En France Solennité de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, Vierge, Patronne secondaire de la France, Patronne des Missions
Thérèse de l’Enfant Jésus naquit à Alençon, en France, de parents honorables, et remarquables par leur singulière et fervente piété envers Dieu. Aussi aspirait-elle dès sa plus tendre enfance à la vie religieuse. Elle fit dès lors sérieusement la promesse de ne rien refuser à Dieu de ce qu’il lui paraîtrait désirer d’elle, promesse à laquelle elle s’efforça d’être fidèle jusqu’à la mort. Ayant perdu sa mère au cours de sa cinquième année, elle s’abandonna totalement à la Providence de Dieu, sous la garde vigilante d’un père très aimant, et de ses sœurs aînées. A leur école, Thérèse s’élança comme un géant, pour courir dans la voie de la perfection. A l’âge de neuf ans elle fut confiée, pour son éducation, aux religieuses de l’ordre de Saint Benoît, à Lisieux, et se fit remarquer là par son intelligence supérieure des choses surnaturelles. A dix ans, une grave et mystérieuse maladie la fit longtemps souffrir. Elle en fut miraculeusement délivrée, comme elle le raconte elle-même, par le secours de la Bienheureuse Vierge qui lui apparut souriante, au cours d’une neuvaine où elle était invoquée sous son titre de Notre-Dame des Victoires. Pleine alors d’une angélique ferveur, elle se prépara avec le plus grand soin au banquet sacré, où le Christ se fait notre aliment. Sitôt qu’elle eut reçu pour la première fois le Pain Eucharistique, elle manifesta une faim insatiable de cette céleste nourriture. Comme inspirée, elle demandait à Jésus de changer pour elle, en amertume toutes les consolations du monde. Dès lors, toute brûlante d’amour pour le Christ notre Seigneur e pour l’Église, elle n’eut bien tôt de plus grand désir que d’entrer dans l’Ordre des Carmélites déchaussées, afin de pouvoir par son immolation et ses sacrifices, « aider les prêtres, les missionnaires toute l’Église », et de gagner des âmes sans nombre à Jésus-Christ, comme plus tard près de mourir, elle promit de continuer à le faire auprès de Dieu. Elle éprouva de grandes difficultés à embrasser la vie religieuse à cause de sa jeunesse, mais elle le : surmonta avec une force d’âme incroyable, et, à l’âge de quinze ans, entra avec bonheur au Carmel de Lisieux. Là, Dieu opéra d’admirables ascensions dans le cœur de Thérèse, qui, imitant la vie cachée de la Vierge Marie, produisit comme un jardin fertile, les fleurs de toutes les vertus, mais surtout celle d’une éminente charité pour Dieu et pour le prochain. Ayant lu dans la Sainte Écriture cette invitation : « Si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à moi », elle voulut, dans son désir de plaire davantage au Très-Haut, devenir petite selon l’esprit, et, avec une confiance toute filiale, elle se livra pour toujours à Dieu, comme au plus aimant des Pères. Cette « voie de l’enfance spirituelle » selon la doctrine de l’Évangile, elle l’enseigna aux autres, spécialement aux novices qu’elle était chargée, par obéissance, de former aux vertus religieuses ; et ainsi, toute remplie d’un zèle apostolique, elle montra le chemin de la simplicité évangélique à un monde enflé d’orgueil et attaché aux vanités. Jésus, son Époux, l’enflamma profondément du désir de souffrir et dans son âme et dans son corps. Bien plus, considérant avec une extrême douleur, combien l’amour de Dieu est universellement rejeté, deux ans avant sa mort, elle s’offrit en victime à l’Amour très miséricordieux de Dieu. Alors, comme elle le rapporte elle-même, elle fut blessée d’une flamme du céleste feu. Enfin, consumée d’amour, ravie en extase, et murmurant avec une ferveur extrême : « Mon Dieu, je vous aime ! » elle s’envola vers son Époux, le trente septembre de l’année mil huit cent quatre-vingt-dix-sept, étant âgée de vingt-quatre ans. La promesse qu’elle avait faite en mourant, de faire tomber sur la terre une perpétuelle pluie de roses, dès son entrée au Ciel elle l’a réalisée, et la réalise encore de nos jours, par d’innombrables miracles. C’est pourquoi le Souverain Pontife Pie XI l’a inscrite parmi les Vierges Bienheureuses et deux ans après, au cours du grand jubilé il l’a solennellement placée au nombre des Saintes, puis constituée et déclarée Patronne spéciale de tous les Missionnaires.
