Site icon medias-presse.info

Explosion des bipeurs au Liban : le Mossad et la stratégie du chaos

Explosion des téléavertisseurs des miliciens pro-iraniens du Hezbollah, au Liban
Explosion des téléavertisseurs des miliciens pro-iraniens du Hezbollah, au Liban

Hier à trois heures de l’après-midi, au Liban mais aussi en Syrie, les téléavertisseurs des miliciens pro-iraniens du Hezbollah se sont transformés en appareils tueurs. Des milliers de bipeurs ont explosé à l’unisson, le chaos était partout : 12 morts, 200 blessés en soin intensif et quelques 4000 blessés.

« La plus grande opération d’un service secret de ce siècle »

Ce n’est pas un James Bond, c’est au-delà : l’opération secrète qui a fait exploser les bipeurs ou téléavertisseurs du Hezbollah hier est exceptionnelle, « la plus grande opération d’un service secret de ce siècle », et certains la qualifieront de terroriste. La terreur, inconnue, venue de nulle part et partout en même temps, s’est abattue sur le Liban mais aussi la Syrie, hier après-midi 17 septembre 2024. Le nombre de morts est monté aujourd’hui à 12 dont des enfants. Et parmi les 4000 blessés, 200 sont en soins intensifs. « Israël est derrière tout ça » commentent les autorités libanaises et iraniennes.

Les explosions auraient été provoquées par une attaque de pirate informatique qui aurait déclenché des micro-bombes à l’intérieur des « pagers » des ‘combattants de Dieu’ du Hezbollah. Le risque d’escalade est désormais élevé. Dans des vidéos et des photos sur les réseaux sociaux, on voit des hommes en sang assis ou allongés sur le sol et d’autres sont transportés d’urgence à l’hôpital. L’ambassadeur iranien Mojtaba Amani a également été touché. Parmi les victimes figuraient une fillette de 10 ans, fils d’un député libanais du Parti de Dieu, Ali Ammar, et trois membres de la milice chiite. Les images montrent également des explosions dans des magasins et un marché. Un responsable du Hezbollah a souligné : « Il s’agit de la plus grande atteinte à la sécurité jusqu’à présent » après un an de guerre avec Israël. La condamnation du Hezbollah est sévère : « Israël est totalement responsable, il y aura un juste châtiment ».

Le Mossad, les Services Secrets israéliens, derrière cette opération d’envergure

Les explosions ont été enregistrées dans diverses régions du Liban, notamment à Dahieh, fief du Hezbollah, dans la zone sud de Beyrouth, dans la vallée de la Bekaa, à l’arrière du mouvement armé et au sud du Liban. Ces événements surviennent quelques heures seulement après que le cabinet de sécurité israélien a fait du retour en toute sécurité des habitants du nord du pays un objectif officiel de la guerre à Gaza. Israël a averti à plusieurs reprises qu’il pourrait lancer une opération militaire pour éloigner le Hezbollah de la frontière.

Face à une opération de piratage d’une telle envergure, incroyable par sa complexité et sa réussite, le Mossad, les Services Secrets israéliens, est pointé du doigt. La stratégie du chaos a touché près de trois mille militants dans tous les bastions du Parti de Dieu au pays des cèdres, de Beyrouth à Beeka en passant par le sud du Liban et même au-delà de la frontière. Le Hezbollah savait bien que les experts israéliens en guerre électronique et en interception avaient réussi à pénétrer le réseau de communications cellulaires et fixes, autonome et indépendant du reste du pays. En février, Hassan Nasrallah avait demandé aux miliciens de se débarrasser de leurs téléphones portables et d’utiliser le vieux téléavertisseur banal mais considéré comme sûr, qui permet également d’envoyer de courts messages texte codés. Mais l’abandon des téléphones portables n’a pas aidé à arrêter le bras long du Mossad. L’État hébreu serait donc parvenu à violer les systèmes de communication de l’organisation chiite.

Des explosifs ajoutés dans les bipeurs.

D’après les premières reconstitutions, il y a quelques mois, les pro-Iraniens ont acheté un gros lot de téléavertisseur Gold Apollo AR924. Le chef et fondateur de la société du même nom, Hsu Ching-kuang, a déclaré, une fois que les photographies des téléavertisseurs explosés ont fait le tour du monde que les appareils, en fait, ont été assemblés par la société taïwanaise, mais sous licence d’un distributeur européen dont le nom n’a pas été initialement divulgué, qui a conclu des relations commerciales avec Gold Apollo il y a environ trois ans.

Grâce à la surveillance ou à un espion interne, le Mossad a connu à temps le changement de stratégie de communication. L’opération doit avoir été réalisée avant l’arrivée du lot de milliers de téléavertisseurs au Liban. À ce stade, ils ont infecté le système de communication désuet avec un logiciel comme le cheval de Troie, qui activait la batterie comme une mini-bombe avec une simple commande à distance. Plus vraisemblablement encore, la batterie a été remplacée en amont, avant la commande, avec ajout d’explosifs. Les miliciens touchés auraient parlé d’une surchauffe de l’appareil avant le fatidique « bip », qui a déclenché l’explosion. Cette dernière a semé la panique partout au Liban.

Un responsable américain a déclaré qu’Israël avait informé les États-Unis de la fin de l’opération, mais que l’armée israélienne avait refusé de commenter. Un coup dur pour le groupe terroriste soutenu par l’Iran. « En une minute, l’ennemi a réussi à infliger au Hezbollah l’un de ses pires coups depuis le début du conflit », a déclaré le porte-parole de la milice, ajoutant que « l’ennemi a poussé la résistance hors des limites des règles d’engagement traditionnelles. Nous sommes face à une situation nouvelle. »

La guerre entre Israël et le Hezbollah, c’est-à-dire l’Iran, et dont le malheureux Liban sera le théâtre, est plus proche que jamais.

Francesca de Villasmundo

Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !

Quitter la version mobile