XIX° Dimanche après la Pentecôte – « Nous sommes des invités dans la salle de festin de l’Église »
L’auguste chef du peuple de Dieu est le salut des siens dans tous leurs maux. Ne l’a-t-il pas montré, Dimanche dernier, d’une façon éclatante, en restaurant à la fois le corps et l’âme du pauvre paralytique qui nous figurait tous ? Écoutons sa voix, dans l’Introït, avec reconnaissance et amour ; promettons-lui la fidélité qu’il demande : sa loi, observée, nous gardera de la rechute. L’Antienne qui suit est inspirée de divers passages de l’Ecriture, sans se trouver dans aucun. Le Verset est tiré du psaume LXXVII. Pour bien comprendre la pensée qui domine les Collectes et plusieurs autres parties des Messes du Temps après la Pentecôte, il est bon, comme on le sait, de ne point perdre de vue l’Évangile du Dimanche précédent. C’est ainsi que l’Église s’inspire encore ci-après de l’épisode du paralytique que le Fils de l’homme, il y a huit jours, guérit doublement sous nos yeux en figure d’un plus grand mystère. Dégagé dans le corps et dans l’âme par la parole toute-puissante du Sauveur, le genre humain peut maintenant d’un cœur libre et dispos vaquer à Dieu. Obtenons du Très-Haut, en nous unissant à l’Église dans la Collecte, que jamais le fatal engourdissement qui nous fut si contraire ne ressaisisse nos facultés. ÉPÎTRE. La lecture de l’Épître aux Éphésiens, suspendue Dimanche en la manière que nous avons rapportée, est reprise aujourd’hui par la sainte Église. L’Apôtre a posé précédemment les principes dogmatiques de la vraie sainteté ; il déduit maintenant les conséquences morales de ces principes. Rappelons-nous que la sainteté en Dieu est sa vérité même, la vérité vivante et harmonieuse, qui n’est autre que le concert admirable des trois divines personnes unies dans l’amour. Nous avons vu que la sainteté pour les hommes est aussi l’union à l’éternelle et vivante vérité par l’amour infini. Le Verbe a pris un corps pour manifester dans la chair cette vérité parfaite, dont il est l’expression substantielle ; son humanité, sanctifiée directement par la plénitude de la vie divine qui réside en lui, est devenue le modèle, et aussi le moyen, la voie unique de la sainteté pour toute créature. Indépendamment du péché, les conditions de la nature finie retenaient l’homme bien loin de la vie divine ; mais il trouve en Jésus-Christ, tels qu’ils sont en Dieu, les deux éléments de cette vie : la vérité et l’amour. En Jésus, comme complément de son incarnation, la Sagesse aspire à s’unir aussi tous les membres de cette humanité dont il est le chef ; par lui l’Esprit-Saint, dont il est le réservoir sacré, se déverse sur l’homme pour l’adapter à sa vocation sublime, et consommer dans l’amour infini qui est lui-même cette union de toute créature avec le Verbe divin. Ainsi nous est communiquée la vie de Dieu, dont l’existence se résume dans la contemplation et l’amour de son Verbe ; ainsi sommes-nous sanctifiés dans la vérité, en participant à la sainteté même dont Dieu est saint par nature. Mais si le Fils de l’homme, étant Dieu, participe pour sa race à la vie d’union dans la vérité, qui fait la sainteté de la Trinité souveraine, il ne communique cette vie, cette vérité, cette union déifiante, qu’à ceux des hommes qui sont devenus vraiment ses membres, qui reproduisent entre eux en lui, par l’opération de l’Esprit de vérité et d’amour, l’unité dont cet Esprit sanctificateur est en Dieu le lien tout-puissant. Que tous ils soient un, comme vous en moi et moi en vous, ô Père, disait l’Homme-Dieu ; qu’ils soient eux aussi UN en nous : je leur ai donné la gloire, c’est-à-dire la sainteté que vous m’avez donnée, pour qu’ils soient UN comme nous-mêmes nous sommes un, pour que, moi en eux et vous en moi, ils soient consommés et parfaits dans l’unité. Tel est, formulé par le Christ en personne, l’axiome simple et fécond, fondement du dogme et de la morale du christianisme. Jésus, dans cette prière sublime, expliquait ce qu’il venait de dire auparavant : Je me sanctifie pour eux, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la VÉRITÉ. Comprenons maintenant la morale de saint Paul en notre Épître, et ce