La nouvelle Église a son nouvel évangile et ses nouveaux dogmes : l’évangile humanitariste et les droits de l’homme. L’allocution du pape François au corps diplomatique de lundi dernier 8 janvier en fut une magistrale illustration !
La Déclaration universelle des droits de l’homme fut le pivot autour duquel s’est articulé le message pacifiste du pape argentin :
« C’est à cet important document que, soixante-dix ans après son adoption de la part de l’Assemblée Générale des Nations Unis, advenue le 10 décembre 1948, je voudrais consacrer notre rencontre d’aujourd’hui »
déclara-t-il aux ambassadeurs. Même lorsqu’il évoqua, une fois, une seule fois « Jésus » dans ce discours fleuve, c’était pour en faire un interprète avant-gardiste de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui devient ainsi un manifeste chrétien :
« Le Seigneur Jésus lui-même, en guérissant le lépreux, en redonnant la vue à l’aveugle, en s’entretenant avec le publicain, en sauvant la vie à la femme adultère et en invitant à prendre soin du voyageur blessé, a fait comprendre combien chaque être humain, indépendamment de sa condition physique, spirituelle ou sociale, mérite respect et considération. Du point de vue chrétien, il y a donc une relation significative entre le message évangélique et la reconnaissance des droits humains, dans l’esprit des rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l’homme. »
Guerre et paix allant de pair, le pape argentin a rapproché l’anniversaire de cette charte universelle qu’il estime un élément constitutif de l’entente entre les Nations du centenaire de la Première Guerre mondiale, « un conflit qui a remodelé le visage de l’Europe et du monde entier ». En s’adressant au Corps diplomatique réuni dans la Salle royale du Vatican, il a donc développé sa vision de la paix dont il veut être un constructeur infatigable en la fondant sur une adéquation des pays aux lignes directrices édictées par les droits de l’homme qui affirme-t-il
« ont été proclamés pour faire tomber les murs de séparation qui divisent la famille humaine et favoriser ce que la doctrine sociale de l’Église appelle le développement humain intégral, puisqu’il concerne la promotion de chaque homme et de tout l’homme, jusqu’à comprendre l’humanité tout entière (cf. Paul VI, Lettre encyclique, Populorum progressio, 26 mars 1967, n. 14) ».
Et s’ensuit une énumération des grands problèmes temporels contemporains : la liberté et l’égalité pour tous, le droit « à la vie, à la liberté et à l’inviolabilité de chaque personne humaine », la protection de la Terre, le changement climatique, l’accueil des migrants et des réfugiés, l’interdiction des armes nucléaires, la construction de sociétés inclusives, le droit au travail, et tutti quanti… Le pape, tout en faisant appel à l’interventionnisme onusien dans tous ces domaines, a invité les États à s’en préoccuper ensemble pour « projeter un avenir meilleur ».
Ce message bergoglien au monde est tout temporel et naturaliste. El papa sud-américain n’invite pas l’humanité à se tourner vers la Croix et à chercher d’abord le Royaume de Dieu et sa justice pour obtenir un peu de cette paix tant désirée dont il ne veut pas admettre d’ailleurs qu’elle sera cependant toujours menacée et précaire à cause de la malice des descendants d’Adam, qu’il occulte tout autant. Mais il incite tous les hommes, et les Césars qui les gouvernent, à s’intéresser aux choses de la terre sans les relier à Jésus dans l’illusion diabolique que pourra s’édifier ainsi un Paradis sur terre.
