Dans mon article précédent sur le musée de l’Afrique à Tervuren devenu une officine de propagande sous motif de modernisation, alors qu’il s’agit hélas d’une triste réappropriation de la propagande soviétique des années 40-50 destinée à déstabiliser les colonies et à les remplacer par des républiques populaires soumises à Moscou, je vous avais conseillé la lecture du livre de M. Kakou Ernest Tigorii alors rapidement feuilleté.

Ayant moi-même suivi avec intérêt et bonheur mon propre conseil, je puis sans hésiter le réitérer.

L’auteur du livre conseillé dit s’être étonné de la position d’européens de gauche, qui semblent haïr leur pays et le dénigrent dans son rôle de colonisateur ; il se dit également déçu de la posture victimaire adoptée par la plupart des dirigeants africains qui cache leur mauvaise gestion et permet de mendier des aides ou des réductions de dettes aux états européens. Ces derniers sont déclarés coupables de tous les maux actuels de l’Afrique et redevables de réparations pour d’une part une colonisation vue comme un asservissement et un pillage de l’Afrique et d’autre part pour un esclavage vu comme une violence exercée contre les noirs par l’homme blanc seul responsable.

D’où peut provenir cette vision du passé ? Est-elle réaliste ou fausse et nuisible comme toute idéologie qui fait fi de la réalité ?

Le livre commence avec une analyse historique de l’histoire de la Côte d’Or, côte ouest de l’Afrique où se trouve actuellement notamment la Côte d’Ivoire, pays dont est issu M. Tigori. Cette analyse montre une réalité fort éloignée de l’image de la propagande soviétique des années 40 déjà évoquée que l’extrême gauche mondialiste et immigrationniste a repris à son compteii. Vision que je résumerais (assez grossièrement) comme disant d’une part que les européens ont envahi militairement de larges espaces sauvages où vivaient les africains, en ont kidnappé une partie, l’ont transportée vers les Amériques et vendue en esclavage et d’autre part qu’ils ont soumis les noirs restés chez eux à leur domination colonialiste imposée par la force et pillé à leur bénéfice les territoires conquis.

En réalité, les premiers blancs entrant en contact avec des noirs étaient des commerçants et les noirs, avec qui ils commerçaient, des sujets de royaumes parfois fort puissants, organisés, riches financièrement et culturellement et souvent conquérants. Ces états pratiquaient l’esclavage avec leurs prisonniers de guerre. Ce sont certains de ces prisonniers de guerre qui furent vendus par les noirs aux européens. S’il doit être question de repentance, les africains sont autant concernés que les européens. Au delà de forts isolés ou de comptoirs commerciaux, la colonisation proprement dite ne date que du XIXe siècle où les nations européennes ont installé administrations et forces armées dans les territoires. A l’expérience, les populations noires ont d’avantage plébiscité que combattu ces administrations coloniales qui apportaient des conditions de vie nettement préférables à celles dans les anciens royaumes qui, eux aussi, petit à petit se sont ralliés aux pouvoirs coloniaux (sans nier les tumultes, les combats et les résistances qui ont existé). Il constate aussi que ce sont les pays colonisateurs qui les premiers ont interdit l’esclavage.

On ne peut reprendre ici tout ce qui est dit dans cet ouvrage qui donne un récit fort instructif de l’histoire de l’Afrique de l’Ouest que nous méconnaissons généralement tout à fait. Je ne résiste toutefois pas à la tentation de citer l’anecdote suivante, témoignage du français Marie-Joseph Bonnat (1844-1880). Celui-ci amoureux de l’Afrique et lié d’amitié avec le prince Ansha dans la capitale ashanti, raconte avoir été abordé par un esclave vendu à des blancs qu’il servit. Ce dernier dit regretter n’avoir pas été pris par le bateaux négriers comme d’autres de ses semblables, revenus ensuite des Amériques, ayant appris à travailler et capables de s’enrichir, alors que lui n’a pas quitté l’Afrique et ne sait que servir les blancs (porter le hamac). N’en concluez pas que l’analyse historique de M. Tigori soit surtout anecdotiqueiii. Elle est sérieuse et va jusqu’à nos jours en passant par la première guerre mondiale où des royaumes coutumiers soutinrent l’effort des anglais en leur offrant des avions de guerre, jusqu’à la décolonisation et les conséquences de la façon dont elle s’est faite et des influences communistes sur les nouveaux dirigeants responsables la mauvaise gouvernance qui a suivi et perdure encore.

