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Dimanche 9 juin – Troisième dimanche après la Pentecôte – Solennité du Sacré Coeur – Saints Prime et Félicien, Martyrs – Bienheureuse Anna-Maria Taïgi, Épouse et mère, Tertiaire trinitaire (1769-1837)

Troisième Dimanche après la Pentecôte

Solennité du Sacré Coeur : voir au vendredi sept juin

Troisième Dimanche après la Pentecôte – « Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis qui était perdue. »

La liturgie de ce jour chante la miséricorde divine à l’égard des hommes. Comme Jésus « qui était venu appeler non les justes mais les pécheurs », l’Esprit-Saint, qui continue l’action du Christ dans les cœurs, vient établir le règne de Dieu dans les âmes pécheresses. C’est ce que l’Église proclame dans le bréviaire et le missel. Les lectures du bréviaire sont consacrées en ce jour à l’histoire de Saül. Après la mort d’Héli, les Israélites s’étaient soumis à Samuel comme à un nouveau Moïse. Mais lorsque Samuel devint vieux le peuple lui demanda d’avoir un roi. Dans la tribu de Benjamin vivait alors un homme appelé Cis qui avait un fils du nom de Saül. Aucun enfant d’Israël ne l’égalait en beauté et il les surpassait tous d’une tête. Les ânesses de son père s’étant égarées, Saül s’en alla à leur recherche. Il arriva au pays de Rama, où demeurait Samuel. Il se dit : « L’homme de Dieu me dira où je les trouverai ». Comme il était en présence de Samuel, Dieu dit à ce dernier : « Voici l’homme que j’ai choisi pour régner sur mon peuple ». Samuel dit à Saül : « Les ânesses que tu as perdues il y a trois jours sont retrouvées ». Le lendemain Samuel prit sa corne à huile, et la répandit sur la tête de Saül puis il l’embrassa en lui disant : « Le Seigneur t’a oint comme chef sur son héritage et tu délivreras son peuple des mains de ses ennemis qui sont autour de lui. » « Saül ne fut oint qu’avec un petit vase d’huile, dit S. Grégoire, parce qu’à la fin il allait être réprouvé. Ce vase contenant en effet peu d’huile, Saül a peu reçu, recevant la grâce spirituelle pour la rejeter ensuite »(Matines). « En tout, ajoute-t-il ailleurs, Saül désigne les superbes et les obstinés ». S. Grégoire dit que Saül qui fut envoyé par son père « pour chercher des ânesses perdues, est une figure de Jésus qui fut envoyé par son Père pour chercher les âmes qui étaient perdues ». « Les ennemis sont à l’entour, in circuitu, continue-t-il, aussi le bienheureux Pierre dit : « Votre adversaire, le diable, rôde (circuit) autour de vous ». Et comme Saül fut oint roi pour délivrer son peuple des ennemis qui l’assaillaient, ainsi le Christ, l’Oint par excellence, vint nous délivrer des démons qui cherchaient à nous perdre. On comprend dès lors le choix de l’Évangile et de l’Épître de cette messe. L’Évangile nous montre la brebis perdue et le bon Pasteur qui la recherche, la met sur ses épaules et la rentre ainsi au bercail. C’est une des plus anciennes représentations de Notre-Seigneur dans l’iconographie chrétienne. On la trouve déjà dans les catacombes. L’Épitre expose à son tour les dangers auxquels sont exposés les hommes, que cette brebis perdue représente. Veillez, car le démon, comme un lion rugissant, cherche une proie à dévorer. Résistez-lui en étant forts dans votre foi. Jetez en Dieu toutes vos sollicitudes, car lui-même prend soin de vous (Ep.), (Les leçons et les répons du 1er Nocturne parlent simultanément de l’histoire de Saül et de Dieu qui délivre David des griffes du lion.), Il vous mettra à l’abri des atteintes de vos ennemis (Grad.) lui qui est le protecteur de ceux qui espèrent en lui (Or.) et qui n’abandonne jamais ceux qui le cherchent (Off.). Nous rappelant le sort de Saül qui, d’abord petit à ses yeux, s’enorgueillit ensuite de sa dignité royale, désobéit à Dieu et ne voulut pas reconnaître ses torts, « humilions-nous devant Dieu » (Ép.) et disons-lui : « Ô mon Dieu, voyez ma misère et prenez-moi en pitié ; j’ai confiance en vous, faites que je ne sois pas confondu (Intr.) ; et puisque sans vous, rien n’est solide, rien n’est saint, faites que nous usions de telle façon des biens temporels que nous ne perdions pas les biens éternels (Or.), donnez-nous donc, au milieu des tentations, une stabilité inébranlable » (Ép.).

