Entretien de Mgr Carlo Maria Viganò, Archevêque, avec Arkady Mamontov pour Rossyia 24 TV, quatprze mai 2023
La guerre en Ukraine a été planifiée depuis la « révolution orange » de 2014, à laquelle même le philanthrope autoproclamé George Soros n’était pas étranger, ainsi que toute la cabale mondialiste.

À votre avis, qu’est-ce et surtout qui est-ce qui a provoqué a provoqué le conflit religieux en Ukraine ? 

Mgr Viganò : Permettez-moi tout d’abord de remercier Arkady Mamontov, le Dr Dmitry Toropov et la rédaction de Rossiya TV, de m’avoir invité pour cet entretien. J’adresse mes salutations à vous tous et à vos téléspectateurs. Nous savons, par une analyse des événements, que la crise ukrainienne est planifiée depuis des années, depuis avant l’Euromaïdan. De toute évidence, l’État profond américain n’était pas étranger à cette opération de regime change (changement de régime), par l’intermédiaire du Département d’État et de la CIA.  Ceux qui se sont ingérés avec tant d’aisance dans les affaires intérieures d’un État souverain considéraient la question religieuse comme un instrument de déstabilisation interne de l’Ukraine, et pour l’obtenir, ils ont agi, bien à l’avance, également sur ce front. Alors, comment obtenir un conflit religieux ? Simple : en séparant canoniquement l’Église orthodoxe ukrainienne de l’Église russe et en la considérant comme autocéphale. Nous savons qu’en 2018, le département d’État américain a alloué 25 millions de dollars au Patriarche de Constantinople pour l’inciter à reconnaître l’autocéphalie de l’Église ukrainienne en schisme de l’Église russe, que Bartholomée a accordée en janvier 2019. À l’époque, le Secrétaire d’État américain Mike Pompeo – s’ingérant dans les affaires intérieures de l’Église orthodoxe – avait exprimé le soutien des États-Unis à l’Église ukrainienne.

Le Patriarcat de Constantinople avait-il le droit d’accorder l’autocéphalie à l’Église orthodoxe ukrainienne non reconnue, malgré l’existence d’une Église orthodoxe du Patriarcat de Moscou en Ukraine, qui s’occupait pastoralement de la grande majorité des citoyens orthodoxes de ce pays ? 

Mgr Viganò : La question, à mon avis, n’est pas de savoir si le Patriarcat avait le droit d’accorder l’autocéphalie, mais pourquoi il l’a fait. Si je peux faire un parallèle avec l’Église Catholique, il me semble qu’une opération similaire a été menée par Jorge Mario Bergoglio à l’égard des diocèses allemands, à l’occasion du récent Synode sur la Synodalité. Bergoglio a créé les prémisses d’un schisme en consentant aux diocèses une autonomie dans les questions doctrinales et morales qu’ils n’ont pas et ne peuvent pas avoir, et les évêques de ces diocèses ont approuvé la bénédiction des unions homosexuelles, l’attribution de rôles ministériels aux femmes, la légitimation de l’idéologie LGBTQ et du genre. Et maintenant que quelques rares évêques se soulèvent contre ces déviations, le Saint-Siège se tait, parce que c’est exactement ce qu’il avait entrepris de faire. Nous assistons à un plan subversif, réalisé par celui que le Christ a constitué chef de l’Église pour confirmer les frères dans la foi, et non pour répandre l’hérésie et le vice. A-t-il le droit de le faire ? Non. Les évêques allemands ont-ils ce droit ? Non. Parce que l’autorité du Pape et des Évêques est substantiellement liée à la Vérité enseignée par le Christ, et elle n’est rien dès qu’elle s’en écarte. Je crois que le Patriarche de Constantinople a agi de la même manière, avec les mêmes buts et inspiré par les mêmes pouvoirs.

Ce n’est un secret pour personne que toutes les décisions de Kiev sont prises après consultation avec les États-Unis. Aujourd’hui, nous assistons à la façon dont les moines sont expulsés de la laure de Kiev Petchersk. Ne pensez-vous pas que cela viole les principes des droits et des libertés religieuses que les États eux-mêmes défendent ?