Selon M. Tigori, la colonisation de l’Afrique a été très bénéfique à celle-ci. Sur le plan de l’économie, des infrastructures, de la connaissance et des mœurs (liée en partie à la christianisation), l’Afrique a bénéficié de la colonisation. Et cela n’est pas différent de ce que tous les autres peuples ont vécu. Les européens se plaignent-ils de la colonisation romaine, ne peuvent-ils être fiers du courage des gaulois qui combattirent les légions tout en se réjouissant qu’ils fussent battus et que la civilisation romaine et ses apports leurs soient devenus accessibles ? Pour l’Afrique les chiffres parlent d’eux même : en 1960 au moment des décolonisations les africains représentaient 9 % de la population mondiale et l’Afrique 9 % des richesses mondiales, ces chiffres sont devenus 17 % et 2 % en 2017.

Quant à l’esclavage, les noirs ont-ils été les seuls à le subir ? Le mot même d’esclavage ne vient-il pas de « slave » ? Beaucoup d’européens n’ont-ils pas été capturés et mis en esclavage par les barbaresques pour ne citer qu’un exemple. Pourquoi les noirs sont-ils les seuls à être encore définis ou à se désigner eux-mêmes comme descendants d’esclaves ? L’esclavage n’est pas une nature mais une condition qui s’abat sur un individu. Pourquoi esclave et africain sont-ils des termes qui restent attachés aux noirs et pas à d’autres ? Pourquoi parle-t-on toujours d’afro-américains et ne dit-on jamais européo-américain ou asiato-américain ? L’objectif serait celui de l’extrême gauche héritière du communisme qui hait la société chrétienne et capitaliste et a remplacé les objectifs du communisme, qui n’ont pas abouti, par un ensemble de causes destinées à affaiblir notre société et à la submerger par une immigration invasion. On y retrouve l’antiracisme, la lutte contre toutes les « phobies » : islamophobie, homophobie, antisémitisme, les théories fumeuses sur le genre etc. En bloquant psychologiquement les noirs (et les autres africains) sur un passé en grande partie inventé méritant repentance et réparation et déresponsabilisant, on maintient chez eux la haine de ces pays où ils émigrent en masse et où ils ne s’intègrent pas, multipliant leurs exigencesiv. Il serait tellement plus utile à l’Afrique que les africains s’attellent au développement de leur continent et exigent chez eux de leurs gouvernants ce qu’ils viennent chercher chez nous.

M.Tigori consacre toute une étude aux mesures à prendre pour le développement de l’Afrique. Il insiste sur la nécessaire qualité des dirigeants qui devraient avoir le souci du bien commun et perdre un comportement de clans qui se sont emparés de l’état comme d’un héritage du colonialisme à s’approprier pour leur profit. Je retiendrai de ce chapitre surtout les stades successifs d’évolution des pays fixant les conditions indispensables à assurer pour rendre possible la démocratie. L’occident qui veut imposer partout la démocratie quelle que soit l’état d’évolution des pays visés devrait s’en inspirer pour ne pas semer chaos, guerre et destruction comme cela arrive toujours lorsque ces conditions sont absentes (demandez aux iraquiens, syriens et libyens).

Les stades de développement nécessaires avant la démocratie selon M. Tigori.

