Quatorzième dimanche après la Pentecôte -

Quatorzième dimanche après la Pentecôte – « Nul ne peut servir deux maîtres. » 

A LA MESSE. Regardez-nous, ô Dieu notre protecteur, jetez les yeux sur la face de votre Christ. Ainsi débute aujourd’hui l’Église s’avançant vers l’autel. L’Église est l’Épouse de l’Homme-Dieu et sa gloire ; mais l’Époux, dit saint Paul, est à la fois l’image et la gloire de Dieu et la tête de l’Épouse. C’est donc en toute vérité, comme avec une pleine assurance d’être exaucée, que l’Église, s’adressant au Dieu trois fois saint, le prie de jeter les yeux, en la regardant, sur la face de son Christ. Les gloires futures à la pensée desquelles l’Église tressaille, la dignité de l’union divine qui la rend dès ce monde véritablement Épouse, ne l’empêchent point de sentir le besoin continuel qu’elle a du secours d’en haut. Un seul moment d’abandon du côté du ciel, et elle verrait l’humaine fragilité emporter ses membres à l’abîme de vice que décrit l’Apôtre dans l’Épître, bien loin des vertus qu’il célèbre. Demandons avec notre Mère, dans la Collecte, cette assistance miséricordieuse de tous les instants qui nous est si nécessaire.

