Entretien choc de Mgr Viganò avec la journaliste romaine Franca Giansoldati, vaticaniste d'Il Messagero, vingt août 2024

« Après mon mémoire sur McCarrick (1) en août 2018, un de mes

contacts des États-Unis m’avertit que ma vie était en danger. »

Note de la rédaction de MPI : Il Messaggero est un quotidien italien, de Rome. Il est diffusé à 242 000 exemplaires de moyenne, ce qui en fait le cinquième quotidien italien. Il est marqué au Centre gauche de la vie politique italienne.

  1. Un retour dans le temps : en 2011, le Pape Ratzinger vous a imploré d’accepter votre nomination comme Nonce Apostolique aux États-Unis, laissant le rôle du Gouvernorat où vous étiez en train de “faire le ménage”. Vous avez eu des démêlés avec le cardinal Bertone, alors Secrétaire d’État, dont le nom est lié au scandale des détournements de fonds du Bambin Gesù [Hôpital pédiatrique du Vatican, ndlr], même s’il n’a jamais fait l’objet d’une enquête. Que vous dit alors Benoît XVI ? Comment les choses se sont-elles passées ce jour-là et quelles ont été les principales raisons du désaccord avec Bertone ?

Parler de “désaccord” me semble un euphémisme. Assoiffé de pouvoir, sans scrupules, manipulateur, contigu aux cercles maçonniques : tel est le portrait du Cardinal Bertone, auquel Benoît XVI était malheureusement soumis. Bertone a fait tout ce qu’il a pu pour m’écarter de la Secrétairerie d’État, parce que, dans mon rôle très délicat, je l’empêchais de promouvoir “ses” candidats, des hommes de son cercle, corrompus et souvent sexuellement pervertis. Il réussit à me transférer au Gouvernorat le 16 juillet 2009, où, dans ma lutte contre le vaste réseau de corruption, j’avais découvert le rôle et la complicité du Secrétaire d’État lui-même dans la couverture, le soutien, la promotion des malversations et dans le profit personnel qu’il en tirait. Benoît XVI me dit – au cours de l’audience privée qui me fut accordée le 4 avril 2011 – qu’il voulait me nommer Président de la Préfecture pour les Affaires Économiques du Saint-Siège, mais Bertone (avec la complicité du Cardinal Lajolo, Président du Gouvernorat, également impliqué dans le réseau de corruption) s’imposa par la force au Pape et obtint que je sois expulsé de la Curie Romaine.

Conscient de ce complot ourdi au détriment du Saint-Siège et de Benoît lui-même, et sachant que la volonté du Pape que je continue à “faire le ménage” était piétinée (et que ma destitution aurait annulé le travail accompli et laissé les corrompus impunis), j’avais d’abord essayé de résister, non sans beaucoup de difficulté, ne pouvant avoir un accès direct au Pape.

Ce fut ainsi, qu’après un long combat intérieur, une lettre personnelle de Benoît XVI me convainc d’accepter la nomination aux États-Unis. Il m’écrivit :

« Je voudrais vous dire que j’ai réfléchi et prié sur votre situation après les derniers événements. La douloureuse nouvelle de la mort de Son Excellence Mgr Pietro Sambi m’a confirmé, dans la conviction, que votre position providentielle en ce moment est celle de la Nonciature aux États-Unis d’Amérique. D’autre part, je suis convaincu que la connaissance que vous avez de ce grand pays vous aidera à relever le défi exigeant de cette œuvre qui, à bien des égards, est décisive pour l’avenir de l’Église universelle. »

  1. Bertone vit toujours dans le fameux appartement du Vatican, tandis que vous, à la fin de votre mandat aux États-Unis, vous avez été expulsé de l’appartement au sein de la Curie. Une humiliation supplémentaire. Là aussi : comment les choses se sont-elles passées et comment l’expliquez-vous ?

L’appartement qui m’avait été attribué était situé dans l’Hospice Sainte-Marthe, connu sous le nom de Sancta Marta Vecchia (à ne pas confondre avec la Domus Sactæ Marthæ) où étaient logés les prêtres qui travaillaient à la Secrétairerie d’État et où je vivais déjà depuis onze ans. C’est Jean-Paul II qui l’avait mis à ma disposition à mon retour du Nigeria. Le Secrétaire d’État de l’époque, le Cardinal Sodano m’envoya une lettre dans laquelle il précisait que la raison de cette affectation souhaitée par le Pape était « pour que vous puissiez résider en permanence au Vatican ».