qu’il entend par cette justice et cette sainteté de la vérité qui est celle du Christ, de l’ homme nouveau que doit revêtir quiconque aspire à la possession des richesses énumérées dans les précédents passages de sa lettre immortelle. Qu’on relise l’Épître du XVIIe Dimanche, et l’on y verra que toutes les règles de l’ascétisme chrétien comme de la vie mystique se résument, pour l’Apôtre, dans ces mots : Soyons soucieux de l’UNITÉ. C’est le principe qu’il donne aux commençants comme aux parfaits ; c’est le couronnement des plus sublimes vocations dans l’ordre de la grâce, comme le fondement et la raison de tous les commandements de Dieu : tellement que, si nous devons nous abstenir du mensonge et dire la vérité à ceux qui nous écoutent, le motif en est, d’après l’Apôtre, que nous sommes membres les uns des autres ! Il est une sainte colère, dont parlait le psalmiste, et qu’inspire en certaines occasions le zèle de la loi divine et de la charité ; mais le mouvement d’irritation soulevé dans l’âme doit, alors même, s’apaiser au plus tôt : le prolonger serait donner place au diable, et lui laisser beau jeu pour ébranler ou renverser en nous, par la rancune et la haine, l’édifice de la sainte unité. Avant notre conversion, le prochain n’avait pas moins que Dieu même à souffrir de nos fautes ; l’injustice nous coûtait peu, quand elle passait inaperçue ; l’égoïsme était notre loi, c’était la garantie du règne de Satan sur nos âmes. Maintenant que l’Esprit de sainteté a chassé l’indigne usurpateur, le meilleur signe de son empire reconquis est que non seulement les droits d’autrui sont désormais sacrés pour nous, mais que notre travail et toutes nos œuvres s’inspirent de la pensée des besoins du prochain à satisfaire. En un mot, poursuit et conclut l’Apôtre un peu plus loin, étant les imitateurs de Dieu comme ses fils très chers, nous marchons dans l’amour. Ce n’est point autrement que l’Église, d’après saint Basile, manifeste au monde la grandeur des biens conférés à cette terre par l’Incarnation. L’assemblée des chrétiens parfaits montre la nature humaine, auparavant rompue et divisée en mille fragments, rejointe maintenant sur elle-même et pour Dieu ; c’est le résumé de ce que le Sauveur a fait dans la chair. Le Christ a rendu la liberté de leurs mouvements à nos mains paralysées pour le bien surnaturel ; élevons-les spirituellement dans la prière, glorifiant Dieu par cet hommage qu’il agrée comme un sacrifice de suave odeur. C’est l’enseignement que la sainte Église nous donne par son exemple, au Graduel. ÉVANGILE. L’Évangile qu’on vient d’entendre a fait donner plus spécialement le nom de Dimanche des conviés aux noces au dix-neuvième Dimanche après la Pentecôte. Dès le commencement néanmoins de la série dominicale qui prend son point de départ à la descente de l’Esprit-Saint, l’Église proposait à ses fils l’enseignement évangélique qu’elle offre aujourd’hui derechef à leurs méditations ; au deuxième Dimanche après la Pentecôte, elle empruntait à saint Luc l’exposé de la parabole du grand repas aux nombreux invités, que saint Matthieu, précisant davantage, appelle maintenant le festin des noces. Placée ainsi au début et vers la fin de la saison liturgique à laquelle préside l’Esprit sanctificateur, cette parabole éclaire toute la partie de l’année qu’elle domine en cette manière, et révèle de nouveau le vrai but qu’y poursuit l’Église. Mais combien la lumière n’a-t-elle pas grandi, depuis le jour où nous furent présentées pour la première fois ces allégories mystérieuses ! Ce certain homme, homo quidam, qui fit un grand souper et y appela beaucoup de gens, est devenu le roi qui fait les noces de son fils et nous donne en ces noces l’image du royaume des cieux. L’histoire du monde, elle aussi, s’est depuis lors développée sous nos yeux, comme l’ont fait, en passant d’un évangéliste à l’autre, les termes eux-mêmes de l’allégorie. Les anciens et premiers conviés, qui d’abord se bornaient à décliner l’invitation du père de famille, ont crû en audace ; s’emparant des porteurs du message que leur adressait l’amour, ils les ont couverts d’insultes et mis à mort. Nous avons assisté à la vengeance