A l’origine, Le ministère de l’Éducation nationale a annoncé vendredi 21 juin avoir déposé plainte après des «suspicions de fuites » :
« Finalement, les suspicions de fuite du bac de mathématiques qui tournaient sur les réseaux sociaux depuis ce vendredi matin se sont avérées véridiques. Alors que de nombreux internautes se vantaient d’avoir déniché dès hier soir les sujets des filières ES et L sur Twitter, le ministère de l’Education nationale a convoqué la presse en fin d’après-midi pour annoncer qu’elle allait ouvrir une enquête et porter plainte contre cette triche potentielle.» de sujets du bac de mathématiques de série ES et L dans trois ou quatre lycées.
Il s’agit d’une zone géographique extrêmement limitée: trois à quatre établissements en Ile-de-France dans lesquels quelques élèves, quelques candidats, auraient reçu par des réseaux privés et non pas par des réseaux sociaux, les sujets en amont des épreuves qui se sont tenues vendredi, a indiqué Jean-Marc Huart, le numéro 2 du ministère. Les candidats auraient échangé ces sujets par la messagerie WhatsApp ou par SMS. »
L’affaire est bouclée dès 2 juillet :
« Finalement 19 candidats au bac 2019 ont été interpellés mardi et mercredi en région parisienne et dans les Bouches-du-Rhône, et deux nouvelles interpellations ont eu lieu ce jeudi, pour un total de 21. À l’heure actuelle, 14 d’entre eux ont déjà été remis en liberté. Selon BFMTV, un candidat au bac aurait acheté le sujet du bac 1600 € à un couple de trentenaires qui a été interpellé. »
Comme l’évoque Le Figaro, le 5 juillet, le bac 2019 est un véritable feuilleton digne des meilleures feuilles à scandale, mais ne révèle pas (volontairement ?) l’essentiel : d’où sortent ces fuites enfin avérée ?
Personne – au Figaro comme ailleurs, et notamment sur France Info – ne veut prendre le risque de l’évoquer bien que cela soit alors déjà le secret de Polichinelle :
Fuites au bac: les quatre suspects, dont un surveillant d’un lycée privé, mis en examen
« C’est un véritable feuilleton. Entre les rétentions de copie en signe de protestation à la réforme du lycée, les fuites de sujets ou encore les épreuves jugées trop difficiles par les élèves… le bac session 2019 connaît de nombreux rebondissements.
Concernant les fuites au bac, une information judiciaire a été ouverte ce vendredi 5 juillet par le parquet. Des candidats au bac avaient en effet fait fuiter des sujets de mathématiques et de physique chimie sur des réseaux privés. Au total, 21 personnes avaient été placées en garde à vue dans cette affaire et 17 d’entre elles ont été remises en liberté. Les quatre personnes restantes, deux candidats au baccalauréat et un couple de trentenaires interpellés dans l’enquête sur des soupçons de fraude concernant des épreuves de mathématiques, ont été mis en examen vendredi et placés sous contrôle judiciaire, a-t-on appris auprès du parquet de Paris. »
Il faudra attendre le lendemain pour que le pot aux roses soit enfin dévoilé par le Parisien, ce que le Figaro reprend alors courageusement :
« Deux candidats au baccalauréat et un couple de trentenaires, interpellés dans l’enquête sur des soupçons de fraude concernant des épreuves de mathématiques, ont été mis vendredi en examen et placés sous contrôle judiciaire, a indiqué le parquet de Paris.
Les deux candidats ont été mis en examen pour fraude aux examens et recel d’abus de confiance. Concernant le couple, l’homme, un surveillant dans un établissement privé sous contrat, a été mis en examen pour abus de confiance et complicité de fraude aux examens. Sa compagne l’a pour sa part été pour complicité de fraude aux examens et recel d’abus de confiance.
Lui est soupçonné d’avoir eu accès aux sujets et de les avoir revendus, tandis qu’elle serait intervenue dans la remise des sujets aux candidats. Selon le Parisien, l’homme, né en 1982 tout comme sa compagne, serait un surveillant du lycée Ozar-Hatorah de Créteil (Val-de-Marne). Les deux candidats mis en examen sont pour leur part soupçonnés d’avoir acheté les sujets. »
(On parle tout d même de 1600 E : le commerce de la fraude c’est rentable, on comprend que certains s’y intéressent…)
Voilà qui explique aussi une « discrétion de bon aloi » rarement de mise dans la presse : le coupable est un surveillant d’un lycée privé de la très confessionnelle mouvance Ozar-Hatorah et les candidats fraudeurs y appartiennent évidemment aussi…
Mais soyons rassurés les prévenus nr risquent pas grand-chose et doivent avoir déjà trouvé l’avocat ad hoc : Maître Morice, qui s’était déjà illustré en 2016 où dans une affaire de fuite du bac 2011(mais il est vrai sans question financière là !)
« Poursuivis pour recel de vol et fraude à un examen, les quatre hommes ont finalement tous été relaxés du premier chef d’accusation et déclarés coupables mais dispensés de peine pour le deuxième.
Le parquet avait requis des peines allant de cinq à huit mois de prison avec sursis.
Ce dossier de fuites «s’est lamentablement dégonflé», s’est félicité l’un des avocats de la défense, maître Olivier Morice. »
Au passage on pourrait se demander qu’elle pourrait-être l’implication de l’établissement Ozar-Hatorah, en tant que tel, dans cette affaire…
Il ne saurait évidemment être question de le suspecter !
Saluons alors le travail d’investigation d’Egalité et Réconciliation qui montre clairement que les résultats du Lycée incriminé de Créteil, ne sont pas forcément à la hauteur ni de ses espérances, ni de sa publicité…
« Reste à voir, pour les dirigeants de cette école très spéciale qui reçoit les sujets par miracle et qui bénéficie d’une publicité nationale, si les demandes d’inscription vont exploser ou au contraire s’effondrer pour la rentrée 2018-2019. »
Cela mériterait effectivement d’être évoqué !
Claude Timmerman
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