Mgr Viganò : La persécution par le gouvernement de Kiev des moines, du clergé et aussi des fidèles liés au Patriarcat de Moscou, montre que l’opération est de nature politique. D’autre part, comme vous le reconnaissez vous-même, les décisions de Kiev sont toujours prises sur les instructions de l’État profond américain. Si la question avait été exclusivement religieuse, l’État aurait dû rester en dehors de celle-ci, comme cela aurait dû être le cas dans les États qui se disent « laïques » et considèrent État et Église indépendants et souverains. Si le gouvernement de Kiev considère l’Église russe en Ukraine comme une émanation du gouvernement russe, il révèle également la conviction que l’Église orthodoxe ukrainienne est elle-même une Église d’État soumise au gouvernement, et que, pour cette raison, elle peut jouer un rôle de contrôle des fidèles ukrainiens. Et c’est ce que Pékin a fait à travers l’accord secret avec le Saint-Siège, qui nomme des évêques pro-gouvernementaux et communistes à la tête des diocèses, poursuivant impunément la persécution contre les fidèles de l’Église Catholique Romaine.

Des poursuites pénales sont engagées contre des prêtres en Ukraine, certains d’entre eux sont privés de la citoyenneté ukrainienne, les paroisses sont prises par des schismatiques : à quoi tout cela nous mènera-t-il ?

Mgr Viganò : Ces phénomènes se sont toujours produits tout au long de l’histoire : lorsque le pouvoir civil se sent « menacé » par le pouvoir ecclésiastique – je pense, par exemple, à ce qui s’est passé pendant la Révolution Française et à nouveau en 1848 en France et en Italie, ou dans la Russie communiste de Staline, ou au Mexique à la fin des années Vingt, ou en Espagne dans les années Trente – la persécution du clergé est l’un des premiers moyens par lesquels l’autorité civile cherche à réprimer la dissidence. D’autre part, les chrétiens ont toujours été persécutés par les régimes totalitaires, parce que l’Évangile est considéré comme dangereux par ceux qui veulent remplacer la Loi de Dieu par la loi des hommes.

Pourriez-vous nommer les schismes de l’Église qui se sont produits dans l’histoire du monde et à quoi ont-ils conduit ?

Mgr Viganò : Je citerai le cas emblématique du schisme anglican, qui ne découle pas tant d’une question théologique, mais bien de la volonté d’Henri VIII d’échapper à l’autorité spirituelle du Pontife Romain et de divorcer de son épouse légitime Catherine d’Aragon. Avec cet acte de suprématie du pouvoir temporel sur le pouvoir spirituel, le souverain anglais se déclara « chef suprême sur terre de l’Église d’Angleterre », avec l’avantage de s’approprier les biens et les revenus jusque-là dus au Saint-Siège et de contrôler les nominations des évêques. Une opération similaire avait eu lieu quelques années plus tôt en Allemagne, où les Princes allemands soutenaient l’hérésiarque Martin Luther non pas tant parce qu’ils partageaient ses erreurs doctrinales, mais parce qu’ils y voyaient un prétexte pour s’approprier les biens de l’Église. Tant pour la pseudo-Réforme protestante que pour le schisme anglican, l’autorité civile s’est constituée comme une contrepartie ecclésiastique de l’autorité du Pape et des Évêques, afin d’affaiblir leur pouvoir et de renforcer le sien.

Les autorités séculières ont-elles le droit de s’immiscer dans les affaires de l’Église ?

Mgr Viganò : Je réponds par les paroles du Christ : Donnez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu (Mt 22, 21). Ce précepte nous enseigne que l’autorité civile et l’autorité religieuse ont deux champs d’action distincts et séparés : d’une part la bonne gouvernance de l’État pour l’harmonie des citoyens et d’autre part le gouvernement des fidèles pour leur sanctification. Ce sont deux buts distincts, l’un temporel et l’autre spirituel ; mais les deux autorités doivent encore avoir le Christ comme modèle : le Christ Roi pour les gouvernements civils, et le Christ Pontife pour l’Église. La Révolution – à la fois celle du libéralisme maçonnique et celle du communisme athée – a subverti cet ordre social, et c’est pourquoi pendant deux siècles – et avant cela dans l’Allemagne divisée par l’hérésie protestante – les autorités séculières se sont immiscées dans les affaires de l’Église. Cela est dû au fait d’avoir fait dériver le pouvoir temporel du peuple, en le soustrayant au Christ : d’une part, en déifiant l’individu (comme le veut l’idéologie libérale) et de l’autre en déifiant la collectivité (comme le veut l’idéologie communiste). Aujourd’hui, nous assistons à l’alliance entre ces deux erreurs – théologiques, mais aussi philosophiques et politiques – dans la divinisation de l’élite synarchiste du Nouvel Ordre Mondial, qui combine le relativisme libéral et le libéralisme économique au collectivisme socialiste. Et cette alliance infernale – qui en Occident est en train de détruire le tissu social et religieux des nations – est nécessairement antichrétienne et antichristique, parce qu’elle nie la Seigneurie du Christ sur les individus et les sociétés. Elle est satanique, comme l’a récemment souligné le Président Vladimir Poutine.

Les agences de renseignement américaines essaient-elles de contrôler les organisations religieuses ?

Mgr Viganò : Je ne sais pas quelle est l’implication de l’administration Biden et des services secrets dans les affaires religieuses ukrainiennes. Nous savons en revanche, d’après les courriels de John Podesta publiés ces dernières années, que l’État profond américain a joué un rôle décisif dans la provocation d’une « révolution orange » au sein de l’Église Catholique, en vue d’un changement complet de la doctrine et de la morale, a travers le remplacement du pape Benoît XVI par un pape entièrement acquis à l’idéologie mondialiste. Vous vous souviendrez qu’à la veille de la renonciation du pape Ratzinger, le lobby financier mondial avait bloqué les transactions bancaires du Vatican et qu’immédiatement après le 11 février 2013, le système SWIFT avait été réactivé. L’action de l’État profond a été facilitée par l’Église profonde qui, comme l’a admis le cardinal Godfried Danneels, alors archevêque de Malines-Bruxelles, a organisé par le biais de la soi-disant Mafia de Saint-Gall l’élection de Bergoglio. Qui, à la différence de Benoît XVI, est totalement aligné sur l’idéologie mondialiste. Je ne parlerais donc pas d’une action des États-Unis, mais de cette partie corrompue et subversive – que l’on appelle par brièveté l’État profond – qui a pris le pouvoir en Amérique et dans presque toutes les nations appartenant à l’OTAN, à l’Union Européenne, à l’OMS, au Forum Économique Mondial. Et ce même argument, à mon avis, s’applique également à l’Ukraine, dont le régime corrompu – soutenu par des mouvements extrémistes de matrice clairement néonazis – s’est soumis à l’élite mondialiste pour son propre intérêt, tandis que le peuple ukrainien est massacré sur les lignes de front d’une guerre qui aurait pu être évitée simplement en appliquant les Accords de Minsk.

Qu’est-ce qui a guidé le Patriarche Bartholomée de Constantinople dans l’octroi de l’autocéphalie à la nouvelle Église en Ukraine ? On a l’impression qu’il suivait les ordres du Département d’Etat américain ou de la CIA…

Mgr Viganò : Le patriarche de Constantinople Bartholomée est bien connu pour être totalement soumis au dessein de l’ONU et de l’élite mondialiste : ce n’est pas un hasard s’il est en excellents termes avec Jorge Mario Bergoglio. Nous savons bien que le siège de Constantinople est depuis longtemps entre les mains de la Franc-Maçonnerie : le Patriarche Athénagoras et son prédécesseur Meletios Metaxakis ont reçu le 33ème degré du Rite Écossais Ancien et Accepté, et dans les cercles maçonniques ; et il a été suggéré à plusieurs reprises que Jean XXIII, lorsqu’il était Nonce Apostolique à Istanbul, était également affilié à une Loge. Cela ne me surprend donc pas que Bartholomée, obéissant aux ordres de l’État profond – qui contrôle le Département d’État américain et la CIA – ait pu reconnaître l’autocéphalie de l’Église orthodoxe ukrainienne non pas pour des raisons canoniques, mais pour des raisons politiques ; exactement la même raison pour laquelle Paul VI, en 1964, a supprimé dans une clé œcuménique le Patriarcat latin de Constantinople érigé en 1205.  Je me souviens que le 3 novembre 2009, le Président américain de l’époque, Barack Obama, a rencontré le Patriarche Bartholomée Ier pour parler de « protection de l’environnement » et promouvoir la réouverture de l’école théologique œcuménique de Halki, en Turquie, après les tentatives ratées dans les années Quatre-vingt-dix par Madeleine Albright et Bill Clinton. Si j’ai bien compris la dynamique interne de l’orthodoxie, l’Église russe constitue, pour ainsi dire, la partie « traditionaliste » de la structure orthodoxe, tandis que celle de Constantinople est « progressiste », infiltrée par la Franc-Maçonnerie, manipulée par l’État profond, favorable au dialogue interreligieux et même à l’idéologie écologiste : on a l’impression de voir la version « fanariote » du Vatican de Bergoglio. Je note que le mouvement œcuménique – visant à préparer l’avènement de la Religion de l’Humanité voulue par la Franc-Maçonnerie – a commencé au XIXe siècle avec les Protestants et en tant que tel a été sévèrement condamné par les Pontifes Romains jusqu’au Concile Vatican II, puis s’est étendu dans les années Soixante du XXe siècle à l’Église Catholique et à l’Église Orthodoxe, en utilisant des Francs-Maçons infiltrés au sommet des hiérarchies respectives. Et quand nous parlons de la Franc-Maçonnerie, nous parlons des élites mondialistes et du Nouvel Ordre Mondial.

