Dimanche de quasimodo ou dimanche in Albis

Dimanche in Albis – Station aux Saints-Côme-et-Damien – « Mon Seigneur et mon Dieu ! » 

Ce Dimanche s’appelle Quasimodo (des premiers mots de l’Introït) ou in Albis, car les néophytes viennent de déposer leurs vêtements blancs, ou Pâques closes, car c’est en ce jour que s’achève l’Octave de Pâques (Or.). — Pour apprendre à ceux qui viennent de naître par le baptême à la vie de Dieu (Intr.) avec quelle générosité ils doivent rendre témoignage à Jésus, l’Église les conduit à la basilique de St-Pancrace martyr, qui à l’âge de 12 ans rendit au Christ le témoignage du sang. Ainsi doivent faire les baptisés en face de la persécution à coups d’épingles dont ils sont continuellement les victimes. Ils doivent résister en s’appuyant sur la foi en Jésus, le Fils de Dieu, ressuscité. C’est cette foi, dit St Jean, qui nous fait vaincre le monde, car elle nous fait rejeter toutes ses tentatives de nous faire tomber (Ep.). Il importe donc que cette foi ait une base solide. Et l’Église nous la donne dans la messe de ce jour. Cette foi, dit S. Jean dans l’Épitre, a pour fondement le témoignage du Père qui, au baptême du Christ (eau), l’a proclamé son Fils, du Fils qui sur la croix (sang) s’est montré le Fils de Dieu, et du St Esprit qui en descendant sur les Apôtres au jour de la Pentecôte, comme l’avait promis Jésus, a confirmé ce que le Sauveur avait dit de sa résurrection et de sa divinité, dogmes que l’Église, guidée par l’Esprit-Saint, ne cesse jamais de proclamer. Cette foi s’appuie aussi sur le témoignage des Anges qui annoncèrent la résurrection de Jésus (Offert.), et elle se base surtout sur les apparitions de Jésus aux Apôtres. Aussi l’Évangile nous montre-t-il comment le Christ, qui apparaît deux fois au Cénacle, fait tomber l’incrédulité de Thomas et loue ceux qui, sans l’avoir vu, croient en lui. Croyons en Jésus ressuscité et redisons en présence de la divine Eucharistie, où il se trouve, le cri de foi et d’humilité de S. Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ».

 Jésus dit à Thomas : « Tu as cru, parce que tu as vu ; heureux ceux qui n’ont pas vu et qui néanmoins ont cru ! » Paroles remplies d’une divine autorité, conseil salutaire donné non seulement à Thomas, mais à tous les hommes qui veulent entrer en rapport avec Dieu et sauver leurs âmes ! Que voulait donc Jésus de son disciple ? Ne venait-il pas de l’entendre confesser la foi dont il était désormais pénétré ? Thomas, d’ailleurs, était-il si coupable d’avoir désiré l’expérience personnelle, avant de donner son adhésion au plus étonnant des prodiges ? Était-il tenu de s’en rapportera Pierre et aux autres, au point d’avoir à craindre de manquer à son Maître, en ne déférant pas à leur témoignage ? Ne faisait-il pas preuve de prudence en suspendant sa conviction, jusqu’à ce que d’autres arguments lui eussent révélé à lui-même que le fait était tel que ses frères le lui racontaient ? Oui, Thomas était un homme sage, un homme prudent, qui ne se confiait pas outre mesure ; il était digne de servir de modèle à beaucoup de chrétiens qui jugent et raisonnent comme lui dans les choses de la foi. Cependant, combien est accablant, dans sa douceur si pénétrante, le reproche de Jésus ! Il a daigné se prêter, avec une condescendance inexplicable, à l’insolente vérification que Thomas avait osé demander ; maintenant que le disciple tremble devant le divin ressuscite, et qu’il s’écrie dans l’émotion la plus sincère : « Oh ! vous êtes bien mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus ne lui fait pas grâce de la leçon qu’il avait méritée. Il faut un châtiment à cette hardiesse, à cette incrédulité ; et ce châtiment consisterai s’entendre dire : « Tu as cru, Thomas, parce que tu as vu. »

