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Focus sur le Rassemblement National Juif auprès de Marine Le Pen

C’est une information qui avait fait l’objet d’une dépêche AFP mais n’avait été relayée par aucun média du système. Evoquée simplement par le magazine d’actualités économiques Challenges, le site russe RT et quelques médias dissidents, cette information mérite pourtant attention. Fin novembre 2018, Jean-Richard Sulzer, élu du Rassemblement national, conseiller de Marine Le Pen durant la campagne présidentielle, ex-adjoint aux Finances de Steeve Briois, maire d’Hénin-Beaumont, mais aussi franc-maçon ayant été un temps l’assistant de l’avocat franc-maçon Gilbert Collard, lançait le « Rassemblement national juif« . « Un comité de vigilance » qui veut éviter que des personnes suspectes d’antisémitisme soient investies candidat RN aux élections.

La dépêche de l’AFP stipulait :

Pour « maintenir la vigilance contre toute dérive du parti », une vingtaine d’élus et sympathisants du Rassemblement national ont créé un collectif, intitulé le Rassemblement national juif, dont le nom a été déposé à l’Inpi. A l’initiative de ce lancement, l’ex-adjoint aux Finances du maire d’Hénin-Beaumont, Jean-Richard Sulzer, explique la démarche à Challenges.

Et voici quelques extraits significatifs de l’entretien publié par le magazine Challenges :

Challenges – Vous avez créé une association baptisée « Rassemblement national juif », quel est son but ?

Jean-Richard Sulzer – C’est une association qui regroupe des élus, des militants et des sympathisants du Rassemblement national qui ont à cœur de sensibiliser les dirigeants du Rassemblement national au ressenti de la communauté juive au sein du parti. L’association compte une vingtaine de membres et a été officiellement créée en juin dernier. Nous avons aussi déposé le nom « Rassemblement national juif » auprès de l’Institut national de la propriété industrielle (Inpi) afin de pouvoir l’utiliser dans d’éventuelles publications ou affiches.

Pourquoi lancer ce collectif aujourd’hui ?

Notre démarche est celle d’un soutien bienveillant mais vigilant au Rassemblement national. Depuis six mois, nous constatons l’arrivée dans les instances du parti et l’entourage de Marine Le Pen de personnalités qui nous inquiètent et, pour le dire clairement, qu’on soupçonne de penchants antisémites

Jean-Richard Sulzer ajoutait :

À titre personnel, je ne manque pas une occasion de rappeler à Marine Le Pen ma grande sensibilité sur le sujet, souvent avec une pointe d’ironie. Lorsqu’elle avait fustigé “les nomades” Jacques Attali et Daniel Cohn-Bendit au congrès de Lille, j’avais tweeté “les nomades seraient-ils tous bretons ?” Et j’avais accueilli Steve Bannon avec ma kippa sur la tête.

Le lancement d’un Rassemblement National Juif n’est pas sans rappeler celui, en Allemagne, de la JAfD, antenne juive au sein de l’AfD. Dans les deux cas, il s’agit d’accentuer une impulsion sioniste au sein de ces partis politiques.

Surplombant le logo de JAfD symbolisant un chandelier juif, une petite flamme fait curieusement penser à celle du Front National.

L’influence sioniste auprès de Marine Le Pen n’est pas neuve.

Le 25 avril 2012, le site du Centre Communautaire Laïc Juif publiait ceci :

CES JUIFS QUI ONT VOTÉ LE PEN

par Ouri Wesoly

Ce texte se base sur un article paru dans Haaretz* en approfondissant certaines données. Il montre que la « dédiabolisation » du FN a aussi fonctionné chez les Juifs : 7 à 8% d’entre eux auraient voté pour « Marine »…

Michel Thooris : « Marine Le Pen défend les Juifs »

Prenez Michel Thooris. A priori, un policier comme il y en a tant. Sauf qu’il est plus engagé que la moyenne. Politiquement, il a été longtemps  proche de Philippe de Villiers. Et dans les années 2000, il fut aussi un des dirigeants du très droitier syndicat « Action Police CFTC ».

A l’époque, au nom de ce syndicat, il avait publié un communiqué considérant que la Ligue de défense juive « n’était pas une source de troubles », mais, qu’au contraire, « elle accomplissait une mission de service public ».

Et il devait savoir de quoi il parlait : Michel Thooris est juif et il a aussi été membre du « Bureau National de Vigilance Contre l’Antisémitisme » (BNCVA), qui prétend assurer la protection des Juifs d’Ile de France.