EPÎTRE. L’Épouse venue pour être couronnée des hauteurs de Sanir et d’Hermon, ne connaît point la servitude du Sinaï. Bien moins encore est-elle soumise à l’esclavage des sens. Sur la montagne où sa tente est fixée jusqu’aux derniers jours, l’Époux a brisé, avec les liens de la loi juive, la chaîne plus terrible encore qui liait tous les peuples, la trame de péché enveloppant les nations. Ses fils sont rois comme elle ; le lait qu’elle leur donne infuse en eux la liberté. Remplis de l’Esprit-Saint qui fait leur noblesse et leur force, ils grandissent sous l’œil du Dieu des armées dans les combats qui conviennent à des princes. Satan a vu leurs luttes glorieuses restreindre son empire. Deux cités se partagent la terre désormais ; et la cité sainte, composée des vainqueurs du démon, du monde et de la chair, tressaille de voir affluer dans son sein l’élite des nations. L’amour supplée à toute loi dans ses murs ; car l’Esprit, qui conduit ses heureux citoyens, dirige leur marche bien au-delà des prescriptions ou des défenses d’une loi quelconque. Avec la charité, la joie et tous ces fruits divins qu’énumère l’Apôtre, y nais sent, comme d’eux-mêmes, sur un sol imbibé des eaux du fleuve qui n’est autre encore que l’Esprit sanctificateur inondant de ses flots la cité de Dieu. Ne nous étonnons point que la nouvelle Sion soit plus aimée du Seigneur que ne le furent toutes les tentes de Jacob autrefois si belles. Depuis que la bénédiction a remplacé la loi sur terre, les serviteurs de Dieu ont fait place à ses fils. Prouvant dans la chair même leur céleste origine, ils vont de vertu en vertu ; sans quitter la vallée des larmes, ils montent incessamment, atteignant les plus hauts sommets de la sainteté, retraçant ici-bas la perfection du Père céleste qui apparaît véritablement comme le Dieu des dieux, entouré qu’il est dans Sion de leur noble cour. La chair et le sang n’ont eu nulle part à leur divine naissance ; la chair et le sang n’en ont point davantage en leur vie renouvelée. Nés de la chair primitivement, ils étaient chair, et faisaient les œuvres de honte citées dans l’Epître, montrant bien en tout qu’ils sortaient du limon ; nés de l’Esprit, ils sont esprit et font les œuvres de l’Esprit malgré la chair qui les enveloppe toujours. Car l’Esprit en leur donnant la vie, les a soustraits, par la force de l’amour, à l’empire du péché qui régnait dans leurs membres ; et, greffés sur le Christ, ils fructifient maintenant pour Dieu. L’homme, asservi par la concupiscence, a donc retrouvé sur la croix de l’Homme-Dieu l’équilibre de son être avec la liberté. La suprématie que l’âme avait perdue en punition de sa révolte contre Dieu lui a été rendue sous les eaux de la fontaine sacrée ; redevenue reine, qu’a-t-elle à faire qu’à châtier l’esclave qui, si longtemps, tyrannisa sa légitime maîtresse ? Certes, de lui-même déjà, l’homme ne doit rien à la chair . Mais de plus, Dieu, insulté par tant d’ignominies commises sous ses yeux trois fois saints, réclame aussi sa vengeance ; et il daigne faire alliance avec l’homme affranchi, en lui confiant la mission d’exercer sur l’usurpatrice ennemie leurs communes représailles. Au reste il y va, dans la continuation de la lutte, de la sûreté même des résultats acquis. Car, bien que réduite à l’impuissance de nuire à ceux qui sont en Jésus-Christ et ne suivent point ses honteuses suggestions, l’ancienne révoltée n’en demeure pas moins toujours en état de rébellion ouverte contre l’esprit, n’épargnant qu’à de rares privilégiés ses importunes attaques, suivant Antoine au désert, souffletant Paul au sortir de ses révélations sublimes. C’est pourquoi, n’eussions-nous aucune faute à expier, la plus élémentaire sagesse nous dicterait encore, contre cette persévérante et trop intime ennemie, des mesures de répression préventive. « Je châtie mon corps, disait l’Apôtre, et je le réduis en servitude, de peur que je ne devienne réprouvé . » La pénitence est une dette de justice, qui s’impose au pécheur ; la mortification est un devoir de haute prudence, qui regarde quiconque ne peut se vanter d’avoir éteint en lui sans retour les feux de la concupiscence. Et qui donc se rendra le double témoignage d’être quitte envers Dieu, et d’avoir étouffé dans son sein tous les germes des basses convoitises ? C’est pourquoi tous les auteurs qui traitent de la conduite des âmes professent, sans exception, qu’aucun homme soucieux de la perfection et du salut ne doit se borner à l’observation des règles de la simple tempérance, qui prohibe l’excès dans l’usage des jouissances de tout genre ; il faut que, s’armant de force, il sache de temps en temps se refuser des plaisirs permis d’ailleurs, s’imposer des privations qui n’étaient pas commandées, aller même au-devant de la souffrance proprement dite, selon le mode et dans la mesure que conseillera un sage directeur. Écoutons entre mille, sur ce sujet, l’aimable et doux saint François de Sales : « Si vous pouvez supporter le jeûne », dit-il, dans l’Introduction à la vie dévote, à sa chère Philothée, « vous ferez bien de jeûner quelques jours outre les jeûnes que l’Église nous commande… ; bien qu’on ne jeûne pas beaucoup, l’ennemi néanmoins nous craint davantage quand il connait que nous savons jeûner. Les mercredi, vendredi et samedi sont les jours lesquels les anciens chrétiens s’exerçaient le plus à l’abstinence. Prenez-en donc de