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Dimanche 30 juin – Sixième dimanche après la Pentecôte – En France solennité des Apôtres saints Pierre et Paul – Commémoraison de saint Paul, apôtre – Bienheureux Raymond Lulle, Tertiaire franciscain – Anniversaire des sacres épiscopaux du 30 juin 1988

Sixième dimanche après la Pentecôte

En France solennité des Apôtres saints Pierre et Paul 

Sixième dimanche après la Pentecôte – « Il donna à ses disciples les pains pour les distribuer » 

Une pensée domine toute la liturgie de ce jour : il faut tuer en nous le péché par un profond repentir et demander à Dieu de nous donner sa force pour n’y plus retomber. C’est le baptême qui nous a fait mourir au péché et c’est l’Eucharistie qui nous donne l’énergie divine nécessaire pour persévérer dans le chemin de la vertu. L’Église, toute pénétrée encore de la pensée de ces deux sacrements qu’elle a conférés à Pâques et à la Pentecôte, aime à en parler dans le « Temps après la Pentecôte ».

Au Bréviaire, les lectures du 1er nocturne racontent, sous la forme d’un apologue, la gravité de la faute commise par David. Si pieux qu’il fût, ce grand roi, voulant épouser une jeune femme de grande beauté, nommée Bethsabée, avait ordonné qu’on envoyât son mari Urie au plus fort d’un combat contre les Ammonites afin qu’il fût tué, et lorsqu’il s’en fut débarrassé de la sorte, il épousa Bethsabée dont il eut un fils. Le Seigneur lui envoya alors le prophète Nathan pour lui dire : « Il y avait dans une ville deux hommes, l’un riche et l’autre pauvre. Le riche possédait de grands troupeaux ; mais le pauvre n’avait absolument rien, hormis une toute petite brebis qu’il avait achetée ; il la nourrissait et elle grandissait chez lui avec ses enfants, mangeant de son pain, buvant de sa coupe, et dormant sur son sein ; elle était pour lui comme sa fille. Un étranger arriva chez le riche, et celui-ci, ne voulant pas toucher à ses troupeaux pour lui préparer un repas, enleva la brebis du pauvre et la servit sur sa table ». David, violemment indigné, s’écria : « Aussi vrai que le Seigneur est vivant, cet homme mérite la mort ». Alors Nathan lui dit : « Cet homme c’est toi, car tu as pris l’épouse d’Urie pour en faire ta femme, alors que tu pouvais choisir une épouse parmi toutes les jeunes filles d’Israël. Ainsi parle le Seigneur : De ta propre maison, je ferai lever sur toi le malheur ! » David, alors, saisi de repentir, dit à Nathan : « Hélas ! j’ai péché contre le Seigneur ! » Nathan reprit : « A cause de ton repentir le Seigneur te pardonne ; tu ne mourras point. Mais voici le châtiment : le fils qui t’a été donné mourra ». A quelque temps de là l’enfant mourut. Et David, dans sa douleur, alla se prosterner le cœur contrit et humilié dans la maison du Seigneur. — « David, commente S. Ambroise, ne put supporter longtemps le poids du péché qui pesait sur sa conscience : par une prompte confession accompagnée d’un immense regret, il alla s’en décharger aux pieds du Seigneur qui, touché d’une pareille douleur, lui pardonna.

Le commun des hommes, lorsque les prêtres ont lieu de les reprendre, aggravent leur péché en cherchant soit à le nier, soit à l’excuser ; et il y a pour eux chute plus grande, là même où l’on espérait les voir se relever. Mais les Saints du Seigneur, qui brûlent de continuer le pieux combat et de fournir jusqu’au bout la carrière du salut, s’il leur arrive de faillir, moins par préméditation que par faiblesse humaine, ils se relèvent plus ardents à la course, et stimulés par la honte de la chute, ils la compensent par de plus rudes combats. Si bien que leur chute, au lieu de les avoir retardés, n’a servi qu’à les aiguillonner et à les faire avancer plus vite » (2e nocturne).

