Le déchaînement médiatique, qui présente François Fillon comme une divine surprise pour contrer Marine Le Pen, démontre surtout la panique du système qui peinait à se trouver un sauveur. Tout autre candidat aurait aussi bien fait l’affaire et l’emballement médiatique aurait été le même. Mais pour la droite, ce n’est pas gagné. Tétanisée par une Marine le Pen au mieux de sa forme, elle ne sait plus comment s’y prendre. De toute façon, il y a longtemps qu’elle ne comprend plus rien : Sarkozy lui a brouillé les neurones. Elle se raccroche à celui qui reste et elle veut y croire.
Il faut rappeler qui est ce Fillon. Il a participé à tous les gouvernements de droite depuis 1993 et surtout, il a été le Premier ministre de Sarkozy pendant cinq ans. Il est donc étroitement coauteur de ce quinquennat de faillite. Sans entrer dans les détails, le bilan est tout de même très lourd : 1 000 000 d’immigrés supplémentaires, 70 500 postes supprimés dans la police, la gendarmerie et l’armée, un million de chômeurs supplémentaires et 350 000 emplois industriels détruits, 337 000 de pauvres supplémentaires, 600 milliards d’euros à rajouter à la dette publique. On sait bien qu’un ministre « ça ferme sa gueule ou ça démissionne« , mais on sait aussi, « qui ne dit mot, consent« …
Fillon est le candidat fantasmé des beaux quartiers et il appliquera la politique dictée par l’Union européenne. S’il a convaincu à peu près 3 millions de votants à la primaire, il lui reste encore un sacré chemin à parcourir pour persuader une bonne moitié des 30 millions de Français qui iront voter à la présidentielle, dont la majorité représente la classe moyenne et les classes populaires, qui sont loin d’être acquises au libéralisme conservateur prôné par Fillon. D’autant que Marine Le Pen, elle, a déjà engrangé le vote populaire et qu’elle va démontrer, assez facilement, que le programme de François Fillon est une imposture. Même dans le camp des Républicains, Henri Guaino ne mâche pas ses mots : « le programme de François Fillon, c’est une purge comme on n’en a jamais proposé depuis la Seconde Guerre mondiale ».
En cas de duel au deuxième tour de l’élection présidentielle, entre Fillon et Marine Le Pen, les électeurs de gauche auront du mal à choisir entre à la peste et le choléra. C’est du moins, n’en doutons pas, comme cela qu’ils présenteront l’équation. La plupart pourraient s’abstenir et de nombreux autres préfèreront Marine Le Pen qui proposera un nouveau contrat social. Ce scénario n’est pas écrit d’avance et, évidemment, tout est possible, mais les voir voter Fillon, pour faire barrage à « l’extrême droite », semble une rêverie d’un autre âge. Ce logiciel risque d’exploser en plein vol : la dynamique internationale des peuples a changé la donne.
En attendant, l’engouement des médias et des sondages, pour celui qui incarne le défenseur du système, va se poursuivre, mais a de fortes chances de se fracasser sur le mur de la réalité : les peuples ont prouvé qu’ils veulent autre chose qu’un replâtrage qui ne fera que perpétrer, avec les mêmes recettes, les accommodements mondialistes et européistes.
La France qui a voté Fillon ne représente pas toute la France ; loin s’en faut. Celle de Marine Le Pen est beaucoup plus vaste et lui laisse une marge de manœuvre plus ample. Fillon risque d’apparaître très vite pour ce qu’il est : un petit bonhomme rabougrit, dépassé, ayant un bilan peu glorieux de supplétif sarkozyste. Marine Le Pen a l’avantage de la nouveauté et de parler au plus grand nombre. Fillon n’est pas un obstacle, c’est un marchepied sur lequel Marine Le Pen va affûter ses arguments.
Désormais, les paris sont ouverts.
Claude PICARD
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