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Extrait de l’entretien avec Don Pagliarani paru dans la revue The Angelus : « En réalité les communautés Ecclesia Dei n’ont qu’une liberté restreinte »

Entretien du 1er novembre 2024 paru dans la revue « The Angelus », novembre-décembre 2024 – Gardiens de la Tradition

« Aux catholiques d’aujourd’hui, la Fraternité offre une vérité sans concession, servie sans conditionnement, avec les moyens d’en vivre intégralement, pour le salut des âmes et le service de toute l’Église. »

Les questions posées par Angelus Press sont les suivantes :

– 1. Monsieur le Supérieur général, comment expliqueriez-vous le rôle de la Fraternité Saint-Pie X en 2024 ? Plutôt qu’une église parallèle, comme certains le prétendent, s’agit-il avant tout d’un témoignage en faveur de la Tradition ? D’un effort missionnaire dans le monde entier, comme les Pères du Saint-Esprit auparavant ? Ou d’autre chose encore ?
– 2. Qu’est-ce que la Fraternité Saint-Pie X a à offrir aux catholiques d’aujourd’hui qui n’est pas fourni par les communautés Ecclesia Dei ?
– 3. Quel est, selon vous, le plus grand obstacle pour ceux qui hésitent à assister aux messes de la Fraternité Saint-Pie X ?
– 4. Quelle est la meilleure façon pour les familles de profiter de ce que la Fraternité Saint-Pie X leur offre ?
– 5. Quel est le plus grand danger auquel les catholiques traditionnels sont confrontés aujourd’hui ? En quoi sont-ils le plus vulnérables ?
– 6. Nous sommes maintenant à mi-parcours de votre mandat de Supérieur Général. Quelles réflexions faites-vous sur les six années écoulées ?
– 7. Vous parlez de nos évêques, et je crois que nous avons tous à l’esprit le triste décès de Mgr Tissier de Mallerais. Que représente ce départ pour la Fraternité ? Pouvez-vous nous dire quelles conséquences cela entraîne par rapport aux moyens dont la Fraternité dispose pour poursuivre sa mission ? Autrement dit, pour revenir à votre mi-mandat, quel est votre point de vue sur les six années à venir ?

MPI vous propose un extrait de cet entretien que Don Davide Pagliarani, Supérieur Général de la FSSPX, a donné à la revue Angelus Press le 1er novembre 2024.

C’est la question numéro 2 qui concerne les communautés Ecclesia Dei que d’aucuns appellent les « ralliés ».

« – 2. Qu’est-ce que la Fraternité Saint-Pie X a à offrir aux catholiques d’aujourd’hui qui n’est pas fourni par les communautés Ecclesia Dei ?

Les communautés anciennement rattachées à la Commission Ecclesia Dei, qui n’existe plus aujourd’hui, proposent à leur niveau la liturgie traditionnelle, et dans l’ensemble, dispensent un catéchisme traditionnel. À juger superficiellement, on pourrait penser que peu de chose les distingue de la Fraternité. Pourtant, eux-mêmes insistent pour se démarquer d’elle, sur le plan de l’obéissance en particulier. Ils décrivent la Fraternité comme animée d’un esprit teinté de sédévacantisme, vivant comme si elle n’avait de compte à rendre à personne, et constituant ainsi un danger pour l’union ecclésiale et la foi de ses fidèles. Selon eux, pour simplifier un peu, ils prétendent faire « à l’intérieur de l’Église » ce que la Fraternité chercherait à faire « à l’extérieur de l’Église ».

Ce qu’ils ne disent pas, c’est qu’en réalité ils n’ont qu’une liberté restreinte. Ils n’ont que l’espace que leur accorde une hiérarchie plus ou moins bienveillante, plus ou moins inspirée par des principes personnalistes et libéraux, en tout cas incapable de reconnaître à la Tradition de l’Église sa place nécessaire et primordiale. Par conséquent, leur apostolat et leur rayonnement sont bridés, entravés, compromis, si bien que la question de leur survie concrète devient toujours plus préoccupante. Mais il y a plus : le sens même de leur attachement à la Tradition devient inaudible. On leur concède en effet cette liberté restreinte au nom d’un charisme propre, d’une préférence liturgique, d’une sensibilité particulière. Cela a plusieurs conséquences extrêmement graves. 

D’abord, la Tradition n’est plus défendue comme seule nécessaire, indispensable, ayant des droits imprescriptibles dans l’Église. Elle est réclamée comme un bien préférable. On revendique un droit à jouir de la liturgie traditionnelle, sans rappeler clairement que la liturgie moderne est inacceptable parce qu’elle corrompt la foi. On revendique un droit à jouir de la doctrine traditionnelle, sans rappeler clairement que cette Tradition est le seul garant de l’intégrité de la foi, à l’exclusion de toute orientation qui s’en écarte. Or, la Tradition ne peut pas être défendue comme le bien particulier de telle ou telle communauté, qui ne demande que le droit d’en vivre pour elle-même, de préférence à un autre bien. La Tradition doit être défendue comme le bien commun de toute l’Église, et réclamée comme exclusive pour tout catholique. D’autre part, au-delà de la précarité de leur situation, ces communautés se trouvent conditionnées dans l’expression publique de leur foi. En particulier, l’opposition à toute forme de libéralisme leur est impossible. Or, on ne peut défendre efficacement la Tradition sans condamner en même temps les erreurs qui s’y opposent. Et à force de se taire sur ces erreurs, on finit par ne plus en percevoir la nocivité, et par les assimiler peu à peu sans s’en apercevoir.

Bien entendu, nous ne jugeons pas ici du bien que tel ou tel prêtre peut faire dans telle ou telle situation, ni du zèle qui peut l’animer personnellement au service des âmes. Mais nous constatons que la précarité de ces communautés, et le conditionnement auquel elles se trouvent soumises concrètement depuis leur fondation, les prive objectivement de la pleine liberté de servir inconditionnellement l’Église universelle.

De son côté, en ne se laissant pas intimider par les menaces ni par les coups, et en donnant à la Fraternité les moyens de pérenniser son combat pour l’Église, Mgr Lefebvre a résolument pourvu la Fraternité d’une liberté souveraine : non la fausse liberté d’une indépendance voulue vis-à-vis de toute autorité humaine, mais la vraie liberté d’œuvrer solidement et sans conditionnement à la restauration de la foi, du sacerdoce et de la messe. Aux catholiques d’aujourd’hui, la Fraternité offre une vérité sans concession, servie sans conditionnement, avec les moyens d’en vivre intégralement, pour le salut des âmes et le service de toute l’Église. »

Source  : Intégralité de l’entretien sur fsspx.news

Christian Lassale

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