Site icon medias-presse.info

Emmanuel Macron à Saint-Pétersbourg veut « arrimer la Russie à l’Europe ». Cela augure-t-il d’un renversement de situation ? Analyse

Dans une interview avec Ruth Elkrief à Saint-Pétersbourg vendredi matin, Emmanuel Macron a affirmé avec force qu’« il faut arrimer la Russie à l’Europe, » ou encore « ancrer la Russie dans l’Europe ».  A l’occasion de cette rencontre de Saint-Pétersbourg la diplomatie française semble avoir effectué un virage à 90°qui pourrait ouvrir l’horizon soit vers un fédéralisme européen avec la mort des nations, c’est le vœu affirmé de Macron depuis sa campagne électorale, soit vers une Europe des nations avec un mouvement irrésistible des peuples vers leur identité et leur souveraineté. Cela n’est qu’un frémissement mais les lignes pourraient être en train de bouger.  Analyse

Entre Versailles et Saint-Pétersbourg la donne a bien changé et à écouter le long discours d’Emmanuel Macron et ses réponses aux journalistes jeudi soir en Russie, la  guerre froide contre la Russie imposée au monde par les États-unies est belle et bien terminée, en France et même en Union européenne. Il l’affirme: la France est indépendante et mène sa politique comme elle l’entend!  Ni la Russie, ni les USA ne lui dicte sa conduite, dit-il. Et de se référer au Général de Gaulle qui avait inauguré la politique du juste milieu entre les États-unis et la Russie soviétique.

C’est autour  de l’accord sur le nucléaire iranien que les principales difficultés qui opposaient la Russie et la France: en Ukraine, sur la Crimée, et en Syrie, sont désormais à ranger aux oubliettes à entendre Emmanuel Macron, approuvé du chef par Vladimir Poutine, lequel, tout au long de ces échanges semble être resté sur sa réserve, contrairement à Emmanuel Macron plus démonstratif. Sur le plan économique, à l’occasion du grand forum économique tourné vers l’Ouest qui se tient dans la ville, une quantité d’accords ont été signés entre la France et la Russie ainsi qu’on le voit au début de la vidéo ci-dessous, et d’après les deux chefs d’État, ces fructueux échanges culturels et économiques devraient s’amplifier. Au cours du forum vendredi après-midi le président russe a rabaissé les prétentions du président français qui grossissait, selon lui, l’importance actuelle des échanges commerciaux entre les deux pays, même si les Russes font de nombreux lancement à partir de Kourou en Guyane, a-t-il précisé, et l’avion russe Superjet moyen-courrier 100 qui comprend de nombreuses pièces d’origine françaises remporte un bon succès commercial s’est-il félicité. Les deux hommes ont convenu d’un renforcement des échanges commerciaux.

La question des sanctions économiques

La question des sanctions économiques promues par les USA a été évoquée vendredi après-midi, lors du forum, par Macron:

Il faut «consolider la souveraineté commerciale et financière de l’Europe». «Nous sommes en train de travailler activement avec les entreprises, pour que le régime des sanctions, en particulier non-européen, n’affecte pas le bon développement économique [entre l’Europe et la Russie]», a-t-il ainsi fait savoir. Faisant amende honorable il a poursuivi: «Durant ces 25 dernières années il y a eu des incompréhensions et des erreurs sans doute, des erreurs qui ont mené aux tensions».

Voilà un langage très nouveau dans la bouche d’un tenant de l’Union européenne actuelle! C’est que jamais depuis longtemps la France et l’UE n’avaient autant eu besoin de l’appui de la Russie pour honorer les accords dans lesquelles de grandes entreprises françaises et européennes sont engagées en Iran alors que les USA, suite à la rupture de l’accord sur le nucléaire iranien, ont de nouveau mis le blocus sur le pays et imposé au reste du monde de ne plus commercer avec ce pays, sauf à  devoir rendre gorge devant la justice américaine. Reste à savoir si ce discours ira au-delà des bonnes intentions et si la Commission de Bruxelles aura enfin le courage d’affronter les USA en supprimant les sanctions économiques contre la Russie qui ont coûté si cher à l’agriculture française! Cela au moment où les États-unis viennent de renforcer leurs propres sanctions contre la Russie.

