-Unis ni à Israël.

« Eh oui, Israël, la nouvelle la plus bizarre concerne Israël, puisque dans la documentation il y a aussi l’engagement du Mossad contre Netanyahu pour faire échouer sa réforme judiciaire. Une nouvelle vraiment étrange, puisque Netanyahou, en réalité, s’est mis à dos tout l’appareil de défense et de renseignement israélien de manière plus ou moins manifeste, ainsi que la quasi-totalité de la communauté juive mondiale. Il n’était certainement pas nécessaire que le Mossad fasse obstruction. Des nouvelles très bizarres, oui.

« La nouvelle la plus controversée reste cependant celle relative aux graves difficultés que rencontrerait Kiev pour préparer la contre-offensive. Sur ce point, les Russes parlent de simple désinformation. Probable. En fait, ces difficultés sont connues depuis des mois et depuis des mois Kiev, l’OTAN et les USA travaillent d’arrache-pied. La contre-offensive aura lieu et son résultat est indépendant de ce qui est écrit sur ces cartes. Tout au plus, en cas d’échec, les différents sponsors de Kiev pourront toujours dire : nous les avions prévenus…

« Ainsi, il est probable que la fuite soit un jeu de miroirs et, en même temps, une bombe d’avertissement faite explosée dans le cadre d’un affrontement interne des appareils et politiques occidentaux, avec des échos clairs venant du Moyen-Orient (comme l’indique également la dénonciation d’une « dérive pro-russe présumée des Emirats Arabes »).

« Rien à voir avec la réalité de la guerre d’Ukraine, du moins jusqu’à présent, dont la boucherie se poursuivra par des automatismes irrévocables. Mais celui qui a commencé ce jeu – certainement pas les Russes, qui gardent pour eux les nouvelles sur l’ennemi, pour mieux les utiliser – pourrait en perdre le contrôle. Ils comptent sur le chaos, mais les variables du chaos sont nombreuses.

« Cela dit, un bouc émissaire est nécessaire de toute urgence. »

Francesca de Villasmundo

Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !

MPI vous informe gratuitement

Recevez la liste des nouveaux articles

Je veux recevoir la lettre d'information :

Nous n’envoyons pas de messages indésirables ! Lisez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

3 Commentaires
Les plus anciens
Les plus récents Les mieux notés
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires

Abonnez-vous à CARITAS !

Le numéro 1 de la tout nouvelle revue Caritas est en vente sur MCP !

Militez,

En achetant le n°1 de CARITAS : Lutter contre la haine anticatholique

En s’abonnant à cette nouvelle revue : la revue CARITAS !