Dominique Sabourdin-Perrin nous avait déjà ravis avec son Marie-Clotilde de France, la sœur oubliée de Louis XVI et là encore, nous restons sous le charme. Docteur ès lettres et historienne, deux atouts majeurs pour nous divertir et nous instruire : un ouvrage historique, faits, dates, documents, sources… le tout amené dans une langue claire et belle. En historienne elle donne la parole pour une préface à Mgr Otto Molnar « Ce livre est un trésor historique et spirituel sur une femme extraordinaire, une sainte pas du tout habituelle » et une postface au pasteur A. Joly, « Luther possédait une relique de sainte Elisabeth… «

Sainte Elisabeth. Qui ? Où ? Quand ? comment ?

En cette année 1207, la France est ensanglantée par la guerre entre Capétiens et Plantagenêt et l’Espagne continue la reconquête de son territoire envahi depuis cinq cents ans par les Arabes. L’Allemagne est déchirée par une guerre interminable entre Gibelins et Guelfes et sur le Bosphore, Henri de Flandre, empereur de Constantinople a repris les armes contre les Bulgares.

Pourtant en ce nouveau siècle, François d’Assise quitte la maison de son père pour servir Dieu, Dominique de Guzman parcourt le midi pour lutter contre l’hérésie, et les ordres mendiants qu’ils ont institués ainsi que les frères du mont Carmel, les Augustins et quelques autres rédigent des règles pour leurs frères sur le chemin de la spiritualité faisant de ce XIII° siècle, le plus chrétien de tous.

En cette même année 1207 il est né à Mgr le roi de Hongrie, une fille Elisabeth « qui sera sainte et dont la sainteté réjouira toute la chrétienté »

Une toute petite enfance dans une ambiance très chrétienne, puis dès quatre ans projet de mariage entre les familles de Hongrie et Thuringe ; Elisabeth quitte sa famille pour être élevée par sa future belle famille, auprès de son fiancé Louis, âgé de 11 ans.

Dès son plus jeune âge Elisabeth manifeste un grand amour de Dieu et un désir de lui plaire en tout. Sacrifices, mortifications, humilité, dans toutes les petites choses font son quotidien, dans la joie, la prière et l’abandon total à la providence. Mais cela n’est pas sans mécontenter la cour de Thuringe et déclenche ainsi calomnies, critiques et polémiques. Elle sera toujours soutenue par son royal époux. « Son mariage dont ils eurent trois enfants fut profondément heureux. Elisabeth aidait son mari à élever ses qualités humaines à un niveau surnaturel et lui, en échange, protégeait sa femme dans sa générosité envers les pauvres et dans ses pratiques religieuses ».  En 1218 Louis est sacré chevalier, sa devise -piété, pureté, justice -et restera fidèle à son serment, aidé en cela par la foi sans faille d’Elisabeth qui lui communiquera élan, abandon, fidélité.

La vie du couple, très pieuse, est marqué par les absences de Louis, et Elisabeth -la duchesse des pauvres- développe une charité toute ingénieuse pour aider les indigents. Elle commence en l’absence de Louis à réduire son train de vie, habillement, repas, divertissements, multiplie les temps de prières, adorations et silences. Elle se rapproche alors de l’esprit franciscain dont elle gardera une aspiration jusqu’à son dernier souffle. Ses directeurs spirituels nous semblent «  hors-temps » mais elle est soumise et son entourage proche la suit dans cet esprit d’abnégation.

Conflits, guerres, puis le départ en Croisade de Louis, autant de chagrins, de pleurs et d’angoisse. Louis meurt en route pour la Croisade. Elle est terrassée de chagrin puis se relève. Succession houleuse, jalousies rancœurs, vengeances ressortent. Elisabeth est dépouillée de tout, de ses biens, ses richesses, et de ses enfants placés auprès de protecteurs comme le veut la coutume pour la famille royale.  Isolée, abandonnée, elle se confie à Dieu.  Et Dieu s’occupera d’elle….

A sa mort, une foule immense, douloureuse, arrive de toute part, et pour répondre à la dévotion populaire le corps d’Elisabeth est exposé trois jours, revêtu de sa tunique grise de pénitente. Très vite, guérisons, miracles. Elisabeth de Hongrie est canonisée le 27 mai 1235 par Grégoire IX. Ses enfants sont alors âgés de 13, 12 et 9 ans.

Une vie exceptionnelle de petite fille, de fiancée et d’épouse, de veuve et de consacrée à Dieu. « Nous avons l’obligation de rendre les gens heureux ».

   Elisabeth de Hongrie, Princesse de charité, Dominique Sabourdin-Perrin, Salvator, 192 pages, 20€.

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