Aussi Emmanuel Macron s’est fait tout miel face à Poutine:

Lors de sa rencontre avec Vladimir Poutine à Saint-Pétersbourg, Emmanuel Macron a souhaité gommer l’image qu’il avait donnée lors de sa première entrevue avec le chef du Kremlin il y a un an à Versailles. (…) Cette fois, nulle animosité. Les deux hommes sont d’accord sur tout. Ou presque. D’abord la Syrie. [Plus question d’évincer ou même d’ignorer Bachar el-Assad ndlr]. La priorité ? Bâtir une nouvelle Constitution et organiser de nouvelles élections. Même « convergence » sur l’Iran. Avec comme objectif, la préservation de l’accord sur le nucléaire signé en 2015. Poutine se dit même prêt à discuter indépendamment des trois questions soulevées par les Européens : la non-prolifération après 2025, les armes balistiques iraniennes et l’activité de Téhéran au Moyen-Orient. Du miel pour Macron soucieux dès le début de « compléter » l’accord. Enfin, harmonie totale sur la Corée du Nord. Les deux hommes souhaitent la reprise du dialogue entre Washington et Pyongyang. Même l’Ukraine a donné lieu à une position commune. Il suffit d’appliquer les accords de Minsk, disent-ils en substance. Source Le Point

Les deux présidents ont convenu également de fusionner le format occidental du « Small group » et le format russe d’Astana pour trouver une issue définitive au conflit syrien. Dans cet optique Emmanuel Macron a consenti à ce que des représentants du gouvernement de Damas soient présents aux discussions. Il s’agit là d’un revirement important, mais sera-t-il suivi par ses partenaires ?

La réception à Saint-Pétersbourg du président Macron accompagné de son épouse, a été retransmise en entier, hier, sur les chaines d’information continue, lui accordant la même importance qu’à sa visite à Washington.

Le crasch de l’avion de la Malaisia Airline au-dessus du Donbass

Lors des questions-réponses de la presse qui a suivi les interventions des deux chefs d’Etat, un journaliste français a posé la question au président russe de sa réaction quant aux conclusions de l’enquête internationale sur les causes du crash de l’avion de la Malaisian Airline au-dessus du Donbass en mars 2014, selon lesquelles l’avion aurait été victime de tirs russes. Fait notoire, sur cette question épineuse, Emmanuel Macron a approuvé les commentaires acerbes de son homologue disant que la Russie ne pouvait accréditer le résultat de l’enquête étant donné qu’il a été refusé à la Russie de prendre part à l’enquête internationale. L’approbation d’Emmanuel Macron sur ce sujet surprend d’autant plus qu’il met en doute les conclusions de la partie européenne menée par la Hollande, dont il affirme que l’enquête est loin d’être achevée. A écouter vers la fin de vidéo pour le croire. Une position qu’il a réitéré sans ambiguïté lors de son interview sur BFMTV vendredi matin.

Dans la forme

Si Emmanuel Macron s’était ridiculisé avec Donald Trump aux USA, le président russe, au contraire, a voulu ostensiblement marquer cette rencontre du plus grand sérieux, voire d’une certaine distance. Macron a tenté le tutoiement sans recevoir d’écho et très vite les échanges se sont retrouvés simplement amicaux et solennels.

Pour certains commentateurs français qui sont intervenus directement après la retransmission télévisuelle, il s’agissait de laisser entendre que Macron avait tenu la dragée haute à Vladimir Poutine et l’avait traité selon les critères de guerre froide chère aux oligarques de Washington. Rien de cela ne s’est passé bien au contraire. La vidéo intégrale, ci-dessous, de la conférence de presse des deux présidents, le montre à l’envi. Macron, en position de demandeur s’est montré plus chaleureux que Poutine. Sans doute aussi Vladimir Vladimirovitch Poutine n’a-t-il pas encore complètement digéré le bombardement de la Syrie sur ordre du président français, avec la fausse attaque chimique. En tout cas la rencontre de Saint-Pétersbourg n’avait rien à voir avec la pantomime américaine au cours de laquelle Emmanuel Macron s’est fait rouler dans la farine par un Donald Trump très « bisouilleur ».