Dix-septième dimanche après la Pentecôte – « Tu aimeras ton prochain comme toi-même »
L’Évangile qu’on lit aujourd’hui à la Messe du dix-septième Dimanche, lui a fait donner le nom de Dimanche de l’amour de Dieu, depuis que l’Évangile de l’hydropique et des conviés aux noces a été transféré huit jours plus tôt. Plus anciennement encore et primitivement, on y lisait un autre passage du livre sacré qui ne se retrouve plus dans la série des Dimanches après la Pentecôte ; c’était le récit de la difficulté proposée par les Sadducéens à l’Homme-Dieu contre la résurrection des morts, et la réponse du Seigneur. A LA MESSE. Les décisions de Dieu sont toujours équitables, soit que, dans sa justice, il confonde les orgueilleux, soit que, dans sa miséricorde, il exalte les humbles. Nous avons vu cet arbitre souverain à l’œuvre, il y a huit jours, dans la distribution des places réservées pour les saints au banquet de l’union divine. Rappelons-nous les prétentions et le sort différents des invités aux noces sacrées, en chantant l’Introït de ce jour, et ne nous réclamons que de la miséricorde. L’obstacle le plus odieux que rencontre l’amour divin sur la terre est la jalousie de Satan qui cherche à remplacer dans nos âmes, par une usurpation monstrueuse, le grand Dieu pour qui elles sont faites. Unissons-nous à l’Église pour implorer, dans la Collecte, l’assistance surnaturelle qui nous est nécessaire afin d’éviter le contact impur du hideux serpent. ÉPÎTRE. L’Église reprend avec saint Paul, dans la lettre aux Éphésiens, l’exposition des grandeurs de ses enfants ; elle les supplie, aujourd’hui, de répondre dignement à leur vocation sublime. Cette vocation, cet appel de Dieu, nous les connaissons en effet ; c’est l’appel du genre humain aux noces sacrées, la vocation pour nos âmes à régner dans les cieux sur le trône du Verbe, devenu leur Époux et leur Chef. Jadis plus rapproché de l’Épître qu’on vient de lire, l’Évangile précédent trouvait en elle son brillant commentaire, et lui-même expliquait parfaitement le terme de l’Apôtre. « Lorsque vous serez appelé aux noces, disait le Seigneur, quum VOCATUS fueris, prenez la dernière place » ; — « en toute humilité, dit l’Apôtre, montrez-vous dignes de l’appel que vous avez entendu : digne ambuletis vocatione qua VOCATI estis. » Quelle est donc maintenant la condition dont l’accomplissement doit nous montrer dignes de l’honneur suprême qui nous est fait par le Verbe éternel ? L’humilité, la mansuétude et la patience sont les moyens recommandés pour arriver au but. Mais le but lui-même, c’est l’unité de ce corps immense que le Verbe fait sien dans la célébration des noces mystiques ; la condition qu’exige l’Homme-Dieu de ceux qu’il appelle à devenir, en participation de l’Église son Épouse, os de ses os, chair de sa chair, est de maintenir entre eux une telle harmonie, qu’elle fasse de tous véritablement un même esprit et un seul corps, dans le lien de la paix. « Lien splendide ! s’écrie saint Jean Chrysostome ; lien merveilleux qui nous réunit tous mutuellement, et, tous rassemblés, nous unit à Dieu ! » Sa puissance est celle de l’Esprit-Saint lui-même, toute de sainteté et d’amour ; car c’est l’Esprit qui forme ses nœuds immatériels et divins, l’Esprit faisant l’office, au sein de la multitude baptisée, de ce souffle vital qui, dans