Quelle est votre position sur l’opération militaire spéciale ?

Mgr Viganò : Je crois que chacun de nous est capable de comprendre ce qui s’est passé en Ukraine ces dernières années, simplement sur la base des faits. C’est un fait que l’OTAN s’était engagée à ne pas s’étendre vers l’Est ; c’est un fait que la révolution de l’Euromaïdan a été menée avec le soutien de l’État profond américain, en particulier de Victoria Nuland et de ses autres complices ; c’est un fait que le Protocole de Minsk n’a pas été respecté, et nous avons entendu des dirigeants éminents tels que l’ancienne Chancelière Angela Merkel ou l’ancien Président français François Hollande admettre que l’objectif de ces accords était de donner à l’Ukraine le temps de s’armer ; c’est un fait qu’à la veille de l’opération militaire spéciale, la Fédération de Russie avait demandé de respecter l’indépendance de Lougansk et de Donetsk, ainsi que l’autonomie du Donbass. Si le Président Vladimir Poutine a décidé de défendre les russophones contre les agressions répétées et continues du gouvernement de Kiev, cela ne s’est certainement pas produit soudainement. Au contraire, il me semble clair que c’était exactement ce que l’OTAN voulait réaliser, après plus d’une décennie de provocations.

Qui, selon vous, a provoqué la guerre en Ukraine ?

Mgr Viganò : La guerre en Ukraine a été planifiée depuis la « révolution orange » de 2014, à laquelle même le philanthrope autoproclamé George Soros n’était pas étranger, ainsi que toute la cabale mondialiste. Ceux qui voulaient la guerre devaient d’une part remplacer la Fédération de Russie dans l’approvisionnement énergétique de la plupart des pays européens et ensuite prendre le relais par une opération de spéculation scandaleuse : le coût du gaz, désormais fourni par les États-Unis, est bien plus élevé que celui auquel il était vendu avant février 2022. Mais cela a contribué à deux objectifs parallèles. La première était d’empêcher une alliance entre les Nations européennes et la Fédération de Russie, de la balkaniser et d’essayer de l’isoler par des opérations de regime change (changement de régime) et par des « printemps colorés », comme cela s’est produit en Ukraine et comme ils ont essayé de le faire en Géorgie. Ce premier objectif a échoué, tout comme la tentative de faire tomber le Président Poutine. Au contraire, nous assistons à la mise en place d’un monde multipolaire, par exemple avec les BRICS, dans lequel la dédollarisation met les États-Unis dans le coin. Mais ce processus ne devrait pas, à mon avis, faire payer au peuple américain la culpabilité d’un gouvernement subversif soumis à l’élite mondialiste. Le deuxième objectif devait être la destruction du tissu économique de l’Europe – pas seulement dans une clé anti-russe – pour permettre aux sanctions de se retourner d’abord contre les pays de l’Union Européenne, en les affaiblissant et en les forçant à la soi-disant transition verte, basée sur la fraude du changement climatique. Mais pour y parvenir, après la répétition générale avec la farce pandémique des deux années précédentes, il fallait une marionnette de l’État profond à la Maison Blanche, et pour cela il était nécessaire d’évincer le Président Donald Trump par la fraude électorale. Entre autres choses, Joe Biden, sujet à toutes sortes de chantages à cause de ses scandales et de ceux de son fils, avait tout intérêt à cacher son implication dans les bio-laboratoires ukrainiens et peut-être même dans les horreurs du trafic d’enfants alimentant le lobby pédophile international, la prédation d’organes et le lucratif marché de la maternité de substitution. Cela a été possible grâce à un véritable coup d’État mondial, mené avec la coopération de nombreux gouvernements, dont les dirigeants sont des émissaires importants du Forum Économique Mondial et d’autres entités privées supranationales, tous gérés par une coupole de subversifs clairement identifiables, sans légitimité populaire, avec le soutien de groupes financiers tout aussi identifiables.  Les peuples occidentaux – à de très rares exceptions près – sont les otages de dirigeants vendus à l’élite mondialiste, qui vise à établir une synarchie totalitaire qui prélude à l’établissement du règne de l’Antéchrist. De là, nous entendons aussi la haine de Dieu, de la religion, de la famille, de la vie.

Vous avez précédemment servi aux États-Unis. Quelle est votre impression de ce pays ?