La messe complète à souhait, pour notre vie chrétienne, cet enseignement de l’Écriture et du Bréviaire. S. Paul rappelle dans l’épitre, que morts au péché par le baptême, nous avons à vivre désormais d’une vie nouvelle où le péché ne devrait plus avoir aucune part. Il nous arrive pourtant, par faiblesse humaine, de pécher encore, et notre attitude alors doit être, en pareil malheur, d’implorer le pardon de Dieu (Grad.) de manière à pouvoir de nouveau entourer son autel et chanter ses louanges (Comm.). Dieu ne peut manquer, si nous l’invoquons ainsi, d’exaucer nos prières et d’affermir nos pas dans la voie de ses commandements (Off.), puisqu’il se fait la force de son peuple, son rempart et son guide (Intr.). L’évangile nous indique la source divine où nous pouvons sans cesse aller puiser la force dont nous avons besoin pour suivre le Christ jusqu’au ciel sans défaillir en chemin. Le récit de la multiplication des pains est une figure de l’Eucharistie, qui est notre viatique non seulement pour la fin de notre vie, au moment d’aboutir, mais tout le long du chemin. En nous identifiant avec la Victime du Calvaire, la communion parachève en nous les effets du baptême en nous donnant la force de ne plus retomber dans le péché et nous faisant vivre toujours davantage d’une vie toute à Dieu, qui est la loi même des baptisés.

? Qui souffre sans que je souffre avec lui? Qui menace de se perdre sans que je me consume de douleur?

Sanctoral

Commémoraison de saint Paul, apôtre

« Le Tibre, à son entrée dans Rome, écrit un poète ancien, salue la basilique de Saint-Pierre, et à sa sortie, celle de Saint-Paul. Le portier céleste a fixé sa demeure sacrée aux portes de la ville éternelle qui est une image du ciel. De l’autre côté, les remparts de la ville sont protégés par le portique de Paul : Rome est entre les deux ». A Pierre, le nouveau Moïse, conducteur du nouvel Israël, vient s’associer Paul, le nouvel Aaron, plus éloquent que le premier, choisi dès le sein de sa mère pour annoncer les richesses de la grâce du Christ aux Gentils. La fête de la Conversion de saint Paul (25 janvier) nous a donné lieu de connaître l’histoire de la conversion merveilleuse de ce grand Apôtre. Il faudrait rappeler ici les courses de son apostolat, le succès de ses prédications, les enseignements sublimes de ses épîtres, ses emprisonnements, ses souffrances, son martyre.

Qui mieux que lui a résumé tout cela dans cette belle page de sa deuxième épître aux Corinthiens, où il venge sa mission divine attaquée par de faux frères?  « Pour Jésus-Christ, j’ai supporté de nombreux travaux, subi souvent la prison, souffert les coups de mes ennemis, couru fréquemment le danger de mort; j’ai reçu des Juifs, à cinq différentes fois, trente-neuf coups de fouets; j’ai été battu trois fois de verges par les impies; j’ai été lapidé une fois, j’ai fait trois fois naufrage; j’ai passé un jour et une nuit au fond de la mer; j’ai multiplié mes rudes et fatigants voyages; j’ai failli bien des fois périr sur les rivières, ou de la main des voleurs, ou devenir victime, tantôt de la haine des Juifs, tantôt de la fureur des Gentils; j’ai trouvé des dangers au milieu des villes; dans les déserts, sur la mer, ou auprès de faux frères; j’ai passé bien des années dans les labeurs, dans les tristesses, dans les veilles, dans la faim et la soif, dans les jeûnes, le froid, la nudité. Outre ces maux extérieurs, que de peines m’a causées ma sollicitude quotidienne de tant d’Églises que j’ai fondées? Qui souffre sans que je souffre avec lui? Qui menace de se perdre sans que je me consume de douleur? »

Si Paul est admirable dans ses travaux apostoliques, il ne l’est pas moins dans ses Épîtres, où nous apparaît, avec la substance du christianisme, la grande âme de cet Apôtre incomparable. « Saint Paul, nous dit l’historien Nicéphore, d’après une tradition authentique, était petit de taille; son visage pâle, sa longue barbe blanchissante, son crâne presque chauve, l’eussent fait croire plus vieux qu’il ne l’était en réalité. » Sous cette frêle enveloppe se cachait une âme vaillante, un esprit magnanime, un coeur invincible que le danger n’étonnait ni n’épouvantait jamais. Vrai modèle de l’apôtre, il se fit tout à tous, sut se plier aux circonstances, acquit une influence étonnante sur les peuples auxquels il prêcha; sa personne et sa vie rappelleront toujours les plus grandes merveilles que la Providence ait opérées pour l’extension de l’Évangile.