Thooris est à présent candidat FN aux élections législatives de juin 2012 et il ne voit aucune contradiction avec ses positions : « Marine Le Pen combat le crime et l’islamisme, ce qui signifie qu’elle défend les Juifs ».

Un excité isolé ? Voire. Prenons encore l’économiste Jean-Richard Sulzer. Professeur d’université, il a travaillé pour des hommes politiques de centre droit comme Edgar Faure ou Jean-Pierre Soisson.

En 2002, il rejoint le Front National. En 2007, il devient membre de son Bureau Politique. Il a fait partie de l’équipe de campagne présidentielle de Marine Le Pen comme conseiller budgétaire. Pour l’anecdote, c’est à cause de tout cela que son épouse l’aurait quitté.

Un dernier pour la route ? Voici Michel Ciardi. Il se présente comme juif et partisan de Marine. Par ailleurs psychothérapeute, il collabore avec le site « Riposte laïque » qui se bat contre « l’islamisation de la France » en organisant des apéros saucisson-pinard.

Début 2012, Ciardi a fondé « l’Union des Français juifs » afin de soutenir la candidature de M.Le Pen. « J’ai été invité à dîner chez un ami juif en même temps qu’elle », explique-t-il. « Et j’ai été ravi. Elle a tant d’ambition pour notre pays. Et elle m’a dit qu’il était important que nous, les Juifs, fassions partie du Front national ».  

(…) « L’attitude des Juifs a changé, parce que le Front national a changé »

Mais il y a tout de même des antisémites au FN, non ? « Eh bien, ils devront accepter que les partisans juifs de Marine appartiennent au parti autant qu’eux ». A lui aussi, ce choix a valu quelques soucis familiaux.

« Mes enfants m’ont dit qu’ils n’étaient pas d’accord avec mes idées. Ca tombe bien, je ne suis pas d’accord avec les leurs non plus ». Ambiance… Ceci dit, la plupart des nouveaux convertis au « marinisme » affirment que leur choix ne braque pas leurs proches.

« L’attitude des Juifs a changé, parce que le Front national a changé », explique  Michel Thooris. « Marine Le Pen a exprimé à de nombreuses reprises son horreur face à la Shoah. Et cela, les Juifs le savent ». (…)

*http://www.haaretz.com/jewish-world/amid-elections-france-s-jews-debate-support-of-rightist-le-pen-1.426270

** Radio J est une des quatre radios juives émettant à Paris et se partageant la même fréquence (94,8 en FM)

Il faut encore souligner les excellents rapports qu’entretient Marine Le Pen avec la Ligue de Défense Juive. Au point qu’en 2018, lorsque Marine Le Pen et Gilbert Collard souhaitent participer à une manifestation de la communauté juive en hommage à Mireille Knoll, c’est la Ligue de Défense Juive qui assure leur protection.

Parmi les militants de la Ligue de Défense Juive présents pour protéger Marine Le Pen et Gilbert Collard, il y avait Jean-Claude Nataf, alias « Elihaou », porte-parole de la LDJ et ancien du Bétar, un mouvement étudiant juif ultra-violent auquel a également appartenu Francis Khalifat, actuel président du Crif. Jean-Claude Nataf avait déjà été photographié lors du défilé du FN du 1er mai 2013 au côté de Philippe Péninque, conseiller de Marine Le Pen.

Il faut aussi signaler le cas de l’avocat David Dassa-Le Deist, qui défend à la fois le FN et la LDJ.

« Je suis un ami de David Dassa de la LDJ […] Nous sommes là pour la sécurité de Marine Le Pen », aurait indiqué un membre de la LDJ à Wallerand de Saint-Just, trésorier du FN, dès l’arrivée des personnalités du FN dans le cortège d’hommage à Mireille Knoll, relatait Le Monde.

Il faut d’ailleurs se souvenir que, dès 2014, lorsque certains évoquent la dissolution de la LDJ au plus haut sommet de l’Etat, Marine Le Pen répète publiquement s’y opposer. Elle avait notamment déclaré :

« S’il existe une Ligue de Défense juive, c’est qu’il y a un grand nombre de juifs qui se sentent en insécurité. Ils ont le sentiment que monte un nouvel antisémitisme en France et qui est le fait de confrontations communautaires. C’est une réalité. »

Enfin, il faut se souvenir de ce moment de la campagne présidentielle de 2017. Tandis que Nicolas Bay, secrétaire général du Front national, revenait de son voyage en Israël, mandaté par Marine Le Pen, Louis Aliot et Gilbert Collard prenaient un petit-déjeuner au restaurant parisien Chez Françoise, le mercredi 8 février 2017, à l’invitation de la Confédération des juifs de France et des amis d’Israël (CJFAI) présidée par Richard Abitbol et regroupant 18 associations juives.