Le jour même de mon soixante-quinzième anniversaire, en janvier 2016, je reçus une lettre signée par le Substitut de l’époque, Angelo Becciu, dans laquelle on m’informait que Bergoglio m’ordonnait de quitter immédiatement mon appartement, me refusant également la possibilité de résider dans la Casa San Benedetto préparée par Benoît XVI pour les Nonces en retraite. La justification qui me fut donnée était que cet appartement devait être mis à disposition des chefs de Dicastères. Pour autant que je sache, il est resté vide pendant au moins les sept années suivantes et l’est peut-être encore aujourd’hui. Il s’agissait clairement d’un acte vindicatif, car Bergoglio voulait se débarrasser de celui qui en savaient trop et que, n’étant pas susceptible de faire l’objet d’un chantage ni corruptible, je n’étais donc pas manœuvrable. Bergoglio savait aussi que je ne me laisserais pas tromper par ses mensonges, puisque j’en étais amplement conscient.

L’essentiel était de m’éloigner du Vatican, et c’est ce qui s’est passé. Mais avec les yeux d’aujourd’hui, je rends grâce à la Providence pour cette expulsion : en restant entre les murs du Vatican, je ne pense pas que j’aurais pu jouir de la liberté nécessaire pour m’exprimer et dénoncer Bergoglio et ses complices

  1. Récemment, le tribunal d’Enna a condamné le prêtre Don Rugolo, arrêté à Ferrare en avril 2021, à 4 ans et 6 mois de prison pour tentative d’agression sexuelle aggravée sur mineur. Des dissimulations inquiétantes ont émergé des enquêtes : comment concilier cette attitude avec la “tolérance zéro” pour les cas d’abus sexuels du clergé affirmée par le pape François ?

En 2019, Bergoglio a promulgué puis amendé en 2023 le Motu Proprio Vos estis lux mundi, dans lequel il établit qu’un évêque qui dissimule un cas de harcèlement sexuel commis par l’un de ses prêtres doit être démis de ses fonctions et jugé. Ce document était destiné, dans l’intention de Bergoglio, à donner du crédit au récit de la “tolérance zéro”. La série de scandales qui ont été révélés même récemment montre qu’il s’agissait en réalité d’une simple opération de façade, avec pour effet immédiat le renvoi des affaires de ce type à Rome, ce qui permet de les contrôler et – précisément – de les ensevelir.

Face aux plaintes détaillées du jeune Antonio Messina pour des faits commis entre 2009 et 2013 à Piazza Armerina [Sicile] par Don Giuseppe Rugolo, encore séminariste à l’époque, la Curie et les Dicastères romains interpellés par la victime et ses parents en 2016 n’ont pris aucune mesure. L’évêque Rosario Gisana a, au contraire, pris des mesures pour occulter l’affaire et a offert 25 000 euros à la victime pour tout réduire au silence. Dans une interception rendue publique, Mgr Gisana a admis : « Le problème est aussi le mien parce que j’ai dissimulé cette histoire… Eh bien, peu importe, nous verrons comment nous pouvons nous en sortir ». Don Vincenzo Murgano, le prêtre qui avait suggéré à Antonio Messina d’oublier la violence subie, a la charge du service de protection des mineurs dans le diocèse de Piazza Armerina depuis 2019.

Transféré à Ferrare en 2019 « pour y être soigné », le Père Rugolo a été affecté par l’Archevêque Mgr Gian Carlo Perego aux soins pastoraux des fidèles, exposant ainsi les jeunes au risque que le prêtre ne réitère ses crimes. Perego, informé d’une « procédure contre le Père Giuseppe pour un épisode antérieur à son ordination », a déclaré que « [Gisana] m’a montré que cette affaire avait déjà été évaluée par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, et qu’elle ne constituait absolument pas une limitation à sa présence parmi nous ». Les responsabilités de Perego sont donc les mêmes que celles de Gisana, car il ne pouvait pas ignorer les raisons du transfert du prêtre sicilien dans son diocèse. Pourtant, à l’été 2020, Perego a même permis au Père Rugolo, dans la paroisse de Vigarano Mainarda, d’organiser un camp pour adolescents. D’après les documents judiciaires, il ressort qu’entre mars 2020 et janvier 2021, Don Rugolo accédait, à tout moment, à des sites pornographiques avec la clé de recherche “teen”, avec une moyenne d’au moins 60 par jour, alors qu’il rencontrait des jeunes locaux et accueillait l’un de ses anciens élèves d’Enna dans un hôtel de Ravenne.