C’est l’une des personnalités les plus importantes du Moyen Âge en théologie et en littérature. I

Bienheureux Raymond Lulle, Tertiaire franciscain

Raymond Lulle naquit à Palma de Majorque, capitale du royaume que le roi Jacques Ier d’Aragon venait de conquérir et d’annexer avec l’ensemble des îles Baléares à la couronne d’Aragon. La date exacte de sa naissance reste inconnue mais semble comprise entre la fin de 1232 et 1233. Raymond, fils de Raymond Llull et de Isabel d’Erill, était le fils d’une famille de la noblesse catalane qui accompagna Jacques Ier après sa conquête des Baléares. Il devint très jeune le page du second fils du roi, avec qui il fut initié aux arts de la guerre. Son intelligence fut remarquée et il fut nommé précepteur de l’infant Jacques, second fils du roi Jacques Ier et futur roi de Majorque. Son ascension à la cour fut rapide : il devint successivement sénéchal et majordome du futur roi. Durant ces années à la cour, la vie de Raymond fut mondaine, joyeuse, voire luxueuse et ostentatoire. Son éducation et son esprit étaient alors entièrement voués à la chevalerie : il composa le Libre de la cavalleria, traité des devoirs du parfait chevalier. Il écrivit à cette époque des chansons d’amour en occitan destinées à être chantées par des troubadours.

Vers 1263, pour ses 30 ans, Raymond eut durant cinq nuits consécutives des visions du Christ en croix. Les impressions profondes provoquées par ces visions le poussèrent à vendre ses biens. Il versa les fonds à son épouse et à ses fils en tant qu’héritage anticipé. Puis il abandonna sa famille pour partir prêcher. Il renonça alors à la vie de cour et de poète-troubadour et à sa famille. Après sa conversion de 1265, il décida de se consacrer uniquement à la « conversion des infidèles », et cette résolution le plongea dans un tel état d’exaltation que sa famille s’en inquiéta. En 1275, on fit nommer un administrateur de ses biens. Mais à cette époque-là Raymond ne se souciait plus que d’apprendre l’arabe, ce qui lui prit neuf ans. Cette étape de neuf années de formation théologique et morale dura jusqu’en 12756. Il écrivit pendant cette période son monumental Livre de contemplation de Dieu (1273-12746), d’abord en arabe, puis en latin et en catalan, et conçut son système de pensée, l’Art, dont les premiers volumes sont l’Ars compendiosa inveniendem veritatem (1274) et l’Ars demostrativa (1283). Il fut appelé en 1275 à Montpellier par le prince Jacques qui devint Jacques II de Majorque l’année suivante. Celui-ci soumit ses ouvrages à la lecture d’un moine franciscain qui les approuva. L’année suivante, financé par le prince, Lulle fonda une école de missionnaires franciscains à Miramar6.

À cette époque il connut et acheta à Palma de Majorque un esclave musulman qui lui enseigna l’arabe, langue qu’il maîtrisa parfaitement. Cet esclave acheté en 1265 décéda en 1274. Un second volume de l’Art fut décrit dans l’Ars inventiva, l’Ars amativa (1290), la Taula general (1294), l’Ars generalis ultima (1305-1308). Il en présenta une version abrégée dans l’Ars brevis (1308). Il se retira au couvent du Mont de Randa (Majorque) où il se dédia à la méditation et à la contemplation. Enfin, il fut admis — toujours comme laïque — au monastère cistercien de La Real, où les moines lui apprirent le latin, la grammaire et la philosophie chrétienne et islamique. En 1314, il s’embarqua pour une nouvelle expédition en Afrique du Nord. Mais peu après son débarquement à Bougie, il fut lapidé par les habitants et mourut en martyr, victime de ses blessures. Il  est inhumé à Saint-François de Palma, à Majorque. Lulle fut béatifié et il est considéré comme saint en Catalogne. Écrivain mystique, les principes de sa philosophie sont inséparables de son projet de conversion des musulmans et des juifs.