le corps humain, anime à la fois et rallie tous les membres. Par lui jeunes gens et vieillards, pauvres et riches, hommes et femmes, distincts de race et de caractère, ne sont plus qu’un seul tout comme en fusion dans l’immense embrasement dont brûle sans fin l’éternelle Trinité. Mais pour que l’incendie de l’amour infini puisse s’emparer ainsi de l’humanité régénérée, il faut qu’elle soit purgée des rivalités, des rancunes, des dissensions qui montreraient qu’elle est encore charnelle, et peu accessible dès lors à la divine flamme comme à l’union qu’elle produit. De même en effet , selon la belle comparaison de saint Jean Chrysostome, de même que le feu, quand il trouve les diverses variétés de bois qu’on offre à son action préparés par une dessiccation suffisante, ne fait de tous qu’un seul bûcher, mais ne peut, s’ils sont encore humides, ni prendre sur eux isolément, ni les unir ensemble : ainsi en est-il dans l’ordre du salut ; l’humidité malsaine des passions ne laisse point prise à l’Esprit sanctificateur, et L’union, condition et but de l’amour, est dès lors impossible. Lions-nous donc à nos frères par cette chaîne bienheureuse de la charité, qui n’immobilise que nos petites passions et dilate nos âmes au contraire, en permettant à l’Esprit de les conduire sûrement à la réalisation de l’unique espoir de notre commune vocation, qui est de nous unir à Dieu dans l’amour. Sans doute, même entre les saints ici-bas, la charité reste une vertu laborieuse, parce que, chez les meilleurs eux-mêmes, la grâce arrive rarement à restaurer sans défectuosité aucune l’équilibre des facultés rompu par le péché d’origine ; il en résulte que l’infirmité, les excès ou les fuites de la pauvre nature se font sentir, non seulement à l’humilité du juste, mais encore quelquefois, il ne l’ignore pas, à la patience bienveillante de ceux qui l’entourent. Dieu le permet pour accroître ainsi le mérite de tous, et raviver en nous le désir du ciel. Là seulement en effet, nous retrouverons facile autant que pleine harmonie avec nos semblables, par la pacification complète de nous-mêmes sous l’empire absolu du Dieu trois fois saint devenu tout en tous. Dans cette patrie fortunée, Dieu même séchera les pleurs de ses élus sur leurs misères, en renouvelant leur être à sa source infinie. Le Fils éternel, ayant en chacun de ses membres mystiques aboli l’empire des puissances ennemies et vaincu la mort, apparaîtra, dans la plénitude du mystère de son incarnation, comme la tête véritable de l’humanité, sanctifiée, restaurée et développée en lui ; il tressaillira de voir arrivées à la mesure qui leur convenait, grâce aux soins de l’Esprit sanctificateur, les diverses parties de ce corps merveilleux qu’il voulut s’agréger par le lien de l’amour, pour célébrer à jamais, dans le concert du Verbe et de la création, la gloire de la Trinité souveraine. Combien alors seront dépassées les harmonies de la terre d’exil ! Combien l’accord des chœurs les plus parfaits de ce monde paraîtra discordant, auprès de cet ensemble, de cette harmonie, de cet accord éternel ! Préparons-nous pour le céleste concert ; prenons soin d’ajuster nos voix, en disposant dès maintenant nos cœurs à cette plénitude de l’amour, qui n’est point d’ici-bas, mais que nous devons mériter par nos efforts et le support patient des défauts de nos frères et des nôtres. On dirait que l’Église, dans l’extase où la plongent les notes de ce concert admirable qui s’échappent prématurément du ciel aujourd’hui par la bouche de Paul, se voit déjà transportée au-delà du temps, pour y mêler en liberté ses inspirations au chant de l’Époux. Car elle ajoute, en manière de conclusion, au texte de l’Épître, une expression de louange qui ne fait point partie de l’Écriture, et qui forme comme la doxologie des accents inspirés du grand