de cet homme qui était Dieu même, du père d’Israël devenu le roi des nations ; nous avons vu ses armées perdre les homicides et briller leur ville. Et voilà qu’enfin, malgré le refus des invités de Juda et leur opposition perfide à la célébration des noces du Fils de Dieu, les noces sont prêtes et la salle est remplie. Le roi céleste a laissé aux serviteurs de son amour le soin d’appeler de toute race les nouveaux conviés ; mais maintenant que les envoyés, selon ses ordres, ont parcouru la terre entière, rassemblé les nations pour ce jour de la joie de son cœur, il va descendre en personne, pour s’assurer lui-même que rien ne manque aux apprêts de la fête et donner le signal du festin éternel des noces sacrées. Or, pour une telle fête, en un tel lieu, rien ne saurait manquer que de la part des conviés ; que ceux-ci veillent donc à ne pas attirer sur eux, dans cet universel et suprême examen, la défaveur du très-haut prince qui les appelle à son alliance. S’il a daigné les convoquer, malgré leur pauvreté sordide, des places publiques et de tous les carrefours, il leur a laissé tout le temps de déposer les haillons du passé ; sachant bien qu’ils ne pouvaient se pourvoir eux-mêmes, il a mis à leur disposition, pour le banquet nuptial, les plus riches vêtements de sa grâce et des vertus. Malheur donc à quiconque serait trouvé, au dernier jour, sans la robe nuptiale de la charité ! sa faute n’aurait point d’excuse, et le roi la punirait justement par l’exclusion de la salle du festin, comme une insulte à son fils. Tout ce qui précède, dans les Dimanches qui viennent de s’écouler, nous a montré l’Église soucieuse uniquement de préparer l’humanité à ces noces merveilleuses, dont la célébration est le seul but qu’ait poursuivi le Verbe divin en venant sur la terre. Dans son exil qui se prolonge, l’Épouse du Fils de Dieu nous est apparue comme le vivant modèle de ses fils ; mais elle n’a point cessé non plus de les disposer par ses instructions à l’intelligence du grand mystère de l’union divine. Il y a trois semaines, abordant plus directement qu’elle ne l’avait fait jusque-là le sujet de son unique préoccupation de Mère et d’Épouse, elle leur rappelait l’appel ineffable. Huit jours plus tard, par ses soins, l’Époux des noces auxquelles on les conviait se révélait à eux dans cet Homme-Dieu devenu l’objet du double précepte de l’amour qui résume toute la loi. Aujourd’hui, l’enseignement est complet. Elle le précise dans l’Office de la nuit, où saint Grégoire nous donne toute sa pensée ; avec la double autorité d’un grand Docteur et d’un grand Pape, au nom même de l’Église, il explique ainsi l’Évangile : « Le royaume des cieux est l’assemblée des justes. Le Seigneur dit en effet par un prophète : Le ciel est mon trône ; et Salomon dit d’autre part : L’âme du juste est le trône de la Sagesse, pendant que Paul appelle le Christ : Sagesse de Dieu. Si donc le ciel est le trône de Dieu, nous devons conclure évidemment que, la Sagesse étant Dieu et l’âme du juste le trône de la Sagesse, cette âme est un ciel… Le royaume des cieux est donc bien l’assemblée des justes… Si ce royaume est déclaré semblable à un roi qui fait les noces de son fils, votre charité comprend aussitôt quel est ce roi, père d’un fils roi comme lui-même, à savoir celui dont il est dit dans le psaume : O Dieu, confiez au Roi vos jugements, et votre justice au Fils du Roi ! Dieu le Père a fait les noces de Dieu son Fils, quand il l’a uni à la nature humaine, quand il a voulu que celui qui était Dieu avant les siècles devînt homme sur la fin des siècles. Mais nous devons éviter le danger de laisser à entendre qu’il puisse exister dualité de personnes en notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ… A cause de cela, il peut être à la fois plus clair et plus sûr de dire que le Père a fait les noces du Roi son Fils, en lui unissant par le mystère de l’incarnation la sainte Église. Le sein de la Vierge mère a été la chambre nuptiale de cet Époux, dont le Psalmiste dit : Il a placé sa tente dans le soleil, il est l’Époux qui s’avance de sa chambre nuptiale. » Malgré sa qualité d’Épouse chérie du Fils de Dieu, l’Église n’en