Mgr Viganò : L’Amérique est une Nation relativement jeune, si nous la comparons aux millénaires d’histoire d’autres nations. Cela implique deux considérations, l’une positive et l’autre négative. Le point positif, c’est qu’il y a une certaine naïveté dans la conscience du peuple, qui est et reste essentiellement ancré dans des « valeurs » traditionnelles – je ne les appellerai pas « principes » : la Famille, la Patrie, la Religion. Le point négatif est que l’absence d’un héritage spirituel et culturel solide est souvent comblée par une pensée non identitaire, et souvent encline à se laisser contaminer par l’idéologie libérale et maçonnique qui domine les classes dirigeantes et en particulier la gauche démocrate. De plus, il y a une sorte de persuasion que l’Amérique est en quelque sorte le « shérif du monde », et cela se heurte à la souveraineté légitime des autres Nations. La crise économique et politique actuelle provoquée par le coup d’Etat de l’État profond peut aider les Américains à prendre conscience de la nécessité d’une réforme interne profonde. Cette réforme serait certainement possible si le Président Donald Trump était réélu et pouvait libérer cette grande Nation en rejoignant l’alliance multipolaire des peuples. Encore une fois, c’est l’autorité qui doit redevenir un service à la communauté pour le bien commun, et non un instrument de centralisation d’un pouvoir subversif que personne n’a élu et dont personne ne veut.

Quel est le principe éthique le plus pertinent des États-Unis ? 

Mgr Viganò : Voilà une question simple et complexe à la fois. Je dirais que le principe éthique des États-Unis est fortement influencé par la mentalité protestante, qui s’est établie en Amérique au XIXe siècle grâce précisément, comme je l’ai dit, à la puissance écrasante de la Franc-Maçonnerie. Les Catholiques américains – et j’imagine les Orthodoxes aussi – se sont habitués à vivre avec cette idée, qui se traduit par une primauté de l’action et du succès entrepreneurial sur la pensée philosophique et la culture « non monétisable ». Dans la mentalité protestante, la réussite économique est un signe de prédestination et, en tant que telle, finit par légitimer – comme elle l’a effectivement fait – même le harcèlement des faibles, considérés comme des « perdants » – des looser, et en tant que tels non prédestinés par Dieu au salut. Ce n’est pas un hasard si la richesse est concentrée entre les mains des WASPWhite, Anglo-Saxon, Protestant (Blancs, Anglo-Saxons, Protestants) – et que de nombreux immigrants, par exemple irlandais ou italiens, ont toujours joué un rôle marginal. Cette tendance a connu un renversement de cap dans les années cinquante, lorsque sous le glorieux Pontificat de Pie XII, le Catholicisme américain a connu un renouveau significatif et les conversions à l’Église de Rome ont énormément augmenté. Malheureusement, cette parenthèse a pris fin avec le Concile Vatican II, qui représentait en quelque sorte une protestantisation au moins partielle des Catholiques, et a donné naissance à cette alliance néfaste entre l’État profond américain et l’Église profonde, parmi les représentants desquels nous pouvons compter des personnalités politiques telles que Joe Biden, Nancy Pelosi, John Kerry et des personnalités ecclésiastiques telles que l’ancien cardinal McCarrick, dont les « héritiers » sont encore fermement enracinés au sein des institutions ecclésiastiques. Il faut reconnaître que l’apostasie de l’église bergoglienne a ouvert les yeux de nombreux fidèles :nous assistons, en Amérique, à l’éveil de nombreux Catholiques qui se reconnaissent dans la Foi traditionnelle, significativement à un moment où ils sont l’objet d’une persécution conjointe de l’Église profonde et de l’État profond, au point que le FBI les maintient sous contrôle en les considérant des « domestic terrorists » (terroristes nationaux). La situation de l’Église russe en Ukraine est à certains égards semblable – bien que beaucoup plus grave –à celle que je viens à peine de décrire.

Et qu’est-ce qui pousse les politiciens américains à déclencher des guerres dans le monde – Syrie, Libye, Irak, Yougoslavie, Ukraine… ?

Mgr Viganò : Comme je l’ai dit, ce sont des personnalités politiques appartenant à l’État profond, infiltrées dans toutes les institutions de l’État et dans les médias. Leur pouvoir est énorme, tout comme leurs moyens économiques, car ils sont financés par de puissants groupes d’investissement tels que BlackRock et Vanguard, entre les mains d’un petit nombre de familles ashkénazes – comme Zelensky qui est lui-même Ashkenaze. Leur but est le pouvoir, puisqu’ils créent l’argent et le possèdent déjà. Un pouvoir qui doit devenir mondial, comme nous le voyons se produire aujourd’hui, et qui, pour être réalisé dans le Nouvel Ordre Mondial, exige nécessairement la destruction du Christianisme, même du christianisme protestant. Il y a aussi une alliance entre le pouvoir idéologique et le pouvoir économique, c’est-à-dire entre ceux qui veulent dominer le monde pour établir la tyrannie synarchique et ceux dont le but est le simple profit. Pour cette raison, les guerres promues par les États-Unis et l’OTAN au cours du XXe siècle et de ce siècle ont été conçues en vue d’un gouvernement mondial unique et de l’annulation des souverainetés nationales, mais soutenues par ceux qui ont vu et voient d’énormes opportunités dans ces conflits pour s’enrichir et affaiblir d’autres États. Les plaintes des parlementaires ukrainiens concernant la corruption du gouvernement de Kiev et l’enrichissement personnel de ses membres – qui continuent de recevoir des sommes exorbitantes provenant du trafic d’armes et d’autres activités illicites – montrent que ceux qui occupent des postes de pouvoir dans les pays occidentaux se trouvent dans un très grave conflit d’intérêts plutôt que de protéger les citoyens.

