Flavio Mateos est un écrivain argentin qui a ressenti l’appel au sacerdoce et est entré au séminaire. Il a laissé derrière lui un long passé dans l’athéisme et le militantisme communiste. Après sa conversion à la foi catholique, il a commencé à régler ses comptes avec ce qui avait occupé sa vie dans le passé : le journalisme et le cinéma.
Avec des livres comme « The Black Book of Journalism » (Bella Vista Editions, 2012) ou son blog « Videoteca Reduco » et les livres « The Passion of the Christ » de Mel Gibson. Le triomphe de la croix », « Regards sur le cinéma », « L’essentiel d’Alfred Hitchcock », « Vertigo. L’énigme verticale », « Videoteca Reduco » et « Avatar et le cinéma anti-chrétien de James Cameron » (presque tous édités par Ediciones Reacción), il a dénoncé le libéralisme et le gnosticisme présents dans les médias, ainsi que le sauvetage des valeurs chrétiennes dans ce qu’on appelle « l’art du XXe siècle ».
Dans une récente interview en ce temps de Carême, il parle du film La Passion du Christ de Mel Gibson.
N’est-il pas exagéré de dire que c’est le film le plus important de l’histoire du cinéma ?
Peut-être, mais dites-moi quel film pourrait être plus important que celui qui raconte – attention, d’une manière belle et admirable – « la plus grande histoire jamais racontée » (comme le dit le titre d’un film indéfinissable sur le Christ de 1965) . Mais comme je le disais tout au début du livre, ce n’est pas -à mon humble avis- le « meilleur » film, mais le plus important en raison des implications de ce qu’il montre à tous les niveaux. Dans la passion du Christ, notre rédemption a lieu, et en ne regardant que de notre point de vue, nous pourrions affirmer que c’est le plus grand exploit jamais accompli par quelqu’un, la plus grande épopée et histoire d’amour, et la plus grande histoire d’horreur (voir les ennemis du Christ ). Pour ne donner qu’un exemple de l’importance capitale de cela, saint Thomas nous dit : « La passion du Christ suffit à nous servir de guide et de modèle pour toute notre vie.
Dans la croix nous trouvons l’exemple de toutes les vertus. Qu’en un siècle d’apostasie et de barbarie, d’inexistence de l’art chrétien, et où le cinéma reproduit à l’infini non-sens et perversions, au profit des agendas du Nouvel Ordre Mondial, que dans un tel monde un film comme celui-ci soit réalisé, avec ses caractéristiques particulières – que nous analysons dans le livre -, et obtient encore un retentissement aussi immense à travers le monde, malgré ses ennemis, et ayant aussi vu une multitude de témoignages de conversion ou de retour à l’Église, eh bien, tout cela fait, je pense, que ce n’est pas exagéré de le considérer comme le film le plus important. Le pape Pie XII a un jour lancé ce slogan : »Que le cinéma soit ordonné à la gloire de Dieu et au salut des âmes, et serve efficacement à l’extension du Royaume du Christ sur la Terre. » Il nous semble que La Passion du Christ de Mel Gibson s’y intègre très bien. (…)
Qu’apporte-t-il par rapport aux autres vies du Christ qui ont été portées au cinéma auparavant ?
Tous les autres films, en plus d’être des larves artistiques, ou tout au plus des spectacles apaisants, cachent l’événement central de la vie de Notre-Seigneur, qui est Sa passion et Sa crucifixion. Ils le passent à peine comme si c’était une bagatelle. Et accessoirement, ils cachent également la question du pharisaïsme, chargeant toujours le fardeau uniquement sur les Romains. (…)
Pourquoi ne pas rester indifférent à ce film ?