A LA MESSE. L’âme fidèle a vu se clore dans la sainte Liturgie la succession des mystères du Sauveur. L’Esprit-Saint est descendu pour la soutenir dans cette autre partie de la carrière, où ne se déroulera plus devant elle que la féconde simplicité de la vie chrétienne. Il l’instruit et la forme sur les données du Maître divin remonté dans les deux. Et d’abord il lui montre à prier. Car la prière, disait le Seigneur, doit être de tous les jours et de tous les instants; et cependant, nous ne savons ni ce qu’il faut demander, ni comment il convient de le faire. Mais Celui-là le sait, qui aide notre faiblesse, et demande en nous et pour nous par des gémissements inénarrables. La prière donc, appuyée sur l’humble repentir des fautes passées et la confiance dans les miséricordes infinies, respire dans l’Introït et toute cette Messe du IIIe Dimanche après la Pentecôte, le premier qui se présente à nous en dehors des fêtes et dans toute la simplicité de l’Office du Temps.

ÉPÎTRE. Les misères de cette vie sont l’épreuve que Dieu fait subir à ses soldats, pour les juger et les classer dans l’autre selon leur valeur. Aussi tous, en ce monde, ont leur part de souffrances. Le concours est ouvert, le combat engagé ; l’Arbitre des jeux regarde et compare : bientôt il prononcera sur les mérites divers des combattants, et les appellera du labeur de l’arène au repos du trône où il siège lui-même. Heureux alors ceux qui, reconnaissant la main de Dieu dans l’épreuve, se seront abaissés sous cette main puissante avec amour et confiance ! Contre ces âmes fortes dans la foi, le lion rugissant n’aura pu prévaloir. Sobres et vigilantes dans cette carrière de leur pèlerinage, sans se poser en victimes, sachant bien que tout souffre ici-bas, elles auront uni joyeusement leurs souffrances à celles du Christ, et elles tressailliront dans la manifestation éternelle de sa gloire qui sera aussi leur partage pour les siècles sans fin. Le Graduel continue d’exciter la confiance de l’âme fidèle. Qu’elle jette tout souci dans le sein du Seigneur : ne l’a-t-il pas toujours exaucée dans ses besoins pressants ? Il la vengera, au jour marqué, de tous ses ennemis.

ÉVANGILE. Cette parabole de la brebis rapportée au bercail sur les épaules du Pasteur était chère aux premiers chrétiens ; on la rencontre partout dans les monuments figures des premiers siècles. En même temps qu’elle continue d’affermir notre confiance dans la miséricorde infinie, elle nous rappelle ineffablement le Seigneur Jésus qui naguère rentrait triomphalement dans les cieux, portant avec lui l’humanité perdue et reconquise. « Car quel est ce Pasteur de notre parabole, s’écrie saint Ambroise, sinon le Christ qui te porte en son corps et a pris sur lui tes péchés ? Cette brebis est une par le genre, non par le nombre. Riche Pasteur, dont nous tous formons la centième partie du troupeau ! Car il a les Anges, il a les Archanges, les Dominations, les Puissances, les Trônes, et le reste, innombrables troupeaux qu’il a laissés sur les montagnes, pour courir après la brebis perdue ».

L’Offertoire est un épanchement de reconnaissance et d’amour pour le Dieu qui habite en Sion : il n’abandonne point ceux qui le cherchent, il n’a point oublié la prière du pauvre. L’Antienne de la Communion rappelle, non sans mystère, le miséricordieux enseignement de l’Évangile du jour, au moment où la Sagesse éternelle rentre pleinement en possession de la drachme perdue, dans le banquet préparé par elle-même au prodigue repentant.

A Nomentum (auj. La Mentana), dans la Sabine, l’anniversaire des saints frères et martyrs Prime et Félicien, sous les empereurs Dioclétien et Maximien.