Mais Thomas était-il donc obligé de croire avant d’avoir vu ?— Et qui peut en douter ? Non seulement Thomas, mais tous les Apôtres étaient tenus de croire à la résurrection de leur maître, avant même qu’il se fût montré à eux. N’avaient-ils pas vécu trois années dans sa compagnie ? Ne l’avaient-ils pas vu confirmer par les plus divins prodiges sa qualité de Messie et de Fils de Dieu ? Ne leur avait-il pas annoncé sa résurrection pour le troisième jour après sa mort ? Et quant aux humiliations et aux douleurs de sa Passion, ne leur avait-il pas dit, peu de temps auparavant, sur la route de Jérusalem, qu’il allait être saisi par les Juifs qui le livreraient aux gentils ; qu’il serait flagellé, couvert de crachats et mis à mort ? Des cœurs droits et disposés à la foi n’auraient eu aucune peine à se rendre, dès le premier bruit de la disparition du corps. Jean ne fit qu’entrer dans le sépulcre, que voir les linceuls, et aussitôt il comprit tout et commença à croire. Mais l’homme est rarement aussi sincère ; il s’arrête sur le chemin, comme s’il voulait obliger Dieu à faire de nouvelles avances. Ces avances, Jésus daigna les faire. Il se montra à Madeleine et à ses compagnes qui n’étaient pas incrédules, mais seulement distraites par l’exaltation d’un amour trop naturel. Au jugement des Apôtres, leur témoignage n’était que le langage de quelques femmes que l’imagination avait égarées. Il fallut que Jésus vînt en personne se montrer à ces hommes rebelles, à qui leur orgueil faisait perdre la mémoire de tout un passé qui eût suffi à lui seul pour les éclairer sur le présent. Nous disons leur orgueil ; car la foi n’a pas d’autre obstacle que ce vice. Si l’homme était humble, il s’élèverait jusqu’à la foi qui transporte les montagnes. Or Thomas a entendu Madeleine, et il a dédaigné son témoignage ; il a entendu Pierre, et il a décliné son autorité ; il a entendu ses autres frères et les disciples d’Emmaüs, et rien de tout cela ne l’a dépris de sa raison personnelle. La parole d’autrui qui, lorsqu’elle est grave et désintéressée, produit la certitude dans un esprit sensé, n’a plus cette efficacité chez beaucoup de gens, dès qu’elle a pour objet d’attester le surnaturel. C’est là une profonde plaie de notre nature lésée par le péché. Trop souvent nous voudrions, comme Thomas, avoir expérimenté nous-mêmes ; et il n’en faut pas davantage pour nous priver de la plénitude de la lumière. Nous nous consolons comme Thomas parce que nous sommes toujours du nombre des disciples ; car cet Apôtre n’avait pas rompu avec ses frères ; seulement il n’entrait pas en part de leur bonheur. Ce bonheur, dont il était témoin, ne réveillait en lui que l’idée de faiblesse ; et il se savait un certain gré de ne le pas partager.

Tel est de nos jours encore le chrétien entaché de rationalisme. Il croit, mais c’est parce que sa raison lui fait comme une nécessité de croire ; c’est de l’esprit et non du cœur qu’il croit. Sa loi est une conclusion scientifique, et non une aspiration vers Dieu et la vérité surnaturelle. Aussi cette foi, comme elle est froide et impuissante ! Comme elle est restreinte et embarrassée ! Comme elle craint de s’avancer, en croyant trop ! A la voir se contenter si aisément de vérités diminuées, pesées dans la balance de la raison, au lieu de voler à pleines ailes comme la foi des saints, on dirait qu’elle est honteuse d’elle-même. Elle parle bas, elle craint de se compromettre ; quand elle se montre, c’est sous le couvert d’idées humaines qui lui servent de passeport. Ce n’est pas elle qui s’exposera à un affront pour des miracles qu’elle juge inutiles, et qu’elle n’eût jamais conseillé à Dieu d’opérer. Dans le passé comme dans le présent, le merveilleux l’effraie ; n’a-t-elle pas eu déjà assez d’effort à faire pour admettre celui dont l’acceptation lui est strictement nécessaire ? La vie des saints, leurs vertus héroïques, leurs sacrifices sublimes, tout cela l’inquiète. L’action du christianisme dans la société, dans la législation, lui semble léser les droits de ceux qui ne croient pas ; elle entend réserver la liberté de l’erreur et la liberté du mal ; et elle ne s’aperçoit même pas que la marche du monde est entravée depuis que Jésus-Christ n’est plus Roi sur la terre. Or c’est pour ceux dont la foi est si faible et si près du rationalisme, que Jésus ajoute aux paroles de reproche qu’il adressa à Thomas, cette sentence qui ne le regardait pas seul, mais qui avait en vue tous les hommes et tous les siècles : « Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru ! » Thomas pécha, pour n’avoir pas eu la disposition à croire. Nous nous exposons à pécher comme lui, si nous n’entretenons pas dans notre foi cette expansion qui la mêlerait à tout, et lui ferait faire ce progrès que Dieu récompense par des flots de lumière et de joie au cœur. Une fois entrés dans l’Église, le devoir pour nous est de considérer désormais toute chose au point de vue surnaturel ; et ne craignons pas que ce point de vue, réglé par les enseignements de l’autorité sacrée, nous entraîne trop loin. « Le juste vit de la foi » [28] ; c’est sa nourriture continuelle. La vie naturelle est transformée en lui pour jamais, s’il demeure fidèle à son baptême. Croyons-nous donc que l’Église avait pris tant de soins dans l’instruction de ses néophytes, qu’elle les avait initiés partant de rites qui ne respirent que les idées et les sentiments de la vie surnaturelle, pour les abandonner sans remords dès le lendemain à l’action de ce dangereux système qui place la foi dans un recoin de l’intelligence, du cœur et de la conduite, afin de laisser plus librement agir l’homme naturel ? Non, il n’en est pas ainsi. Reconnaissons donc notre erreur avec Thomas ; confessons avec lui que jusqu’ici nous n’avons pas cru encore d’une foi assez parfaite. Comme lui, disons à Jésus : « Vous êtes mon Seigneur et mon Dieu ; et j’ai souvent pensé et agi comme si vous n’étiez pas en tout mon Seigneur et mon Dieu. Désormais je croirai sans avoir vu ; car je veux être du nombre de ceux que vous avez appelés heureux. » Par notre foi inébranlable et notre conduite irréprochable rendons témoignage, devant le monde incrédule et impie, à Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Bienheureuse Maria Assunta Pallotta, congrégation des Franciscaines missionnaires de Marie, sept avril
Elle est proclamée bienheureuse par Pie XII, le 7 novembre 1954.

