- Allo, ici cabinet d’orthophonie
- Bonjour madame, je voudrais prendre un rendez-vous pour mon fils Mohamed qui a besoin de cours d’orthophonie.
- Avez-vous une ordonnance ?
- Non, c’est la maîtresse de mon fils qui m’ Faut-il que je demande une ordonnance à mon médecin ?
- Oui, une ordonnance est nécessaire si vous voulez être remboursé Quelles sont les difficultés de votre fils ?
- La maîtresse dit qu’il fait des fautes d’orthographe et confond les sons. Elle dit que c’est urgent.
- Et vous, qu’est-ce ce que vous en pensez ?
- Il a toujours fait beaucoup de fautes en dicté L’école ! cela ne l’intéresse pas. Il n’aime pas lire et passe beaucoup de temps à regarder la télévision ou jouer aux jeux vidéo. Comme je travaille, je n’ai pas le temps de m’en occuper.
- Quel jour pouvez-vous venir ?
- Est-ce possible le mercredi après-midi ? La maîtresse ne veut pas qu’il manque l’école et son frère peut l’accompagner ce jour-là.
Et voilà ! L’affaire est réglée ! L’enfant va bénéficier d’une rééducation (d’une éducation que dis-je!) aux frais de la princesse (la Sécurité Sociale – vous l’aurez deviné). Ce sont des millions d’enfants dans ce cas qui vont défiler dans les cabinets d’orthophonie. Une orthophoniste qui s’installe va voir son emploi du temps se remplir en un mois. Sur une classe de 25 élèves, il y en a peut-être 10 qui suivent des « séances » chez une orthophoniste.
Jusqu’à quand la Sécurité Sociale va-t-elle accepter de payer des « cours » d’orthophonie ?
Qui est donc coupable?
1) La méthode globale?
Elle n’existe plus ! nous dit-on. Mais qu’en est-il réellement?
L’enfant du cours préparatoire – apprenti lecteur – est invité à aller à la « rencontre » de l’écrit par une lecture globale des mots. D’emblée on fait croire à l’enfant que la lecture c’est magique. L’enfant croit qu’il sait lire sans effort. La lecture globale est ensuite remplacée par une sorte de lecture qui est à moitié du déchiffrage et à moitié de la devinette : en effet, l’enfant doit lire des mots dont il ne connaît pas toutes les lettres. Il doit deviner d’après le contexte. Ainsi l’enfant pourra avoir rencontré et deviné la lettre « P » un grand nombre de fois avant de l’apprendre dans un chapitre qui lui est consacré. Ainsi, dans la méthode » Ratus » l’enfant apprend cette lettre à la page 42 mais il l’aura lue des dizaines de fois dans des mots tel que « pré » « soupe » « poisson ». On n’apprend pas à l’enfant la combinatoire (ce principe d’association consonne + voyelle: « p » et « a » ça faire « pa ») il doit la deviner.
Cette manière d’enseigner la lecture est voulue par les dirigeants de l’Education Nationale. C’est à l’enfant de constater, déduire par lui-même. Il en est exactement de même pour la grammaire et l’orthographe ainsi que pour le calcul. Or le cerveau d’un enfant de 6 ans n’est pas équipé pour faire des déductions. Le stade du raisonnement hypothético-déductif se fait aux alentours de 12 ans. Il est maintenant fréquent de voir que ce stade n’est pas atteint à 12 ans. L’enfant dont on a laissé l’intelligence en friche ne peut s’épanouir, s’éveiller et il n’est pas rare de voir des adolescents très tactiles avec un fonctionnement en grande partie sensori-moteur (stade décrit par Piaget correspondant à 0-2 ans : le bébé a besoin de sentir, palper les choses. Il fonctionne par réflexes)
Les conséquences de cet enseignement : les enfants ne savent plus lire ni écrire ni compter et doivent être « réparés » par les orthophonistes.
2) Autres coupables : les écrans.
La télévision est omni présente dans les foyers. Elle est souvent allumée en permanence. Les gens ne supportent plus le silence.
Devant l’écran (tablette, ordinateur…) l’enfant n’apprend pas à réfléchir mais à réagir. Il apprend à combattre des « méchants ».
En conséquence, les enfants n’ont plus le temps de jouer. Et pourtant le jeu est indispensable à la construction de la pensée : on joue à construire, on développe son esprit créatif, on imagine, invente, on joue à faire semblant, on développe des stratégies… Il y a maintenant de plus en plus d’enfants qui ne savent pas jouer et qui tripotent des objets sans façonner ni créer. Leur pensée ne se construit pas et on voit fleurir des enfants qui ne comprennent rien aux textes qu’ils lisent. Ils n’ont pas d’imagination et ne se créent aucun film de l’histoire qu’ils lisent.
Que pensez-vous de la réponse de cette adolescente en classe de 3ème à qui on demande s’il y a plus de pommes ou plus de fruits dans une coupelle où se trouvent sept pommes ? « Il y a plus de pommes car il n’y a pas de fruit. » Cette jeune fille ne sait manifestement pas inclure deux ensembles. Que dira-t-elle plus tard sur les nombreuses et fausses affirmations que les médias veulent nous faire admettre ?
Les conséquences de tout cela
L’enfant d’aujourd’hui, qui ne pense pas mais réagit, sera l’adulte de demain qui tue sans réfléchir aux conséquences de ses actes. Le processus est déjà bien enclenché depuis quelques années. Qui sait si nos prisons ne sont pas peuplées de ces gens impulsifs qui n’ont pas appris à réfléchir !
Nous formons aujourd’hui des générations de moutons de Panurge dont on a pu voir un aperçu dans la manifestation des « Charlie » en janvier dernier.
On attaque la société dans ses racines : on détruit l’éducation des enfants, on déforme leur esprit critique. Ceux-ci n’ont plus de jugement : ils suivent l’esprit de la majorité.
Les adultes de demain – et déjà ceux d’aujourd’hui – ne voteront pas par opinion : ils ne seront plus libres de penser ni d’agir.
Pensez-vous toujours que nous avons un gouvernement démocratique?
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