ceux-là pour jeûner, autant que votre dévotion et la discrétion de votre directeur vous le conseilleront….. La discipline a une merveilleuse vertu pour réveiller l’appétit de la dévotion, étant prise modérément. La haire matte puissamment le corps… ; ès jours plus signalés de la pénitence, on la peut employer avec l’avis d’un discret confesseur. » Ainsi s’exprime le docte et pieux évêque de Genève, malgré sa douceur ; et c’est aux personnes vivant dans le monde que s’adressent ses instructions. C’est qu’en effet, dans le monde comme dans le cloître, la vie chrétienne, dès qu’on la prend au sérieux, exige cet incessant combat de l’esprit contre la chair, faute duquel celle-ci reprend bientôt son empire usurpé et réduit l’âme à l’impuissance, en éteignant ses premières aspirations vers la vertu dans la torpeur d’un engourdissement fatal, quand elle ne la replonge pas d’un seul bond dans la fange. Qu’on ne craigne point, au reste, que l’affabilité des rapports sociaux ait rien à souffrir de cette énergie que le chrétien saura déployer contre lui-même : la vertu qui repose sur l’oubli de soi jusqu’à aimer pour Dieu la souffrance et la gêne, n’enlève rien aux grâces de qui la possède, ni aux charmes de la société où elle se rencontre ; et il n’est point de parure, quand c’est J’amour du Christ Jésus qui préside à son agencement, où les bijoux de la pénitence ne sachent très bien trouver leur place sans faire nul tort à ceux du siècle. Quelle leçon ne réserve pas le jour du jugement à tant de chrétiens, tièdes et lâches, qui pensent que tout autour d’eux partage sur ce point la mollesse où ils s’endorment si volontiers ! Alors ils verront, révélées au grand jour, les pieuses industries que le culte de la croix suggérait, pour crucifier leur chair au sein même des plaisirs, à tels et telles dont l’aménité faisait le plus bel ornement de leurs fêtes mondaines. Et ne faut-il pas reconnaître qu’il en doit être ainsi d’ailleurs, à moins de dire que le christianisme et l’amour divin ne sont plus de ce monde ? Comment aimer Jésus, l’homme de douleurs, sans aimer ses souffrances ? Comment prétendre marcher après lui, si l’on n’est pas dans la voie du Calvaire ? Si quelqu’un veut venir après moi, dit l’Homme-Dieu, qu’il se renonce lui-même, qu’il porte sa croix tous les jours, et qu’il me suive. Et l’Église qui ne fait qu’un avec son Époux, qui le complète en toutes choses, poursuivant et développant sa vie d’expiation et de réparation à travers les siècles, l’Église demande à ses fils l’accomplissement de cette tâche sublime que l’Apôtre exprimait par ces mots : Je supplée à ce qui manque aux souffrances de Jésus-Christ, en souffrant dans ma chair pour son corps qui est l’Église. Tâche sublime en effet, toute filiale du côté qui regarde l’Église, mais aussi toute divine et déifiante, considérée entre le Verbe et l’âme qu’il daigne élever au-dessus des anges à ce point de l’appeler en part du calice réservé par le Père souverain à son humanité-sainte. C’est là vraiment l’intimité de l’Épouse ; c’est le breuvage dont la vertu confond leurs deux vies en une seule ; et l’on ne doit pas s’étonner si l’ivresse douloureuse qu’ils puisent à l’envi dans la coupe sacrée donne une telle force à leur union, que la créature redescend parfois de l’extase marquée dans son âme, et dans sa chair même, des plaies du divin Crucifié. Mais que le Seigneur daigne ou non communiquer d’une manière invisible ou visible à sa bien-aimée les stigmates de son amour, la souffrance, sous ses mille formes, est le sceau royal qui donne ici-bas son cachet d’authenticité le plus sûr au contrat de l’union divine. Plusieurs, qui tressaillent d’une pieuse envie au récit des faveurs gratuitement accordées à quelques âmes saintes, reculeraient terrifiés devant l’exposé des épreuves qu’elles ont dû traverser pour gagner ces sommets mystérieux. Après même que les épreuves purifiantes dont nous avons parlé ailleurs sont accomplies, le rendez-vous du Cantique n’en demeure pas moins fixé toujours au mont de la myrrhe qui signifie la souffrance ; la myrrhe est le premier des parfums que le Verbe divin recueille au jardin symbolique, le seul qu’il nomme entre tous ; la myrrhe découle des mains de l’Épouse et remplit ses doigts ; il est lui-même au sein de son élue le bouquet de myrrhe, et c’est la myrrhe que distillent pour elle ses lèvres d’Époux. Ne prétendons point, dans notre misère, être emportés jamais par l’Esprit jusqu’aux cimes élevées de la vie mystique où l’union divine produit les merveilleux résultats cités plus haut ; mais rappelons-nous que ni l’intensité, ni le mérite de l’amour, ni la réalité même de l’union effective ne dépendent de ces manifestations extérieures. Il doit nous suffire, pour aimer, pour rechercher la souffrance, de nous souvenir par la foi qu’elle a été toute la vie de Celui qui désire et mérite si bien être l’unique objet de nos affections et de nos pensées. Nous sommes les membres d’un Chef couronné d’épines : pourrions-nous ne rêver que délices et fleurs ? N’oublions point que tous les saints, au ciel, doivent reproduire les traits de l’Adam nouveau ; le Père éternel n’admet dans sa maison que des images de son Fils. L’Église chante, au Graduel, la bienheureuse confiance qu’elle a mise dans le Seigneur son Époux. Le Verset alléluiatique invite ses fils à se réjouir comme elle en Dieu leur Sauveur.

