François dit que l’enfer est peut-être vide
Lire aussi : Le pape a confirmé la bénédiction des
personnes de même sexe et pense que l’enfer n’existe pas. (1)
« Ce que je vais dire n’est pas un dogme de foi, c’est quelque chose qui m’est personnel mais qui me plaît. Il me plaît de penser que l’enfer est vide. J’espère que c’est une réalité, mais cela me plaît. »
Ce n’est pas une nouveauté, il avait déjà déclaré le 15 septembre 2021 lors de la conférence de presse sur le vol qui le ramenait de son voyage en Slovaquie :
« Le Seigneur est bon et nous sauvera tous. Cela, ne le dites pas à voix haute [il rit], mais le Seigneur veut le salut de tous. »
Notons de plus que Paul VI, Jean-Paul II, Benoît XVI et François lui-même ont plusieurs fois publiquement fait les éloges de Hans URS von BALTHASAR et Jacques MARITAIN. Le premier affirmait que nous pouvions espérer que l’enfer est vide, le second croyait en l’apocatastase : hérésie origéniste condamnée lors du IIè Concile de Constantinople (553), d’après laquelle à la fin des temps les habitants de l’enfer, y compris les démons, seraient pardonnés en iraient au Ciel.
Or, penser que l’enfer est potentiellement vide est hérétique car il est de foi que Judas s’y trouve (nous y reviendrons plus bas). Par ailleurs, pour les âmes des autres que Judas, il n’y a rien d’obligatoire à croire, mais penser que personne ou presque n’y est, est à tout le moins de la grave inconscience quant aux réalités humaines, et une opposition téméraire au jugement unanime de tous les Pères, tous les Docteurs, tous les saints, tous les mystiques, toutes les âmes privilégiées, tous les auteurs spirituels, tous les pasteurs d’âmes !
Mais ne pouvons-nous pas penser que François émettait ici des propositions universelles exceptives ou approximatives, des propositions où on ne précise pas que tel ou tel n’est pas concerné car cela va de soi ? Dans le langage courant, ne disons-nous pas « personne » pour dire « peu de monde » ? Ne disons-nous pas « J’ai pris l’autoroute, il n’y avait personne », pour dire qu’il n’y avait pas grand monde ?
La réponse est non : nous ne pouvons pas ! En effet, François a déjà déclaré deux fois que Judas n’était potentiellement pas en enfer !
Il le fit pour la première fois en 2017, au cours d’une émission télévisée sur la chaîne italienne TV2000. L’entretien de cette émission est retranscrit et publié dans le livre « Quando Pregate Dite Padre Nostro ». Le site Aleteia en publia un extrait qui nous intéresse particulièrement (l’emphase est de nous) :
« Le Pontife nous invite à imaginer un destin différent pour Judas : « Peut-être que s’il avait rencontré la Vierge Marie, les choses se seraient passées différemment, mais le pauvre homme s’en va, ne trouve pas d’issue à sa situation, et il est allé se pendre ».
« Mais, il y a une chose qui me fait penser que l’histoire de Judas ne s’arrête pas là … Peut-être que quelqu’un pourrait penser, « ce pape est un hérétique … » Mais, non ! Ils devraient aller voir l’une des colonnes de la basilique Sainte-Marie-Madeleine à Vézelay, en Bourgogne [en France] », a-t-il dit.