Apôtre. Nous connaissons désormais les dons sans prix faits par l’Homme-Dieu à la terre ; grâce aux prodiges de puissance et d’amour opérés par le Verbe divin et l’Esprit sanctificateur, l’âme du juste est véritablement un ciel. Chantons, au Graduel, la félicité du peuple chrétien choisi par Dieu pour son héritage. ÉVANGILE. L’Homme-Dieu laissa la tentation approcher de sa personne sacrée au désert, et ne dédaigna point de subir les attaques que la ruse haineuse du démon lui suggère depuis le commencement pour perdre les hommes ; Jésus voulait apprendre aux siens la manière dont ils devaient repousser les assauts de l’esprit du mal. Aujourd’hui notre Chef adoré, qui veut être le modèle de ses membres en toutes leurs épreuves, nous apparaît aux prises, non plus avec la perfidie de Satan, mais avec l’hypocrisie de ses pires ennemis, les Pharisiens. Ils cherchent à le perdre en le surprenant dans ses paroles, ainsi que le feront jusqu’à la fin des temps, contre son Église, les représentants du monde ennemi qu’il a condamné. Mais de même que son Époux divin, l’Église, assistée par lui pour continuer son œuvre sur la terre au milieu des mêmes tentations et des mêmes embûches, trouvera dans sa fidélité aussi simple qu’inébranlable à la loi de Dieu et à la vérité le secret de toutes les victoires. Les hérétiques, suppôts de Satan, les princes du monde, rongeant le frein imposé par le christianisme à leur ambition et à leurs convoitises, tenteront vainement de circonvenir la dépositaire des oracles divins par leurs propositions ou leurs questions captieuses. Mise en demeure de parler, elle parlera toujours ; qu’est-elle, en effet, comme Épouse de ce Verbe divin qui est la parole éternelle du Père ? Que peut-elle être, qu’une voix pour l’annoncer aux hommes ou le chanter dans les cieux ? Mais aussi, non seulement sa parole, revêtant la force et la pénétration de Dieu même, ne sera jamais sujette à surprise ; comme un glaive à deux tranchants, presque toujours elle ira plus loin que n’eussent voulu les questionneurs hypocrites de l’Église, en confondant leurs sophismes et en mettant à nu les intentions criminelles de leurs cœurs. De leur tentative sacrilège il ne restera pour eux que la honte, avec le dépit d’avoir amené la glorification de la vérité sous un nouveau jour et accru la lumière pour les enfants soumis de la Mère commune. Ainsi advint-il aux Pharisiens de notre Évangile. Ils voulaient voir, dit l’Homélie du jour, si le Sauveur, qui se proclamait Dieu, n’ajouterait point à cause de cela quelque chose au commandement de l’amour divin, afin de pouvoir ensuite le condamner comme ayant tenté de corrompre la lettre du plus grand des préceptes de la loi. Mais l’Homme-Dieu déjoue leurs pensées ; il rappelle à ceux qui l’interrogent sur le grand commandement le texte même du décalogue, et continuant la citation, il montre qu’il n’ignore point le mobile secret qui les pousse, en leur rappelant aussi le second commandement, semblable au premier, le commandement de l’amour du prochain qui condamne leurs homicides. Ils sont ainsi convaincus de n’aimer ni le prochain, ni Dieu même, puisque le premier commandement ne peut être observé sans le second qui en découle et le complète. Cependant le Seigneur achève de les confondre et les contraint à reconnaître eux-mêmes implicitement la divinité du Messie. Interrogés à leur tour, ils avouent que le Christ doit descendre de David ; mais, s’il est son fils, comment David l’appelle-t-il son Seigneur aussi bien qu’il le fait pour Dieu même, dans le psaume CIX où il chante les grandeurs du Messie ? La seule explication possible est que le Messie, qui devait dans le temps et comme homme sortir de David, était Dieu et Fils de Dieu dès avant tous les temps, selon la parole du même psaume : Je vous ai engendré de mon sein