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Entre manifestations de masse et milices paramilitaires, la Bulgarie est-elle la « forteresse de l’Europe » contre les clandestins?

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Aux cris de “La Bulgarie aux Bulgares !”, “Clandestins dehors !” , « Étrangers dehors! »,  “La Turquie tombera!” Les Bulgares manifestent à Sofia leur volonté d’expulser les migrants. Affichant fièrement sur leur banderole (image de la vidéo ci-dessous: « дедите ни… » ) : « nos ancêtres ont accompli leur devoir… », les manifestants rappellent la reconquête du pays à partir des monastères juchés sur les montagnes, face à l’empire turc qui l’avait annexé durant cinq siècles de 1396 à 1878. Le 12 octobre c’était la ville d’Harmanli qui manifestait. Pour seulement  10 000 habitants Harmanli compte 3500 immigrés majoritairement afghans et Pakistanais. On comprend que dans le pays, Angela Merkel ne soit pas très populaire.

La Bulgarie qui compte 7 à 8 millions d’habitants a du accueillir 15 000 « réfugiés » rien que pour l’année 2016:

En Bulgarie, les réfugiés ne sont pas bienvenus. Près de 15 000 d’entre eux sont arrivés dans le pays cette année. Or, un Bulgare sur deux les considère comme une menace et 5 % déclarent les « détester », explique le Courrier des Balkans.

Si en Bulgarie, les clandestins ne sont pas les bienvenus, les Bulgares semblent déterminés à faire respecter leur volonté. Selon le quotidien suisse, Le Temps, l’Union Vassil Levski-BNO Shipka, est une organisation paramilitaire et souverainiste qui traque les clandestins en Bulgarie:

«Nous sommes les seuls et véritables gardiens de la frontière de l’Europe face à la menace islamiste», nous avait annoncé Vladimir Roussev à Varna, principale ville au nord de la mer Noire, où se trouve son QG. Plus connu sous le nom de guerre de «Walter», ce petit homme râblé à la moustache fournie, dirige d’une main de fer l’organisation regroupant essentiellement d’anciens officiers des forces de sécurité du pays et qui affiche, selon lui, pas moins de 800 membres. Lui-même est ex-colonel de l’armée de terre.

D’après le reportage du Temps, c’est à la frontière avec la Turquie que l’organisation est sur le pied de guerre.

« le village de Iasna Poliana, situé à quelque 30 km de la frontière, est connu pour servir de halte, ou de point de rassemblement, des migrants – ou du moins ceux qui ont réussi à échapper aux checkpoints mis en place par la police. »

Le reporter, dont on devine une certaine malveillance et un parti-pris pro-immigrants, propre à la ligne éditoriale du Temps, prétend que le commandant du groupe est d’origine russe et a fait la guerre de Tchétchénie. Celui-ci, dont le nom de guerre est « Chamane » explique, évoquant les clandestins:

«Il s’agit à 90% des combattants étrangers, avec une hiérarchie et des réflexes de guerriers», (…) en soulignant qu’ils ne croisent ici, dans cette région présentée comme une bifurcation de la fameuse «route balkanique», que des groupes de jeunes Afghans. Tous des hommes, avec dans leur sillage des Pakistanais, des Irakiens et, parfois, des Iraniens. Ils affirment en appréhender plusieurs par semaine, qu’ils remettent aux gardes-frontières. «On évalue d’abord la taille, puis la dangerosité du groupe avant de surgir du bois. Le plus souvent l’effet de surprise est tel que les intrus se laissent faire».

«Nous ne sommes pas des chasseurs de migrants, mais des citoyens responsables!», met en garde depuis Varna, Vladimir Roussev. »

Le groupe paramilitaire serait accusé d’être les «petits hommes verts» de Vladimir Poutine, par l’opposition immigrationniste. « En juin dernier, le Comité Helsinki pour la défense des droits de l’homme a demandé au Parquet d’interdire les activités de l’organisation paramilitaire, jugées anticonstitutionnelles et dangereuses. » précise l’auteur de l’article.

Mais le gouvernement bulgare ne semble pas du tout hostile au procédé: «Nous ne voulons pas d’une nouvelle forteresse, mais d’un endroit sûr, dans lequel nous pouvons vivre et circuler librement, » explique son premier ministre, Boïko Borissov au commissaire aux Migrations, Dimitris Avramopoulos, venu inaugurer en Bulgarie le nouveau corps de gardes-frontière européens le 6 octobre dernier. « Aujourd’hui un Bulgare porteur d’une carte d’identité européenne a plus de chances d’être contrôlé en Allemagne qu’un migrant. Vous trouvez ça normal?» a-t-il demandé au commissaire européen. Le chef du gouvernement n’est pas choqué par le rôle de « forteresse Europe » que revendiquent pour leur pays de nombreux bulgares, même s’il ne le reprend pas à son compte, préférant l’expression de «rempart à la frontière extérieure de l’Union ». Mais un terme choquant pour M. Avramopoulos, envoyé de Bruxelles, et qui aurait une connotation nazie.

Une «clôture de sécurité» longe désormais la frontière de la Bulgarie avec la Turquie. Elle est haute de 3 mètres et composée de plusieurs couches de barbelés, au grand dam des partisans de l’ouverture des frontières. En plus de cette clôture, la frontière est surveillée par des gardes-frontière. La milice de Vladimir Roussev, décriée plus haut par Stephan Ozsvath, le reporter du Temps, ne semble pas être la seule  «milices de volontaires» en activité. Il en existerait beaucoup selon Alexandre Lévy, également reporter au Temps, certaines folkloriques mais d’autres très structurées. Des milices qui réclament le même statut que celles de leurs collègues hongrois, et donc reconnues et financées par l’Etat.

D’abord refoulés sans autre manière, les migrants aujourd’hui atterrissent dans des centres d’accueil lorsqu’ils sont appréhendés, politique de l’Union européenne oblige. Et les centres d’accueil débordent en Bulgarie tandis que d’autres sont en construction malgré la résistance des habitants qui ne cessent de manifester leur opposition. Bien que Boïko Borissov ait repris les rênes du pouvoir en novembre 2014 grâce à une coalition centriste, en 2009 il avait formé un gouvernement populiste et nationaliste. Le premier ministre pris en étau entre sa population d’une part et la pression des immigrationnistes de l’autre, navigue à vue, soucieux de ménager Bruxelles.

emiliedefresne@medias-presse.info

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