Le successeur de Pierre décrit comment les gens du Moyen Âge ont enseigné l’Évangile à travers des sculptures et des peintures. «Sur cette capitale, d’un côté il y a Judas, pendu; mais de l’autre, le Bon Pasteur qui le porte sur ses épaules et l’emporte. »
Il a révélé qu’il avait une photographie de ce capital en deux parties derrière son bureau, car cela l’aide à méditer. « Il y a un sourire sur les lèvres du Bon Pasteur, ce que je ne dirais pas ironique, mais un peu complice », décrit-il. »
En plus de l’hérésie de dire que Judas n’est peut-être pas en enfer, il faut remarquer que François ment de façon grossière dans l’argument qu’il emploie ! Nous faisons nôtre ce commentaire du site Fide Post :
« François évoque une colonne de la basilique de Vezelay sur laquelle il prétend qu’on y voit Jésus Christ porter le corps Judas « avec un sourire ironique, presque complice ». Cette supposition évidemment blasphématoire a pour but de signifier qu’en quelque sorte, il existait une complicité positive entre Jésus Christ et le traître Judas. Au-delà du ridicule de la méthodologie exégétique de Bergoglio (cela en dit long sur la formation non-catholique de cet imposteur) qui recherche des explications de la Sainte Ecriture dans des ornementations architecturales, il s’agit qui plus est d’un mensonge grotesque. La colonne en question montre effectivement Judas pendu à une corde. Sur l’autre face de la colonne, on voit un individu porter le corps de Judas. Mais le porteur n’a rien de Jésus Christ, rien du « Bon Pasteur » imaginé par Bergoglio. C’est juste un individu lambda. Ajoutons à cela que le porteur en question ne sourit pas du tout. »
En effet, voici le chapiteau de colonne dont parle François :
Lors de son homélie du Mercredi Saint 2020, François usa encore du même argument :
« Il y a quelque chose qui attire mon attention, c’est que Jésus ne lui dit jamais “traître”; il lui dit qu’il sera trahi, mais il ne lui dit pas “traître”. Il ne dit jamais: “Va-t’en traître”. Jamais! Au contraire, il dit: “Ami”, et il l’embrasse. Le mystère de Judas : quel est le mystère de Judas? Je ne sais pas… Don Primo Mazzolari l’a mieux expliqué que moi… Oui, cela me console de voir ce chapiteau du Vézelay: comment finit Judas? Je ne sais pas. Jésus profère de fortes menaces ici; il menace fortement: “Malheur à cet homme-là par qui le Fils de l’homme est livré ! Mieux eut valu pour cet homme-là de ne pas naître!” (Cf. Mt 26, 24). Mais cela veut-il dire que Judas est en enfer? Je ne sais pas. Je regarde le chapiteau. Et j’entends la parole de Jésus: “Ami”. » (Homélie du 8 avril 2020, Mercredi Saint)
Or, comme nous le disions plus haut, la damnation de Judas est une vérité de foi !
Le Christ le dit Lui-même deux fois :
« Lorsque j’étais avec eux, je les conservais dans votre nom. J’ai gardé ceux que vous m’avez donnés, et pas un d’eux ne s’est perdu, hormis le fils de perdition, afin que l’Écriture fût accomplie. » (Jean XVII, 12)
« Et s’étant mis en prière, ils dirent : « Seigneur, vous qui connaissez le cœur de tous, indiquez lequel de ces deux vous avez choisi pour occuper dans ce ministère de l’apostolat, la place que Judas a laissée par son crime pour s’en aller en son lieu. » » (Actes I, 24-25)
Les Pères de l’Eglise sont unanimes à dire que Judas est en enfer. Nous renvoyons sur le sujet au livre Judas est-il en enfer ? Réponse à Hans Urs von Balthasar de l’abbé Guy PAGÈS. Or, une telle unanimité est infaillible. Nous renvoyons à cet article :
L’infaillibilité du consensus moral des Pères de l’Eglise
La liturgie, couverte par l’infaillibilité négative ou pratique, déclare le Jeudi Saint :
« O Dieu, qui avez puni la perfidie de Judas et récompensé la confession du larron, faites-nous ressentir l’effet de votre miséricorde, afin que Notre Seigneur Jésus-Christ, qui, dans sa Passion, les a traités tous deux selon leur mérite, détruise en nous les traces du vieil homme et nous accorde la grâce de sa résurrection. » (https://www.introibo.fr/Jeudi-saint-en-la-Cene-du-Seigneur)
Le Catéchisme du Concile de Trente affirme trois fois explicitement, et probablement une quatrième implicitement, que Judas est en enfer :