En décembre 2023, lorsque le Père Rugolo et d’autres complices ont été inculpés lors du procès pénal instruit par le Tribunal d’Enna, Jorge Mario Bergoglio a exprimé publiquement sa reconnaissance pour le travail de Mgr Gisana : « Brave, cet évêque, brave. Il a été persécuté, calomnié et il était un homme ferme, toujours, juste, un homme juste. C’est pourquoi, ce jour-là, quand je suis allé à Palerme, j’ai voulu m’arrêter d’abord à Piazza Armerina, pour le saluer ; c’est un bon évêque ». Par cet acte public, il s’est fortement immiscé dans l’autonomie et l’indépendance des juges italiens, utilisant l’autorité et le prestige de la Papauté – que Bergoglio usurpe – pour couvrir honteusement la corruption de ses protégés.

Le Dicastère pour la Doctrine de la Foi, si diligent à imposer l’excommunication à celui qui dénonce le coup d’État moderniste qui se déroule dans l’Église, est évidemment silencieux. Son préfet, Tucho Fernández, est un auteur pornographe d’obscènes pamphlets, hérétiques et érotiques – dont La pasión mística et Sáname con tu boca – et il est évident qu’un tel personnage n’a pas l’intention de faire la lumière sur des scandales à propos desquels lui-même et son Mandataire ont fait preuve d’une contiguïté troublante, protégeant et même promouvant les coupables. Quelles sont les chances que Mgr Gisana et Mgr Perego soient jugés par Fernández, alors que Bergoglio devrait être le premier accusé dans cette affaire et dans d’autres affaires criminelles similaires ? Le chien ne mange pas de chien !

L’Église Catholique est dans la même situation que de nombreux gouvernements : elle est l’otage d’une clique subversive de personnes corrompues et perverses, qui ont atteint le sommet des institutions et sont capables de faire taire tous les scandales dont ils sont complices. Lorsque les horreurs commises par cette organisation criminelle mondiale, en particulier contre les mineurs, seront mises en lumière, les responsables n’auront nulle part où se cacher.

  1. Venons-en au schisme : comment vivez-vous ce moment plein de tensions ?

Ces jours-ci, en Grande-Bretagne, les citoyens protestent contre le gouvernement, dont les politiques de remplacement ethnique par un flux continu d’immigrants illégaux rendent impossible la coexistence pacifique et provoquent une augmentation exponentielle de la criminalité. La police a reçu l’ordre de réprimer toutes les manifestations et de protéger les gangs de violents non européens, pour la plupart musulmans, prêts à établir la Charia manu militari en Angleterre. En pratique, le gouvernement britannique, afin de faire disparaître les Britanniques selon l’agenda mondialiste, promeut et finance une immigration incontrôlée, tout en réprimant et en taxant ses propres citoyens.

La situation dans l’Église est très similaire. Même à Rome, il y a un gouvernement qui veut remplacer sa Hiérarchie et le peuple des fidèles en faisant “débarquer” – pour ainsi dire – au sein de l’Église une masse de personnes dont les mœurs et le style de vie sont objectivement incompatibles avec la Foi et la Morale catholiques, mais que l’église synodale de Bergoglio considère comme ses principaux interlocuteurs et les accueille au nom de l’inclusivité et du todos todos todos! Ceux qui sont naïfs pensent que la Hiérarchie agit ainsi par un zèle peut être excessif de charité et de pitié humaine envers les migrants. Ceux qui observent la réalité sans œillères comprennent que le but ultime de l’immigrationnisme bergoglien est de créer la division dans le corps ecclésial, sachant quels sont les résultats également de ce qui se passe dans la société civile.

Ce projet de substitution ethnique (et dans ce cas, de substitution religieuse) agit sur deux fronts : sur le front extérieur, faire croire que pour appartenir à l’Église, il n’est même pas nécessaire de croire au Fils de Dieu, Notre Seigneur Jésus-Christ, et que toutes les différences doctrinales et morales peuvent être surmontées au nom d’une impossible fraternité (tout comme les gouvernements mondialistes nous font croire qu’il est possible d’accueillir des hordes de musulmans dans les nations chrétiennes sans conséquences dévastatrices sur le tissu social). L’insistance de Bergoglio et de presque tous les évêques sur l’accueil des migrants fait partie de cette action disruptive. Sur le front intérieur, cependant, Bergoglio abuse de la force de la Papauté (qu’il usurpe) pour écarter de l’Église les Catholiques qui sont restés fidèles, afin d’éliminer toute opposition interne à son plan subversif.