ÉVANGILE. La vie surnaturelle, pour arriver à son plein épanouissement dans les âmes, doit triompher de trois ennemis que saint Jean a nommés la concupiscence de la chair, la concupiscence des yeux et l’orgueil de la vie. Nous venons de voir, dans l’Épître du jour, l’obstacle opposé par le premier de ces ennemis à l’Esprit-Saint et la manière de le surmonter ; l’humilité, sur laquelle l’Église a ramené plus d’une fois notre attention dans les Dimanches précédents, est le renversement de l’orgueil de la vie ; la concupiscence des yeux, ou l’attache aux biens de ce monde qui n’ont de biens que le faux nom et l’apparence trompeuse, est l’objet de l’Évangile qu’on vient d’entendre. « Personne, dit l’Homme-Dieu, ne peut servir deux maîtres ; » et ces deux maîtres dont il parle sont Dieu et Mammon, c’est-à-dire la richesse. Non que la richesse soit mauvaise par elle-même. Acquise légitimement et employée suivant la volonté du Seigneur suprême, elle sert à gagner les vrais biens, à entasser par avance dans l’éternelle patrie des trésors qui ne craignent point les voleurs ou la rouille. Quoique la pauvreté soit la noblesse des cieux depuis que le Verbe divin Fa épousée, c’est une grande mission que celle du riche, établi pour faire valoir, au nom du Très-Haut, les diverses parties de la création matérielle. Dieu daigne remettre à ses soins la nourriture et l’entretien de ses fils les plus aimés, des membres dénués et souffrants de son Christ ; il l’appelle à se faire le soutien des intérêts de son Église, le promoteur des œuvres du salut ; il lui confie la splendeur de ses temples. Heureux et digne de toute louange est celui qui ramène directement ainsi à la gloire de leur auteur les fruits de la terre et les métaux qu’elle renferme en son sein ! Qu’il ne craigne point : ce n’est pas à lui que s’adressent les anathèmes tombés si souvent de la bouche de l’Homme-Dieu sur les riches et les heureux du siècle. Lui n’a qu’un maître : le Père qui est aux cieux, dont il se reconnaît humblement l’économe. Mammon ne le domine pas ; car, au contraire, il en a fait son esclave et l’a mis au service de son zèle. Le soin qu’il prend pour administrer ses biens dans la justice et la charité, n’est point celui que condamne l’Évangile ; car en cela même il suit la parole du Seigneur, cherchant d’abord le royaume de Dieu ; et la richesse qui passe par ses mains en bonnes œuvres ne distrait point ses pensées du ciel où est son trésor et son cœur. Tout autrement en est-il, quand la richesse n’est plus envisagée comme un simple moyen, mais devient le but de l’existence, au point défaire négliger et parfois oublier à l’homme sa fin dernière. Les voies de l’avare ravissent son âme, dit l’Esprit-Saint. C’est qu’en effet, explique l’Apôtre à son disciple Timothée, l’amour de l’argent précipite l’homme dans la tentation et les filets du diable par la multitude des désirs pernicieux et vains qu’il engendre ; il l’enfonce toujours plus avant dans l’abîme, lui faisant vendre au besoin jusqu’à sa foi. Et cependant plus l’avare amasse, et moins il dépense. Garder chèrement son trésor, le contempler, ne penser qu’à lui quand la nécessité l’en éloigne, c’est là toute sa vie ; sa passion tourne en idolâtrie. Mammon bientôt, en effet, n’est plus seulement pour lui un maître aux ordres primant tous les autres ; c’est un dieu devant qui, courbé jour et nuit, l’avare immole amis, parents, patrie et lui-même, dévouant son âme à son idole, et lui jetant tout vivant, dit l’Ecclésiastique, ses propres entrailles. Ne soyons point étonnés que notre Évangile représente Dieu et Mammon comme d’irréconciliables rivaux : quel autre que Mammon a vu Dieu en personne sacrifié pour trente pièces d’argent sur son vil autel ? Est-il un ange déchu dont la hideuse gloire rayonne d’un plus sinistre éclat sous les voûtes infernales, que le démon du gain, auteur du marché qui livra aux bourreaux le Verbe éternel ? Le déicide est à la charge des avares ; leur misérable passion, que l’Apôtre qualifie de racine de tous les maux, revendique légitimement le plus grand des crimes que le monde ait commis.