Sanctoral 

Bienheureuse Maria Assunta Pallotta, congrégation des Franciscaines missionnaires de Marie

La bienheureuse Maria Assunta Pallotta, née à Force (Italie) le 20 août 1878. Elle naît dans une famille modeste des Marches et fréquente l’école élémentaire tout en aidant sa famille. Elle fait sa première communion à douze ans, puis aide à la catéchèse, ce qui éveille sa vocation, malgré la réticence de sa famille au début. Elle travaille chez un tailleur. En 1897, l’évêque du lieu obtient de Rome la permission pour elle d’entrer chez les Franciscaines missionnaires de Marie et elle entre au pré-noviciat de Rome en 1898. Elle accepte les tâches les plus petites avec humilité et toujours dans la joie. Elle poursuit ensuite en suivant son noviciat à Grottaferrata sous le nom de Marie de l’Assomption. Elle prononce ses vœux en la chapelle Sainte-Hélène de la congrégation à Rome, le 8 décembre 1900, fête de la Nativité de Marie. En novembre 1902, elle est affectée à la maison du Saint-Nom-de-Jésus de Florence en attendant de partir pour la Chine chez les missionnaires franciscains italiens qui avaient fondé des orphelinats et des écoles. C’est à Florence qu’elle prononce ses vœux perpétuels, le 13 février 1904. Elle désire ardemment se rendre dans cette mission de Chine dans le Shanxi, province qui avait été durement éprouvée pendant la rébellion des Boxers (1899-1900), et où sept religieuses de sa congrégation avaient été décapitées, le 9 juillet 1900. Elle embarque de Naples, le 19 mars 1904. « Notre bonne sœur Marie de l’Assomption […] a peu vécu parmi nous et n’a pas fait de bruit autour d’elle à la mission. […] Elle était attentive à servir, toujours charitable envers tous […] et aurait volontiers offert sa vie pour le salut de tant d’âmes […] ».

Elle était cependant dans un état de tourment spirituel, car elle voulait souvent demander pardon pour ses manquements à la règle et contre ses supérieures, qu’en réalité elle n’avait pas commis. Dans les derniers mois de sa vie, elle éprouva un renouveau spirituel fervent : « elle sentait qu’elle ne vivait plus qu’en Dieu… ». « Elle avait appris des prières en chinois qu’elle répétait continuellement avec une petite orpheline indigène, sa compagne de travail… ». Une épidémie de typhus éclata en 1905 qui frappa certaines sœurs. Dans les Annales des Franciscaines missionnaires de Marie de 1905, l’on peut lire un récit de ces faits dans des lettres envoyées par la supérieure de la maison de Toung-Eul-Keou, Mère Marie-Symphorienne du Sacré-Cœur, à la supérieure générale de la congrégation. Le 19 mars, anniversaire de son départ pour les missions, sœur Marie de l’Assomption tombe malade elle aussi, et meurt le 7 avril suivant. Les Chinois l’appellent la « sainte au parfum », car il émane d’elle une odeur suave. La reconnaissance de son corps est ordonnée en 1913 que l’on trouve bien conservé et non corrompu. L’enquête commence cette même année et se termine en 1921. Elle est proclamée bienheureuse par Pie XII, le 7 novembre 1954.