Ceux qui dénoncent le coup d’État bergoglien et plus généralement le coup d’État mondialiste doivent être réduits au silence. L’excommunication dont je fais l’objet, même si elle est manifestement invalide et nulle, constitue une forme de répression de la dissidence et devrait avoir un effet dissuasif sur les autres. Je suis convaincu que j’aurais gravement manqué à mes devoirs d’Évêque et de Successeur des Apôtres si j’avais continué à garder le silence, comme le font malheureusement tous mes Confrères.

  1. Le Vatican prétend que le schisme a été consommé parce que, dans certaines de vos déclarations, vous avez nié l’autorité du Pape. Comment vont les choses ?

Le schisme est un péché contre l’unité de l’Église. Il se consomme au moment où un baptisé refuse de se soumettre à l’autorité du Pontife Romain et de rester dans la communion de Foi et de Charité de l’Église Catholique. Mais que se passe-t-il si, au lieu du Pape qui défend et gouverne l’Église, il y a un usurpateur qui la démolit systématiquement, choisi et nommé frauduleusement par la Mafia de Saint-Gall dans ce but précis ? L’Église Catholique est occupée par un corps étranger qui se superpose à elle et l’obscurcit comme dans une éclipse : ce corps étranger n’est pas l’Église, mais l’anti-église du Faux Prophète, et en tant que telle, il n’est pas possible d’être en communion avec elle. Les Catholiques appartiennent à l’Église Catholique, pas à sa contrefaçon conciliaire et synodale dont Bergoglio est le chef. C’est Bergoglio qui est un état de schisme avec l’Église dont il prétend être le Pape, et en tant qu’hérétique et schismatique, il n’a ni ne peut exercer aucun pouvoir, ni exiger aucune obéissance.

Je répète cependant que l’utilisation du pouvoir judiciaire à des fins politiques dont nous sommes témoins dans le domaine civil, en particulier aux États-Unis d’Amérique, se reflète dans la sphère ecclésiastique à travers des sanctions canoniques instrumentales et spécieuses. Et je sais avec certitude que l’excommunication contre moi a été voulue directement par Bergoglio, qui est si arrogant et effronté dans son action qu’il récompense par une charge ecclésiastique le fonctionnaire qui a instruit la cause, en le nommant archevêque : nous sommes bien au-delà de la simonie.

  1. Où habitez-vous ? En Suisse, aux États-Unis ou près de Viterbe ?

Après mon mémoire sur McCarrick en août 2018, un de mes contacts des États-Unis m’avertit que ma vie était en danger : pour cette raison, je ne réside pas dans un endroit fixe. Je ne veux pas finir comme le Cardinal Pell, ni comme mon prédécesseur à Washington, le Nonce apostolique Pietro Sambi (qui affronta si vigoureusement McCarrick que l’on pouvait entendre ses cris dans toute la Nonciature alors qu’il réprimandait le Cardinal prédateur). L’Archevêque Sambi est mort dans des circonstances qui n’ont jamais été élucidées, après une opération anodine à l’hôpital John’s Hopkins de Baltimore (lié à la Fondation Bill et Melinda Gates et au Forum Économique Mondial de Davos). McCarrick disparut pendant un mois concomitamment à la mort du Nonce et n’assista pas à ses funérailles. L’acte de décès délivré à Mgr Jean-François Lanteaume, Chargé d’Affaires à la Nonciature, n’expliquait pas les causes de la mort du Nonce et aucune autopsie n’a jamais été pratiquée sur Mgr Sambi.

  1. Que pensez-vous de l’accusation d’avoir refusé le Concile Vatican II ?

L’accusation d’avoir “refusé le Concile Vatican II” n’a rien à voir avec le schisme, car elle touche plutôt à des questions de Magistère et non de discipline canonique. L’accusation est spécieuse : il y a des cardinaux et des évêques qui nient des vérités de la Foi solennellement définies, sans que Bergoglio ne lève le petit doigt, au contraire avec son soutien.