Mais, sans aller jusqu’aux excès qui firent dire aux auteurs inspirés des livres eux-mêmes de l’ancienne alliance : « Rien de plus criminel que l’avare, rien de plus inique que d’aimer l’argent, » il est facile de se laisser entraîner, au sujet des biens de ce monde, à une sollicitude exagérée, dépassant celle que permet la prudence. Le Créateur qui ne néglige ni les oiseaux du ciel, ni les lis des champs, oublierait-il, soit de nourrir, soit de vêtir l’homme même, pour qui furent faits les oiseaux et les lis ? Depuis surtout que l’homme peut dire à Dieu : Mon Père, l’inquiétude que condamne la simple raison serait pour des chrétiens une injure à Celui dont ils sont les fils. Leur bassesse d’âme mériterait l’abandon du Seigneur de toutes choses. Si répondant au contraire à leur noblesse de race, ils cherchent avant tout ce royaume de Dieu dont la couronne est pour eux dans la vraie patrie, les biens de la vallée d’exil leur sont assurés par la parole expresse du Seigneur même, dans la mesure utile au voyage qui les conduit au ciel. Quelle ineffable suavité dans ces déductions du Sauveur ! Vouloir y ajouter d’humaines paroles serait en diminuer le charme et la force à la fois. Insistons seulement pour faire observer que la préoccupation blâmée ici comme un manque de confiance envers le Père qui est aux cieux, serait, en outre, la preuve d’une attache incompatible avec la perfection de la vie chrétienne et le désir d’avancer dans les voies de l’union divine. La Vie unitive n’est fermée à aucun des états de ce monde ; mais c’est à la condition pour l’âme de se dégager des liens qui l’empêchent de monter vers son Dieu. Le religieux brise ces liens par ses trois vœux, qui répondent directement aux efforts de la triple concupiscence ; le séculier qui désire, quoique dans le monde, répondre autant que possible à l’appel du Seigneur, doit arriver, sans l’aide de cette séparation effective, à se détacher non moins complètement de sa volonté propre, de ses sens et des biens qu’il possède, pour n’avoir plus de regards et d’aspirations qu’au ciel où réside son amour. S’il ne fait pas en sorte d’être, au sein même des richesses, aussi pauvre d’esprit que l’est de fait le religieux, sa marche se trouve arrêtée dès le premier degré de l’échelle contemplative ; tant qu’il n’aura pas triomphé de l’obstacle, il ne doit pas compter s’élever, dans la vie et l’amour, au-dessus des sentiers du grand nombre.

