IV° Dimanche après l’épiphanie – Le Roi vient en vainqueur dans sa ville.
Le troisième dimanche, le Christ se manifestait comme Sauveur des pécheurs et des Gentils. Le quatrième dimanche, il apparaît en vainqueur dans le tableau de la tempête sur la mer.
La vie chrétienne est une tempête sur la mer. Comme le bon Dieu traite parfois rudement ses enfants ! C’est qu’il n’est pas comme ces mères déraisonnables dont la tendresse consiste à caresser et à gâter leurs enfants. Il est le premier à appliquer le principe de la Sainte Écriture : Celui qui aime son enfant n’épargne pas la verge. Et c’est pour notre bien. Les enfants de Dieu supportent malles jours heureux ici-bas. L’histoire de l’Église et l’histoire particulière des âmes le prouvent. Comme l’Église était grande au temps des persécutions ! Les chrétiens détestés, persécutés, méprisés extérieurement, étaient, parfaits et saints. Mais, au moyen âge, quand l’Église brilla de son plus grand éclat et que les empereurs et les rois la dotèrent de biens terrestres, la lumière intérieure pâlit de plus en plus. Oui, il est bon pour nous, chrétiens, que notre situation extérieure ne soit pas trop bonne. Il est vrai que nous avons besoin de ce que le Sauveur exigea de ses disciples pendant la tempête sur le lac : une foi forte et une ferme confiance en Dieu. « Pourquoi avez-vous si peu de foi ? » La grande souffrance, les grandes épreuves, la grande misère peuvent être un remède, mais aussi un poison. Certains trouvent dans les souffrances, de nos Jours, le chemin qui mène à Dieu ; mais, pour beaucoup, la crise économique est un poison qui apporte la mort de l’âme. Priez, mes frères, pour tous ceux qui sont éprouvés, afin que leur misère et leur souffrance les purifient et les sanctifient. Aimons à penser surtout et souvent à ceux qui sont, comme nous, membres du corps du Christ et qui sont en butte à la tempête sur la mer. Représentons-nous, par exemple, les chrétiens de Russie. Voyons tel enfant de Dieu en Sibérie ou au Caucase. Il est, à cause de sa foi, condamné aux travaux forcés. Jour après jour, sans dimanche, sans messe, sans communion, il lui faut abattre des arbres ; il est à peine vêtu, mal nourri et, sous le knout des soldats, il s’avance peu à peu vers la mort. Combien de fois ces pauvres gens doivent crier vers le ciel : « Seigneur, sauvez-nous, nous périssons. » Pour ces pauvres, qui sont en même temps des riches, nous devons prier, afin qu’ils demeurent forts, afin qu’ils soient vainqueurs. Car leur souffrance nous profite à tous. Ils accomplissent et achèvent ce qui manque au corps du Christ. Mais ce n’est pas seulement en Russie. Chez nous, dans notre entourage, il y a des « tempêtes sur la mer », il y a la misère et les autres souffrances qui anéantissent. Portons secours là où nous le pouvons. Nous arrivons maintenant au second spectacle de cette semaine. Nous voyons une procession de la Chandeleur. Dehors, c’est la nuit, les enfants du monde dorment encore. Mais les enfants de Dieu s’avancent autour de l’Église, un cierge à la main. Il leur faut se défendre contre le vent qui essaie d’éteindre leur lumière. C’est l’image de la vie intérieure du chrétien. Le Chrétien est un porte-lumière, un porte-Christ. Depuis son baptême, il porte et entretient en lui la divine lumière de la grâce ; bien plus le Christ lui-même est dans son âme, en dépit de la nuit et des tempêtes du dehors. Sans doute, l’ennemi des âmes voudrait bien éteindre cette lumière et il souffle dessus de toutes ses forces. Ce sont là les tempêtes de la vie. Mais l’enfant de Dieu maintient sa lumière et continue de la porter. Dans la maison de Dieu, à l’Évangile et dans la communion, il reçoit un nouvel aliment et une nouvelle force pour entretenir cette lumière. Ainsi il pourra traverser les tempêtes de la vie et porter sa lumière jusqu’au temple de gloire, au ciel.