Je voudrais attirer l’attention sur un élément fondamental et très important. Il faut comprendre que le coup de maître de Satan”, l’ennemi juré de l’Église, a consisté à s’approprier l’autorité et à abuser du pouvoir qui s’y rattache, de sorte que son action perturbatrice ait toutes les apparences de la légalité au moins formelle. Le Concile Vatican II devait être l’instrument juridique avec lequel placer l’explosif aux fondements de l’Église, pour le faire exploser ensuite. Il devait ressembler à un Concile, il devait donner l’idée d’avoir la même autorité que le Concile de Nicée ou de Trente, mais en même temps il ne pouvait pas définir comme des vérités à croire des hérésies que le Magistère avait déjà condamnées. C’est ainsi que ces erreurs ont été insinuées moyennant l’ambiguïté, par des formulations délibérément imprécises, qui, au moment opportun, pouvaient servir de base à la mise en œuvre de la révolution. Nous continuons à parler du Concile, mais nous devrions avoir l’honnêteté de reconnaître que pour l’ “église conciliaire” née avec Vatican II, il n’y a qu’un seul “concile”, qui surpasse en autorité et en importance les vingt Conciles œcuméniques de l’Église Catholique.

L’anomalie est représentée par ce Concile, parce qu’il a été utilisé à des fins subversives, sous les apparences formelles d’un acte solennel de l’Église et avec la l’autorité et la crédibilité du Pape et des Pères du Concile. Le but de Vatican II était de créer les prémisses doctrinales – pas nécessairement explicites et en fait souvent cachées dans des formulations ambiguës – pour révolutionner l’Église, la protestantiser et la séculariser, afin de pouvoir l’amener vers l’union syncrétiste de toutes les religions. Et c’est le projet de la Franc-Maçonnerie : la Religion de l’Humanité, œcuménique et inclusive.

Le Concile Vatican II s’est répandu dans l’Église comme un cancer. Il a engagé tout le corps ecclésial – dans tous les ordres et à tous les degrés, dans ses institutions et ses structures – à la subversion de sa constitution divine. Le nouveau Catéchisme, le nouveau Code de droit canonique, la nouvelle Messe, les nouveaux Sacrements, l’enseignement dans les Séminaires et les Universités, la prédication dans les paroisses, l’action des associations catholiques, la vie religieuse dans les Couvents et les Monastères : tout a été altéré et remodelé selon le paradigme conciliaire. Les résultats sont là sous les yeux de tous.

Pour cette raison, tout comme l’autorité du Pape ne peut pas être utilisée pour détruire la Papauté, de même l’autorité magistérielle d’un Concile ne peut pas être utilisée de manière malveillante pour détruire l’Église. Elle perd ipso facto son autorité, puisqu’elle renverse sa ratio, c’est-à-dire sa fin ultime. Mon rejet du Concile est donc motivé précisément par le fait que ce Concile contredit le Magistère infaillible et les vingt Conciles œcuméniques précédents.

Mgr Marcel Lefebvre, archevêque, fondateur de la FSSPX.
Mgr Marcel Lefebvre, archevêque, fondateur de la FSSPX.
  1. On dit que vous voulez créer une Église parallèle, un peu comme le fit Mgr Lefebvre. Quels sont vos projets pour l’avenir ?

Mgr Lefebvre n’a jamais voulu construire une église parallèle, au contraire il a toujours témoigné de sa fidélité à l’unique Église du Christ et à la Papauté. Mgr Lefebvre a continué à faire ce qu’il faisait comme Évêque jusqu’au Concile : c’est “l’église conciliaire” qui a changé la doctrine, la morale, la liturgie, la discipline. Il a continué à ordonner des prêtres, à leur donner une formation traditionnelle, à assurer la célébration de la Messe apostolique.

Aujourd’hui, cinquante ans plus tard, le plan subversif dénoncé par Marcel Lefebvre est encore plus évident et les réponses qui étaient valables à l’époque nécessitent une nouvelle approche. Bien qu’il soit évident que des papes tels que Paul VI ou Jean-Paul II étaient modernistes, il était impensable de supposer leur volonté explicite de détruire l’Église. Aujourd’hui, Bergoglio a dissipé tous les doutes et se montre comme un inimicus Ecclesiæ, farouchement déterminé à accomplir la tâche qui lui a été assignée et qu’il s’était lui-même fixée.

Je suis persuadé que mon action – et celle de chaque évêque qui a à cœur les âmes qui lui sont confiées – doit aujourd’hui être plus vaste et s’adresser non seulement aux jeunes vocations, mais aussi à la “récupération” des nombreux bons prêtres et religieux – ainsi que, bien sûr, des fidèles laïcs – qui comprennent la très grave crise déclenchée par le Concile. En temps de guerre, pour ainsi dire, il est nécessaire d’unir et d’enrôler toute personne capable de se battre, même si elle n’a pas fréquenté l’académie militaire. Toutes ces âmes qui aiment le Seigneur peuvent être accompagnées avec charité pour réembrasser la Foi Catholique dans son intégrité et pour rejeter consciemment la révolution conciliaire et ses conséquences néfastes.

