Dimanche de la Pentecôte

Jésus avait jeté les fondements de l’Église au cours de sa vie apostolique et lui avait communiqué ses pouvoirs après sa Résurrection. C’est l’Esprit-Saint qui devait achever la formation des Apôtres et les revêtir de la force d’En-Haut (Ev.). Au règne visible du Christ succède le règne visible du Saint-Esprit qui se manifeste en descendant sur les disciples de Jésus. La fête de la Pentecôte est la fête de la promulgation de l’Église. Aussi choisit-on la basilique dédiée à S. Pierre, chef de l’Église, pour la Station de ce jour. Jésus, nous dit l’Évangile, avait annoncé aux siens l’arrivée du divin Paraclet et l’Épître nous montre la réalisation de cette promesse. C’est à l’heure de Tierce que le Cénacle est investi par l’Esprit de Dieu. Un vent impétueux qui souffle soudainement aux abords de la maison, et l’apparition de langues de feu à l’intérieur, en sont les signes merveilleux. Éclairés des lumières du Saint-Esprit (Or.) et remplis de l’effusion de ses sept dons (Séq.), les Apôtres sont renouvelés et vont renouveler à leur tour l’univers entier (Intr.). Et la grand’messe, à l’heure de Tierce, est le moment où nous recevons aussi « l’Esprit-Saint que Jésus, monté au ciel, répand en ce jour sur les enfants de l’adoption » (Préf.), car chacun des mystères du Cycle opère des fruits de grâce en nos âmes au jour anniversaire où l’Église le célèbre. Nous disions pendant l’Avent au Verbe : « Venez, Seigneur, expier les crimes de votre peuple. », disons à cette époque avec l’Église à l’Esprit-Saint : « Venez, Esprit-Saint, remplissez les cœurs de vos fidèles et allumez en eux le feu de votre amour » (All.) C’est la plus belle et la plus nécessaire des oraisons jaculatoires, car c’est l’Esprit-Saint qui, « doux hôte de notre âme », est le principe de toute notre vie surnaturelle. La solennité d’aujourd’hui, frères bien-aimés, mérite entre toutes nos hommages, tout cœur catholique le sait. Et l’on ne peut avoir d’hésitation sur la révérence due à ce jour que l’Esprit-Saint à consacré par le prodige incomparable du don de lui-même.  Ce jour est, en effet, le dixième depuis celui où le Seigneur est monté par-delà toute la hauteur des cieux pour aller siéger à la droite de Dieu, son Père. C’est aussi, depuis la Résurrection du Seigneur le cinquantième à briller pour nous en celui par qui il a commencé. Ce jour contient en lui les grands mystères des alliances anciennes et nouvelles. Depuis ce jour a retenti la trompette de la prédication évangélique. Depuis ce jour, pluies de charismes, fleuves de bénédictions ont arrosé tout désert et toute terre aride ; car « l’esprit de Dieu planait au-dessus des eaux » « pour renouveler la face de la terre ». Pour écarter les anciennes ténèbres, brillaient les éclairs d’une lumière nouvelle, tandis que de l’éclat des langues étincelantes naissaient et la parole lumineuse du Seigneur, et l’éloquence de feu qui, pour créer l’intelligence et consumer le péché, a le pouvoir d’illuminer et la force de brûler. [Saint Léon (S. 75,1-2)]

Sainte Pétronille, Vierge

L’Église n’accorde qu’un souvenir à cette illustre vierge dans l’Office d’aujourd’hui ; mais nous ne laisserons pas de lui rendre nos hommages. Au douze de ce mois nous avons fêté la noble Flavia Domitilla, décorée de la double palme de la virginité et du martyre ; Aurélia Pétronilla paraît avoir appartenu comme elle à la race impériale des Flaviens. Les plus antiques traditions nous la recommandent comme la fille spirituelle du Prince des Apôtres ; et si elle n’eut pas la fortune de répandre son sang pour la foi du Christ comme Domitilla, elle offrit à l’Époux divin l’hommage suprême de la virginité. De très anciens documents nous apprennent qu’ayant été demandée en mariage par un patricien de Rome du nom de Flaccus, elle réclama trois jours pour réfléchir à la proposition. Son refuge fut auprès du Seigneur auquel elle s’était vouée ; et Flaccus s’étant présenté le troisième jour, trouva le palais dans le deuil, avec tout l’appareil des solennelles funérailles que l’on préparait pour la jeune vierge qui s’était envolée comme la colombe aux approches de l’oiseleur. Au VIIIe siècle, le pape saint Paul Ier retira des Catacombes le corps de sainte Pétronille, qui reposait au Cimetière de Domitilla, sur la voie Ardéatine. On le trouva renfermé dans un sarcophage de marbre, dont le couvercle était orné de dauphins aux quatre angles. Paul le déposa dans une petite église qu’il éleva près du flanc méridional de la basilique vaticane. La France a professé longtemps une tendre vénération pour sainte Pétronille. Pépin le Bref fit transporter à Rome sa fille Gisèle qui venait de naître, demandant qu’elle reçût le baptême des mains du pape saint Paul Ier près du tombeau de la noble vierge. L’église bâtie par ce pontife fut longtemps appelée la Chapelle des rois de France. Louis XI la fit restaurer et la dota richement, et son fils Charles VIII lui donna de nouvelles marques de sa munificence. Cette église, où l’on remarquait de nombreuses sépultures françaises, fut détruite au XVIe siècle par suite des dispositions que nécessitait la construction de la nouvelle basilique de Saint-Pierre, et le corps de sainte Pétronille fut transféré sous l’un des autels de la partie occidentale de ce temple auguste. Il ne convenait pas que la dépouille mortelle de l’illustre vierge fût éloignée de la Confession du Prince des Apôtres qui l’avait initiée à la foi, et préparée pour les noces éternelles.