Une chose est certaine, le goût du faste et des gloires architecturales du passé est commun aux deux présidents. Après Versailles et le Petit Trianon, Macron a été reçu au palais Constantin à Saint-Pétersbourg avant de dîner avec son épouse dans le palais fastueusement baroque de la Grande Catherine.

Macron et le respect de la liberté des peuples à choisir leur destin

Le président français a commencé son long discours devant la presse après la brève allocution de son hôte, en insistant sur le respect de la France pour l’expression de la volonté des peuples. Une façon probablement, sans le dire, de vouloir entériner le rattachement de la Crimée à la Russie, et, ainsi qu’il l’a affirmé plus loin, de laisser au peuple syrien le droit de choisir lui-même ses dirigeants, sans a-priori contre Bachar-el-Assad. Un préambule qui pourrait aussi concerner l’Ukraine dont il s’est dit solidaire avec le président russe pour enfin faire en sorte que le traité de Minsk soit appliqué, notamment par la partie ukrainienne.

Macron un « partenaire fiable » pour la Russie ? Et qu’en est-il de la Syrie ?

Si Macron confirme à l’usage sa politique étrangère telle qu’énoncée lors de son discours devant la presse à Saint-Pétersbourg, c’est à un virage à 90° auquel nous allons assister. Le lendemain matin face à Ruth Elkrief (BFMTV) il a longuement développé son point-de-vue des rapports internationaux, affirmant qu’il voulait dialoguer avec le nouveau gouvernement italien qui résulte du choix souverain du peuple italien et surtout ne pas le critiquer. Dés lors on peut s’interroger, pourquoi n’a-t-il pas appliqué cette volonté d’ouverture en direction des autorités syriennes au lieu de bombarder le pays sans même attendre les résultats de l’enquête officielle concernant la prétendue attaque chimique ? La diplomatie française va-t-elle donc désormais renouer des contacts avec la Syrie en rapport avec ces bonnes intentions ? M. Macron n’en a pas dit un seul mot! A-t-il déversé des paroles creuses en Russie ? L’avenir le dira. Quand il se présente comme « un partenaire fiable » de la Russie, celle-ci doit-elle s’y fier ? Du discours à la réalisation, il faut voir si ses résolutions tiendront face aux puissantes pressions occultes de l’Oligarchie qui tire les ficelles à partir de Washington.

La civilisation commune de la Russie et de la France ne passe-t-elle pas par le christianisme ?

Selon Emmanuel Macron, Il faut  « ancrer la Russie dans l’Europe », car le pays « a son histoire et son destin dans l’Europe ». Il n’est certes pas trop tard pour s’en rendre compte! 

Sa longue intervention devant la presse -après un tête-à-tête de trois heures-, truffée des références culturelles et historiques qui unissent par-delà les siècles les deux pays, frôlait par moment la flagornerie tant elle était avenante et en décalage avec la reductio ad Hitlerum de la Russie et de son président, à laquelle les Français sont habitués.  Des observations qui ne manquaient pas de justesse cependant. Ainsi a-t-il dit: « Dostoëvski n’aurait pas été Dostoïevski sans la France ». Ainsi s’est-il aussi, entre autre, réjoui que Pierre-le-Grand au XVIIIème siècle soit venu chercher son inspiration en France pour bâtir Saint-Pétersbourg, vitrine de l’Europe à l’Est.

