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C’est la nouvelle mode. Celle qui rapportera un maximum de lecteurs ou de spectateurs aux médias : interviewer la famille voire, quand c’est possible, les acteurs de faits divers. Même lorsqu’un enfant est au cœur de l’affaire. Surtout d’ailleurs. C’est plus vendeur.

Cette fois ci il s’agit d’une petite fille de deux ans – Serena – dont la mère aurait caché l’existence à sa propre famille. Le bébé a passé les deux premières années de sa vie dans une pièce inhabitée de la maison, sa mère ne venant s’occuper d’elle que lorsqu’elle en avait le temps. La petite a été découverte le 25 octobre dernier, dans le coffre de la voiture familiale, nue, sale, déshydratée, posée au milieu des poubelles. Dans l’ « opinion » l’incompréhension est totale : comment peut-on se comporter ainsi envers son propre enfant ?

Mais le morbide a rapidement cédé la place au sensationnel : l’interview exclusive de la mère dans un reportage de l’émission Sept à Huit. Exit, ou presque, l’horreur des faits. Ce qu’il faut désormais c’est avoir la version des faits du coupable. Sa justification. Son avis. Le coupable est plus vendeur que la victime. « Pour moi ce n’était pas un bébé qui venait de naître », s’est justifiée la mère, lorsqu’elle a raconté la naissance de sa fille. Une naissance qu’elle n’attendait pas puisque apparemment elle ne savait pas qu’elle était enceinte. Banal « déni de grossesse » donc ? Derrière les images et les faits divers, la réalité qui se dégage est effrayante : l’être humain ne vaut plus rien. Il n’est rien si sa famille, la société ne l’a pas reconnu comme tel. La légalisation de l’avortement était un premier pas : l’enfant à naître n’est plus qu’un amas de cellule que l’on peut tuer en toute légalité. L’idée fait son chemin avec l’euthanasie : tel ou tel être n’est plus ‘digne’ de vivre. Le concept ne fait que suivre la pente logique et ce fait divers affligeant en est la preuve la plus criante.

Nos contemporains sont-ils insensibles ? Ils ont pourtant été touchés par le sort de la fillette. Mais les avis des « spécialistes », l’attitude des médias en déformant la réalité prépare les esprits à une autre définition de l’être humain. La réalité devient toute relative, soumise au desiderata du sujet. Criminelle cette mère ? Non puisqu’elle affirme « pour moi je ne l’ai jamais maltraitée… » L’honneur est sauf. Pas la santé de la petite Serena. Ni le bon sens qui sombre dans le gouffre de l’absurde et du relativisme.

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