Sanctoral 

Saints Prime et Félicien, Martyrs

Prime et Félicien étaient frères. Pendant la persécution de Dioclétien et de Maximien, ils furent accusés de professer la religion chrétienne et jetés dans les fers ; mais un Ange brisa leurs liens et les rendit à la liberté. On ne tarda pas à les amener devant le préteur, et là ils persévérèrent énergiquement dans la foi chrétienne ; alors on les sépara l’un de l’autre. La constance de Félicien fut d’abord mise à l’épreuve de diverses façons. Mais les conseillers d’impiété désespérant d’obtenir quoi que ce soit par leurs paroles, clouèrent ses pieds et ses mains à un tronc d’arbre, et le laissèrent ainsi suspendu pendant trois jours sans boire ni manger. Le lendemain, le préteur fit mander Prime et lui dit : « Vois combien ton frère est plus sage que toi : il a obéi aux empereurs, et ils l’ont comblé d’honneurs. Si tu veux l’imiter, tu partageras les mêmes faveurs et les mêmes grâces. Prime répondit : « J’ai appris par un Ange ce qu’on a fait à mon frère. Plaise à Dieu que je lui sois uni dans le martyre comme je lui suis uni par la volonté ! » A ces paroles le préteur s’emporta et, sans compter les tourments qu’il fit subir à Prime, cette fois sous les yeux de Félicien, il ordonna encore de lui verser du plomb fondu dans la bouche.

Bientôt il les fit conduire tous deux à l’amphithéâtre, où deux lions furent lâchés sur eux ; mais ces animaux se couchèrent à leurs pieds et les caressèrent de la tête et de la queue. Sur plus de douze mille hommes venus à ce spectacle, cinq cents embrassèrent avec leurs familles la religion chrétienne. Le préteur troublé de ces faits, donna l’ordre de trancher la tête à Prime et à Félicien.

Les martyrs reposèrent d’abord à Mentana (Italie). Le pape Théodore 1er (+649) les transféra dans l’église Saint-Étienne sur le mont Cœlius (on peut y voir leurs images en mosaïque).

Le Lundi-Saint, dans une extase, Anna-Maria apprit qu’elle mourrait le Vendredi-Saint.

Bienheureuse Anna-Maria Taïgi, Épouse et mère, Tertiaire trinitaire (1769-1837)

Née à Sienne, Anna-Maria Gianetti suivit son père à Rome où des revers de fortune l’avait contraint d’aller se fixer. La petite passa à peine deux ans à l’école où elle n’apprit qu’à lire. Ses parents faisaient retomber leur amertume sur leur fillette, mais l’angélique pauvrette redoublait de douceur envers eux. Anna-Maria entra très tôt en service afin d’aider ses parents. Elle grandissait, pieuse, travailleuse et coquette, prenant plaisir à se parer. Domenico, qui travaillait au jour le jour au palais Chigi, homme honnête, rude et prompt à la colère, offrit de l’épouser; Anna-Maria accepta sa proposition de mariage. Dans les premiers temps de son ménage, elle conserva ses habitudes mondaines, aimant à fréquenter le théâtre des marionnettes et à porter des colliers de verroterie. Après trois ans de cette vie ainsi partagée entre l’amour de Dieu et l’amour du monde, Anna-Maria se confessa au Père Angelo de l’Ordre des Servites, se convertit totalement et, avec l’assentiment de son mari, elle se fit recevoir dans le Tiers-Ordre des Trinitaires.

Domenico ne demandait qu’une chose: que la maison soit bien tenue et paisible! Or, les parents d’Anna-Maria vinrent partager la vie du jeune foyer. Depuis leur arrivée, les scènes de criailleries qu’elle apaise de son mieux se répètent tous les jours, car sa mère acariâtre cherche sans cesse querelle à son gendre qui s’emporte facilement. Atténuant les heurts le mieux possible, elle s’empresse auprès de son époux trop vif qui jette le dîner par terre avec la table quand un plat lui déplaît. Après la mort de sa mère, son père vit aux dépens de sa fille et multiplie disputes sur disputes. Lorsque la lèpre l’atteint, la bienheureuse Anna-Maria le soigne tendrement et l’aide à mourir chrétiennement. Pour leurs sept enfants, la maison risquait de devenir un enfer, mais la bienheureuse demeurait si surnaturellement douce, que Domenico affirmera que c’était un vrai paradis chez lui, et que l’ordre et la propreté régnaient partout dans son pauvre gîte. Anna-Maria se levait de grand matin pour se rendre à l’église, et communiait tous les jours. Lorsqu’un membre de la famille était malade, pour ne donner à personne l’occasion de se plaindre et de murmurer, elle se privait de la messe et de la communion. Pour suppléer à cette privation involontaire, elle se recueillait pendant les moments libres de la journée.