Mais M. Macron n’est pas remonté aux raisons profondes qui font que la Russie comme la France relèvent de la civilisation européenne, pas seulement par la géographie ni par la couleur de la peau de ses habitants – même si…-, car alors il aurait pu dire que les deux nations ont tété la Bonne Parole à leur naissance, au même Évangile. Il aurait pu remonter à Clovis et au baptême de la France, à Vladimir-le-Grand et au baptême de la Russie en Crimée. Il aurait pu dire qu’avec des liens distendus durant des siècles, les deux pays ont quand même communié au même Sang et au même Corps du Christ, ce qui a fondé sans qu’ils se côtoient diplomatiquement, leur civilisation commune. Mais ces rappels auraient été politiquement incorrects et il a préféré s’en tenir à la période des dites « Lumières » et à l’influence de Voltaire sur la Grande Catherine.  Si la civilisation commune de la Russie et de la France ne remontait qu’à Pierre Le-Grand, aurait-il pu évoquer la civilisation européenne qui unit les deux pays par delà les frontières  et la distance ?

Le fait est que la Russie prolonge l’Europe de l’Oural jusqu’à sa façade pacifique à travers l’Asie sibérienne et on se demande comment l’Union européenne a pu feindre de l’ignorer jusqu’à ce jour. Comment a-t-elle pu mépriser cet immense empire qui implante la civilisation européenne très loin en Asie, depuis que la Russie après l’effondrement communiste, a redressé la tête sous l’égide de Vladimir Poutine ?

La rupture de l’accord sur le nucléaire iranien par les USA au cœur du virage diplomatique de Macron

Quant à savoir si M. Macron va réellement réorienter sa politique en direction de la Russie? Les graves menaces de Donald Trump contre les intérêts français en Iran peut le laisser penser, au moins le temps que durera la crise. En effet ce sont les menaces de Donald Trump contre les entreprises françaises en Iran à travers la rupture de l’accord sur le nucléaire conclu en 2015 par l’Iran, la Chine, La Russie, la France, l’Allemagne et les États-unis qui sont à l’origine de cette embellie des relations franco-russes. Déjà lors de la précédente crise iranienne et donc du précédent embargo, la BNP Paribas avait du régler à la justice américaine une somme colossale de 9 milliards de dollars pour avoir enfreint ledit embargo. Total aussi avait du régler une lourde addition, d’autres grands groupes français aussi avaient rendu des comptes, et certains continuent de rendre des comptes à la justice US. Tout cela au prétexte principal que ces entreprises françaises utilisaient des dollars pour leurs transactions, ce qui, selon la loi hégémonique américaine, donnerait à celle-ci le droit d’exiger d’elles qu’elles appliquent les lois américaines. Lorsqu’elles ne le font pas elles sont justiciables devant les tribunaux américains.

La Russie au centre du jeu diplomatique

La menace américaine de l’embargo contre l’Iran pèse de nouveau, depuis le 9 avril dernier,  sur les contrats français avec l’Iran. L’administration Trump l’a réitéré lors de la rupture de l’accord sur le nucléaire iranien, et particulièrement en direction des pays de l’Union européenne, lesquels n’ont pas obtenu l’exemption qu’ils ont tenté de négocier. Hier le PDG de Total, parmi les invités, a suivi avec le plus grand intérêt -et il n’était pas le seul de la délégation française- la prestation du président français qui a affirmé que désormais l’Union européenne fourbissait des lois de protection contre la toute-puissance américaine et qu’on ne l’y reprendrait plus. Mais pour vaincre l’ogre américain, il faut une union de tous contre le dollar, de la Russie à la Chine en passant par toutes les nations de l’Union et plus si affinité. Et dans ces tractations diplomatiques, la Russie pourrait avantageusement servir de pivot, que ce soit avec son allié l’Iran qui est au cœur du problème, et avec son alliée la Chine avec laquelle elle a déjà lancé l’utilisation des monnaies locales alternatives au dollar à l’échelle des échanges mondiaux. Un rôle-pivot qu’elle avait déjà assumé victorieusement en 2015 en offrant ses bons offices dans la conclusion de l’accord désormais remis en cause par la partie américaine.

De quels recours la France dispose-t-elle contre l’impérialisme du dollar ?