Fonder une église parallèle est le rêve de tous les hérésiarques : un vrai Catholique, à plus forte raison s’il est Évêque, reste dans l’unique Église et continue à la servir même s’il est le seul à le faire. J’essaie de faire et de prêcher ce que l’Église a toujours fait et enseigné, parce que c’est ce que j’ai juré solennellement et que le Seigneur me commande. D’autre part, aujourd’hui, aucun Catholique honnête ne peut nier que la Hiérarchie s’est totalement vendue aux puissants du monde, et que sa trahison est un scandale même pour ceux qui ne sont pas croyants.

  1. Quelle peut être la réponse face à cette rupture ?

Nous traversons une période de crise très grave dans l’Église et dans la société. Les autorités de toutes les institutions sont désormais l’expression de l’élite mondialiste et obéissent à des pouvoirs supranationaux. Nous assistons à une rupture profonde et presque insurmontable entre ceux qui gouvernent – l’État comme l’Église – et les citoyens ou les fidèles. Disons que manque d’une part le pacte social qui est à la base de la reconnaissance de l’autorité de l’État, et d’autre part le lien d’obéissance au Christ de la part de ceux qui exercent l’autorité dans l’Église. Dans la pratique, les dirigeants de l’État se sont révoltés contre le Christ-Roi et les représentants de la Hiérarchie catholique se sont révoltés contre le Christ-Pontife : leur autorité est usurpée. Il est nécessaire de guérir cette blessure en redonnant au Christ sa Seigneurie universelle.

  1. En ces années de tensions, le pape François a-t-il jamais décroché le téléphone pour vous appeler, ou vous a-t-il jamais envoyé des lettres ou des messages par un intermédiaire ?

Je n’ai jamais reçu de communications privées d’aucune sorte de la part de Bergoglio (ni d’aucune autorité du Vatican). En public, le Jésuite Argentin n’a eu aucun scrupule à m’insulter et à me calomnier. Dans une interview avec Valentina Alazraki pour la chaîne mexicaine Televisa (ici), Bergoglio a menti publiquement, niant la conversation qu’il a eue avec moi le 23 juin 2013. Il est même allé jusqu’à prétendre de manière obsessionnelle ne rien savoir de McCarrick :

« Je ne savais rien de McCarrick, naturellement, rien. Je l’ai dit plusieurs fois, je ne savais rien, je n’en avais aucune idée. Et quand [Viganò] dit qu’il m’a parlé ce jour-là, qu’il est venu… moi je ne me souviens pas s’il m’en a parlé, si c’est vrai ou non. Aucune idée ! Vous savez que je ne savais rien de McCarrick, sinon je ne me serais pas tu. »

Je ne peux manquer de mentionner le recours à la calomnie de Bergoglio, dans une attitude qui trahit une âme lâche prête à discréditer l’honnêteté de l’interlocuteur plutôt qu’à réfuter ses accusations.

C’était après la publication de mon témoignage de retour du voyage en Irlande [août 2018], lorsque Bergoglio a déclaré aux journalistes présents :

« Lisez vous-mêmes attentivement le communiqué [de Viganò] et faites-vous vous-mêmes votre propre jugement. Je n’en dirai pas un mot. Je crois que le communiqué parle de lui-même et que vous avez suffisamment de capacité journalistique pour tirer des conclusions. C’est un acte de confiance : quand un certain temps aura passé et que vous aurez tiré des conclusions, peut-être que je prendrai la parole. Mais j’aimerais que votre maturité professionnelle effectue ce travail : cela vous fera du bien, vraiment. C’est bien ainsi. »

Un an plus tard, répondant à la vaticaniste mexicaine Alazraki, il revint sur le sujet :