« Les autres mots: « pour vous et pour plusieurs », sont empruntés les uns à saint Matthieu (Matth., 26, 28), et les autres à saint Luc (Luc., 22, 20). Et c’est l’Église qui, inspirée par l’esprit de Dieu, les a réunis. Ils servent à exprimer les fruits et les avantages de la Passion. Si nous en considérons en effet la vertu et l’efficacité, nous sommes obligés d’avouer que le Sang du Seigneur a été répandu pour le salut de tous. Mais si nous examinons les fruits que les hommes en retirent, il est évident que plusieurs seulement, et non pas tous, en profitent. Lorsque Jésus-Christ dit: pour vous, Il entendait par là, à l’exception de Judas, ceux qui étaient présents, et à qui il parlait, ou bien les élus d’entre les Juifs, tels que ses disciples. » (Catéchisme du Concile de Trente, Chapitre dix-huitième — Du sacrement de l’Eucharistie, § III. — FORME DE L’EUCHARISTIE)
« Il arrive quelquefois que les hommes n’ont pas un repentir proportionné à leurs péchés ; et même, comme le dit Salomon (Prov., 2, 14) : « Il y en a qui se réjouissent, lorsqu’ils ont fait le mal. » D’autres, au contraire, s’abandonnent à tel point au chagrin et à la désolation, qu’ils viennent à désespérer entièrement de leur salut. Tel semble avoir été Caïn, qui disait (Genes., 4, 13) : « Mon crime est trop grand pour obtenir le pardon. » Et tel fut certainement Judas (Matth., 27, 3) que « le repentir de son crime conduisit à se pendre lui-même, » perdant ainsi la vie et son âme tout ensemble. La vertu de Pénitence nous aide donc à garder une juste mesure dans notre douleur. » (Catéchisme du Concile de Trente, Chapitre vingt-et-unième — Du sacrement de Pénitence, § I. — DU NOM ET DE LA VERTU DE PÉNITENCE)
« D’autres sont conduits au Sacerdoce par la soif des honneurs et par l’ambition. Il en est enfin qui ne recherchent les Ordres que pour s’enrichir ; et la preuve c’est que, si vous ne leur offrez quelque bénéfice considérable, ils ne songent même pas à recevoir un seul des Ordres sacrés. Ce sont ceux-là que notre Sauveur appelle des mercenaires, et dont le Prophète Ezéchiel disait (Ezech., 34, 1) : « Ils se paissent eux-mêmes, et non leurs brebis. » Leur bassesse et leur avidité a déshonoré l’État ecclésiastique aux yeux des Fidèles, qui le regardent maintenant presque comme la profession la plus vile et la plus méprisable. Aussi ne tirent-ils point d’autre fruit de leur Sacerdoce, que celui que recueillit Judas de son apostolat, c’est-à-dire leur perte éternelle. » (Catéchisme du Concile de Trente, Chapitre vingt-sixième — Du sacrement de l’Ordre, § I. — IL EST UTILE D’EXPLIQUER AUX FIDÈLES LE SACREMENT DE L’ORDRE)
La quatrième potentielle et implicite occurrence est celle-ci :
« Les Pasteurs ont donc à prévenir les Fidèles que celui qui veut s’approcher de Dieu pour Lui faire cette demande, est obligé d’abord de reconnaître ses propres fautes, puis de ressentir une véritable douleur de les avoir commises, et en même temps d’être bien persuadé que Dieu a la volonté de pardonner à tous les pécheurs qui sont dans les dispositions que nous venons de rappeler. Autrement, le souvenir plein d’amertume et la vue effrayante de tous nos péchés pourraient nous jeter dans le désespoir de Caïn et de Judas, qui ne voulurent voir en Dieu qu’un Vengeur et un Justicier, et non point la Bonté même de la Miséricorde infinie. » (Catéchisme du Concile de Trente, Chapitre quarante-quatrième — Cinquième demande de l’Oraison Dominicale, § I. — DES DISPOSITIONS NÉCESSAIRES POUR FAIRE CETTE PRIÈRE. — REPENTIR)
Pour se rendre compte de la force du Catéchisme du Concile de Trente, dit aussi Catéchisme romain, nous renvoyons à cet article :
La grande valeur du « Catéchisme du Concile de Trente », dit aussi « Catéchisme romain »
Il existe enfin cette citation de Pie XI qui, d’après certains, affirme que Judas est en enfer car il dit qu’il fut « conduit à l’abîme de l’iniquité », ce qui peut aussi s’interpréter comme le fait qu’il fut conduit aux pires crimes sur terre, sans que la formule n’inclut en elle-même une affirmation quant son sort postérieur :
« Si l’on pense qu’un apôtre du Christ, un des douze (Mt 26, 14 ; Mc 14, 10 ; Lc 22, 3), comme notent tristement les Évangélistes, Judas, fut conduit à l’abîme de l’iniquité précisément par l’esprit de cupidité des biens terrestres, on comprend facilement que ce même esprit ait pu causer tant de dommages dans l’Église à travers les siècles. » (Encyclique Ad Catholici Sacerdotii, 20 décembre 1935 – Sur le sacerdoce, n°35)
Louis FLETENCHARD
(1) Certains défenseurs de François affirment que les propos rapportés par Eugenio Scalfari sont invérifiables et sans doute faux car le pape « parle au contraire souvent de l’enfer dans ses causeries ». A MPI, nous pensons que ce pape est capable dire tout et son contraire sans que cela ne le gène aucunement…
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