Les États-Unis sont-ils un empire du bien ?

Mgr Viganò : Je ne pense pas qu’il y ait des nations qui puissent revendiquer ce titre aujourd’hui, et certainement pas les États-Unis, tant qu’elles restent otages des subversifs de l’État profond, de l’idéologie woke, de la théorie LGBTQ et de toutes les aberrations que nous connaissons. Bien sûr, chaque Nation – étant composée de personnes qui peuvent être bonnes et orientées vers le bien – peut être utilisée par la Providence de Dieu pour Ses plans. Même l’Empire Romain, bien qu’il persécutât les Chrétiens, créa avec ses conquêtes les prémisses de la diffusion de l’Évangile dans le monde. Mais cette tâche n’est pas l’apanage exclusif d’une Nation. La Fédération Russe, par exemple, agit actuellement comme un obstacle à la Grande Réinitialisation, du moins en s’opposant à la perversion des coutumes et à la corruption des peuples perpétrées par l’idéologie mondialiste. À mon avis, il serait souhaitable que cette opposition commune au Nouvel Ordre Mondial ne soit pas abordée en centralisant le pouvoir et en réduisant ses alliés à des vassaux ou à des colonies, comme le fait l’OTAN, mais en redécouvrant l’importance de la souveraineté nationale, de l’héritage chrétien commun, du patrimoine commun de culture et de civilisation qui, en deux mille ans, a été promu et rendu fécond par la foi en Jésus-Christ. Si les peuples reconnaissent Jésus-Christ comme leur Roi ; si les lois des nations sont conformes aux Commandements de Dieu et à la loi naturelle inscrite dans le cœur de chaque homme, elles n’ont pas besoin de s’imposer ou d’affirmer leur pouvoir sur les autres. L’ordre chrétien, quel que soit le système de gouvernement choisi par les citoyens, est le seul qui protège le bien commun de tous les peuples, en leur apportant la lumière du vrai Dieu. D’autre part, la prétendue « laïcité de l’État » s’est avérée être une fraude, par laquelle le Christianisme est marginalisé en vue d’être remplacé par la religion mondialiste de l’écologie, de la cancel culture, de la substitution ethnique, de la dictature sanitaire. Je crois que c’est là l’approche « multipolaire » à laquelle le Président Poutine fait souvent référence : respecter l’identité et les libertés des peuples, unis par l’héritage chrétien commun.

Il semble que plus personne n’essaie d’éviter le péché. Le péché fait-il partie de la norme dans le monde d’aujourd’hui ? Pourriez-vous donner des exemples ?

Mgr Viganò : Éviter le péché implique de reconnaître une norme morale transcendante, et par conséquent un Législateur divin. Cela signifie, en substance, mener la vie privée et publique dans l’ordre surnaturel que Dieu a établi. Depuis deux siècles, les États refusent de reconnaître publiquement la Seigneurie du Christ sur les sociétés. L’Occident chrétien a dû faire face à un processus de sécularisation qui a impliqué – et même considéré comme un protagoniste – cette Église profonde qui s’est infiltrée au sommet de l’Église Catholique, et qui, avec le Concile Vatican II, a substantiellement annulé la doctrine de la Royauté Sociale de Notre-Seigneur, réduisant la pratique de la Foi à une affaire privée, comme cela s’était déjà produit quatre siècles plus tôt avec l’hérésie protestante. Cette sécularisation a entraîné la perte de l’ordre social qui permettait aux fidèles et aux citoyens de vivre selon les Commandements, et a donc favorisé la propagation de l’immoralité, du péché, de la corruption. Car là où l’État ne protège pas la moralité publique, et promeut tout ce qui est contraire à la Loi de Dieu et à la nature, il est extrêmement difficile de rester fidèle à la pratique religieuse. Et c’est une preuve supplémentaire que la sécularisation de la société n’avait pas pour but de garantir la liberté aux religions non chrétiennes, mais de saper l’ordre social et d’effacer tout héritage chrétien non seulement des lois, mais aussi de la vie quotidienne.