Je suppose que pour la même raison que nous ne le pouvons pas devant un crucifix. Si vous arrêtez quelqu’un dans la rue et lui montrez un crucifix, cela le met au défi. Certains vont tourner la tête de dégoût, certains auront peur, certains vont l’embrasser, etc. Il arrive que votre serviteur se promène dans la rue en soutane et constate aussi ces différentes réactions, selon l’environnement. Mais c’est pour ces mêmes raisons que Mel Gibson a voulu faire un film puissamment percutant, fort, choquant pour certains, émouvant pour d’autres. Si, comme le disait Chesterton, « tout art est sensationnel puisqu’il vise à produire une sorte de sensation », ici Gibson a misé très haut en ce sens, parce qu’il voulait secouer l’homme moderne indéfinissable et indifférent de ce monde décrépit. Je pense que la majorité a accusé réception et a réagi selon ce qu’elle avait dans le cœur.
D’un autre côté, il est intéressant de réfléchir à la façon dont Dieu peut utiliser la ressource de l’art de la manière la moins attendue. (…)
De plus, le film est très fidèle à la vérité historique, aux us et coutumes de l’époque, bien qu’on l’accuse d’exagérer la dureté, était-ce vraiment comme ça ?
Gibson a suivi de bons conseils et a essayé d’être le plus précis possible, sans prétendre faire un documentaire. Il a également réussi à utiliser les langues araméenne et latine (inédites au cinéma), nous plongeant encore plus dans le contexte historique. La vérité qui avait raison : les Jésus-Christ tout juste sortis du coiffeur et sans un grain de poussière dessus, qui récitent leur dialogue en anglais et reçoivent les coups de flagellation comme s’ils prenaient une douche, convenaient à un certain public, mais pas pour les catholiques aguerris avec un chapelet quotidien.
Sur la question « d’exagérer la dureté », il y a ceux qui disent qu’il n’était pas nécessaire d’en montrer autant, ou que c’est exagéré de faire un film « gore » : c’est idiot. Ces gens ne connaissent pas ou oublient l’histoire du christianisme, forgée sur la base du martyre. Ces jours-ci, je médite quelques textes du grand prêtre qu’était Charles de Foucauld. Il dit à un moment donné : « … les bourreaux, mon Bien-Aimé, n’arrêtez pas de vous battre ! Le sang inonde le bas de ton corps : tu es tout couvert de sang, comme un manteau… Oh ! Mon Dieu ! Quelle douleur! Oh ! Comment ne pas mourir dans cette épreuve scandaleuse ? Et comment ne pas mourir en le regardant ? Et tu es toujours battu, ces chairs qui se détachent des os et pendent comme des lambeaux, tu es comme une victime écorchée sans forme humaine ; tout ton dos, tes bras, tes épaules s’ouvrent et les coups continuent de tomber sur la chair nue et saignante… Oh ! Mon Dieu, quelle torture, comme tu m’aimes ! C’est ce que te coûtent mes joies coupables ! Désolé, désolé, merci, merci, désolé ! (Nouveaux Écrits Spirituels, p. 180 et suiv.). C’est ce que médite un saint. Cela vous semble-t-il sadique, ou plutôt réaliste ? Le film nous met face à face avec une telle image, la suite nous appartient. N’oublions pas qu’au début du film se trouve la citation d’Isaïe 53. le reste dépend de nous.
(…)
Quelles autres scènes du film trouvez-vous particulièrement belles ?
Je pense que depuis que le Christ est conduit à Pilate pour la deuxième fois, le film n’a pas baissé d’intensité dramatique, étant déchirant et émouvant jusqu’à un crescendo qui culmine dans une fin brillamment imaginée. Notons au passage l’apport insurmontable de la musique très inspirée, judicieusement utilisée. Mais c’est vraiment la crucifixion qui est la plus impressionnante.
Et quelle scène vous touche le plus ?
Je peux citer trois scènes extrêmement émouvantes : celle de « l’Ecce homo » ; celle du transpercement du cœur de Jésus avec la lance ; et la scène du déni de Pierre, où tu as vraiment envie de pleurer. Pauvre Pierre !
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