est pas moins sujette ici-bas aux tribulations. Les ennemis de l’Époux, ne pouvant plus atteindre directement le Seigneur, portent sur elle leur rage. Le Seigneur voit dans ces épreuves, supportées par l’Église avec amour, un nouveau trait de cette conformité qu’elle doit avoir avec lui en toutes choses ; il la laisse donc souffrir en ce monde, se contentant de la soutenir toujours et de la sauver, comme ledit l’Offertoire, au milieu des maux qui vont croissant autour d’elle. L’auguste Sacrifice qui se prépare obtient toujours son effet infini, en ce qui regarde la glorification de la Majesté souveraine ; mais sa vertu s’applique à l’homme dans une mesure plus ou moins grande, dépendant à la fois des dispositions de la créature et de la miséricorde suprême. Implorons donc, dans la Secrète, le Dieu tout-puissant, pour qu’il daigne nous faire éprouver abondamment l’effet des Mystères divins qui vont s’accomplir. L’Homme-Dieu, par son contact divin au saint banquet, a rendu spirituellement la vigueur à nos membres ; souvenons-nous qu’il nous faut les consacrer désormais à son service, et que nos pieds raffermis doivent s’exercer à courir dans la voie des divins commandements. La Postcommunion semble être encore un souvenir de l’Évangile du paralytique, qui se lisait autrefois en ce Dimanche. On y implore l’assistance du céleste médecin qui dégage l’homme du mal où il gémit impuissant, et lui donne la force nécessaire pour accomplir la loi de Dieu vaillamment et toujours.
Sanctoral
Sainte Brigitte de Suède, Veuve
Sainte Brigitte naquit en Suède, de famille royale. Sa mère avait été sauvée d’un naufrage en considération de l’enfant qu’elle portait dans son sein. Bien qu’à sa naissance un saint personnage eût reçu de la Sainte Vierge l’assurance que cette enfant ferait entendre sa voix dans tout l’univers, Brigitte fut muette, jusqu’à l’âge de trois ans; mais, ce temps écoulé, elle parla tout à coup aussi bien qu’une grande personne. A l’âge de dix ans, elle fut singulièrement touchée d’un sermon sur la Passion du Sauveur. La nuit suivante, elle vit le divin Crucifié tout couvert de plaies et de sang, et L’entendit dire: « Regarde, Ma fille, comme J’ai été traité. – Et qui Vous a traité si cruellement? dit-elle. – Ce sont ceux qui Me méprisent et sont insensibles à Mon amour pour eux. » À partir de cette époque, la seule pensée des mystères de la Passion faisait couler ses larmes. Une nuit qu’elle était en prière, sa tante, chargée de son éducation après la mort de sa mère, la surprit et voulut la frapper; mais la verge se rompit entre ses mains. Brigitte, tout enfant, était souvent assaillie par le démon qui prévoyait en elle une grande ennemie; mais elle trouvait un secours assuré en courant dans sa chambre se jeter aux pieds du crucifix qui lui avait parlé. Malgré son goût pour la virginité, Brigitte accepta le mariage par obéissance; elle et le prince, son mari, se préparèrent par un an de prières et de bonnes oeuvres aux obligations de leur état. Dieu donna à ces pieux époux huit enfants. Brigitte fut le modèle des mères par sa sollicitude envers sa famille; elle éloignait de sa maison tout ce qui n’y aurait pas apporté l’édification et la vertu: « Après la lecture de la Bible, répétait-elle à ses enfants, n’ayez rien de plus cher que la Vie des Saints. » A la mort de son mari, elle s’adonna aux saintes oeuvres avec plus de liberté que jamais, apprenant à ses enfants à laver les pieds des pauvres, à soigner les plaies des malades, à soulager toutes les misères. Mais la grande mission de sa vie, Brigitte l’accomplit pendant ses dernières années, qu’elle passa dans la pénitence et la contemplation de Jésus Crucifié. Ses révélations étonnantes ont fait d’elle la merveille de son siècle. C’est à Rome, où elle aimait à séjourner près des tombeaux des Saints, que le Sauveur lui fit connaître l’heure de sa mort prochaine; elle rendit le dernier soupir en prononçant avec amour les dernières paroles de Jésus expirant: « Mon Père, je remets mon âme entre Vos mains. » On transporta son corps au monastère de Wastein. Illustrée par des miracles, elle a été mise au nombre des Saints par Boniface IX.