Le père Calmel critiquait déjà en 1964 ces clercs modernistes qui assujettissaient leur apostolat à une dimension uniquement humanitaire « en vue de la paix et du progrès, par delà tous les credo », nouvelle mission philanthropique à laquelle souscrit la nouvelle Église issue de Vatican II. Pour eux,
« [les] grands problèmes de l’heure […] ne sont pas tellement l’accès au Royaume de Dieu que l’alphabétisation universelle, l’abolition de la faim, le contrôle des naissances et la paix définitive » ;
Pour eux,
« la mission première de l’Église se situe au cœur même de ces soucis harcelants de l’humanité en marche. La mission de l’Église n’est plus tellement de travailler, comme on dit, pour l’autre monde mais bien pour un monde autre. »
Le pape François adhère à ce chimérique messianisme temporel et terrestre, né dans les temples occultes, qui prétend offrir une paix universelle au monde sans la conversion des âmes au seul vrai Dieu, à la souffrance et à la croix, mais en adoptant comme seul Credo inviolable et immortel les maçonniques droits de l’homme !
En 1968, paraissait dans la revue Itinéraire un article du père Calmel intitulé « Le prêtre et la Révolution (1918-1968) ». Un portrait prophétique du pape François et de ses « variations sur la paix perpétuelle, le désarmement et la promotion sociale » :
« Pour conjurer la guerre et sa puissance de destruction hallucinante comment imaginer, surtout au milieu d’un cimetière de guerre, qu’il suffirait des sessions et des rapports de je ne sais quel organisme international, humanitaire et maçonnique ? Comme si de telles institutions qui ignorent de parti-pris le Prince de la paix étaient capables de faire reculer le diable et sa haine de notre espèce, alors qu’elles sont tout juste inventées pour favoriser sournoisement son action.
« La paix, la juste paix, toujours instable et fragile, est un pur don de Dieu ; et Dieu évidemment ne l’accorde que si les peuples se convertissent à sa loi et à son amour. C’est Notre-Seigneur, appelé le Prince de la paix, qui est le dispensateur de la paix, de même qu’il est le maître de l’issue des batailles ; et la victoire est infiniment plus dans ses mains qu’aux mains des généraux. Il suffit pour en avoir, l’évidence de lire par exemple le Journal de Fayolle.
« […] Dépositaires du seul messianisme véritable, celui de l’Église, celui qui n’existe que par les sacrements, les vertus théologales et la sainte Croix, les prêtres au goût du monde en sont venus progressivement à vouloir fusionner le messianisme proprement surnaturel du Royaume qui n’est pas de ce monde avec le messianisme révolutionnaire de la maçonnerie ou du communisme. Ces prêtres sont entrés dans le jeu de César qui, depuis la Révolution de 89, aspire plus que jamais à se substituer à Dieu, faire croire qu’il va éliminer, la faute originelle et ses conséquences, assurer une paix et un développement qui seront le tout de l’homme. Les prêtres au goût de la Révolution enseignent avec une insistance croissante depuis plus de vingt ans que la paix du Christ se confond avec la paix politique selon l’O.N.U., et se résorbe toute en elle, comme si celui dont nous sommes les ministres n’avait pas dit : Je vous donne ma paix je ne vous la donne pas comme le monde la donne. (Jo. XIV-27.) De même ils veulent nous faite admettre que la charité du Christ, la charité théologale, ne doit pas être distinguée du développement des peuples et de la fameuse lutte pour supprimer la pauvreté et la faim dans le monde, sans tenir le moindre compte de la grande parole de Jésus, lorsque Marie-Madeleine « gaspille » en témoignage d’adoration un parfum très précieux au lieu de le négocier pour les pauvres : Des pauvres vous en aurez toujours parmi vous. (Et encore : Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et, sa justice et le reste vous sera donné par surcroît.)
« Quelle est la vérité révélée, la sentence évangélique que n’aient pas trahie, déformée, corrompue ceux des prêtres du Seigneur qui sont devenus les serviteurs honteux ou les prédicateurs fanatiques du messianisme de César ? Ayant délibérément détourné le regard de leur âme des premières vérités révélées : la grâce, le péché, la croix, Jésus-Christ consubstantiel au Père, – toutes les illusions et toutes les corruptions sont devenues possibles. »
Francesca de Villasmundo
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