Bienheureux Hermann-Joseph, Prémontré, sept avril
Bien que jamais officiellement canonisé, son culte public est reconnu le 11 août 1958 par le pape Pie XII

Bienheureux Hermann-Joseph, Prémontré († 1230)

Le bienheureux Hermann de Steinfeld, dit Hermann-Joseph, à cause de sa chasteté, eut pour patrie la ville de Cologne. Son enfance fut remarquable par une piété vraiment angélique; il passait de longs moments chaque jour dans les églises, devant l’image de Marie, à laquelle il confiait, ainsi qu’à Son divin Enfant, avec une naïveté charmante, tous ses petits secrets, ses petits chagrins, ses désirs. Il disait souvent, en terminant sa visite: « Mon cher petit Jésus, je resterais bien avec Vous et avec Votre Sainte Mère; mais il faut que j’aille à l’école; bénissez-moi et pensez à moi en attendant mon retour! » Un jour, il présenta une pomme à la Sainte Vierge, et la statue étendit sa main pour la recevoir. Tout enfant, il jouissait déjà de visions et de révélations célestes, et une fois il passa plusieurs heures dans un pieux entretien avec Jésus et Marie. Dès l’âge de douze ans, Hermann se présenta aux Prémontrés, qui l’acceptèrent dans leur Ordre. Après ses études, il remplit successivement avec régularité et charité les offices de réfectorier et de sacristain.

Les grâces extraordinaires étaient pour lui quotidiennes; il était sans cesse embaumé de parfums célestes; Marie lui apparut et mit l’Enfant Jésus dans ses bras; une autre fois Elle lui fit savoir qu’Elle était très heureuse qu’on lui donnât le surnom de Joseph, qu’il n’osait accepter par humilité. Cette humilité était si parfaite, qu’il se croyait digne de l’anathème éternel, qu’il s’appelait un zéro, une pomme pourrie, un poids inutile sur la terre; il ne se plaisait qu’à porter des habits usés et des chaussures rapiécées. Dieu lui envoya des Croix si terribles et des souffrances si aiguës, qu’il devint comme une image vivante de Jésus crucifié. Jamais une plainte ne sortit de sa bouche; il souffrit tout, le sourire sur son visage; il ajoutait même à ces Croix des sacrifices volontaires et de terribles mortifications. Son historien, voulant donner une idée de sa charité, dit que son coeur était comme un hôpital général où tous les affligés et les misérables trouvaient place. Bien que jamais officiellement canonisé, son culte public est reconnu le 11 août 1958 par le pape Pie XII.

Martyrologe

A Rouen, l’anniversaire de saint Jean-Baptiste de la Salle, prêtre et confesseur. Fondateur de l’Institut des Frères des écoles chrétiennes, il a excellé dans l’instruction de la jeunesse, spécialement chez les pauvres, et ainsi a bien mérité et de la religion et de la société laïque. Le souverain pontife Pie XII l’a constitué auprès de Dieu principal Patron céleste de tous les éducateurs de l’enfance et de la jeunesse. Sa fête est célébrée aux Ides de mai (15 mai).

En Afrique, l’anniversaire des saints Épiphane évêque, Donat, Rutin et de treize autres martyrs.

A Alexandrie, saint Péleuse, prêtre et martyr.

A Sinope, dans le Pont, deux cents bienheureux martyrs.

En Cilicie, saint Calliope martyr, qui sous le préfet Maximien, après diverses tortures, fut crucifié la tête en bas et honoré ainsi de la noble couronne du martyre.

A Nicomédie, saint Cyriaque et dix autres martyrs.

A Vérone, saint Saturnin, évêque et confesseur.

A Rome, saint Hégésippe, presque contemporain des apôtres. Il vint en cette ville trouver le pontife Anicet, et y demeura jusqu’au pontificat d’Eleuthère. Pendant son séjour, il composa l’Histoire de l’église depuis la passion du Seigneur jusqu’à son temps, dans un style simple, dépeignant ainsi, dans sa manière d’écrire, la vie de ceux dont il suivait les exemples.

En Syrie, saint Aphraate anachorète, qui, au temps de l’empereur Valens, défendit contre les ariens la foi catholique par la vertu de ses miracles.

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