chicago_cubsLa ville de Chicago, troisième métropole états-unienne, compte comme celles qui la précèdent au classement deux clubs de baseball : les White Sox et les Cubs. Toute proportion gardée, leur rivalité est similaire à celle en football entre Lyon et Saint-Etienne. Les Cubs étaient surnommés « The lovable losers » dû à une côte de popularité inversement proportionnelle à leurs résultats sportifs. La dernière fois qu’ils avaient gagné le titre, le président des Etats-Unis s’appelait Roosevelt. Non, pas Franklin Delanoë, Théodore Jr ! A l’époque, la Russie était dirigée par Nicolas II et le Pape était… Saint Pie X !  Preuve de cette popularité : 5 millions de personnes ont manifesté leur joie dans la métropole des Grands Lacs. Les frères ennemis n’ont pas eu un tel succès en 2005 et les « oursons » ont toujours été préférés aux « chaussettes blanches ». Ils les rejoignent d’ailleurs au palmarès avec 3 séries gagnées chacun (les White Sox furent couronnés en 1906, 1917 et 2005).

Ils affrontaient en finale des Séries Mondiales 2016 l’autre club américain traînant une réputation de perdants : les Indians de Cleveland. Ces derniers n’ont pas gagné de titre depuis 1948, perdant en finale en 1954 puis en 1995 et 1997, après un long passage à vide qui en on fait la risée des supporters adverses (alors que personne ne s’est jamais moqué des Cubs), ce qui a donné la trame des deux films Major League I et II, à l’issue desquels les Indians gagnaient la finale en battant… Chicago (mais l’autre club, les White Sox). Pour montrer que les Indians étaient des loosers, on les voyait d’abord au début du premier film perdre en Ligue Cactus (championnat d’entraînement) contre les Cubs. Ils sont désormais le club qui a remporté son dernier titre le plus lointain (8 des 30 clubs n’ont gagné aucun titre, mais le plus vieux d’entres-eux, les Texas Rangers (Dallas), n’a été fondé qu’en 1961). Les Chicago Cubs sont les vétérans du championnat professionnel de baseball. Fondés en 1876, ils portent ce nom depuis 1903 après avoir été tour à tour les Chicago White Stockings (les « bas blancs ») jusqu’en 1889, puis les Chicago Colts de 1890 à 1897 et les Chicago Orphans de 1898 à 1902. L’essentiel de leur palmarès est figé dans le passé : deux Séries Mondiales (1907 et 1908) et huit finales perdues (1906, 1910, 1918, 1929, 1932, 1935 et 1945). La réforme du championnat et son passage à 30 clubs leur a permis de gagner plusieurs championnats de division (1984, 1989, 2003, 2007, 2008 et 2016).

Les références cinématographiques impliquant les Cubbies sont multiples, de mémoire et de façon non exhaustive, je citerais Invasion USA (celui de 1952, où des soldats soviétiques se faisant passer pour la compagnie B du 183e régiment de la Garde Nationale de l’Illinois sont démasqués car leur chef ayant répondu qu’ils avaient vus les Cubs jouer au zoo, le russe traduisant « cub » par « ourson » sans savoir qu’il s’agissait d’un club de baseball), The Blues Brothers (la fausse adresse du permis de conduire d’Elwood Blues est celle du stade des Cubs), l’épisode 1 de la série Sliders (dans un univers parallèle, les Cubs ont gagné trois ans de suite les séries mondiales),  l’épisode 12 de Jericho et bien sur Retour vers le futur II de 1989, entraînant ce qui avait été surnommée « la prophétie des Cubs », qui s’est réalisée à un an près (elle était prévue pour 2015, les Cubs étant éliminés cette année là en finale de Ligue (en gros, demi-finales) par les New-York Mets), mais contre les Indians et non contre les Miami Marlins (dans le film, il était question des Miami Gators, club imaginaire, Miami n’ayant eu un club qu’en 1993 et avec un marlin – le fameux poisson du Vieil homme et la mer – comme mascotte et non un alligator). Tout comme les chaussures de sports à fermeture automatique et le hoverboard du film, la réalité n’aura eu que quelques mois de retard sur la fiction… Retour vers le Futur II auront donc, dans cette finale des clubs de baseball filmés, été plus doués en prospective que Major League II.

On peut faire un parallèle entre la surprenante victoire des Cubbies et les élections présidentielles américaines. Comme Donald Trump, personne n’aurait misé un cent sur eux, et pourtant, à, la surprise générale, ils ont gagné la division centrale de la Ligue Nationale avec le meilleur ratio (103 victoires contre 58 défaites, leur meilleure performance depuis 1910), puis éliminé successivement les deux poids lourds de la Californie, les Giants de San Francisco (vainqueurs en 2010, 2012 et 2014) et les Los Angeles Dodgers et enfin battu les Indians en finale.  Et si – comme les Cubs – Donald Trump réalisait une remontée victorieuse ? Les Séries Mondiales se jouent en 4 matchs gagnants. Les Cubs avaient perdu le premier match 6-0 puis gagné le second 5-1. Ensuite, Cleveland aligna deux victoires de rang 1-0 et 7-2. Pour gagner, les Cubs devaient reporter trois matchs de suite, sans en perdre un. Un peu comme Trump quand il comptait 12 points de retard sur Clinton. Les scandales révélés par Assange et la prise de conscience du FBI de la gravité des crimes d’Hillary amenèrent Trump avec 5 points d’avance dans le sondage d’hier du Los Angeles Times… La victoire après un incroyable renversement de situation est à sa portée : les Cubs n’ont-ils pas gagné les rencontres 5 à 7 sur les scores de 3-2, 9-3 et 8-7, cette dernière victoire obtenue après une manche de prolongation et un geste défensif victorieux de Kristopher « Kris » Lee Bryant qui élimina le dernier batteur de Cleveland ?

2016, année du singe chez les asiatiques, est une année mouvementé, de changements. Si les Cubs ont gagnés contre les pronostiques et après une remontée fantastique, alors pourquoi pas « The Donald » ? Une semaine après que Chicago ait scandé Fly the W ! (le drapeau blanc au W bleu hissé à chaque victoire des Cubs), les partisans de Trump pourraient, et c’est tout le mal qu’on leur souhaite, hisser à leur tour le fanion victorieux et voir la première élection d’un vrai président de droite depuis Reagan en 1984. En 1908, c’était aussi un républicain, William Howard Taft, qui fut élu en novembre…

Hristo XIEP

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