Bienheureuse Vierge Marie Reine 

« Pour nous aider à comprendre la dignité sublime que la Mère de Dieu a atteinte au dessus de toutes les créatures, nous pouvons considérer que la Sainte Vierge, depuis le premier instant de sa conception, fut comblée d’une telle abondance de grâces qu’elle dépassait la grâce de tous les Saints. Aussi – comme l’écrivait Notre Prédécesseur Pie IX d’heureuse mémoire, dans sa Bulle Ineffabilis Deus –  » bien au-dessus de tous les Anges et de tous les Saints « , le Dieu ineffable  » a enrichi Marie avec munificence de tous les dons célestes, puisés au trésor de la divinité ; aussi, toujours préservée des moindres souillures du péché, toute belle et parfaite, elle a atteint une telle plénitude d’innocence et de sainteté qu’on ne peut en imaginer de plus grande en dessous de Dieu et que jamais personne, sauf Dieu lui-même, ne réussira à la comprendre « . En outre, la Bienheureuse Vierge n’a pas seulement réalisé le suprême degré, après le Christ, de l’excellence et de la perfection mais elle participe aussi en quelque sorte à l’action par laquelle on dit avec raison que son Fils, notre Rédempteur, règne sur les esprits et les volontés des hommes. En effet, si le Verbe opère les miracles et répand la grâce par le moyen de son humanité, s’il se sert des Sacrements et des Saints comme d’instruments pour le salut des âmes, pourquoi ne peut-il pas se servir de se Mère très Sainte pour nous distribuer les fruits de la Rédemption ? Vraiment c’est avec un cœur maternel comme dit encore Notre Prédécesseur Pie IX – que, traitant l’affaire de notre salut, elle se préoccupe de tout le genre humain, ayant été établie par le Seigneur Reine du ciel et de la terre et se trouvant exaltée au-dessus de tous les chœurs des Anges et de tous les Saints du ciel à la droite de son Fils unique, Jésus-Christ Notre Seigneur : elle obtient audience par la puissance de ses supplications, maternelles, elle reçoit tout ce qu’elle demande et ne connaît jamais de refus. À ce propos, un autre de Nos Prédécesseurs, Léon XIII d’heureuse mémoire, déclara que la Bienheureuse Vierge Marie dispose d’un pouvoir  » presque sans limites  » pour concéder des grâces, et Saint Pie X ajoute que Marie remplit cet office  » pour ainsi dire par droit maternel « . [Pie XII, Encyclique Ad Cæli Reginam instituant la fête de Marie-Reine, 11 octobre 1954]

Martyrologe

Fête de la bienheureuse Vierge Marie, Reine.

A Rome, sainte Pétronille vierge, fille du bienheureux apôtre Pierre. Ne pouvant se résoudre à épouser Flaccus, noble romain, elle demanda trois jours pour y penser et passa tout ce temps en jeûnes et en prières; le troisième jour arrivé, elle rendit l’esprit, immédiatement après avoir reçu le sacrement du Christ.

A Aquilée, les saints frères martyrs Cant, Cantien et Cantianille, de l’illustre famille des Anicii. Sous les empereurs Dioclétien et Maximien, ils furent décapités avec Prote, leur précepteur, à cause de leur constance dans la foi chrétienne.

A Porto-Torres en Sardaigne, saint Crescentien martyr.

A Comane, dans le Pont, saint Hermias soldat. Sous l’empereur Antonin, après avoir été délivré par le secours de Dieu d’un grand nombre de supplices effroyables, il convertit son bourreau au Christ, et le rendit participant de la couronne du martyre. Il la reçut lui-même le premier par la décapitation.

A Vérone, saint Lupicin évêque.

A Rome, saint Paschase, diacre et confesseur, dont fait mention le bienheureux pape Grégoire.

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