« Ce cas de Viganò, je n’avais pas lu toute la lettre, je l’ai vue un peu… et je sais déjà ce que c’est, et j’ai pris une décision : j’ai confiance en l’honnêteté des journalistes. Et je vous ai dit : « Regardez, vous avez tout ici, étudiez et tirez vos propres conclusions ». Et c’est ce que vous avez fait, parce que vous avez effectué le travail, et dans ce cas, cela a été fantastique. J’ai fait très attention à ne pas dire des choses qui n’étaient pas là mais ensuite elles ont été dites, trois ou quatre mois plus tard, par un juge de Milan, quand il l’a condamné. […] Je me suis tu, parce que j’aurais dû jeter de la boue. Que ce soit aux journalistes de le découvrir ! Et vous l’avez découvert, vous avez trouvé tout ce monde. C’était un silence basé sur la confiance en vous, journalistes. Non seulement cela, mais je vous ai aussi dit : « Prenez-le, étudiez-le, c’est tout. » Et le résultat a été bon, mieux que si j’avais commencé à expliquer, à me défendre. Vous jugez les preuves en main. »

Bergoglio a essayé de me faire passer pour un malhonnête et un voleur, en faisant référence à de douloureux événements familiaux et personnels, qui impliquaient mon frère prêtre (frappé d’une attaque cérébrale et manipulé par des avocats sans scrupules), contre lequel je ne voulus point lui résister, en présentant un recours à l’instance supérieure du tribunal pour faire appel d’une sentence injuste, préférant suivre le commandement de l’Évangile (Mt 5, 40). Les accusations portées contre moi ont été largement désavouées par tous mes frères et par l’évidence des faits (ici ).

Comme c’est typique de la nature des tyrans, Bergoglio nourrit une haine implacable contre moi, non seulement pour ce que j’ai révélé de lui, mais aussi et surtout pour ce que je peux encore révéler. Par l’excommunication, il a voulu d’une certaine manière me condamner à mort, mais la vérité ne peut pas être tuée.

On a compris que Bergoglio ne veut pas résoudre la crise dont il est l’architecte : il veut la rendre irréversible, car son but est de créer la division : divide et impera.

  1. Vous avez accusé le pape François d’avoir ignoré les rumeurs relatives à l’homosexualité et aux abus sur mineurs du cardinal McCarrick, qui a ensuite été condamné pour pédophilie, réduit à l’état laïc et expulsé du Collège des Cardinaux. Le Vatican n’a agi qu’en 2017 après une accusation jugée crédible. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait plus tôt ? Quelles preuves concrètes y avait-il ?

En tant que Délégué aux Représentations Pontificales, je me suis moi-même occupé de l’affaire McCarrick et dès cette époque, je demandais sa destitution du Cardinalat. Mes Supérieurs directs sont responsables de ne pas avoir tenu dûment compte de mon jugement fondé sur des témoignages irréfutables. De toute évidence, le travail de McCarrick s’avérait utile pour quelqu’un de la Secrétairerie d’État, à commencer par les énormes sommes récoltées par le biais de la Papal Fundation que le Cardinal avait créée aux États-Unis. Je me souviens bien d’un commentaire que me fit à l’époque Mgr Sandri avec qui j’ai partagé le même bureau pendant onze ans en tant que secrétaire du Substitut : « Mais ce McCarrick est toujours ici ! » Devenu plus tard Substitut, c’était précisément à Mgr Sandri que je remis ma Note sur McCarrick, mais l’ambition et les perspectives d’avancement de carrière l’amenèrent à se taire et à dissimuler les scandales. Le fait qu’il m’ait exprimé à plusieurs reprises sa mauvaise opinion de Bergoglio – « Cet homme est un fou ! » – ne l’a pas empêché de devenir son complice.

Bergoglio doit son “élection” à McCarrick : McCarrick lui-même le déclara lors d’une conférence à  Villanova University [USA] où, le 11 octobre 2013, il affirma avoir favorisé l’élection de Jorge Mario Bergoglio lors des Congrégations Générales précédant le Conclave qui s’étaient tenues quelques mois plus tôt, et qu’il en avait parlé avec « a very influential Italian gentleman » (« un gentleman italien très influent ») (ici) qui lui aurait confié comment, en l’espace de cinq ans, le nouveau Pape aurait “réformer” – c’est-à-dire révolutionner – l’Église.

McCarrick avait également des liens étroits avec des membres du Parti Démocrate et une fréquentation assidue de la Maison Blanche sous l’administration Obama-Biden, mais aussi sous les Présidents précédents. McCarrick était impliqué, par exemple, au nom du gouvernement américain dans les négociations avec les Ayatollahs iraniens pour le développement d’armes nucléaires.

