Florence Portelli, candidate à la Présidence des Républicains, vient d’écrire un curieux courrier à Marlène Schiappa, lui demandant de « judiciariser les démarches spontanées initiées par les femmes avec le hashtag #BalanceTonPorc”. », participant à ce qu’Elisabeth Lévy a appelé « le grand Délathon », dans la plus grande tradition républic-haine…

Pour Portelli, la démarche initiée sur Twitter doit être encouragée et judiciarisée. C’est le sens du courrier qu’elle a envoyé à Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes. « Même si nous ne pouvons que les saluer, ces témoignages ne sauraient remplacer le dépôt de plainte, comme vous l’avez rappelé justement, du fait de n’entraîner aucune suite judiciaire » écrit la maire de Taverny dans cette lettre. Avant de proposer une solution finale : « Je vous propose de bien vouloir travailler sur la question de la mise en œuvre d’un dispositif permettant d’institutionnaliser et de judiciariser les démarches spontanées initiées par les femmes avec le hashtag #BalanceTonPorc ou le site tumblr ‘paie ta shnek’ (un site d’extrême gauche assez nauséabond) (…) L’idée est ainsi d’ouvrir la possibilité pour toute personne victime de harcèlement sexuel de pouvoir déposer et enregistrer son témoignage sur une plateforme en ligne, et cela en toute confidentialité. Dès lors que plusieurs personnes font état d’un comportement déviant de la part d’un même individu, les services de police et de justice compétents, après avoir recoupé les différents témoignages, peuvent ainsi prendre attache avec les victimes et les accompagner dans leur démarche judiciaire ».

En gros, une femme pourrait accuser en ligne n’importe quel homme de l’avoir agressée, sans que celui-ci ne soit au courant.

Cela rappelle un répugnant précédent historique : Raymond Samuel « Aubrac ». Le 4 septembre 1944, en tant que Commissaire de la République (Préfet) des Bouches-du-Rhône, il signa l’arrêté 38, dont l’article 1 dit : « En conséquence les sanctions prévues au titre de l’ordonnance précitée pourront être prononcées sans donner connaissance aux intéressés des faits qui leur sont reprochés et sans que leurs explications aient été recueillies. » Le 6 septembre 1944, le même Aubrac signe l’arrêté 46 dont l’article 6 dit : « Tous pourvois en cassation contre les arrêts de la Cour de justice sont momentanément suspendus. » et ou l’article 7 dit : « Provisoirement, le recours en grâce ne pourra être adressé qu’au commissaire régional de la République. » Le 17 décembre 1944, il précise : « Certains ont cru, d’autres ont feint de croire, que ces personnes seraient automatiquement relâchées après quinze jours de détention. Nous tenons à rappeler que seuls seront libérés dans ces conditions les détenus contre lesquels n’existe aucun dossier et qui n’ont fait l’objet d’aucune plainte dans un délai de quinze jours. Afin que les coupables ne puissent à la faveur de cette mesure échapper à un juste châtiment, nous demandons aux comités de libération, comme aux simples citoyens, de réunir sans délai les charges relevées contre les personnes arrêtées, en vue d’une constitution rapide de leur dossier. Il y va de la bonne marche de la justice républicaine, aussi sommes-nous sûrs que cet appel sera entendu » Ces décrets staliniens lui valurent d’être révoqué par de Gaulle. A propos de sa révocation, Aubrac prétendit le 9 novembre 1996 sur France Culture que seule la volonté « d’éviter les troubles dans la rue » le poussait à refuser les recours en grâce. Tout ceci, bien sûr, est faux.

Il suffit de voir le profil des victimes pour se rendre compte que si de Gaulle a révoqué Samuel de son poste de préfet des Bouches-du-Rhône, c’est tout simplement à cause des crimes commis par ses sbires (au moins 800 morts selon Raymond Aron, 310 selon le Ministre de l’Intérieur). Parlons de Jacques Méker, arrêté par les amis politiques d’Aubrac alors qu’il avait libéré douze résistants de la prison de Chave le 12 mars 1944. Parlons des morts qui flottaient dans la rivière du Jarret (parfois vingt en une journée…), dont celui de Josette Garnier, quinze ans, torturée à mort le 23 août 1944 et qui agonisera quarante jours, pour le seul crime d’avoir un frère… FFI et non FTP !  Parlons de cette famille italienne, les Pugi, torturée aux Présentines par « la belle Irène » et son complice un noir, déjà assassins de la jeune Garnier et de sa mère (Entre Konopnicki dans les Alpes-Maritimes et Samuel dans les Bouches-du-Rhône, les Italiens ont bien été « récompensés » de leur aide aux juifs…).Parlons des trois mille personnes internées sans procès dans les geôles d’Aubrac à Aix, Marseille et Arles… Parlons de cette jeune fille de seize ans assassinée avec trois compagnons d’infortune au champ de tir de la Croisère à Aix-en-Provence…

Ce n’est pas parce qu’elle incarne l’aile gauche des Républicains que Portelli doit se croire obliger de pousser jusqu’au stalinisme… Mais les Républicains de 1789 n’étaient-ils pas les ancêtres des communistes ?

Hristo XIEP

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