La bienheureuse Anna-Maria Taïgi tenait ses enfants toujours occupés. Après le souper, la famille récitait le rosaire et lisait une courte vie du Saint du jour, puis les enfants se mettaient au lit après avoir reçu la bénédiction. Le dimanche, ils visitaient les malades à l’hôpital. Sa tendresse maternelle ne l’empêchait pas d’appliquer fermement les sanctions méritées, telles la verge ou le jeûne. Ses enfants profitèrent avantageusement de cette éducation si équilibrée et devinrent vite l’honneur de leur vertueuse mère et le modèle de leurs camarades. Sa délicatesse envers les humbles était exquise. Elle nourrissait sa servante mieux qu’elle-même; à une qui cassait la vaisselle par maladresse, elle disait gentiment: «Il faut bien faire gagner la vie aux fabricants de faïence.» Lors de sa réception comme membre du Tiers-Ordre de la Sainte Trinité, la bienheureuse s’était offerte comme victime expiatrice pour les péchés du monde. En retour de cette généreuse offrande, Dieu lui accorda la vision permanente d’un globe ou soleil lumineux dans lequel elle lisait les besoins des âmes, l’état des pécheurs et les périls de l’Église. Ce phénomène extraordinaire dura quarante-sept-ans. Surprise au milieu de ses occupations domestiques par les ravissements et les extases, Anna-Maria s’efforçait vainement de s’y soustraire. Grâce à elle, les malades avertis de leur fin prochaine mouraient saintement. Comme le sort des défunts lui était révélé, sa compassion pour eux lui inspirait de multiplier ses pénitences afin de libérer au plus tôt ces pauvres âmes qui venaient la remercier de leur délivrance.

Bien que la bienheureuse Anna-Maria Taïgi souhaitait ardemment rester ignorée de tous, une foule de visiteurs composée de pauvres, de princes, de prêtres, d’évêques, du pape même, accourait pour demander conseil à sa sagesse inspirée. Simple et humble, elle répondait tout bonnement en se dérobant aux louanges, refusant toujours le plus petit cadeau.  Or, celle qui répandait ainsi la sérénité et la lumière autour d’elle, fut privée de consolation spirituelle pendant vingt ans, et éprouvait le sentiment très net d’être reléguée en enfer. Pendant sept mois, les angoisses et les ténèbres de son âme s’étant accrues, Anna-Maria Taïgi expérimenta une véritable agonie, n’en continuant pas moins à diriger sa maison comme si de rien n’était. Malgré ses doigts devenus si douloureux, elle cousait beaucoup afin d’assurer le pain quotidien de la maisonnée. La femme du gouverneur de Savoie qui avait obtenu tant de grâces par les prières de la servante de Dieu, voulut lui donner une forte somme d’argent, mais la bienheureuse la refusa catégoriquement. Le Lundi-Saint, dans une extase, Anna-Maria apprit qu’elle mourrait le Vendredi-Saint. Après avoir béni tous les siens, et les avoir remercié, elle rendit l’âme dans un cri de bonheur et de délivrance. Il semble que Dieu ait voulu montrer dans la personne de cette admirable bienheureuse, la possibilité d’allier des vertus éminentes et des dons surnaturels exceptionnels à la fidélité aux devoirs les plus humbles et les plus matériels de la vie commune. Le pape Benoît XV béatifia Anna-Maria Taïgi, le 30 mai 1920.

Martyrologe

A Nomentum (auj. La Mentana), dans la Sabine, l’anniversaire des saints frères et martyrs Prime et Félicien, sous les empereurs Dioclétien et Maximien. Ces glorieux martyrs, après avoir vécu fort longtemps dans le service du Seigneur, après avoir souffert les supplices les plus cruels, tantôt ensemble, tantôt séparément, furent tous deux mis à mort par le glaive sous Promote, préfet de Nomentum, et arrivèrent ainsi à l’heureux terme de leur combat. Les corps de ces deux martyrs transférés ensuite à Rome, ont été placés avec honneur dans l’église de saint Etienne premier martyr, sur le mont Cœlius.

A Agen, en Gaule, la passion de saint Vincent, diacre et martyr, qui, pour la foi du Christ, fut cruellement frappé de verges et décapité.

A Antioche, sainte Pélagie, vierge et martyre, à qui saint Ambroise et saint Jean Chrysostome décernent de grandes louanges.

A Syracuse, en Sicile, saint Maximien évêque, dont le pape saint Grégoire fait souvent mention.

A Andria, dans la Pouille, saint Richard, premier évêque de cette ville, illustre par ses miracles.

A Jona, île d’Ecosse, saint Colomba, prêtre et abbé.

A Edesse, en Syrie, le moine saint Julien, dont le diacre saint Ephrem a décrit les belles actions.

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