Au niveau français, ainsi que l’avait expliqué Dominique de Villepin, la ré-actualisation de la loi de 1997 permettra aux entreprises françaises, si elles sont attaquées par la justice américaine, de renvoyer le problème au niveau de l’État français qui traitera à leur place d’État à État. Cette loi de 1997 n’avait pourtant pas été activée pour venir au secours de la BNP Paribas condamnée en 2015, pour avoir contourné entre 2000 et 2010 les embargos imposés par les États-Unis à Cuba, en Iran, au Soudan ou en Libye, à une amende au record historique. Or les entreprises françaises avaient à peine eu le temps de reprendre pied en Iran après la signature de l’accord sur le nucléaire iranien en juillet 2015, accord impliquant la levée des sanctions économiques contre Téhéran, que les menaces de Donald Trump les remettent en cause aujourd’hui; seul un délais de trois mois leur est généreusement consenti. Or le retour de l’embargo sur l’Iran mettra, s’il n’est pas contrecarré, plusieurs entreprises françaises en grande difficulté, ainsi que des entreprises allemandes et d’autres entreprises européennes. Cette rupture de l’accord est un véritable coup de poignard que l’Amérique plante dans le dos de ses alliés européens. Dominique de Villepin donne le détail d’autres procédures que l’UE devrait activer pour contrecarrer les prétentions américaines. On ne peut donc que se réjouir des velléités de l’UE de rompre ce processus.

En Russie, Angela Merkel avait-elle tracé le chemin pour Macron ?

On comprend que pour l’Union européenne l’enjeu vaille bien une messe à Saint-Pétersbourg et Macron semblerait bien être la personne idoine pour la célébrer si Angela Merkel ne l’avait pas précédé. Car des deux côtés du Rhin l’indignation contre la position inamicale des USA est unanime, faisant passer au second plan le renversement de politique européenne que le nouveau gouvernement italien annonce.

Ainsi, trois jours avant le voyage à Sotchi de la chancelière allemande où elle a rencontré M. Poutine, Le rédacteur en chef de Der Spiegel, s’indignait:  «L’Occident tel que nous le connaissions n’existe plus, nos relations avec les États-Unis ne sont pas amicales, on peut à peine parler de partenariat». La chancelière de son côté avait déclaré que l’Europe ne pouvait plus compter sur les États-Unis pour la « protéger ». Ce même  ce 15 mai, le ministre allemand des Finances, Olaf Scholz, se félicitait du front commun européen: «Ce qui est en jeu,  disait-il, c’est la souveraineté européenne, elle nous permet de nous défendre et d’exister».  Une réflexion qui n’a pas du tomber dans l’oreille d’un Macron sourd. Car Emmanuel Macron, à l’étroit en France, voudrait bien coiffer la couronne européenne en activant une fédération des pays membres de l’UE. Or jusque-là ses tentatives de convaincre ses homologues européens n’avaient pas rencontré grand succès. Domnique de Villepin a pour sa part qualifié la position américaine sur le dossier d’« ennemie ».

La France seul pays de l’UE a détenir un droit de véto à l’ONU

Il semble donc qu’en coulisse Madame Merkel à Sotchi ait bien précédé Macron dans sa volonté de nouer des relations fortes avec la Russie, dans leur intérêt  commun de défendre l’accord de 2015. Ainsi a-t-elle réitéré la volonté de l’Allemagne de participer au projet russe de gazoduc Nord Stream 2, mal vu par les  Américains qui ambitionnent de le court-circuiter en proposant un gazoduc à travers l’Atlantique. Angela Merkel a donné d’autres assurances au camp russe, et notamment sur le projet d’une rencontre à quatre selon le format Normandie pour relancer le traité de Minsk sur l’Ukraine, projet que Macron a repris à son compte.