Toute scission dans l’Eglise éloigne les gens de Dieu. L’agenda LGBT et la légitimation de tout ce qui était auparavant considéré comme un péché ont un effet néfaste.

Mgr Vigan : Il ne fait aucun doute que les divisions sont l’œuvre du diable, prince de la révolution et du chaos. La Sainte Église, comme nous le savons et croyons, est une, c’est-à-dire unique, tout comme unique est l’Arche que le Christ a placée sur terre pour le salut des hommes. Si le corps ecclésial souffre des blessures de la division et du schisme, c’est parce que l’Ennemi de l’humanité – Satan – veut entraîner avec lui le plus grand nombre possible d’âmes dans la damnation éternelle. Se séparer de la Sainte Église signifie abandonner la famille surnaturelle dans laquelle nous avons été enfantés à la Grâce, croyant que nous pouvons nous défendre par des moyens humains contre l’assaut furieux de l’Ennemi. Cela signifie croire qu’on peut renoncer à la vérité du Père éternel incarnée dans le Fils divin et vivifiée par l’Esprit Saint. Mais c’est là un grave péché d’orgueil qui nous rend encore plus faibles dans la résistance au mal.

En Allemagne, il y avait un slogan : « l’Allemagne avant tout ». En Ukraine, l’Ukraine est au-dessus de tout. Ne pensez-vous pas qu’il y a beaucoup de similitudes ? Pourquoi l’Occident soutient-il les nationalistes ukrainiens ?

Mgr Viganò : Deutschland über alles était une phrase patriotique de l’hymne de l’Empire des Habsbourg, que le national-socialisme a ensuite fait sien dans une tonalité ultranationaliste, conformément à cet héritage protestant que j’ai mentionné tout à l’heure, qui place l’État au-dessus de tout. Mais alors que l’Empire austro-hongrois, bien que catholique, reconnaissait la liberté aux peuples et aux cultures qui le composaient – selon les principes chrétiens de bon gouvernement – le totalitarisme nazi visait à créer les bases idéologiques qui légitimaient une suprématie ethnique – celle de la race aryenne – au-dessus des peuples. Cette vision, après des décennies de déploration des excès du nazisme, est maintenant de nouveau en vogue dans une clé encore plus destructrice, car elle attribue une supériorité morale à la « religion mondialiste », à l’idéologie woke, à la cancel culture (l’annulation de la culture), assurant que tout ce qui n’est pas conforme aux préceptes de cette pensée totalitaire est considéré comme hérétique, et que ceux qui ne s’y adaptent pas sont indignes de faire partie du consortium civil. Pas étonnant que les principaux théoriciens de cette idéologie soient culturellement liés et, dans certains cas, même par des relations de parenté, avec les idéologues du nazisme. Par exemple, Adolf Heusinger, chef de l’Operationsabteilung depuis 1940, qui a aidé Hitler à planifier les invasions de la Pologne, de la Norvège, du Danemark et de la France, a été président du Comité de l’OTAN à Washington de 1961 à 1964. Et ce qui est le plus déconcertant, c’est que cette renaissance des principes néonazis est soutenue et financée par le monde ashkénaze, dont de nombreux dirigeants politiques et figures éminentes du mondialisme sont des représentants, avec la contribution des mouvements néoconservateurs philo-sionistes, présents surtout aux États-Unis et liés à l’État profond américain.

De quoi les politiciens devraient-ils tenir compte lorsqu’ils prennent des décisions à notre époque ? Sur quoi devraient-ils fonder leurs décisions ?

Mgr Viganò : Le rôle des politiciens, hier comme aujourd’hui, est de s’engager pour la bonne gouvernance et pour la défense de leurs concitoyens contre le coup d’État mondialiste. Tous les politiciens de toutes les Nations y sont appelés sans distinction, mais surtout ceux qui se trouvent otages de l’élite subversive du Nouvel Ordre Mondial. Ils devraient se demander : Que vais-je dire au Christ quand je me tiendrai devant Lui pour être jugé ? Il est nécessaire – je le répète depuis un certain temps – qu’une Alliance antimondialiste soit formée qui unisse tous les peuples, avec leurs dirigeants, dans une action d’opposition et de résistance à l’établissement du Nouvel Ordre Mondial, à la Grande Réinitialisation, à l’Agenda 2030, à ses points programmatiques. Cette Alliance devrait avoir pour but la dénonciation du coup d’État mondial et de ses architectes, la réappropriation de la souveraineté nationale (y compris la souveraineté monétaire) et le boycott systématique de tout ce qui érode les libertés individuelles en imposant des modèles et des modes de vie destructeurs. Il est essentiel de mettre un terme à la folie du genre, à la corruption des enfants, à la dissolution de la famille, à l’effacement de la civilisation chrétienne, à l’asservissement des individus. Il est également nécessaire que ceux qui gouvernent l’État ne soient pas soumis au chantage de lobbies financiers ou de groupes de pouvoir plus ou moins cachés, punissant par des lois sévères les conflits d’intérêts qui rendent possible la trahison des peuples. À mon avis, cette Alliance serait une excellente prémisse pour le rétablissement de la paix dans les Nations, aujourd’hui déchirées par les conflits causés par l’élite mondialiste, et pourrait unir dans cette bataille pour la vérité et la liberté également les dirigeants politiques des pays dont les gouvernements se déclarent aujourd’hui ennemis de la Fédération de Russie et de ses alliés.