Ce cinquième miracle, Jésus l’accomplit lorsqu’il monte dans la barque à Capharnaüm et commande aux vents et à la mer. Le sixième, au pays des Géraséniens lorsqu’il donne pouvoir aux démons de s’en aller dans le troupeau de porcs. Le septième, lorsqu’il entre dans sa ville et guérit un second paralytique qui est étendu sur un lit. Le premier paralytique est, en effet, le serviteur du centurion.
Sanctoral
Sainte Martine, Vierge et Martyre
Une troisième Vierge romaine, le front ceint de la couronne du martyre, vient partager les honneurs d’Agnès et d’Émérentienne, et offrir sa palme à l’Agneau. C’est Martine, dont le nom rappelle le dieu païen qui présidait aux combats, et dont le corps glorieux repose au pied du mont Capitolin, dans un ancien temple de Mars, devenu aujourd’hui la somptueuse Église de Sainte-Martine. Le désir de se rendre digne de l’Époux divin, que son cœur avait choisi, l’a rendue forte contre les tourments et la mort, et sa blanche robe a été aussi lavée dans son sang. L’Emmanuel est le Dieu fort, puissant dans les combats ; mais comme le faux dieu Mars, il n’a pas besoin de fer pour vaincre. La douceur, la patience, l’innocence d’une vierge lui suffisent pour terrasser ses ennemis ; et Martine a vaincu d’une victoire plus durable que les plus grands capitaines de Rome. Martine, vierge romaine, fille d’un consulaire, était de race illustre. Privée de ses parents dès ses plus tendres années, et embrasée de l’ardeur de la piété chrétienne, elle distribua aux pauvres, avec une admirable libéralité, les richesses qu’elle possédait en abondance. Sous l’empire d’Alexandre, vers l’an 226, comme on lui ordonnait d’adorer les faux dieux, elle repoussa avec une grande liberté la proposition de ce crime énorme. C’est pourquoi elle fut frappée de verges à diverses reprises, déchirée avec des crochets, des ongles de fer et des têts de port cassés ; on lui lacéra tous les membres avec des glaives très aigus, on l’arrosa de graisse bouillante, enfin on la condamna aux bêtes de l’amphithéâtre ; mais, par un effet de la puissance divine, elle échappa sans blessure à ce nouveau danger, et, jetée sur un bûcher ardent, elle en sortit saine et sauve par un prodige semblable au premier. Quelques-uns de ses bourreaux, frappés de la nouveauté de ce miracle et sollicités par la grâce de Dieu, embrassèrent la foi de Jésus-Christ ; après plusieurs tourments, ils eurent la tête tranchée et remportèrent ainsi la palme glorieuse du martyre. Aux prières de la Sainte, des tremblements de terre se produisirent, des feux tombèrent du ciel avec un bruit de tonnerre, renversèrent les temples des faux dieux et consumèrent leurs statues. Il coulait des blessures de Martine du lait avec du sang, et une clarté très brillante ainsi qu’une très suave odeur émanaient de son corps ; parfois elle paraissait élevée sur un trône royal, chantant les louanges de Dieu avec les habitants du ciel. Exaspéré par ces prodiges et surtout par la constance de la vierge, le juge ordonna de lui trancher la tête. Dès que Martine eut reçu le coup de la mort, l’on entendit une voix du ciel qui l’appelait au séjour des bienheureux ; toute la ville trembla fortement, et beaucoup d’adorateurs des idoles se convertirent à la foi chrétienne. Le corps sacré de Martine, martyrisée pendant que saint Urbain 1er siégeait à Rome, fut trouvé sous le pontificat d’Urbain VIII avec les corps des saints Martyrs Concorde, Épiphane et leurs compagnons, dans une antique église, près de la prison Mamertine, sur le penchant du mont Capitolin. Cette église ayant été reconstruite sur un meilleur plan et très bien ornée, on y replaça le corps ; de la Sainte, avec une pompe solennelle, en présence d’un grand concours de peuple et à la joie de la Ville entière.
