Les bombardements israéliens sans fin, sans limites, contre Gaza, le nombre de morts, plus de 20 000 officiellement, dont 70% de femmes et d’enfants, deviennent un fardeau lourd à porter pour les Etats-Unis, l’allié indéfectible d’Israël, qui souhaitent maintenant la fin du conflit, avant les élections présidentielles, tout en ménageant la successibilité des Israéliens. Les chancelleries occidentales suivent la même voie ambiguë.
Les Etats- Unis veulent modérer la riposte brutale israélienne
Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis, et Lloyd Austin, le secrétaire américain à la Défense, se sont tous deux rendus en Israël l’un après l’autre pour tenter de calmer l’Etat hébreux. Le risque que la guerre s’étende au Hezbollah, le risque d’une opinion publique indignée par le massacre des Gazaouis, poussent les Etats-Unis à modérer la riposte israélienne.
Jake Sullivan, en visite à Tel-Aviv le 15 décembre dernier, était censé donner à Netanyahu une date d’expiration pour la guerre. On sait peu de choses sur les pourparlers en Israël – et cela prête quelque peu à confusion – si ce n’est que les autorités de Tel-Aviv ont déclaré que la guerre se poursuivait ad libitum.
Tout ce que l’on sait, c’est que, à la suite de la pression américaine, ils ont accepté certaines demandes à caractère humanitaire, comme la réouverture du poste frontière de Kerem Shalom pour augmenter l’arrivée de l’aide et l’accès à la bande de Gaza pour une plus grande quantité de carburant. Une goutte d’eau dans l’océan des besoins des nombreuses personnes déplacées et aucun soulagement face aux bombardements continus qui massacrent les civils.
Rien n’est dit dans les rapports sur une possible fin du conflit et Sullivan a pris soin de déclarer que les États-Unis ne « donnent pas de directives à Israël ».
Après Sullivan qui est reparti sans obtenir l’expiration de la guerre, Lloyd Austin, le secrétaire américain à la Défense a été dépêché pour plaider la cause de la cessation des bombardements sur la population gazaouie. De toute évidence, le message de Sullivan, envoyé sur place pour tenter de freiner la brutalité de l’attaque sur Gaza, voire de l’arrêter, n’a pas du tout été reçu par l’autre partie, d’où cette nouvelle tentative, qui dénote de l’insistance. Les Démocrates le savent, ils risquent de s’aliéner de précieux votes en vue des élections présidentielles si le conflit se poursuit ainsi.
Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis, et Lloyd Austin, le secrétaire américain à la Défense, dépêchés en Israël pour plaider la fin du conflit
Au programme d’Austin, il n’y a pas seulement la demande de modérer l’offensive et peut-être, en secret, aussi d’appeler à un cessez-le-feu. Parmi ses urgences, il y a aussi celle de faire retomber la pression en faveur d’une expansion du front vers le Hezbollah, une expansion voulue par le ministre de la Défense Gallant, prédite par un article du Times de Londres.
Le New York Times explique de son côté que Lloyd a été envoyé pour modérer la fureur israélienne, rappelant ce que le général avait dit le 2 décembre dernier lors d’une réunion de la Défense :
« Dans ce type de conflit, le centre de gravité est la population civile. Et si vous les poussez dans les bras de l’ennemi, vous transformez une victoire tactique en une défaite stratégique. »
En effet, s’appuyant sur ses expériences militaires antérieures en matière de guerre urbaine, il est allé plus loin :
« La leçon n’est pas qu’on peut gagner une guerre urbaine en protégeant les civils. La leçon est qu’une guerre urbaine ne peut être gagnée qu’en protégeant les civils. »
Les critiques contre Netanyahu s’élargissent au monde occidental
Pour renforcer la mission d’Austin, un éditorial du Financial Times critique sévèrement Netanyahu, accusé d’erreurs passées et actuelles, et conclut mettant en garde sur l’importance d’un accord avec l’Autorité palestinienne :
« Le seul avenir sûr pour Israël réside dans un accord avec les Palestiniens […] au moment le plus pénible, Israël a besoin de dirigeants qui reconnaissent cette réalité et sont prêts à soutenir les arguments en faveur d’un accord avec l’Autorité palestinienne, une solution à deux États. Netanyahu n’a jamais été un tel leader. »
Parallèlement, le Sunday Times a publié une déclaration contradictoire des ministres des Affaires étrangères de Londres et de Berlin :
« Nous devons faire tout notre possible pour ouvrir la voie à un cessez-le-feu durable, conduisant à une paix durable. Le plus tôt sera le mieux, car le besoin est urgent. Trop de civils ont été tués. »
Cependant, ajoutent-ils, « nous ne pensons pas qu’appeler à un cessez-le-feu général et immédiat maintenant, dans l’espoir qu’il devienne permanent, d’une manière ou d’une autre un autre, est le chemin à suivre ».
Les faucons israéliens auront à juste titre souri : tant que leurs alliés européens et américains persévèrent sur cette ligne de ferme ambiguïté, ils ont les mains libres.
Francesca de Villasmundo
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