Les fonctionnaires du Département d’État et de Capitol Hill s’en prennent à l’administration Biden pour son soutien inconditionnel à Israël. Un mémorandum divulgué par le Département d’État pointerait du doigt le président Joe Biden, coupable de diffusion de « désinformation » sur le nouveau conflit entre le Hamas et Israël.
« Des dizaines d’employés du Département d’État ont signé des notes internes adressées au secrétaire d’État Antony J. Blinken, exprimant leur profond désaccord avec l’approche de l’administration Biden concernant la campagne militaire israélienne à Gaza » lit-on dans le New York Times.
L’accusation de désinformation contre le président Biden
L’administration Biden est face à un nouveau problème : un mémorandum interne du département d’État, signé par une centaine de responsables, accuse le président de « diffuser de la désinformation » sur la guerre entre Israël et le Hamas. Le mémorandum n’est pas un cas isolé ces dernières semaines. Rien qu’aujourd’hui, plus de 400 responsables politiques et membres du personnel d’une quarantaine d’agences gouvernementales, écrit encore le New York Times, ont envoyé une lettre de protestation au président l’exhortant à appeler de toute urgence à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza et à pousser Israël à autoriser l’arrivée de l’aide humanitaire en territoire palestinien. Dans cette note féroce, la Maison Blanche est accusée de complicité dans le « génocide » de Gaza.
Axios a révélé que le mémorandum a été préparé par un jeune diplomate, dont le nom n’est pas divulgué, qui a déjà accusé Biden de « complicité dans le génocide » à Gaza sur les réseaux sociaux. Signé par une centaine de responsables du Département d’État et de l’USAID (l’agence américaine pour le développement et la coopération), le mémorandum accuse le président d’avoir répandu de la « désinformation » dans son discours du 10 octobre, dans lequel il a exprimé son soutien à Israël, sans toutefois donner des exemples précis. Un cessez-le-feu est demandé et un effort pour libérer les otages est recommandé, mais en les mettant sur le même plan que les prisonniers palestiniens. Enfin, certains soutiennent que Biden devrait faire davantage pour contrer les actions d’Israël accusé de crimes de guerre. Dans l’ensemble, note Axios, une partie du langage utilisé dans le texte ressemble exactement aux slogans des manifestations de la gauche du Parti démocrate.
Le « canal de la dissidence »
Depuis la guerre du Vietnam, le Département d’État dispose d’un « canal de dissidence » par lequel les diplomates peuvent exprimer librement des opinions contraires à la politique officielle : ceci pour laisser de la place à la voix des ambassades lointaines, mais aussi à une partie du staff des affaires étrangères, libre de désapprouver la politique étrangère nationale. Toutefois, ces avis doivent rester confidentiels et ne pas filtrer.
Le mémo, transmis le 3 novembre, s’ouvre sur une référence immédiate à l’attaque du Hamas du 7 octobre. Les auteurs se concentrent cependant dans les cinq pages de note sur les représailles souhaitées par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Tout en soutenant Israël, selon les auteurs de la lettre, le président Biden devrait faire davantage pour remettre en question les actions israéliennes, bien qu’il ait exprimé à plusieurs reprises son inquiétude quant aux implications humanitaires à Gaza. Les actions visées par le mémo incluent la coupure de l’électricité, la limitation de l’aide et la réalisation d’attaques qui ont entraîné le déplacement de centaines de personnes, ce qui constitue « toutes des crimes de guerre et/ou des crimes contre l’humanité au regard du droit international ». Le résumé continue :
« Pourtant, nous n’avons pas réévalué notre position à l’égard d’Israël. Nous avons doublé notre aide militaire inébranlable sans directives claires ou réalisables ».
Pas seulement de la désinformation : tous les fautes de la Maison Blanche au Proche-Orient selon le mémorandum
En outre, le document pointe du doigt les doutes émis par le président sur le nombre réel de morts à Gaza, en faisant référence aux déclarations du 27 octobre dernier, lorsque Biden avait admis qu’il « n’avait pas confiance » dans les chiffres fournis par le ministère de la Santé à Gaza.
Le mémo élargit la vision à l’attitude américaine plus générale dans l’ensemble du Moyen-Orient : en plus de cela, l’administration Biden est blâmée pour l’échec du projet à deux États, que le président, depuis la campagne électorale, a toujours déclaré qu’il poursuivra. De l’accusation de désinformation, le memorandum accuse ensuite les membres de la Maison Blanche et du Conseil de sécurité nationale d’avoir fait preuve de mépris pour la vie des Palestiniens, en fournissant une réticence documentée à la désescalade et un manque de prévoyance stratégique bien avant le 7 octobre.
Le passage dans lequel il précise l’erreur du président des États-Unis est intéressant : « Évitant la réalité évidente selon laquelle l’occupation israélienne de la terre palestinienne est au centre du conflit, Biden a décrit les Palestiniens soit comme de méchants terroristes, soit comme des civils innocents, méritant une protection humanitaire. Mais les Palestiniens sont avant tout des acteurs politiques qui recherchent l’autodétermination et refusent d’être ignorés. Le langage déviant et idéologique de Biden : ‘’Les terroristes ne gagneront pas. La liberté gagnera‘’ – ignore que le terrorisme palestinien et l’occupation israélienne renforcent les injustices et font tous deux obstacles à la paix. »
Renaud Girard, grand reporter du Figaro, se souvenait, il y a quelques jours :
« À Gaza, le soir des accords de paix du 13 septembre 1993, j’ai vu des enfants palestiniens embrasser des soldats israéliens ».
Paix, souvenir lointain et espoir ineffable…
Francesca de Villasmundo
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