Saints Serge, Bacchus, Marcel et Apulée, Martyrs
Saints Marcel et Apulée, fête à Rome depuis le XIIIème siècle. En Syrie : Serge et Bacchus, le pèlerinage à saint Serge était un des plus importants d’Orient avant les destructions islamiques. Culte en Gaule dès l’époque de Grégoire de Tours ; à Rome plusieurs édifices religieux furent consacrés à saint Serge au haut Moyen-Âge.
Notre Dame de Belle Dilection – Fête des capucins de Mons en Wallonie
C’est en invoquant Notre-Dame de Belle Dilection, qu’une jeune Clarisse de Mons (Wallonie, en Belgique) fut guérie en 1649 d’un mal réputé incurable. Ce tableau de la Vierge, vénéré aujourd’hui dans la chapelle des capucins, est le signe que Marie protège et exauce tous ceux qui l’invoquent avec confiance et répondent à l’amour du Christ. Le 13 février 1648, Soeur Claire-Françoise (Louise de Lorraine, princesse de Ligne) et ses compagnes quittent l’hôtel des Princes de Ligne de Mons pour prendre possession du couvent, actuellement occupé par les pères Capucins. Quelques temps après, se présente une postulante – qui est acceptée et dont le nom ne fut pas transmis – qui apporte dans ses bagages, une peinture exécutée par un de ses cousins de Malines. Cette toile grossière reproduit une Madone de Rubens : La Vierge portant son divin Enfant dans les bras et le serrant sur son coeur. Mais, ce travail d’amateur est relégué dans quelque débarras. Cependant, une des consoeurs l’en extirpe et, par respect pour la Mère de Dieu, l’encadre avec un vieux châssis de fenêtre puis le place dans la chambre de la Supérieure. Une jeune novice, soeur Claire de Mons, fille de Monsieur le greffier Pottier, étant au service de la Supérieure déclare un jour hautement « que jamais elle ne pourrait avoir de dévotion pour une image aussi laide ». Elle se reproche aussitôt sa réflexion, ayant senti intérieurement que la qualité d’une image ne doit en rien influencer l’honneur et la révérence dus à celle qu’elle représente : elle nourrit dès lors une profonde dévotion envers celle à qui elle donne elle-même le vocable de « Notre Dame de Belle Dilection » et s’en fait la propagandiste auprès de ses consoeurs, sans se laisser arrêter par les quolibets. Elle en est récompensée. Premier miracle. En juillet 1649, une blessure au pied droit fallait d’elle une estropiée avec une jambe atrophiée, difforme et tordue d’avant en arrière. Les traitements apportés n’apportent aucune amélioration à cet état. On envisage une intervention chirurgicale. Contre l’avis de son entourage et de sa famille, craignant de ne pas être acceptée dans la vie religieuse qu’elle désire ardemment, elle demande elle-même que l’on effectue cette intervention. Le docteur Larose la pratique avec deux autres médecins et, en disloquant gros orteil, cheville, genou et hanche, il parvient à replacer la jambe dans sa position normale, mais non à la guérir. Soeur Claire est d’ailleurs proche d’en mourir. Un peu plus tard alors qu’on la transporte à la chapelle la civière improvisée se brise et la lourde chute aggrave l’état de l’infirme au point qu’il est décidé de la renvoyer dans sa famille. En vue de ce transfert, les médecins confectionnent une botte de cuivre bardée de lames de fer pour emprisonner et soutenir la jambe malade. La communauté et la famille étant réunie à la chapelle pour la messe, soeur Claire confie à Notre-Dame de Belle Dilection toute sa souffrance de devoir quitter à tout jamais la vie religieuse, et promet de célébrer trois octaves en son honneur : en récitant chaque jour trois « Salve Regina ». Elle commence d’ailleurs sur-le-champ. C’est aux mots « Ô notre