Après avoir participé à la guerre de Sécession, le capitaine Joseph Alton Sladen (1841-1911) devint l’officier d’intendance du général Oliver Otis Howard. C’est à ce titre qu’il accompagna le général Howard chargé de négocier la paix avec le chef apache Cochise en 1872. Il en a rédigé un journal que les éditions du Rocher viennent de rééditer dans la collection Nuage Rouge qui fait référence pour connaître et comprendre l’histoire des Indiens d’Amérique.
Au cours des dix premiers jours d’octobre 1872, un événement historique exceptionnel s’est déroulé dans le sud-est de l’Arizona. Trois Blancs (deux officiers de l’armée américaine et un guide civil) et deux Indiens apaches pénétrèrent dans la forteresse de Cochise, le chef chiricahua légendaire, et parvinrent à le convaincre que la lutte sanglante entre son peuple et les Blancs américains devaient cesser. Après douze ans de guerre, Cochise était déjà parvenu à cette conclusion mais n’avait pas encore trouvé de représentant du gouvernement à qui faire confiance. Là, il rencontra un émissaire loyal, le général Oliver Otis Howard, homme bon, honnête et courageux, dont les efforts tenaces eurent raison de ses craintes. Surnommé le « général chrétien » durant la guerre de Sécession, le général Howard possédait une foi qui pouvait déplacer les montagnes. Sa foi fut bien nécessaire car il était quasiment impossible à un officier de l’armée des Etats-Unis de gagner la confiance de Cochise, qui craignait les troupes américaines comme la peste depuis qu’elles l’avaient trahi près de douze ans plus tôt.
Investi des pleins pouvoirs par le président des Etats-Unis pour résoudre le long conflit avec Cochise, le général Howard et son fidèle second, à l’époque lieutenant Joseph Sladen, passèrent près de deux mois sur la piste du chef insaisissable. Avec beaucoup de cran, le général Howard gagna la confiance de Cochise qui conçut un respect sincère pour ce vieux général manchot.
Dans ce journal, Sladen a décrit Cochise comme aucun autre témoin ne l’a fait ; il a vu en lui un homme compatissant, attaché à sa famille et soucieux d’assurer la subsistance de son peuple. Après avoir passé près de deux semaines dans un camp apache jusqu’alors hostile, Sladen a admiré plusieurs éléments de leurs habitudes sociales : l’importance de la cellule familiale, leur générosité mutuelle, leur sens de l’humour, leur probité naturelle, leur propreté et leur chasteté.
Des années plus tard, dans une lettre adressée à Sladen, le général Howard déplora les nouvelles trahisons des autorités des Etats-Unis : « Les agents du gouvernement ont manqué à toutes les promesses que nous avions faites, vous et moi, à ces Apaches. »
A lire en un temps où l’actualité est plus à la guerre qu’à la paix.
Faire la paix avec Cochise, Joseph Alton Sladen, éditions du Rocher, collection Nuage Rouge, 169 pages, 17,90 euros
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