Il cherche à s’adresser à toutes les intelligences, chrétiennes ou non, dans la langue de ses interlocuteurs. Il opère par un jeu d’explications et de déductions une combinaison des divers principes théologiques et philosophiques pour convaincre de la vérité chrétienne. Il a rencontré de vives oppositions avec les thomistes de l’ordre de Saint-Dominique qui ont obtenu temporairement une condamnation papale de ses écrits (Nicolas Eymerich, dominicain et grand inquisiteur de Catalogne, a été son principal détracteur). Considéré comme l’un des inventeurs du catalan littéraire, il est le premier à utiliser une langue néo-latine pour exprimer des connaissances philosophiques, scientifiques et techniques. Son œuvre en prose a constitué un important référent pour la fixation du catalan écrit standard. Malgré un certain hermétisme typique de son époque, Lulle nous reste proche par sa poésie qui fait de lui un des plus grands écrivains de Catalogne. Son œuvre en vers répond au même projet didactique que son œuvre en prose. Connu en son temps sous les noms d’« Arabicus Christianus » (« Arabe chrétien »), de « Doctor Inspiratus » (« docteur inspiré »), « Doctor Illuminatus » (« docteur illuminé »), Lulle est entre autres écrivain, missionnaire et théologien franciscain. C’est l’une des personnalités les plus importantes du Moyen Âge en théologie et en littérature. Il laisse une œuvre immense et variée, écrite en catalan, mais aussi en arabe et en latin.

Anniversaire des sacres épiscopaux du 30 juin 1988

Le reportage photos des sacres du 30 juin 1988

Il y a trente-six ans Mgr Lefebvre, assisté de Mgr de Castro-Mayer, conférait la consécration épiscopale à NNSS Bernard Tissier de Mallerais, Richard Willamson, Alfonso de Galarreta et Bernard Fellay. Trente-six ans après cet acte héroïque, il est opportun de le mettre à l’honneur et d’en souligner la portée vitale : prédication de la foi, nombreuses ordinations sacerdotales, confirmations innombrables, multiples consécrations d’églises, fondations de sociétés religieuses ; et par le fait même, l’Église sauvée dans ses biens les plus précieux : la foi intègre, le véritable sacerdoce catholique, la messe de toujours.

Sans ces évêques, tous ces biens eussent été progressivement détruits, faute d’une protection suffisante contre une Rome infestée de modernisme et de libéralisme. Grâce à eux, la foi a pu se maintenir et se répandre, tandis que le maillage des chapelles, prieurés, bastions de la foi, communautés religieuses traditionnelles a pu s’étendre et transmettre aux âmes les biens vingt fois séculaires de la Rédemption.

Martyrologe

La Commémoraison de l’Apôtre saint Paul.

A Rome, sainte Lucine, disciple des Apôtres. Après avoir assisté de ses biens les fidèles, visité les chrétiens détenus en prison, pris soin de la sépulture des martyrs, elle fut inhumée auprès de ceux-ci dans un caveau qu’elle avait fait construire à cette fin.

A Rome encore, sainte Emilienne martyre. Le même jour, les saints martyrs Caius prêtre, et Léon sous-diacre.

A Alexandrie, la passion de saint Basilide. Sous l’empereur Sévère, après avoir défendu contre les insultes de quelques impudiques la vierge sainte Potamienne qui allait au supplice, il reçut d’elle la récompense de ce religieux office: trois jours après, elle lui apparut et posa sur sa tête une couronne. Non seulement elle le convertit au Christ, mais elle obtint par ses prières, qu’après un combat de peu de durée, il reçût la gloire du martyre. A Limoges, en Aquitaine, saint Martial évêque, avec les deux prêtres Alpinien et Austriclien, dont la vie a été illustrée par d’éclatants miracles.

Dans le Vivarais, en Gaule, saint Ostian, prêtre et confesseur.

A Salanigo, au territoire de Vicence, saint Thibaud, prêtre et ermite, de la famille des comtes de Champagne. En raison de la renommée de sa sainteté et de ses miracles, il a été inscrit au catalogue des saints par le pape Alexandre III.

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