Sainte Hyacinthe de Marescotti, Vierge, Tiers-Ordre franciscain
Giacinta est née en 1585 à Vignarello, près de Viterbe, dans les Etats de l’Eglise (Italie). Fille de Marc-Antoine Marescotti et d’Ottavia Orsini, sa famille était illustre. Elle fut baptisée sous le nom de Clarisse. Elle demeura une petite fille remarquablement pieuse. Son père confia son éducation aux sœurs franciscaines du couvent Saint-Bernardin du Tiers-Ordre régulier dépendant des Frères mineurs de l’Observance, où était entrée sa sœur aînée. Toutefois, en grandissant, elle devint frivole, elle était très belle, et aimait les plaisirs et le luxe. Quand elle eut vingt ans, elle jeta son dévolu sur le marquis Cassizucchi, un excellent parti pour elle, mais ce fut sa sœur cadette Hortense qui fut choisie. Fort désappointée, Clarisse retourna au couvent San Bernardino, sur ordre de son père, alors qu’il était évident qu’elle y entrait par dépit, et pas du tout pour fuir les séductions du monde. Elle y installa ses propres cuisines, s’habilla richement, recevant des visites et vivant fort peu religieusement. Elle vécut ainsi dix ans, en dépit de ses vœux. Pourtant, elle conservait une foi vivante, un grand respect pour la religion, une profonde pureté, et avait toujours une grande dévotion pour la Vierge Marie. Et puis, à la suite de plusieurs deuils familiaux, et à une longue maladie, elle vécut un profond revirement. Elle réalisa que sa conduite était mauvaise, et souhaita en changer. Pour ce faire, elle fit une confession publique devant la communauté, ôta ses vêtements luxueux pour endosser de vieilles guenilles, se mit à marcher pied nus, et ne se nourrit plus que de pain et d’eau. De plus, elle pratiqua de nombreuses mortifications, allant jusqu’à risquer sa vie dans les privations qu’elle s’imposait. Elle entra progressivement dans une ardente contemplation et fut gratifiée du don des larmes et d’une grande compassion pour les pécheurs. Elle assuma la charge de maîtresse des novices. Elle fonda plusieurs institutions charitables, entre autres les Oblates de Marie chargées de porter secours aux pauvres, aux malades et aux prisonniers, mendiant pour assurer leur subsistance. Elle fonda aussi plusieurs établissements pour l’accueil des personnes âgées isolées et sans ressources. Elle répandit dans la ville de Viterbe la coutume de l’oraison des Quarante heures qui fut adoptée ensuite dans toute l’Eglise. Elle mourut à Viterbe en 1640. Elle fut béatifiée par Benoît XIII en 1726, et fut canonisée par Pie VII en 1807.