avocate, tournez vers nous vos regarde miséricordieux » que le miracle se produit. La sensation d’une boule de feu descendant de la hanche à l’extrémité du pied intrigue soeur Claire. Toute douleur disparue elle se lève en déclarant à ses infirmières médusées qu’elle est guérie, se prosterne devant l’image de la vierge et d’une marche rendue maladroite par le harnachement qui emprisonne sa jambe, elle se rend au chœur, assiste à la messe et communie. Après la messe, on s’empressa autour d’elle, on la débarrasse de sa botte et les médecins, y compris le chirurgien qui était calviniste, constatent la guérison miraculeuse, surnaturelle et due à la puissance de la Vierge. C’était le 1er octobre 1649. A la demande du père de la novice, un official de l’archevêché de Cambrai, monsieur Capron, est désigné sur place pour enquêter au sujet de ces événements, et le 1er juin 1650, les vicaires généraux de Cambrai déclarent, dans un acte officiel, que la guérison de soeur Claire doit être attribuée à la glorieuse Vierge Marie, Notre-Dame de Belle Dilection. Cet acte est conservé aux archives du couvent de Mons. Pour satisfaire l’enthousiasme et la dévotion populaire causés par le miracle dont fut gratifiée soeur Claire, il est décidé, avec l’accord de l’archevêché de Cambrai, de transférer le tableau miraculeux en l’église du couvent des Capucines et de le placer sur un autel spécialement décoré. Le 24 juin 1650, toute la ville de Mons, édiles en tête, participe à ce transfert. Deux nouvelles guérisons marquent cette journée mémorable : – un montois, Charles du Fosset, atteint de fièvre aigüe depuis deux mois, est à toute extrémité lorsque sa femme, Anne Dasonville, lui suggère : « Charles, invoquez Notre-Dame que l’on porte aux Capucines. Voici qu’elle passe » Le malade reprend alors connaissance et, avant la fin du jour, est complètement guéri ; – entourée de soeur Claire-Françoise de Nancv et de soeur Claire de Mons, sœur Ursule d’Hesdin, Supérieure assiste d’une fenêtre du couvent au triomphe de Marie. Or, elle souffre depuis une dizaine d’années d’une « rupture » qui lui cause de continuelles douleurs. Elle prie et demande à ses compagnes de prier pour que Notre-Dame veuille lui accorder la guérison en signe de bienvenue en l’église du couvent : elle est exaucée au moment même où l’image en franchit le seuil. Les Pères capucins de Mons conservent les actes authentiques de ces guérisons. De curieux changements : Peinture imparfaite, le tableau va, dès le premier miracle, subir des changements extraordinaires. « Aussitôt, écrit soeur Claire de Mons, que cette Vierge eut fait son miracle, toutes les religieuses s’aperçurent de son embellissement et ne pouvaient comprendre un changement si grand et si notable. Elles se regardaient l’une l’autre pour voir si elles ne se trompaient pas ou si l’imagination ne leur faisait pas voir cette nouvelle beauté que cette image n’avait jamais possédée, au contraire, ayant été très laide et plus grossière que l’on pût jamais voir de peinture ». A l’Official de l’archevêché, Monsieur Capron qui s’étonne lui aussi du changement, la Supérieure doit affirmer sous la foi du serment, que personne n’y a touché. Autres changements étonnants : le visage de la Vierge change de teinte en certaines circonstances. Pâle, livide, il annonce quelque événement fâcheux ; rouge et vermeil, il promet une grâce. Ces faits sont spécialement observés par un magistrat de la ville au cours d’une octave pour la guérison de son enfant. Il en est de même pendant la maladie de madame la princesse de Ligne, petite-fille de soeur Claire-Françoise de Nancy.