L’Offertoire, comme les autres parties de cette Messe, est tout à la confiance. Le chef des milices de Dieu, l’archange Michel dont la fête approche, et que l’Église invoque tous les jours dans la bénédiction de l’encens à ce moment du Sacrifice, n’est-il pas là pour garder ceux qui craignent le Seigneur ? Demandons, dans la Secrète, que l’hostie offerte sur l’autel purifie notre âme par sa vertu et détermine la divine puissance à se montrer en notre faveur. L’Antienne de la Communion, tirée de l’Évangile qui est aujourd’hui celui du présent Dimanche, ne se trouvait pas ici primitivement ; les anciens liturgistes n’en font point mention à cette place, et on ne l’y rencontre dans aucun des manuscrits consultés par le Bienheureux Tommasi pour la publication de son Antiphonaire. La composition de cette Messe et de quelques autres présente au reste, historiquement, plus d’une autre variante ; mais ces détails, si intéressants qu’ils soient d’ailleurs, relèvent trop exclusivement de l’érudition, et nous ne pourrions y entrer sans changer le caractère de cet ouvrage. Pureté croissante, protection du ciel et persévérance finale, tels sont les fruits précieux de la fréquentation des Mystères. Obtenons-les, en priant avec l’Église dans la Postcommunion.

Saint Louis, Roi de France, Confesseur, Patron des Tertiaires franciscains, vingt-cinq août
Près de Carthage, saint Louis IX, roi de France et confesseur, illustre par la sainteté de sa vie et l’éclat de ses miracles.

Sanctoral 

Saint Louis, Roi de France, Confesseur, Patron des Tertiaires franciscains

Louis IX, devenu roi de France à l’âge de douze ans, par la mort de son père, fut très pieusement élevé par la reine Blanche de Castille, sa mère. Tout le monde connaît la belle parole de cette grande reine: “Mon fils, je vous aime après Dieu plus que toutes choses; cependant, sachez-le bien, j’aimerais mieux vous voir mort que coupable d’un seul péché mortel.” Époux affectueux et père de onze enfants, il fut en même temps un rigoureux ascète. Énergique et vigilant dans l’administration de son royaume, il ne négligeait en rien ses exercices de piété et recevait fréquemment les sacrements ; intrépide au combat et soucieux de son prestige dans les grandes circonstances, il s’épuisait secrètement en jeûnes et en mortifications. La stricte justice, la parfaite loyauté et l’amour absolu de la paix inspirèrent sa politique, toujours exempte néanmoins de faiblesse, et dont plusieurs siècles devaient confirmer le succès.

Il régnait depuis vingt ans déjà, lorsque, tombé malade, la pensée lui vint de reconquérir Jérusalem. Aussitôt revenu à la santé, il reçut l’étendard des mains de l’Évêque de Paris. Puis, ayant traversé la mer avec une armée nombreuse, il mit en déroute les Sarrasins dans un premier combat. Mais beaucoup de ses soldats moururent de la peste, et lui-même fut vaincu et fait prisonnier. Après un traité avec les Sarrasins, le roi et son armée furent laissés libres. Il demeura pendant cinq ans en Orient, racheta de l’esclavage un grand nombre de Chrétiens, convertit beaucoup d’infidèles à la foi du Christ, et rebâtit à ses frais plusieurs villes appartenant aux Chrétiens. Sa mère étant morte sur ces entrefaites, il dut revenir en France où il s’adonna tout entier aux œuvres de piété. Le saint roi construisit nombre de monastères et d’hospices pour les pauvres ; il secourait de ses largesses les indigents, visitait fréquemment les malades et, non content de les faire soigner à ses frais, leur donnait de ses propres mains ce dont ils avaient besoin.

Simple dans ses habits, il n’épargnait pas à son corps les mortifications du ciliée et du jeûne. Louis IX traversa de nouveau la mer pour combattre les Sarrasins, mais au moment où il venait d’établir son camp en face de l’ennemi, il mourut de la peste en prononçant ces paroles : « J’entrerai dans votre maison, Seigneur, je vous adorerai dans votre saint temple et je glorifierai votre nom. » Son corps fut transporté à Paris ; il est conservé dans la célèbre église de Saint-Denis, où on le vénère. Quant à son chef, on le porta à la sainte Chapelle. Glorifié par d’éclatants miracles, il a été mis au nombre des Saints par le Pape Boniface VIII.

