Dimanche de la Septuagésime – « Allez, vous aussi, à ma vigne, et je vous donnerai ce qui sera juste. »
Avec le Temps de la Septuagésime commence le Cycle qui a pour centre la solennité des solennités : la fête de Pâques. Le Cycle de Noël est essentiellement dépendant du Cycle Pascal, car si Dieu est descendu jusqu’à nous, c’est pour nous élever jusqu’à Lui. Au Cycle de l’Incarnation, où la liturgie nous montre un Dieu qui se revêt de notre humanité, correspond donc le Cycle de la Rédemption où elle nous montre Jésus qui « nous rend participants de sa divinité » . C’est là « la grande œuvre que le Père a donné à faire à son Fils » . Aussi, l’Église, qui nous a manifesté la Divinité du Christ pendant la première partie de l’année ecclésiastique, nous montre dans la deuxième ce que Jésus a fait pour nous la mériter et nous la communiquer. II y aura entre Lui et Satan une lutte violente qui ira s’accentuant durant les trois périodes successives appelées Temps de la Septuagésime, du Carême et de la Passion. Le Christ est Dieu, la victoire lui est donc assurée. Et nous entrons dans le Temps Pascal où le triomphe du Sauveur sur le démon, la chair et le monde s’affirme par sa résurrection, par son ascension et par la fondation de l’Église à laquelle il envoie l’Esprit-Saint. Et dans le Temps après la Pentecôte, Jésus continue à envoyer cet Esprit vivifiant qui permet à l’Église naissante de se développer au cours des siècles pour atteindre « la plénitude du Christ ». Aussi consacrait-on autrefois : 1) à l’initiation des catéchumènes et à la pénitence publique des chrétiens coupables, les semaines qui précèdent la fête de Pâques ; 2) à la réception des sacrements du baptême et de l’Eucharistie, le Triduum de la mort et de la Résurrection du Christ ; 3) et au développement de la vie spirituelle des néophytes et des âmes réconciliées avec Dieu, la Pentecôte et les dimanches qui la suivent. De nos jours, cette même période nous replonge dans l’esprit de notre baptême et nous fait mourir et ressusciter chaque année davantage avec Notre-Seigneur par la confession pascale. Le Temps de la Septuagésime commence toujours la 9e semaine avant Pâques et compte 3 Dimanches appelés Dimanches de la Septuagésime, de la Sexagésime et de la Quinquagésime. Ces désignations, empruntées au système de numérotation en usage, marquent la série de dizaines ou la décade dans laquelle tombe chacun de ces Dimanches. Si l’on divise les neuf semaines qui précèdent Pâques en séries de 10 jours ou dizaines, on constate, en effet, que le 1er de ces neuf Dimanches tombe dans la 7e dizaine, le 2e Dimanche dans la 6e dizaine, le 3e Dimanche dans la 5e dizaine, de là, leurs noms respectifs de Dimanche in Septuagesima, in Sexagesima et in Quinquagesima.
Sanctoral
Sainte Agathe, Vierge et Martyre
Sainte Agathe, la « Bonne », est la quatrième des quatre grandes vierges martyres de l’Église romaine (dont les fêtes tombent dans chacun des mois d’hiver : Cécile, en novembre, Lucie (la Brillante), en décembre, annonçant la lumière de Noël, Agnès (la Pure), en janvier, et Agathe (la Bonne), en février). Sainte Agathe souffrit le martyre sous l’empereur Dèce (254). Elle fut autrefois très honorée, son nom est au Canon de la messe. L’histoire de ses souffrances est empruntée aux antiques Actes des martyrs qui ont été utilisés dans les chants du bréviaire. Agathe était une jeune fille distinguée de Sicile. Le gouverneur Quintianus s’éprit pour elle d’un violent amour, mais il fut repoussé. Il la fit alors arrêter comme chrétienne et conduire devant son tribunal. Aux questions sur son origine elle répondit : « Je suis noble et issue d’une famille distinguée comme toute ma parenté en témoigne ». A la question du juge qui lui demandait pourquoi elle menait la vie d’esclave des chrétiens, elle répondit : « Je suis une servante du Christ et c’est pourquoi j’ai l’extérieur d’une esclave, mais la plus grande noblesse est d’être esclave du Christ. Le gouverneur la menaça des plus terribles supplices si elle refusait d’abandonner le Christ. La sainte lui répondit : « Si tu me menaces des bêtes féroces, sache qu’au nom du Christ elles s’apaiseront, si tu veux employer le feu, alors les anges feront tomber pour moi, du ciel, une rosée bien. Après avoir été torturée « Agathe s’en alla rayonnante de joie et la tête haute, dans sa prison, comme si elle avait été invitée à un festin, et elle recommanda son agonie au Seigneur dans la prière ». Le jour suivant, elle fut de nouveau amenée devant le juge et lui dit : « Si tu n’ordonnes pas que mon corps soit déchiré par les bourreaux, mon âme ne pourra pas entrer au Paradis avec les martyrs ». Elle fut étendue sur le chevalet, on la brûla avec un fer rouge et on lui arracha les seins. Dans cette torture, elle priait ainsi : « Par amour pour la chasteté, j’ai été suspendue sur le chevalet, assiste-moi, Seigneur mon Dieu, dans la torture de mes seins ». Agathe reprocha au gouverneur sa cruauté : « Impie, cruel et infâme tyran, tu n’as pas honte d’enlever à une femme ce avec quoi ta mère t’allaita ! ». De retour dans sa prison, elle pria ainsi : « Tu as vu, Seigneur, mon combat, comme j’ai combattu sur le champ de bataille, mais parce que je n’ai pas voulu obéir aux ordres des princes, j’ai été torturée dans mes seins ». Dans la nuit, lui apparut un vénérable vieillard, l’Apôtre Pierre, avec des remèdes. Agathe, dans sa délicate pudeur, ne voulut pas lui montrer les plaies de son corps. « Je suis l’Apôtre du Christ, n’aie pas de doute à mon sujet, ma fille » (I. Ant. Laud.). « Je n’ai jamais employé pour mon corps de médecine terrestre, mais je m’en rapporte à Notre Seigneur Jésus-Christ qui, par sa parole, renouvelle toutes choses ». Elle fut complètement guérie par saint Pierre : « Je te loue, Père de mon Seigneur Jésus-Christ, de ce que par ton Apôtre tu m’as restitué mes seins ». Une lumière éclaira le cachot toute la nuit, si bien que les gardiens, effrayés, s’enfuirent. Ses compagnons de captivité l’exhortaient à fuir, mais elle refusa : « Je veux, maintenant qu’un secours m’a été accordé par le Seigneur, persister dans la confession de Celui qui m’a guérie et m’a apporté de la consolation ». Quatre jours après, elle fut de nouveau amenée devant le juge. Celui-ci fut étonné de sa guérison. A la sommation d’adorer les idoles, elle répondit par une nouvelle profession de foi au Christ. Alors, le gouverneur la fit rouler sur des tessons et des charbons ardents. A ce moment, toute la ville fut ébranlée par un tremblement de terre. Deux murailles s’écroulèrent et ensevelirent sous leurs débris deux amis du gouverneur. Celui-ci, craignant un soulèvement populaire, fit ramener Agathe à demi-morte dans sa prison. Là, elle récita sa prière de mort : « La bienheureuse Agathe, debout dans sa prison, les bras étendus, priait le Seigneur : Seigneur Jésus-Christ, bon Maître, je te remercie de ce que tu m’as accordé la victoire sur les tortures du bourreau. Fais, Seigneur, que je parvienne heureusement à ta gloire immortelle. » Puis elle mourut. Un an après sa mort, la ville de Catane fut éprouvée par une éruption de l’Etna. Dans leur frayeur, les païens eux-mêmes se précipitèrent au tombeau de la sainte. On prit son voile et on le tint en face du torrent de flammes, et, immédiatement, le péril fut écarté. C’est ce fait que rappelle l’antienne du lever du soleil : « La multitude des païens se précipita au tombeau de la vierge, ils tinrent son voile contre le feu et ainsi le Seigneur confirma que, par les mérites de la sainte martyre Agathe, il les avait sauvés du feu. » Son tombeau est vénéré à Catane, en Sicile.