Sainte Pélagie d’Antioche, Vierge
Pélagie, la première des femmes de la ville d’Antioche, regorgeait de biens et de richesses. Douée d’une beauté extraordinaire, fière et vaine dans sa manière d’être, elle salissait son esprit et son corps dans l’impudicité. Quand il lui arrivait de passer par la ville, c’était avec une ostentation telle qu’on ne voyait sur elle qu’or, argent et pierres précieuses; partout où elle allait elle embaumait l’air de l’odeur de toutes sortes de parfums. Elle était précédée et suivie d’une foule immense de jeunes filles et de jeunes garçons aussi revêtus d’habits somptueux. Un saint père appelé Nonnus, évêque d’Héliopolis, aujourd’hui Damiette, en la voyant, se mit à verser des larmes très amères de ce qu’elle avait plus de souci de plaire au monde qu’il n’en avait lui-même de plaire à Dieu. Se prosternant alors sur le pavé, il frappait la terre avec son visage et l’arrosait de ses larmes, en disant : « Grand Dieu ! pardonnez-moi, misérable pécheur que je suis, parce que cette femme de mauvaises mœurs a mis plus de temps à parer son corps pour un seul jour que je n’en ai mis dans toute ma vie pour me sauver. Ô Seigneur, que les ornements d’une pécheresse ne soient pas pour moi un sujet de confusion quand je paraîtrai en présence de votre redoutable majesté. Elle est ornée avec les soins les plus exquis pour la terre, et moi qui me suis proposé de vous servir comme mon immortel Seigneur, j’ai été assez négligent pour ne pas accomplir ma, promesse. » Puis il dit à ceux qui se trouvaient là avec lui : « En vérité je vous dis que Dieu la produira contre nous au jour du jugement, parce qu’elle se farde avec soin pour plaire à des amants sur la terre, tandis que nous négligeons de plaire au céleste époux. » Pendant qu’il disait ces choses et d’autres à peu près semblables, tout à coup il s’endormit, et il vit en songe une colombe noire et puante à l’excès voltiger autour de lui pendant qu’il disait la messe. Quand il eut dit aux catéchumènes de se retirer, la colombe disparut et revint après la messe. Alors l’évêque la plongea dans un vase rempli d’eau et elle en sortit nette et blanche : elle s’envola ensuite si haut, qu’il devint impossible de la voir. Enfin l’évêque s’éveilla. Or, une fois qu’il prêchait à l’église, Pélagie était présente. Elle fut si touchée de ses paroles qu’elle lui écrivit une lettre en ces termes : « Au saint évêque, disciple de Jésus-Christ, Pélagie, disciple du diable. Si vous voulez donner une preuve que vous êtes bien le disciple de Jésus-Christ qui, d’après ce que j’ai entendu, est descendu du ciel pour les pécheurs, daignez me recevoir toute pécheresse que je suis, mais repentante. » L’évêque lui répondit : « Je vous prie de ne pas mettre mon humilité à l’épreuve, parce que je suis un homme pécheur. Si vous désirez être sauvée, vous ne pourrez pas me voir en particulier, mais vous me verrez avec les autres évêques. » Lorsqu’elle fut arrivée auprès de Nonnus placé avec ses collègues, elle se jeta à ses pieds qu’elle tenait de ses mains, et elle dit en versant des larmes très amères : « Je suis Pélagie, une mer d’iniquités, agitée par des flots de péchés. Je suis un abîme de perdition, je suis le gouffre et le piège des âmes ; combien se sont laissé duper par moi ! mais j’ai maintenant tous ces crimes en horreur. » Alors l’évêque l’interrogea : « Quel nom avez-vous lui dit-il ? » Elle répondit : « Dès ma naissance, je m’appelle Pélagie, mais à cause du luxe de mes vêtements, on m’appelle Marguerite. » L’évêque, l’accueillant donc avec bonté, lui enjoignit une pénitence salutaire ; il l’instruisit avec soin de la crainte de Dieu, et la régénéra par le saint baptême. Or, le diable était là qui criait : « Oh quelle violence j’endure de ce vieux décrépit ! O violence ! ô vieillesse méchante ! Maudit soit le jour où tu es né pour être mon ennemi, et dans lequel tu m’as ravi ma plus chère espérance ! » Une nuit encore, pendant que Pélagie dormait, le diable vint la réveiller et lui dire : « Dame Marguerite, quel mal t’ai-je jamais fait? Ne t’ai-je pas ornée de toutes sortes de richesses et de gloire ? Je t’en prie, dis-moi, en quoi je t’ai contristée, à l’instant je réparerai le tort que je t’ai fait. Seulement, je t’en conjure, ne m’abandonne pas, afin que je ne devienne pas le sujet du mépris des chrétiens. » Mais Pélagie se signa et souffla sur le diable qui disparut aussitôt. Le troisième jour après son baptême, elle disposa tout ce qui lui appartenait et le donna aux pauvres. Peu de jours après, à l’insu de tout le monde, Pélagie s’enfuit pendant la nuit et vint au mont des Oliviers où, prenant l’habit d’ermite, elle habita une petite cellule dans laquelle elle servit Dieu en pratiquant une rigoureuse abstinence. Elle jouissait d’une réputation extraordinaire, et on l’appelait frère Pélage. Dans la suite, un diacre de l’évêque dont nous avons parlé vint à Jérusalem pour visiter les lieux saints. Or, l’évêque lui avait dit qu’après avoir accompli ses dévotions, il s’informât d’un moine nommé Pelage et qu’il l’allât voir, parce que c’était un vrai serviteur de Dieu. Il le fit, mais bien que Pélagie le reconnût aussitôt, il ne la reconnut cependant point à cause de sa maigreur extrême. Pélagie lui dit : « Avez-vous un évêque ? » « Oui, seigneur, répondit-il. » « Qu’il prie pour moi le Seigneur, reprit Pélagie, car c’est un véritable apôtre de Jésus-Christ ». Le diacre s’en alla et revint à la cellule de Pélage trois jours après. Mais comme après avoir frappé à la porte personne ne lui avait ouvert, il enfonça la fenêtre, et il vit que Pélage était mort. Il courut annoncer cela à l’évêque qui vint avec le clergé et les moines pour rendre les derniers devoirs à un si saint homme. Mais quand on eut sorti le cadavre de la cellule, on s’aperçut que c’était une femme. Tous furent remplis d’admiration et rendirent grâces à Dieu ; ensuite ils ensevelirent le saint corps avec honneur. Or, elle trépassa le 8e jour d’octobre, vers l’an du Seigneur 290.
Martyrologe
Sainte Brigitte veuve. Son anniversaire est mentionné le 10 des calendes d’août (23 juillet), et la translation de son corps la veille de ce jour.
Les saints martyrs Serge, Bacchus, Marcel et Apulée, dont le jour natal est rapporté le jour précédent.
Le même jour, l’anniversaire du bienheureux vieillard Siméon. L’évangile rapporte qu’il reçut dans ses bras le Seigneur Jésus présenté au temple, et prophétisa à son sujet.
A Laodicée, en Phrygie, saint Artémon prêtre, qui, sous Dioclétien, reçut la couronne du martyre par le supplice du feu.
A Thessalonique, saint Démétrius proconsul. Pour avoir amené un grand nombre d’infidèles à la foi du Christ, il fut, par ordre de l’empereur Maximien, percé de lances et consomma, son martyre.
Dans la même ville, saint Nestor martyr.
A Séville, en Espagne, saint Pierre martyr.
A Césarée de Palestine, la passion de sainte Réparate, vierge et martyre. Comme elle refusait de sacrifier aux idoles, sous l’empereur Dèce, elle fut éprouvée par plusieurs sortes de tortures et frappée enfin du glaive. On vit son âme sortir de son corps et monter au ciel sous la forme d’une colombe.
Au territoire de Laon, l’anniversaire de sainte Benoîte, vierge et martyre.
A Ancône, les saintes Palaeiate et Laurence. Durant la persécution de Dioclétien, sous le préfet Dion, elles furent envoyées en exil, où elles moururent de fatigue et de misère.
A Rouen, saint Évode, évêque et confesseur.
A Jérusalem, sainte Pélagie, surnommée la Pénitente.
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