Au départ il y a des humains qui se retrouvent sur un même territoire suite aux aléas de l’histoire. « La communauté de destin se matérialise par un groupe d’individus qui évolue sur un territoire donné, sous une autorité censée être responsable des intérêts de ce groupe qu’elle représente vis-à-vis de tout ce qui lui est extérieur. » Après quelque temps dans une communauté de destin bien gérée par cette autorité, « il se tisse entre les individus… une volonté partagée d’envisager… leur avenir de façon solidaire.… Ce vouloir vivre collectif … est le moteur de la formation de la nation, c’est-à-dire une communauté d’affection qui partage une histoire, une culture, une tradition, une langue, des valeurs, etc. … Quand la cohésion est maintenue, la population, le territoire et l’autorité politique constituent, ensemble, une entité morale dont la vie va au-delà des individus et des gouvernants qui se succèdent. Cette entité est l’Etat. »

Le long de ce processus, la société doit passer par plusieurs stades avant de pouvoir accéder à la démocratie. Le premier stade est la société de droit où citoyens et surtout gouvernants respectent la loi sous peine de sanctions. Au stade suivant, dépassant le simple respect des règles assurant le vivre ensemble, lorsque la société s’occupe des besoins collectifs en matière d’économie, de santé, de sécurité, « alors les individus finissent par se souder et n’envisagent leur destinée que de façon solidaire. Nous avons alors une société solidaire. »

Après un certain temps de stabilité « il se développe, les brassages aidant, une cohésion sociale solide, qui révèle le sentiment national, signe de la société fraternelle… ». On peut parler d’une nation.

« La démocratie multipartite, supposant l’existence de la compétition politique, ne peut être introduite sans risque que dans une société fraternelle. » Autrement la lutte politique et les passions partisanes font courir un risque d’éclatement à la société.

Le livre contient bien d’autres choses d’intérêt, dont une analyse de ce qu’est le racisme et des attitudes qui lui sont parfois attribués erronément. J’avoue m’être demandé en fermant ce livre comment moins de 420 pages pouvaient contenir autant d’informations et d’idées souvent très originales !

Le dernier chapitre, dont le titre a été repris pour celui de cet article, est un extraordinaire raccourci illustrant comment nous en sommes arrivés là, africains et européens, à cause de la domination sur les idées des penseurs communistes puis de l’extrême gauche. De l’empire d’Occident à l’époque moderne en passant par Clovis, le christianisme, les lumières, la révolution de 1789 contre la monarchie et l’Eglise, le génocide vendéen, l’échec de la révolution, l’empire réhabilitant la religion, le retour de la royauté, la république et la survivance d’un groupe d’individus d’extrême gauche héritiers de la révolution, le survol est impressionnant. On comprend la menace principale qui pèse sur l’Europe et compromet l’avenir de l’Afrique : l’immigration de masse qui menace l’identité et la cohésion des nos pays et empêchera à terme, si on ne l’arrête, la survie de nos démocraties.

*******

i Kakou Ernest Tigori « L’Afrique à désintoxiquer – Sortir l’Europe de la repentance et l’Afrique de l’infantilisme » chez Dualpha, ISBN 9782353744091, www.francephi.com .

ii M. Tigori a forgé pour cette propagande un terme fréquemment repris dans son livre : les « memcomafnoire40 » pour les mensonges communistes sur l’Afrique noire des années 40.

iii A propos d’anecdotes, une nouvelle rendue publique le 16 avril 2019 : le roi coutumier du royaume du Sanwi dans le Sud-Est de la Côte d’Ivoire, Amon N’Douffou V annonce qu’il va faire un don pour aider à la reconstruction de la Cathédrale Notre-Dame de Paris après son récent incendie. Bel exemple de fidélité africaine à un éclatant passé, ce don illustre « le fort lien entre mon royaume et la France ». En effet trois siècles avant ce don, un de ses lointains prédécesseurs, le prince Aniaba fut amené en France à 15 ans par le chevalier d’Amon représentant la Compagnie de Guinée. Converti à Notre-Dame et baptisé par Bossuet, il prend le nom de Louis Aniaba. Avant de retourner en Afrique il fonde avec le Roi Soleil l’ordre de l’étoile de Notre-Dame dans le but de récompenser et protéger les futurs convertis de son royaume d’Assinie. Il reçoit les insignes de son ordre dans la cathédrale Notre-Dame de Paris le 12 février 1701 en présence du roi de France son parrain avant de retourner en Afrique.

iv On se souviendra du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) criant à la discrimination ou exigeant le retrait de publicités classiques comme Banania ou participant au refus de représentation des Suppliantes d’Eschyle au théâtre de la Sorbonne.

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