Sainte Bathilde, Reine de France
Sainte Bathilde naquit en Angleterre, au VIe siècle. Toute jeune encore, à la suite d’une guerre, elle fut vendue comme esclave et achetée à vil prix par un seigneur de la cour du roi franc Clovis II. Le jeune roi, charmé de ses vertus, la prit pour épouse. Ce choix providentiel devait avoir pour résultat la gloire de la France. Loin de s’enorgueillir de son élévation, Bathilde conserva sur le trône la simplicité de sa vie; mais elle révéla la plus noble intelligence, les plus hautes qualités et une dignité égale à sa situation. Humble servante et prudente conseillère de son époux, aimant les évêques comme ses pères et les religieux comme ses frères, généreuse pour les pauvres, qu’elle comblait d’aumônes, avocate des malheureux, des veuves et des orphelins, fondatrice de monastères, d’un zèle extraordinaire pour le rachat des captifs et l’abolition de l’esclavage: telle fut, sur le trône, la digne émule de sainte Clotilde. Au milieu de la cour, elle trouvait le temps de vaquer à l’oraison et de s’adonner à tous les devoirs de la piété; détachée des grandeurs d’ici-bas, elle n’aspirait qu’à prendre un libre essor vers les délicieuses retraites de la prière et du recueillement. La mort de son époux lui imposa des obligations nouvelles, et pendant l’enfance du jeune roi Clotaire, son fils, elle dut porter tout le poids de l’administration d’un vaste royaume. Si elle le fit avec une haute sagesse, ce ne fut pas sans grandes épreuves. Sa vertu s’épura dans la tribulation, et c’est sans regret qu’elle put enfin se décharger de la régence et entrer comme simple religieuse au monastère de Chelles, qu’elle avait fondé. Alors, enfin, elle put se livrer tout entière à l’action de grâce et s’adonner à la pratique des plus héroïques vertus. Nulle religieuse n’était plus soumise, nulle n’affectionnait davantage les plus humbles emplois, nulle n’observait plus fidèlement le silence; elle fut admirable surtout par son humilité et par le mépris d’elle-même. « Il me semble, disait-elle, que le plus grand bonheur qui puisse m’arriver, c’est d’être foulée aux pieds de tout le monde. » A sa mort, en 680, ses soeurs virent monter son âme au Ciel, et entendirent les anges célébrer son triomphe par de suaves harmonies.
Martyrologe
Sainte Martine, vierge et martyre, dont l’anniversaire est mentionné aux calendes de janvier (1er janvier).
A Edesse, en Syrie, saint Barsimée évêque. Après avoir converti un grand nombre de païens, qui le précédèrent dans la conquête de la couronne, il les suivit, recevant à son tour la palme du martyre, sous l’empereur Trajan.
A Antioche, la passion du bienheureux prêtre Hippolyte. Il fut d’abord trompé quelque temps par le schisme de Novat; mais, touché par la grâce du Christ, il s’amenda, rentra dans l’unité de l’église, pour laquelle et dans laquelle il endura plus tard un glorieux martyre. Les siens lui ayant demandé quelle était la vraie doctrine, il exécra l’erreur de Novat, puis, déclarant qu’il fallait garder la foi enseignée par la Chaire de Pierre, il présenta sa gorge au bourreau.
En Afrique, la passion des saints Félicien, Philappien et de cent vingt quatre autres martyrs.
De plus, le bienheureux Alexandre, qui fut arrêté durant la persécution de Dèce. Vénérable par son grand âge, et célèbre pour avoir deux fois professé sa foi, il rendit l’âme sous les tourments des bourreaux.
A Edesse, en Syrie, saint Barsès évêque, célèbre par le don de guérir les maladies. L’empereur arien Valens, le fit reléguer dans des contrées lointaines à cause de sa foi catholique; Barsès finit ses jours, épuisé par les fatigues d’un triple exil.
A Jérusalem, l’anniversaire de saint Matthias évêque, dont on raconte les actions merveilleuses et pleines de foi. Sous Adrien il souffrit beaucoup pour le Christ, et finalement reposa en paix.
A Pavie, saint Armentaire, évêque et confesseur.
Au monastère de Maubeuge, en Hainaut, sainte Aldegonde vierge, au temps du roi Dagobert.
A Viterbe, sainte Hyacinthe de Mariscottis vierge, moniale du Tiers-Ordre de saint François, remarquable par sa pénitence et sa charité. Elle a été inscrite au nombre des saints par le pape Pie VII.
A Milan, sainte Savine, femme très pieuse, qui s’endormit dans le Seigneur, pendant qu’elle priait au tombeau des saints martyrs Nabor et Félix.
A Paris, sainte Bathilde reine, célèbre par sa sainteté et ses miracles éclatants.
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