En France : solennité des saints Pierre et Paul
IV° Dimanche après la Pentecôte – « Ne crains point ; désormais ce sont des hommes que tu prendras. »
Lorsque Dieu eut rejeté Saül à cause de son orgueil, Il dit à Samuel d’oindre comme roi le plus jeune fils de Jessé qui était encore enfant. Et Samuel l’oignit au milieu de ses frères et depuis ce jour l’Esprit de Dieu se retira de Saül et vint sur David. Or les Philistins, voulant recommencer la guerre, réunirent leur armée sur le versant d’une montagne. Saül rangea alors la sienne sur le versant d’une autre montagne de sorte qu’ils étaient séparés par une vallée où passait un torrent. Et il sortit du camp des Philistins un Géant qui s’appelait Goliath. Il portait un casque d’airain, une cuirasse d’écaillés, des bottes d’airain sur les jambes et un bouclier d’airain couvrait ses épaules. Il avait un javelot en bandoulière et brandissait une lance dont le fer pesait six cents sicles. Et défiant Israël : « Esclaves de Saül, s’écria-t-il, choisissez un champion qui vienne se mesurer avec moi ! S’il m’abat, nous serons vos esclaves ; si je l’abats, vous serez les nôtres ». Saül et tout Israël furent alors saisis d’effroi. Et pendant quarante jours le Philistin s’avança matin et soir et renouvela son défi sans que personne osât le relever. Le jeune David vint sur ces entrefaites au camp de Saül où se tenaient ses frères et quand il entendit Goliath et vit la terreur d’Israël, plein de foi il s’écria : Qui est donc ce Philistin, ce païen, pour insulter l’armée du Dieu vivant ? Que nul ne perde cœur en Israël, je combattrai le géant. « Va, lui dit Saül, et que Dieu soit avec toi ! » David prit son bâton et sa fronde, traversa le lit du torrent, y choisit cinq cailloux bien ronds et s’avança hardiment vers le Philistin. Goliath, en voyant venir cet enfant, le méprisa : « Suis-je donc un chien que tu viennes à moi avec un bâton ? » Et il le maudit par tous ses dieux. David lui répondit : « Je vais à toi au nom du Dieu d’Israël que tu as insulté ; aujourd’hui même toute la terre saura que ce n’est ni par l’épée, ni par la lance que ce Dieu sauve : il est le maître de la guerre et donne la victoire à qui il lui plaît ». Le géant se précipita alors vers David. Celui-ci mit une pierre dans sa fronde qu’il fit tournoyer et la pierre s’enfonça dans le front du géant qui tomba tout d’une pièce le visage contre terre. David bondit alors sur lui et tirant du fourreau l’épée de Goliath, il le tua en lui coupant la tête qu’il éleva pour la montrer aux Philistins. A cette vue les Philistins se débandèrent et l’armée d’Israël poussant un cri de guerre les poursuivirent et les massacrèrent. « Les enfants d’Israël, explique S. Augustin, se trouvaient depuis quarante jours devant l’ennemi. Ces quarante jours, à cause des quatre saisons et des quatre parties du monde, signifient la vie présente durant laquelle le peuple chrétien ne cesse d’avoir à combattre un Goliath et son armée, c’est-à -dire le diable et ses anges. Et pourtant ce peuple ne pourrait vaincre si le véritable David, le Christ, n’était pas descendu avec son bâton, je veux dire avec le mystère de sa croix. David, en effet, qui était la figure du Christ, sortit des rangs, prit en main son bâton et marcha contre le géant ; on vit alors figuré dans sa personne ce qui plus tard s’accomplit en Notre-Seigneur Jésus-Christ. Le Christ, en effet, le vrai David, venu combattre le Goliath spirituel, c’est-à -dire le diable, a lui-même porté sa croix. Remarquez, mes frères, à quel endroit David a frappé Goliath ; c’est juste au front où il n’avait pas le signe de la croix. C’est que, de même que le bâton représentait la croix, de même aussi la pierre qui frappa Goliath, figurait le Christ, Notre-Seigneur » (2eme Noct.)
L’armée d’Israël, c’est l’Église qui souffre des humiliations que lui imposent ses ennemis. Elle gémit en attendant sa libération (Épître), elle demande au Seigneur « qui est une forteresse pour les malheureux à l’heure de la persécution » (Alléluia), « au Seigneur qui est un refuge et un libérateur » (Communion), de lui venir en aide « de peur que l’ennemi ne s’écrie : Je l’ai vaincue » (Offertoire).Et avec confiance elle dit : « Venez à notre aide, ô Dieu, pour l’honneur de votre nom, et délivrez-nous » (Graduel). « Le Seigneur est mon salut, qui pourrais-je redouter ? Le Seigneur est le rempart de ma vie, qui me ferait trembler ? Quand je verrais campée contre moi toute une armée, mon cœur serait sans crainte. Ce sont mes persécuteurs et mes ennemis qui chancellent et qui tombent » (Introit). Et c’est ainsi que sous la conduite de la Providence, l’Église sert Dieu avec joie dans une sainte paix (Oraison). C’est ce que nous montre aussi l’Évangile choisi en raison de la proximité de la fête du 29 Juin. Un Évangéliaire de Würzbourg appelle en effet ce Dimanche Dominica ante natalem Apostolorum. C’est la barque de Pierre que Jésus choisit pour prêcher, c’est à Simon qu’il ordonne d’avancer au large et c’est lui qui, sur l’ordre du Maître, jette ses filets qui se remplissent jusqu’à se rompre. C’est Pierre enfin qui, saisi d’étonnement et d’effroi, adore son Maître et qui est choisi par lui comme pêcheur d’hommes. « Cette barque, explique S. Ambroise, S. Matthieu nous la représente battue des flots, et S. Luc nous la montre remplie de poissons ; ce qui nous dépeint les fluctuations de l’Église à son berceau, et sa prodigieuse fécondité dans la suite. Elle ne court aucun danger la barque qui porte la sagesse et qui vogue au souffle de la foi. Et que pourrait-elle craindre, ayant pour pilote celui en qui l’Église est affermie ? Le péril se rencontre où il y a peu de foi ; ici sécurité, car l’amour est parfait » (3e Noct.). En commentant un Évangile fort semblable à celui-ci (voir au Mercredi de Pâques) où S. Jean raconte une pêche miraculeuse qui eut lieu après la résurrection du Sauveur, S. Grégoire écrit : « Que figure la mer, sinon le siècle présent où les vicissitudes et les agitations de cette vie corruptible ressemblent à des flots qui sans cesse s’entrechoquent et se brisent ? Que représente la terre ferme du rivage, sinon la perpétuité du repos éternel ? Parce que les disciples se trouvaient encore parmi les flots de cette vie mortelle, ils travaillaient sur mer. Et comme notre Rédempteur avait dépouillé la corruptibilité de la chair, il se tenait, après sa résurrection, sur le rivage » (3eme Noct. du Mercredi de Pâques). En S. Matthieu, Nôtre Seigneur compare aussi « le royaume des cieux à un filet jeté en mer et qui ramasse toutes sortes de poissons. Et lorsqu’il est plein, les pêcheurs le tirent et s’étant assis au bord du rivage ils gardent les bons et rejettent tous les mauvais ». Le baptême était de même représenté dans les Catacombes par un pêcheur qui retirait un poisson hors de l’eau. Ce sera donc le rôle de l’Église, dont Pierre est le chef, « de pêcher des hommes », c’est-à -dire de délivrer les âmes de tous les dangers qu’elles courent dans le monde figuré par la mer. « Nouvelle méthode de pêcher, assurément, dit S. Jean Chrysostome, car les pêcheurs tirent les poissons hors de l’eau pour leur donner la mort, mais nous, nous lançons nos filets dans l’eau et ceux que nous prenons sont vivifiés », « Les filets des Apôtres, dit S. Grégoire dans l’homélie de ce jour, ne détruisent pas ceux qu’ils prennent, mais les réservent et, du fond de l’abîme, les font venir à la lumière ; ils élèvent vers les hauteurs ceux qui sont agités dans les bas-fonds ». Dans la barque de Pierre que secouent les flots agités et les tempêtes de ce monde, mettons toute notre confiance en Jésus. Il nous sauvera par son Église des attaques du « fort armé », le démon, comme il sauva par David l’armée d’Israël que défiait le géant Goliath.
SanctoralÂ
Saint Irénée, Evêque et Martyr
Irénée, né dans l’Asie proconsulaire non loin de la ville de Smyrne se mit dès son enfance sous la conduite de saint Polycarpe, disciple de saint Jean l’Évangéliste et Évêque de cette Église de Smyrne. Grâce à la direction de cet excellent maître, ses progrès dans la connaissance et la pratique de la religion chrétienne furent remarquables. Quand Polycarpe lui eut été enlevé pour le ciel par un glorieux martyre, Irénée, bien qu’admirablement instruit des saintes Écritures, brûlait cependant encore du plus ardent désir d’étudier au lieu même où elles avaient été confiées à leur garde, les traditions que d’autres pouvaient avoir reçues quant à l’enseignement et aux institutions apostoliques. Il put rencontrer plusieurs disciples des Apôtres ; ce qu’il apprit d’eux, il le grava dans sa mémoire, et il devait dans la suite opposer fort à propos ce qu’il en avait recueilli, aux hérésies qu’il voyait s’étendre chaque jour davantage non sans grand péril pour le peuple chrétien, et qu’il se proposait de combattre avec soin et abondance de preuves. S’étant rendu dans les Gaules, Irénée fut ordonné prêtre de l’Église de Lyon par l’Évêque Pothin. Il remplit les devoirs de son ministère avec tant d’assiduité pour la prédication et tant de science qu’au témoignage de saints Martyrs qui combattirent courageusement pour la vraie religion sous l’empereur Marc-Aurèle, il se montra le zélateur du testament du Christ. Comme les Confesseurs de la foi eux-mêmes et le clergé de Lyon étaient au plus haut point préoccupés de la paix des Églises d’Asie que troublait la faction des Montanistes, ils s’adressèrent à Irénée qu’ils proclamaient être l’homme le plus capable d’obtenir gain de cause, et le choisirent avec grande unanimité pour aller prier le Pape Éleuthère de condamner les nouveaux sectaires par l’autorité du Siège apostolique et de supprimer ainsi la cause des discordes. Déjà l’Évêque Pothin était mort martyr, Irénée lui ayant succédé s’acquitta de la charge épiscopale avec tant de succès, par sa sagesse, sa prière et son exemple, qu’en peu de temps il vit non seulement tous les habitants de Lyon, mais ceux de beaucoup d’autres cités gauloises, rejeter l’erreur et la superstition et s’inscrire dans la milice chrétienne. Tandis qu’il se livrait à ces labeurs apostoliques une discussion s’était élevée au sujet du jour auquel il convenait de célébrer la fête de Pâques et, le Pontife romain Victor voyant les Évêques d’Asie se séparer presque tous de leurs frères dans l’épiscopat quant au jour de cette célébration, les traitait avec rigueur ou menaçait de les excommunier. Irénée, ami de la paix, intervint respectueusement auprès du Pape et, faisant valoir l’exemple des Pontifes précédents, il l’amena à ne pas souffrir que tant d’Églises se séparassent de l’unité catholique à propos d’un rite qu’elles affirmaient avoir reçu par tradition. Irénée composa de nombreux ouvrages qu’ont cité Eusèbe de Césarée et saint Jérôme ; mais dont une grande partie a disparu par le malheur des temps. On a encore de lui cinq livres contre les hérésies, écrits vers l’année cent quatre-vingt, quand Éleuthère régissait encore la chrétienté. Dans le troisième de ces livres, l’homme de Dieu, instruit par ceux qu’il déclare avoir ouï l’enseignement direct des Apôtres, dit au sujet de l’Église romaine et de sa succession de Pontifes, que son témoignage est le plus grand et le plus éclatant parce qu’elle a la garde fidèle perpétuelle et très sûre de la tradition divine. Aussi, ajoute-t-il, est-il nécessaire qu’avec cette Église, en raison de sa puissante primauté, s’accorde toute Église, c’est-à -dire les fidèles de tous les lieux. En même temps que d’innombrables chrétiens qui lui devaient le bonheur d’être parvenus à la vraie foi, Irénée obtint enfin la couronne du martyre et partit pour le ciel l’an du salut deux cent deux, alors que Septime Sévère avait ordonné de vouer à la torture et à la mort tous ceux qui voudraient persévérer avec constance dans la pratique de la religion chrétienne. Le Souverain Pontife Benoît XV a ordonné d’étendre la fête de saint Irénée à l’Église universelle. »
Saint Léon II, Pape et ConfesseurÂ
Le souverain Pontife Léon II, Sicilien d’origine, était versé dans la science des saintes Écritures et des lettres profanes ; il possédait à fond les deux langues grecque et latine. Non moins habile dans le chant sacré, il perfectionna les mélodies des Psaumes et des Hymnes de l’Église. Il approuva et traduisit en latin les actes du sixième concile, tenu à Constantinople sous la présidence des légats du Siège apostolique, en présence de l’empereur Constantin, des deux Patriarches de Constantinople et d’Antioche, et de soixante-dix Évêques. Dans ce concile furent condamnés Cyrus, Sergius et Pyrrhus, qui enseignaient qu’il n’y avait dans le Christ qu’une seule volonté et opération. Léon II brisa l’orgueil des Évêques de Ravenne, qui, forts de l’appui des exarques, n’obéissaient plus au Siège apostolique. C’est pourquoi il décréta que l’élection du clergé de Ravenne serait nulle, si elle n’était approuvée par l’autorité du Pontife romain. Il fut vraiment le père des pauvres, car il ne soulageait pas seulement de son argent, mais de ses soins, de ses fatigues, de ses conseils, la misère et le délaissement des nécessiteux, des veuves et des orphelins. Son exemple et sa parole portaient tout le monde à une pieuse et sainte vie. Il s’endormit dans le Seigneur au onzième mois de son pontificat, le cinq des nones de juillet, l’année six cent quatre-vingt-trois, et fut enseveli dans la basilique de Saint-Pierre. Dans une ordination au mois de juin, il ordonna neuf Prêtres, trois Diacres et sacra vingt-trois Évêques pour divers lieux.
Saint Héliodore d’Altino, Évêque
Saint Héliodore naquit au milieu du IVe siècle, en Dalmatie, dans le même pays que saint Jérôme, et il s’attacha de bonne heure à ce grand Saint, plus encore pour suivre ses conseils dans l’ordre de la vertu et de la perfection chrétienne que pour profiter de ses lumières et de son érudition profonde dans l’ordre des sciences humaines et divines. La vie solitaire avait pour lui des attraits particuliers; mais, en entrant dans un monastère, il aurait fallu se séparer de son maître, et ce sacrifice lui parut au-dessus de ses forces. Il resta donc dans le monde sans l’aimer ni le fréquenter, vivant comme les anachorètes, uniquement occupé de la prière et de la lecture des Livres saints. Saint Jérôme ayant quitté Aquilée, ville du royaume d’Illyrie, où il avait passé quelques temps avec Héliodore, celui-ci l’accompagna dans un voyage qu’il fit en Orient, visitant les serviteurs de Dieu qui peuplaient les solitudes et les couvents. Bientôt Héliodore éprouva un vif désir de revoir ses parents et sa patrie, et il prit la route de la Dalmatie, promettant à son maître de revenir près de lui. Saint Jérôme, après avoir attendu très longtemps, ne le voyant pas revenir, craignit que l’amour de ses parents et des biens de la terre n’ébranlât sa vocation et lui écrivit une lettre touchante pour l’exhorter à rompre entièrement avec le monde et se donner à Dieu irrévocablement. Mais Dieu avait d’autres desseins sur Héliodore. Revenu en Italie, il y devint évêque, soutint la foi contre les Ariens et devint l’un des prélats les plus éminents de son temps.
Martyrologe
Saint Irénée, évêque et martyr, qui monta au ciel le quatrième jour des calendes de juin.
A Chiusi, en Etrurie, les saints martyrs Irénée diacre, et Mustiole, noble matrone, qui, sous l’empereur Aurélien, endurèrent des supplices atroces et variés, et méritèrent la couronne du martyre.
A Alexandrie, saint Tryphon et douze autres martyrs.
A Constantinople, saint Euloge, et ses compagnons martyrs.
A Césarée de Cappadoce, saint Hyacinthe, chambellan de l’empereur Trajan. Accusé d’être chrétien, il fut soumis à diverses tortures et, jeté en prison, il y mourut de faim.
Le même jour, les saints martyrs Marc et Mucien, qui, pour le Christ, furent mis à mort par le glaive. Un jeune enfant les ayant exhortés à haute voix à ne pas sacrifier aux idoles, on le fit battre de verges; et comme il persistait avec plus d’ardeur à confesser le Christ, il fut massacré avec un chrétien, nommé Paul, qui exhortait les martyrs.
A Rome, l’anniversaire de saint Léon II, pape et confesseur, qui, plein de mérites, s’en alla au ciel la première année de son pontificat.
A Laodicée en Syrie, saint Anatole évêque, qui a laissé des écrits dignes d’être admirés non seulement par les hommes pieux, mais aussi par les philosophes.
A Altino, sur les confins de la Vénétie, saint Héliodore évêque, remarquable par sa science et sa sainteté.
A Ravenne, saint Dathe, évêque et confesseur.
A Edesse, en Mésopotamie, la translation du corps de l’apôtre saint Thomas, rapporté de l’Inde. Ses reliques furent par la suite transférées à Ortone, au pays des Frentans.
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