Et ce n’est pas tout : McCarrick collabora étroitement avec le Chief of Staff de la Maison-Blanche de l’époque, Denis McDonough, dans la gestion de Alliance for Prosperity voulue par le président Obama, qui, rien qu’en 2014 – sous couvert d’une action humanitaire – a facilité le trafic de 65 000 enfants non accompagnés, transférés aux États-Unis par la frontière mexicaine, comme l’a révélé le sténographe de la Maison-Blanche Mike McCormick.

Enfin, Bergoglio a également utilisé McCarrick pour l’Accord secret sino-vatican, fortement souhaité à la fois par les Jésuites et l’establishment démocrate.

L’action éclatante de Bergoglio envers McCarrick avec sa dégradation du Cardinalat et sa réduction de l’état clérical à l’état laïc a servi à sauver la “réputation” de Bergoglio. Mais ces sanctions n’ont pas été décidées à l’issue d’un procès équitable : les témoins n’ont pas eu la possibilité de nommer les complices et le juge n’a pu imposer aucune indemnisation pour les victimes, car Bergoglio s’est arrogé le droit de définir la cause res judicata, sans divulguer le décret officiel, qui est cependant un acte public. La mesure administrative décidée par Bergoglio était censée cacher le réseau de complicité dans lequel il est personnellement impliqué, et c’est ce qui s’est passé.

La raison pour laquelle le Vatican n’a agi qu’en février 2019 (c’est-à-dire six mois après la publication de mon Mémoire) est que le scandale n’était plus gérable, malgré le fait que les crimes de McCarrick étaient connus depuis des décennies. Le paradoxe est apparu avec la publication, le 10 novembre 2020, d’un volumineux Rapport sur McCarrick, rédigé par l’avocat Jeffrey Lena et coûtant des millions au Saint-Siège, dans lequel on va faussement jusqu’à m’attribuer la responsabilité de l’absence d’ouverture en temps opportun d’une procédure canonique contre McCarrick (ici).

  1. En tant qu’Évêque et Pasteur des âmes, souhaitez-vous laisser un message à nos lecteurs ?

L’Écriture Sainte nous met en garde contre le règne de l’Antichrist qui sera établi dans le monde entier dans les derniers temps et sur le rôle du Faux Prophète dans la manipulation des masses. Il est difficile de ne pas voir la préparation de tout cela dans l’idéologie mondialiste qui incarne le projet synarchique de la Maçonnerie et dans le total asservissement à celle-ci des dirigeants de l’église bergoglienne. Et il ne s’agit pas ici de questions absconses, mais des fondements mêmes de la Foi Catholique : l’unicité de l’Église comme instrument de salut, sa mission pour la conversion des âmes à Dieu, la nécessité de restaurer la Royauté sociale du Christ comme seule sauvegarde contre toute tyrannie, temporelle et spirituelle.

Avant la seconde venue de Notre-Seigneur, l’Église, qui est son Corps mystique, doit passer par sa Passio dans une persécution féroce : c’est l’Écriture Sainte qui nous le dit clairement, en particulier le Livre de l’Apocalypse de saint Jean. Cela devrait nous aider à comprendre l’importance de témoigner du Christ et de dénoncer les faux prophètes qui tentent de nous persuader de nous réconcilier avec le monde.

Rome, le 20 août 2024

© Traduction de F. de Villasmundo pour MPI relue et corrigée par Mgr Viganò

(1) Le “Dossier McCarrick” sur MPI :
– 29 août 2018 : Homosexualité dans l’Église conciliaire : l’affaire McCarrick, la partie émergée de l’iceberg
– 31 août 2018 : Le pape François et le ex-cardinal McCarrick, des amis de longue date…
– 5 septembre 2018 : Les accointances de l’ex-cardinal McCarrick avec les lobbies œcuméniste et immigrationniste
– 11 septembre 2018 : Dès 2000 le Vatican était au courant du comportement déviant du cardinal McCarrick
– 18 février 2019 : L’ex-cardinal Theodore McCarrick réduit à l’état laïc mais le pape savait depuis longtemps de ses relations homosexuelles
– 11 novembre 2020 : Le Vatican publie le dossier McCarrick, tout en faveur du pape François et contre Mgr Vigano
– 16 novembre 2020 : Dossier McCarrick publié par le Vatican : Mgr Vigano dément les accusations portées contre lui
– 24 novembre 2020 : Similitudes troublantes entre le Covid, la fraude électorale aux USA et le rapport McCarrick
– 31 mai 2024 : Mgr Viganò accuse : “Bergoglio lui-même a commis les mêmes abus sexuels”

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