Quoiqu’il en soit, Macron à travers sa  longue déclaration à la presse jeudi soir a, semble-t-il, tenté de jouer plus grand que Merkel, toujours dans l’espoir de prendre la tête de l’Union en profitant de la conjoncture: l’affaiblissement de Mme Merkel sur la scène politique allemande, et l’impossibilité du Royaume-uni d’intervenir non seulement en raison du Brexit mais aussi par le fait que Teresa May s’est empêtrée dans le scandale que son pays a suscité à grands fracas contre la Russie en l’accusant d’avoir empoisonné l’ex-espion Skripal. Emmanuel Macron semble donc avoir trouvé le bon créneau d’autant plus que la France, avec la sortie de l’UE de la Grande-Bretagne, reste le dernier pays de l’Union a détenir un droit de véto à l’ONU. Un droit qui reprendrait de son importance stratégique si la France, ainsi que le prétend Macron, cesse de suivre aveuglément les positions américaines au Conseil de Sécurité de l’ONU. Un droit qu’il fait valoir auprès de Poutine, comme deux alter-égaux qui pourraient s’épauler au Conseil de Sécurité.

Macron assistera au mondial de football en Russie

Alors que pour le moment les dirigeants occidentaux ne se pressent pas pour retenir leur place au Mondial de football de Saint-Pétersbourg, Emmanuel Macron est le premier à avoir promis de venir encourager l’équipe de France si celle-ci dépasse les quarts de finale. Une autre amabilité envers la Russie que le général Choïgou, ministre de la Défense et Sergeï Lavrov, ministre des Affaires étrangères, présents dans l’assistance, ont salué avec un grand sourire.

En marche vers le fédéralisme européen ?

Les Médias de grand chemin qui officient dans notre pays on vu dans la conjoncture actuelle, -à la fois la politique hostile de Trump qui fait l’union des pays de l’UE contre lui, la faiblesse de la chancelière, et le retrait de la Grande-Bretagne de l’Union-, une opportunité pour les projets fédéralistes de Macron, qui jusque-là ont été accueillis fraichement par ses partenaires européens.  Si le président français parvenait en plus à dénouer la crise iranienne avec la Russie cela ne pourrait que lui donner une aura parmi ses homologues européens en faveur de son projet fédéral européen… 

Si Trump, en créant l’union des capitales de l’UE contre lui, avait voulu donner un coup de pouce au projet fédéraliste de Macron, il ne s’y serait pas pris autrement! En effet, la Russie n’a pas à être arrimée à l’Europe, elle est l’Europe tout comme la France, l’Italie, l’Allemagne ou la Pologne. Aussi faut-il voir dans la main tendue de Macron à Poutine pour un arrimage de la Russie à l’Europe un calcul politique en faveur de l’Union européenne, et pas seulement des flatteries pour résoudre le problème de la rupture de l’accord iranien par les Américains.

En Russie la porte s’est-elle ouverte vers une Europe des nations ?

Grâce à l’initiative intempestive de Trump, la France et l’Union européenne qui somnolaient depuis des dizaines d’années lovées au pied de Big brother, pourraient se réveiller, ouvrant des perspectives fort différentes de celles que subissent les pays de l’Union européenne depuis des dizaines d’années avec des projets d’élargissements vers la Turquie ou Israël, et des flux de clandestins musulmans, au bénéfice de l’Oligarchie mondialiste. Une telle évolution, si elle était fédéraliste et mondialiste, pourrait, en fabricant une grande Europe, mettre en péril les nations, leur identité chrétienne et civilisationnelle et leur souveraineté. Mais les ambitions fédéralistes de la Haute Banque et de Macron, telles qu’elles sont apparues depuis sa campagne électorale, pourraient être contrebalancées par les mouvements identitaires et souverainistes qui se réveillent partout en Europe – Italie, Autriche, Allemagne, France, Hongrie, Pologne Grèce, etc.- et qui pourraient ouvrir l’horizon à une Europe des nations. Nous en sommes encore très loin, même si les lignes frémissent ainsi que le démontre la prestation d’Emmanuel Macron en Russie. Les peuples européens avides de conserver leur identité ne devraient pas, dans ce cas, manquer le rendez-vous de l’Histoire. Leur premier rendez-vous commence par les élections européennes de 2019.

Sur ce sujet lire aussi:

 

Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !

Quitter la version mobile