Une trentaine de personnes participaient à cette rencontre. Il y avait là Nicolas Lesage, directeur de cabinet de Marine Le Pen, Jean-Richard Sulzer, conseiller économique de la présidente du FN et aujourd’hui fondateur du Rassemblement National Juif, et Michel Thooris, responsable de l’Union des patriotes français juifs.

Richard Abitbol s’y réjouissait que Marine ait « éliminé » son père Jean-Marie Le Pen du FN. Puis le président du CJFAI avait interrogé ses invités :

« Il y a encore des gens peu fréquentables au FN, comme M. Chatillon ou des proches de Rivarol. Que comptez-vous faire avec ces personnalités qui dérangent ? »

Le député (Rassemblement Bleu Marine) franc-maçon Gilbert Collard avait répondu que « toute (sa) vie », il a « œuvré pour Israël, en raison de multiples amitiés ».

« Le dernier rempart de la civilisation judéo-chrétienne, c’est Israël. »

« Accordez-nous le droit d’avoir évolué, d’avoir réfléchi, d’avoir viré les cons qui corrompent toujours, partout où ils passent. Mais qui peut se targuer de ne pas avoir un con dans son groupe ? Les cons qui comptent il faut les virer. Et les cons qui ne comptent pas il faut les virer, parce qu’ils polluent. [La situation évolue] grâce à Marine, qui est intraitable sur la question, et qui va même jusqu’à prendre des sanctions immédiates, au mépris de toutes les règles de procédure le plus souvent, ce qui est un peu problématique. »

« Frédéric Chatillon, je ne le connais pas. Chaque fois que je le vois, je l’évite. Je crois savoir qu’il n’occupe aucune place dans les instances du Front. (…) J’ai une position très simple. Les gens qui sont discutables, je suis pour qu’on les vire. Chatillon, personnellement, (…) je vous mets au défi de me voir en sa présence quelque part. Il ne serait pas là, on se porterait beaucoup mieux. »

Ensuite, c’est Louis Aliot, vice-président du FN, qui déclarait que le judaïsme est « une partie de (lui)-même ».

« Mon grand-père était juif d’Algérie. Je connais un peu ce monde-là sans totalement le connaître. »

« Israël relève d’un pays ami, mais étranger, comme peut l’être l’Espagne. C’est un pays partenaire, ami, mais il se peut que les intérêts de la France ne soient pas ceux d’Israël. »

« Frédéric Chatillon n’a aucune responsabilité exécutive ou administrative au sein du Front national. Il n’est pas au bureau politique, il n’est pas élu du comité central, il n’est pas au bureau exécutif. Il est un prestataire, un technique. On peut l’aimer, on peut ne pas l’aimer, je comprends. Il ne s’occupe pas des affaires internationales, il n’a pas son mot à dire dans notre politique internationale. S’il avait son mot à dire, est-ce que vous croyez que Marine Le Pen tiendrait le discours qu’elle tient ? Est-ce que Gilbert Collard aurait tenu à l’Assemblée nationale les discours qu’il a tenu ? »

« Il est un extérieur qui pose problème dans certains milieux, je le conçois. Mais il n’a, en tout cas pour moi, aucune influence dans la politique et dans l’idéologie politique qui sous-tend notre programme. Je veux que ce soit très clair. Je suis aussi un partisan de cette ligne-là. Je n’ai aucune sympathie pour un certain nombre de militants historiques de causes palestiniennes ou pro-palestiniennes, ou d’extrême gauche. Encore moins du révisionnisme historique, ou encore moins d’une tolérance quelconque par rapport au régime nazi. Il faut que ce soit très clair. »

Le président de l’Union des patrons juifs de France (UPJF) avait réagi en déclarant avoir donné sa démission de la CJFAI.

« Je suis un des fondateurs de la CJFAI. Aujourd’hui, c’est géré par trois ou quatre personnes, sans aucune consultation de ceux qui sont censés en être membres. Pour moi, le FN est une organisation infréquentable. Marine Le Pen a soi disant dédiabolisé le parti, mais elle garde les diables : Chatillon, Bruno Gollnisch, Philippe Péninque. »

Concluons par cette tirade incroyable de Gilbert Collard prononcée devant la « Confédération des juifs de France et des amis d’Israël », en présence de Louis Aliot, enregistrée et diffusée par France Inter et jamais démentie par Marine Le Pen.

« On ne peut pas défendre la France si on ne défend pas les juifs. Et je considère que quand Marine dit “La France aux Français”, c’est la France aux juifs ! »

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