Voir la vidéo de la conférence de Donetsk interrompue par l’explosion d’un missile balistique
Hier, un ou plusieurs missile(s) balistique(s), (Certaines sources comptent jusqu’à 5 missiles), ont frappé une usine chimique; la propagation de l’onde de choc a traversé Donetsk, causant des dégâts importants sur les bâtiments les plus proches et brisant les vitres d’ une grande partie de la ville. Des blessés ont été signalés tout prés du lieu de l’impact, dont deux au moins dans la Donbass Arena, une salle de conférence où se tenait une réunion publique avec des responsables politiques importants dont le vice-Premier Ministre Alexeï Pourguine. Le maire de Donetsk, Alexandr Lukyanchenko a précisé dans un communiqué à l’AFP que, selon des données préliminaires, l’explosion avait eu lieu à proximité d’une usine chimique qui produit notamment des explosifs et qui se trouve à proximité de l’aéroport. Les manifestations publiques et les rassemblements ont été annulés par mesure de sécurité.
L’approvisionnement en eau à été interrompu dans certains quartiers. En plus de l’attaque de missiles balistiques, des tirs de barrage ukrainiens sur le district de Kirovsky ont occasionnés des coupures de courant et d’approvisionnement en eau, blessant des ouvriers qui réparaient le réseau. Des bombardements au phosphore et au thermite ont atteints le district Kuibyshev également dans la nuit. Autant de faits contraire aux accords de Minsk et interdits par la Convention de Genève que l’Occident ne veut pas voir.
Alors que le président d’Ukraine, l’oligarque Porochenko n’arrive pas à faire respecter la trêve militaire en dépit des accords de Minsk du 5 septembre dernier et de leurs suites, la Russie continue d’accuser les alliés occidentaux de mettre de l’huile sur le feu. Sergeï Lavrov a déclaré lundi à Moscou dans une conférence sur les relations étrangères de la Russie qu’il est hors de question que la Russie négocie avec l’Occident à propos des sanctions qui lui sont imposées pour régler la crise ukrainienne. Il estime que la Russie fait déjà plus que les autres pour que la crise en Ukraine soit réglée. Il a rappelé que c’est la Russie qui est à l’origine de l’initiative de Genève d’avril dernier et des accords ultérieurs de Berlin, -qui n’ont toujours pas été respectés par les autres parties-, précisant que les accords de Minsk sont à mettre au crédit des présidents de Russie et d’Ukraine. Selon le ministre des Affaires étrangère de Russie, actuellement Moscou agit en vue d’obtenir que les accords soient appliqués correctement à l’inverse des collègues occidentaux qui « n’utilisent pas de façon requise leur influence sur Kiev ». Et d’ajouter:
« Nous pensons qu’il n’y a pas d’alternative raisonnable à la réparation des relations avec l’Union européenne ni d’ailleurs, avec les États-Unis.», ajoutant: « « Nous voulons une coopération égale en droits, qu’elle soit en effet égale en droits. Nous voulons que la politique extérieure soit exemptée de l’idéologie, qu’il n’y ait pas de tentatives pour sacrifier l’économie au nom d’obtention d’objectifs géopolitiques unilatéraux assez douteux. Il y a une école de pensée dont les adeptes estiment que la partie russe doit faire des concessions unilatérales du côté russe pour obtenir un avantage économique et éviter des dommages. Je n’appartiens pas à cette école. Non que je n’aime pas mon pays. Mais parce que la politique extérieure des pays comme la Russie renferme également l’obligation de faire valoir l’équité et l’égalité en droits, le caractère démocratique des relations internationales ».
« Leur approche consommatrice des relations internationales est un trait typique des Américains. Ils jugent être en droit de punir les pays qui n’agissent pas dans une question quelconque au gré de Washington. Cependant ils exigent de la part de ces mêmes pays de coopérer sur les questions d’importance vitale pour les Etats-Unis et leurs alliés. Cette approche n’est pas correcte et j’en ai parlé à John Kerry. Il me paraît qu’il comprend la faiblesse de ces tentatives, au moins en ce qui concerne les relations entre les Etats-Unis et la Russie ».
Sergeï Lavrov a souvent mis l’accent sur la politique occidentale dominée par l’idéologie. Faut-il rappeler que le Nouvel Ordre Mondial ne pourra jamais encourager l’émergence de la Novorossiya, dont le modèle est la Russie actuelle, fondée sur des valeurs traditionnelles. Ainsi selon Xavier Moreau:
Les journalistes français nous ont vendu Maïdan comme un soulèvement contre l’oligarchie et la corruption, avant que les organisateurs du coup d’état donnent le pouvoir à cette même oligarchie. Le fait est que les Républiques du Donbass et de Lougansk, qui viennent de s’unir, sont les premiers mouvements ukrainiens populaires authentiques de résistance à l’oligarchie. Les gouvernements des deux entités ont très clairement annoncé leur volonté de rendre la propriété des actifs industriels de la région à leur population, sur le modèle de ce que Vladimir Poutine a accompli contre l’oligarque russe déchu Mikhail Khodorkovski. Le modèle russe inspire également la République du Donbass dans le domaine de la protection de la famille traditionnelle et de notre civilisation. Fondement orthodoxe de la République (Préambule), protection de l’être humain dès sa conception (Art.12.2), interdiction du mariage homosexuel et de sa promotion (Art.4.3 31.1 31.3), protection de la vie privée (Art.16.2 17.1), interdiction des arrestations arbitraires (Art.15.2) et de la torture (Art.14.3), la constitution de la République Populaire du Donetsk est un manifeste contre les « valeurs américaines » et le modèle de société occidental. Tout cela nous rappelle, avec une certaine nostalgie, ce que les Serbes avaient tenté de fonder en Krajina et en Republica Serbska.
Emilie Defresne
Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !