IV° dimanche après la Pentecôte
Lorsque Dieu eut rejeté Saül à cause de son orgueil, Il dit à Samuel d’oindre comme roi le plus jeune fils de Jessé qui était encore enfant. Et Samuel l’oignit au milieu de ses frères et depuis ce jour l’Esprit de Dieu se retira de Saül et vint sur David. Or les Philistins, voulant recommencer la guerre, réunirent leur armée sur le versant d’une montagne. Saül rangea alors la sienne sur le versant d’une autre montagne de sorte qu’ils étaient séparés par une vallée où passait un torrent. Et il sortit du camp des Philistins un Géant qui s’appelait Goliath. Il portait un casque d’airain, une cuirasse d’écaillés, des bottes d’airain sur les jambes et un bouclier d’airain couvrait ses épaules. Il avait un javelot en bandoulière et brandissait une lance dont le fer pesait six cents sicles. Et défiant Israël : « Esclaves de Saül, s’écria-t-il, choisissez un champion qui vienne se mesurer avec moi ! S’il m’abat, nous serons vos esclaves ; si je l’abats, vous serez les nôtres ». Saül et tout Israël furent alors saisis d’effroi. Et pendant quarante jours le Philistin s’avança matin et soir et renouvela son défi sans que personne osât le relever. Le jeune David vint sur ces entrefaites au camp de Saül où se tenaient ses frères et quand il entendit Goliath et vit la terreur d’Israël, plein de foi il s’écria : Qui est donc ce Philistin, ce païen, pour insulter l’armée du Dieu vivant ? Que nul ne perde cœur en Israël, je combattrai le géant. « Va, lui dit Saül, et que Dieu soit avec toi ! » David prit son bâton et sa fronde, traversa le lit du torrent, y choisit cinq cailloux bien ronds et s’avança hardiment vers le Philistin. Goliath, en voyant venir cet enfant, le méprisa : « Suis-je donc un chien que tu viennes à moi avec un bâton ? » Et il le maudit par tous ses dieux. David lui répondit : « Je vais à toi au nom du Dieu d’Israël que tu as insulté ; aujourd’hui même toute la terre saura que ce n’est ni par l’épée, ni par la lance que ce Dieu sauve : il est le maître de la guerre et donne la victoire à qui il lui plaît ». Le géant se précipita alors vers David. Celui-ci mit une pierre dans sa fronde qu’il fit tournoyer et la pierre s’enfonça dans le front du géant qui tomba tout d’une pièce le visage contre terre. David bondit alors sur lui et tirant du fourreau l’épée de Goliath, il le tua en lui coupant la tête qu’il éleva pour la montrer aux Philistins. A cette vue les Philistins se débandèrent et l’armée d’Israël poussant un cri de guerre les poursuivirent et les massacrèrent. « Les enfants d’Israël, explique S. Augustin, se trouvaient depuis quarante jours devant l’ennemi. Ces quarante jours, à cause des quatre saisons et des quatre parties du monde, signifient la vie présente durant laquelle le peuple chrétien ne cesse d’avoir à combattre un Goliath et son armée, c’est-à-dire le diable et ses anges. Et pourtant ce peuple ne pourrait vaincre si le véritable David, le Christ, n’était pas descendu avec son bâton, je veux dire avec le mystère de sa croix. David, en effet, qui était la figure du Christ, sortit des rangs, prit en main son bâton et marcha contre le géant ; on vit alors figuré dans sa personne ce qui plus tard s’accomplit en Notre-Seigneur Jésus-Christ. Le Christ, en effet, le vrai David, venu combattre le Goliath spirituel, c’est-à-dire le diable, a lui-même porté sa croix. Remarquez, mes frères, à quel endroit David a frappé Goliath ; c’est juste au front où il n’avait pas le signe de la croix. C’est que, de même que le bâton représentait la croix, de même aussi la pierre qui frappa Goliath, figurait le Christ, Notre-Seigneur » (2eme Noct.)
L’armée d’Israël, c’est l’Église qui souffre des humiliations que lui imposent ses ennemis. Elle gémit en attendant sa libération (Épître), elle demande au Seigneur « qui est une forteresse pour les malheureux à l’heure de la persécution » (Alléluia), « au Seigneur qui est un refuge et un libérateur » (Communion), de lui venir en aide « de peur que l’ennemi ne s’écrie : Je l’ai vaincue » (Offertoire).Et avec confiance elle dit : « Venez à notre aide, ô Dieu, pour l’honneur de votre nom, et délivrez-nous » (Graduel). « Le Seigneur est mon salut, qui pourrais-je redouter ? Le Seigneur est le rempart de ma vie, qui me ferait trembler ? Quand je verrais campée contre moi toute une armée, mon cœur serait sans crainte. Ce sont mes persécuteurs et mes ennemis qui chancellent et qui tombent » (Introit).
Et c’est ainsi que sous la conduite de la Providence, l’Église sert Dieu avec joie dans une sainte paix (Oraison). C’est ce que nous montre aussi l’Évangile choisi en raison de la proximité de la fête du 29 Juin. Un Évangéliaire de Würzbourg appelle en effet ce Dimanche Dominica ante natalem Apostolorum. C’est la barque de Pierre que Jésus choisit pour prêcher, c’est à Simon qu’il ordonne d’avancer au large et c’est lui qui, sur l’ordre du Maître, jette ses filets qui se remplissent jusqu’à se rompre. C’est Pierre enfin qui, saisi d’étonnement et d’effroi, adore son Maître et qui est choisi par lui comme pêcheur d’hommes. « Cette barque, explique S. Ambroise, S. Matthieu nous la représente battue des flots, et S. Luc nous la montre remplie de poissons ; ce qui nous dépeint les fluctuations de l’Église à son berceau, et sa prodigieuse fécondité dans la suite. Elle ne court aucun danger la barque qui porte la sagesse et qui vogue au souffle de la foi. Et que pourrait-elle craindre, ayant pour pilote celui en qui l’Église est affermie ? Le péril se rencontre où il y a peu de foi ; ici sécurité, car l’amour est parfait » (3e Noct.). En commentant un Évangile fort semblable à celui-ci (voir au Mercredi de Pâques) où S. Jean raconte une pêche miraculeuse qui eut lieu après la résurrection du Sauveur, S. Grégoire écrit : « Que figure la mer, sinon le siècle présent où les vicissitudes et les agitations de cette vie corruptible ressemblent à des flots qui sans cesse s’entrechoquent et se brisent ? Que représente la terre ferme du rivage, sinon la perpétuité du repos éternel ? Parce que les disciples se trouvaient encore parmi les flots de cette vie mortelle, ils travaillaient sur mer. Et comme notre Rédempteur avait dépouillé la corruptibilité de la chair, il se tenait, après sa résurrection, sur le rivage » (3eme Noct. du Mercredi de Pâques). En S. Matthieu, Nôtre Seigneur compare aussi « le royaume des cieux à un filet jeté en mer et qui ramasse toutes sortes de poissons. Et lorsqu’il est plein, les pêcheurs le tirent et s’étant assis au bord du rivage ils gardent les bons et rejettent tous les mauvais ». Le baptême était de même représenté dans les Catacombes par un pêcheur qui retirait un poisson hors de l’eau. Ce sera donc le rôle de l’Église, dont Pierre est le chef, « de pêcher des hommes », c’est-à-dire de délivrer les âmes de tous les dangers qu’elles courent dans le monde figuré par la mer. « Nouvelle méthode de pêcher, assurément, dit S. Jean Chrysostome, car les pêcheurs tirent les poissons hors de l’eau pour leur donner la mort, mais nous, nous lançons nos filets dans l’eau et ceux que nous prenons sont vivifiés », « Les filets des Apôtres, dit S. Grégoire dans l’homélie de ce jour, ne détruisent pas ceux qu’ils prennent, mais les réservent et, du fond de l’abîme, les font venir à la lumière ; ils élèvent vers les hauteurs ceux qui sont agités dans les bas-fonds ». Dans la barque de Pierre que secouent les flots agités et les tempêtes de ce monde, mettons toute notre confiance en Jésus. Il nous sauvera par son Église des attaques du « fort armé », le démon, comme il sauva par David l’armée d’Israël que défiait le géant Goliath.
Sanctoral
Vigile des saints Apôtres Pierre et Paul : « une veillée nocturne au tombeau de Saint Pierre »
Transportons-nous aujourd’hui encore dans l’ancienne Église. La chrétienté de Rome se réunit le soir autour du tombeau de saint Pierre pour y passer la nuit entière. Elle a amené aussi ses malades, qui trouveront peut-être la guérison au tombeau de l’Apôtre. Le service religieux commence. La communauté évoque d’abord le saint. Il lui semble voir sortir de la tombe le porte-clefs de l’Église ; elle le voit comme disciple et Apôtre du Christ ; elle le voit marcher sur les flots et, quand il enfonce, saisir la main de son Maître ; elle le voit dans la nuit de la Passion : « Il pleura amèrement » ; elle le voit devant le Ressuscité : « M’aimes-tu plus que ceux-ci ? » Elle le voit chef de la jeune Église, arrêté et emprisonné par Hérode. Elle écoute ses lettres pastorales, ses paroles sur le « sacerdoce royal » des fidèles. Elle s’intéresse au récit de son martyre douloureux. Ces images encadrent les psaumes et les hymnes que chante l’Église romaine. Vers le matin, « le Verbe devient chair » dans les saints mystères. On célèbre la messe, et la grâce de la Rédemption est versée par les mains de Pierre dans les cœurs des fidèles. Célébrons cette vigile dans l’esprit de l’ancienne Église.
La messe (Dicit Dóminus) semble plus ancienne que celle de la fête. Le thème principal est la prédiction du Seigneur annonçant à Pierre qu’il mourrait sur la croix. Ce thème retentit déjà dans l’Introït. Le psaume directeur est le psaume 18 qui, depuis l’antiquité, est appelé « Apóstolus », et fait allusion à la prédication apostolique. La leçon nous raconte la guérison du paralytique par saint Pierre (c’est la leçon du premier nocturne de la fête). L’Apôtre est le chef de l’Église, et l’Église nous dit aujourd’hui et chaque jour : « Au nom de Jésus-Christ, lève-toi et marche ». L’Évangile nous transporte sur les bords du lac de Génésareth. Là, le Seigneur ressuscité et glorifié prend avec ses disciples un mystérieux repas ; il fait de Pierre le pasteur de son Église et il lui annonce en même temps son martyre : « Par ces paroles, il indiquait par quelle mort il glorifierait Dieu ». Nous aussi nous devons être aujourd’hui Pierre. A la Communion, le Seigneur demande à chacun de nous : « M’aimes-tu plus que ceux-ci ? » Répondons : « Tu sais tout, tu sais aussi que je t’aime ».
Dans l’antiquité, et encore au VIIIème siècle, on célébrait dans la nuit du 28 au 29 juin à Rome deux messes : une à la basilique Saint-Pierre au Vatican, l’autre à la basilique Saint-Paul. La réforme de Jean XXIII a libéré le 28 juin de la fête de Saint Irénée, redonnant son grade de vigile majeure à la Vigile des deux Princes des Apôtres.
Saint Irénée, Évêque et Martyr
Saint Irénée naquit en Asie Mineure et y passa ses premières années. Il eut le bonheur insigne d’être, jeune encore, disciple de l’admirable évêque de Smyrne, Polycarpe. Irénée conçut une telle vénération pour son saint maître, que, non content de se pénétrer de sa doctrine et de son esprit, il modelait sur lui ses actions et jusqu’à son pas et sa démarche. Il fut bientôt fort instruit dans les Saintes Écritures et dans les traditions apostoliques, et déjà l’on pouvait prévoir en lui l’auteur futur de tant de saints ouvrages et surtout de ce travail si remarquable contre les Hérésies, où devaient puiser, comme à une source riche et sûre, tous les savants de l’avenir. Irénée était l’enfant chéri de Polycarpe; mais il était aussi l’espoir et la joie de toute la chrétienté. Jamais diacre ne s’acquitta de toutes ses fonctions avec tant de zèle. L’ardeur du jeune apôtre s’enflammait de plus en plus à la vue des missionnaires que Polycarpe envoyait dans les Gaules; aussi bientôt il reçut de son maître l’ordre impatiemment désiré d’aller au secours du vieil évêque de Lyon, saint Pothin. Polycarpe fit, au jour de la séparation, un grand sacrifice; mais il fit aussi une oeuvre féconde. Le bonheur du vénérable évêque des Gaules dépassa toutes ses espérances, quand il reconnut tout le mérite de son jeune auxiliaire. Avec Irénée, l’avenir de l’Église occidentale était sauvé. Une terrible persécution fit disparaître saint Pothin et un grand nombre de fidèles; les païens avaient cru noyer l’Église lyonnaise dans le sang de ses enfants; mais Irénée restait encore, et, par l’ordre du Pape Éleuthère, il montait bientôt sur le siège épiscopal de Lyon. Ses prières, ses prédications, ses exhortations, ses réprimandes, eurent bientôt reconstitué cette Église dévastée. La paix toutefois n’était que précaire, et la persécution fit couler de nouveau le sang des martyrs. Le temps d’Irénée n’était pas encore venu, son oeuvre n’était que commencée, et Dieu voulait lui donner le temps de l’accomplir. Quand, en 202, les horreurs de la persécution éclatèrent encore, l’Église de Lyon, toujours en vue, était prête à subir le choc. Irénée, plus que jamais, ranimait la foi de ses enfants et leur montrait le Ciel. Il fut au nombre des premières victimes; c’était la juste récompense due à ses longs travaux. Parmi tous les éloges que lui ont donnés les Saints, citons les titres glorieux de Zélateur du Nouveau Testament, Flambeau de la foi, homme versé dans toutes le sciences.
Martyrologe
La Vigile des saints apôtres Pierre et Paul. A Lyon, en Gaule, saint Irénée, évêque et martyr Sa fête cependant est célébrée le cinq des nones de juillet.Au témoignage de saint Jérôme, il fut disciple du bienheureux Polycarpe évêque de Smyrne, et presque contemporain de l’âge apostolique. Après avoir fortement combattu contre les hérétiques par ses discours et ses écrits, il obtint durant la persécution de Sévère, avec la plus grande partie du peuple de la cité, la couronne d’un glorieux martyre.
A Utrecht, saint Bénigne, évêque et martyr.
A Alexandrie, durant la persécution de Sévère, les saints martyrs: Plutarque, Sérène; Héraclide catéchumène; Héron néophyte, un autre Sérène; avec les saintes femmes Rhaïde catéchumène; Potcamienne, et Marcelle sa mère. Parmi eux brilla principalement la vierge Potcamienne, qui eut à soutenir de nombreux et rudes combats pour sa virginité, endura des tourments raffinés et inouïs, et fut enfin brûlée avec sa mère.
Le même jour, saint Papius martyr. Durant la persécution de l’empereur Dioclétien, après avoir été battu de verges, jeté dans une chaudière pleine d’huile et de graisse bouillantes, après avoir souffert d’autres supplices affreux il présenta enfin sa tête au bourreau et fut couronné.
A Cordoue, en Espagne, saint Argymir, moine et martyr. Pendant la persécution arabe, il fut étendu sur le chevalet et percé du glaive pour la foi du Christ.
A Rome, saint Paul Ier, pape et confesseur.
A Lovère, au diocèse de Brescia, sainte Vincenza Gerosa, vierge, fondatrice avec sainte Bartholomea Capitanio de l’Institut des Sœurs de la Charité. Le pape Pie XII l’a inscrite sur la liste des saintes Vierges.
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