Martyrologe

Près de Carthage, saint Louis IX, roi de France et confesseur, illustre par la sainteté de sa vie et l’éclat de ses miracles; ses ossements furent plus tard rapportés à Paris.

A Rome, l’anniversaire de saint Joseph Calasanz, prêtre et confesseur, célèbre par l’innocence de sa vie et par ses miracles. Pour élever la jeunesse dans la piété et dans les lettres, il fonda l’Ordre des pauvres Clercs Réguliers de la Mère de Dieu des écoles pies. Le souverain pontife Pie XII l’a constitué auprès de Dieu patron céleste de toutes les écoles populaires chrétiennes qui sont sur la terre. Sa fête se célèbre le 6 des calendes de septembre (27 août).

A Rome également, les saints martyrs Eusèbe, Pontien, Vincent et Pérégrin. Sous l’empereur Commode, ils endurèrent successivement les tourments du chevalet, des entraves, de la bastonnade; ils eurent ensuite les flancs brûlés, et comme ils continuaient très fidèlement à louer le Christ, on les battit avec des fouets garnis de plomb jusqu’à ce qu’ils eussent rendu l’âme.

De plus, à Rome, l’anniversaire du bienheureux Némèse diacre, et de la vierge Lucille, sa fille. Demeurant fermes et inébranlables dans la foi du Christ, ils furent décapités par ordre de l’empereur Valérien. Leurs corps, que le pape saint Etienne avait fait inhumer et auxquels le bienheureux Sixte II avait, la veille des calendes d’octobre (31 octobre), donné une sépulture plus honorable sur la voie Appienne, furent transférés par Grégoire V dans la diaconie de Sainte-Marie-la-Neuve, avec les saints Symphrone, Olympe tribun, Exupérie femme de ce dernier et leur fils Théodule : tous, convertis par les soins de Symphrone et baptisés par le même saint Etienne, avaient reçu la couronne du martyre. Les corps de ces mêmes saints, retrouvés en ce lieu sous le pontificat de Grégoire XIII, furent replacés avec plus d’honneur sous l’autel de la même église, le 6 des ides de décembre (8 décembre).

A Rome encore, saint Genès martyr. Né dans le paganisme, il était comédien. Un jour qu’en présence de l’empereur Dioclétien, il mimait sur le théâtre les mystères des chrétiens, touché d’une inspiration divine, il se convertit tout à coup à la foi et se fit baptiser. Peu après, sur l’ordre de l’empereur, il fut cruellement meurtri de coups de bâton, puis étendu sur le chevalet, déchiré lentement avec des ongles de fer, brûlé avec des torches. Enfin, comme il demeurait ferme dans la foi du Christ et disait: « Il n’est d’autre roi que le Christ, et quand je devrais souffrir mille morts pour lui, vous ne pourrez jamais me l’arracher, ni de la bouche, ni du cœur, » on lui trancha la tête et il obtint la couronne du martyre.

A Arles, en Gaule, un autre bienheureux Genès. Greffier, il refusa d’enregistrer les décrets impies par lesquels on ordonnait le châtiment des chrétiens, jeta ses registres et déclara hautement qu’il était lui-même chrétien; il fut aussitôt saisi et décapité; baptisé ainsi dans son propre sang, il reçut la gloire du martyre.

En Syrie, saint Julien martyr.

A Tarragone, en Espagne, saint Magin martyr.

A Italica, en Espagne, saint Géronce évêque. Au temps des Apôtres il prêcha l’évangile dans cette province, et après beaucoup de travaux, mourut en prison.

A Constantinople, saint Mennas évêque.

A Utrecht, saint Grégoire évêque.

A Montefiascone, en Toscane, saint Thomas confesseur, qui fut évêque de l’église d’Hereford en Angleterre.

A Naples, en Campanie, sainte Patricia vierge.

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