Les Saints Martyrs du Japon (1597)
Lorsque saint François-Xavier parut au Japon, cet empire était plongé tout entier dans le paganisme; quarante ans plus tard, on y comptait plus de deux cent mille chrétiens, généralement animés de toute la ferveur de l’Église primitive. Le démon, jaloux, ne tarda pas à soulever une persécution; elle fut terrible, mais ne servit qu’à faire éclater les merveilles de la foi. La liste des premiers martyrs du Japon en comprend vingt-six: six Franciscains, trois Jésuites, et dix-sept chrétiens, dont trois jeunes enfants de choeur. Leurs noms sont : Paul Miki – François Fahelente – Pierre Sukégiro – Come Tachégia – Michel Cozaki – Jacques Kisaï – Paul Ibarki – Jean de Goto – Louis – Antoine – Pierre-Baptiste – Martin de l’Ascension – Philippe de Jésus – François Blanco – François de Saint-Michel – Mathias – Léon Carasumaro – Bonaventure – Thomas Cosaki – Joachim Saccakibara – François de Méaco – Jean Kimoia – Gabriel de Dcisco – Paul Suzuki – Thomas Danki – Gonçalo Garcia. Les Actes des martyrs des trois premiers siècles ne sont pas plus admirables que le récit des souffrances de ces héros de la foi. Un des religieux, près de mourir, disait, en parlant de la magnanimité de ces chrétiens: « J’ai honte de moi-même, en voyant des hommes si récemment entrés dans le sein de l’Église montrer un tel courage en face de la mort. » Un autre, suspendu à une croix, n’osait se servir que des paroles du bon larron: « Seigneur, souvenez-Vous de moi! » Un pieux Jésuite, crucifié, fit une prédication touchante, du haut de sa glorieuse chaire, aux païens qui l’entouraient: « Arrivé au terme où vous me voyez, dit-il, je ne pense pas qu’aucun de vous me croie capable de trahir la vérité. Eh bien! Je vous le déclare, il n’y a pas d’autre moyen de salut que la religion chrétienne. Je pardonne aux auteurs de ma mort; je les conjure de recevoir le baptême. » Les trois enfants ne furent pas moins admirables. L’un d’eux, nommé Louis, répondit à un païen qui l’engageait à renoncer à sa foi: « C’est vous qui devriez vous faire chrétien, puisqu’il n’y a pas d’autre moyen de salut. » Un autre nommé Antoine, résista aux larmes de ses parents et aux promesses du magistrat: « Je méprise, dit-il, vos promesses et la vie elle-même: je désire d’être attaché à la croix pour l’amour de Jésus crucifié. » Du haut de sa croix, il chanta d’une voix angélique le psaume: Laudate, pueri, Dominum, Enfants, louez le Seigneur, et il eut le coeur percé d’une lance au Gloria Patri, qu’il alla chanter dans le Ciel. Les fidèles recueillirent le sang et les vêtements des martyrs, dont l’attouchement opéra des miracles. Pie IX les a canonisés le 8 juin 1862, dans une solennité sans exemple, au milieu d’un grand concours d’évêques de toutes les parties du monde.
Martyrologe
A Catane, en Sicile, l’anniversaire de sainte Agathe, vierge et martyre. Au temps de l’empereur Dèce, sous le juge Quinctien, elle fut souffletée, mise en prison, subit le chevalet et d’autres tortures, eut les seins coupés, fut roulée sur des tessons et de charbons ardents. Elle expira enfin dans un cachot en priant Dieu.
A Nagasaki, au Japon, la passion de vingt-six martyrs, parmi lesquels trois prêtres, un clerc et deux laïques appartenaient à l’Ordre des Frères Mineurs, trois autres, et parmi eux un clerc, étaient membres de la Compagnie de Jésus, dix-sept étaient tertiaires de l’Ordre de saint François. Tous ces athlètes, morts en croix et percés de lances pour la foi catholique, succombèrent glorieusement, en chantant les louanges divines et en continuant de prêcher leur foi. Ils ont été inscrits au catalogue des saints par le souverain pontife Pie IX.
Dans la province du Pont, la commémoraison de nombreux saints martyrs, durant la persécution de Maximien. On tortura les uns, en leur versant sur le corps du plomb en ébullition, les autres en leur enfonçant sous les ongles des roseaux aigus et en les soumettant à de nombreux et horribles tourments plusieurs fois réitérés: tous meritèrent par un glorieux combat, de recevoir du Seigneur des palmes et des couronnes.
A Alexandrie, saint Isidore, soldat et martyr. Pendant la persécution de Dèce, il fut décapité pour la foi du Christ, par ordre de Numérien, général d’armée.
A Vienne, le bienheureux Avit, évêque et confesseur. Par sa foi, sa prudence et son admirable doctrine, il préserva les Gaules de la contagion de l’arianisme.
A Seben, dans la Rhétie seconde, saint Génuin évêque, dont la vie fut illustrée par des miracles. Son saint corps fut plus tard transféré à Brixen (aujourd’hui Bressanoné) où il est conservé avec honneur.
A Brixen ou Bressanoné, saint Alboin évêque. Il transféra dans cette ville le siège épiscopal de Seben, et après avoir donné des marques éclatantes de ses vertus, il s’en alla vers le Seigneur.
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