Pourquoi l’humanité, au cours de son histoire multimillénaire, n’a-t-elle pas appris à vivre sans guerres ?

Mgr Viganò : L’humanité pourrait et voudrait vivre sans guerres : l’effondrement du soutien populaire aux dirigeants bellicistes de l’OTAN et les centaines de manifestations contre la guerre en Ukraine (entre autres) organisées dans de nombreux États européens en sont la preuve. Mais tant que la guerre est considérée comme un outil non pas pour rétablir la justice ou se défendre contre une attaque (car dans ce cas ce serait légitime) mais pour imposer un modèle dystopique de société tyrannique en vue du Nouvel Ordre Mondial aux dépens des citoyens, aucun d’entre nous ne pourra y échapper et nous en serons tous victimes. Je le répète : l’élimination de l’élite mondialiste subversive est essentielle en vue d’une coexistence pacifique entre les peuples. Le Président Donald Trump l’a également dit récemment, et il me semble qu’une telle déclaration fait de lui un interlocuteur privilégié du Président Poutine pour ouvrir une table de paix qui a pour objectif principal l’éviction des émissaires de l’État profond et du Forum Économique Mondial des gouvernements nationaux et des organisations supranationales, qui sont une émanation dangereuse de l’État profond.

Notre programme sera vu à la fois en Russie et en Ukraine, alors que voulez-vous dire en conclusion ?

Mgr Viganò : En tant qu’Évêque et Successeur des Apôtres, je m’adresse aux Russes et aux Ukrainiens au Nom de Jésus-Christ Roi et de la Toute Sainte Mère de Dieu, Auxiliatrice des Chrétiens. Priez avec foi, en ce temps béni où nous célébrons les Saints Mystères de la Passion, de la Mort et de la Résurrection du Sauveur, pour implorer la paix ; une paix qui ne peut venir que du Christ, Prince de la Paix. Soyez conscients que la menace pour le monde vient de l’abandon des Commandements de Dieu, de la rébellion contre la Loi éternelle voulue par le Seigneur pour notre bien et pour notre salut éternel. Le Seigneur a dit : Sans moi, vous ne pouvez rien faire (Jn 15, 5). Priez avec confiance, chers frères dans le Christ : priez la Reine de la Paix, afin qu’elle intercède devant le trône de Dieu et implore pour nous tous la paix véritable, pax Christi in regno Christi, la paix du Christ dans le Royaume du Christ. Priez pour que l’Esprit Saint, le Paraclet, suscite des sentiments de vérité et de justice chez les dirigeants de toutes les Nations, les conduisant à un sursaut de dignité et de loyauté envers leurs concitoyens, les conduisant à se libérer de la soumission à des pouvoirs que personne ne veut, que personne n’a élus, et dont le seul but est d’effacer le Christ du monde et de damner les âmes qu’Il a rachetées de son propre Sang. Priez pour que le Seigneur suscite parmi vous des dirigeants honnêtes et courageux qui ont à cœur le bien commun, et non les intérêts des conspirateurs. Mais surtout, chers amis, commencez par vous-mêmes : que le Seigneur règne d’abord dans vos cœurs, dans vos familles, dans vos communautés. Restez dans la Grâce de Dieu, car personne ne pourra jamais vous enlever votre amitié avec le Seigneur, qui est le seul Bien Suprême et qui, dans toute adversité, ne vous laissera jamais manquer de Sa sainte aide. Jésus-Christ a dit : Vous serez mes amis si vous faites ce que je vous commande (Jn 15, 14). Voici : dans l’obéissance à l’Évangile est gardé le secret pour que la paix règne dans vos cœurs et dans la société. Que le Seigneur vous bénisse tous.

© Traduction de F. de Villasmundo pour MPI relue et corrigée par Mgr Viganò

La vidéo de l’original de cet entretien : 

Fabien LAURENT

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