avant l’aurore. Cette réponse qui les eût condamnés, les Pharisiens ne la donnèrent pas ; mais leur silence était un aveu, en attendant que la vengeance du Père contre ces vils ennemis de son Christ accomplît la prophétie, et fît d’eux l’escabeau de ses pieds dans le sang et la honte, au jour terrible des justices de Jéhovah sur la ville déicide. Nous, chrétiens, pour la plus grande honte de l’enfer qui suscita contre le Fils de Dieu les embûches de la synagogue expirante, sachons tirer de ces efforts de la haine une instruction qui profite à l’amour. Les Juifs, en rejetant Jésus-Christ, manquèrent à la fois aux deux préceptes qui constituent la charité et résument toute la loi ; si nous aimons Jésus-Christ au contraire, pour la même raison toute la loi se trouve accomplie. Splendeur de la gloire éternelle, un par nature avec le Père et l’Esprit-Saint, il est le Dieu que nous prescrit d’aimer le premier commandement ; et le second, d’autre part, ne trouve qu’en lui d’application possible. Car non seulement il est homme aussi véritablement qu’il est Dieu ; mais encore il est l’homme par excellence : l’homme parfait, sur le type duquel et pour qui ont été formés tous les autres ; leur modèle et leur frère à tous ; le chef en même temps qui les régit comme roi, qui les offre à Dieu comme pontife ; la tête qui communique à tous les membres de l’humanité beauté et vie, mouvement et lumière ; le rédempteur de cette humanité tombée, et doublement dès lors la source de tout droit, la dernière et la plus haute raison, sinon l’objet direct, de tout amour légitime ici-bas. Rien ne compte qu’en lui devant Dieu. Dieu n’aime les hommes, dit saint Augustin, que parce qu’ils sont les membres de son Fils ou qu’ils peuvent le devenir ; c’est son Fils qu’il aime en eux tous : il aime ainsi d’un même amour, quoique non également, et son Verbe, et la chair de son Verbe, et les membres de son Verbe fait chair. Or la charité, c’est l’amour tel qu’il est en Dieu, communiqué par l’Esprit-Saint aux créatures. Ce que nous devons donc aimer par la charité en nous et dans autrui, c’est le Verbe divin comme étant dans les autres et en nous-mêmes, ou pour qu’il y soit, d’après une autre expression de l’évêque d’Hippone. Mais par suite, en dehors des damnés bannis pour jamais du corps de l’Homme-Dieu, gardons-nous d’exclure personne de l’amour. Qui peut se vanter d’avoir la charité du Christ, s’il n’embrasse pas son unité, dit encore saint Augustin ? Qui peut l’aimer, sans aimer avec lui l’Église qui est son corps, sans aimer tous ses membres ? Ce que l’on fait à l’un des plus petits comme aux plus dignes, en bien comme en mal, c’est à lui qu’on le fait, déclare-t-il. Aimons donc le prochain comme nous-mêmes à cause du Christ qui est en chacun de nous, et qui donne à tous union et croissance dans la charité. Le même Apôtre qui disait : La fin de la loi, c’est la charité, a dit aussi : La fin de la loi, c’est le Christ ; et nous voyons maintenant l’harmonie de ces deux propositions. Nous comprenons également la connexité de la parole de notre Évangile : Dans ces deux commandements sont renfermés toute la loi et les prophètes, et de cette autre parole du Seigneur : Scrutez les Écritures, car elles rendent témoignage de moi. La plénitude de la loi qui règle les mœurs est dans la charité, dont le Christ est le but ; comme l’objet des Écritures révélées n’est autre encore que l’Homme-Dieu résumant dans son adorable unité, pour les siens, la morale et le dogme. Il est leur foi et leur amour, « la fin de toutes nos résolutions, dit saint Augustin ; car tous nos efforts ne tendent qu’à nous parfaire en lui, et c’est là notre perfection, d’arriver jusqu’à lui ; parvenu donc à lui, ne cherche pas au-delà : il est ta fin. » Et le saint docteur nous donne, arrivés à ce point, la meilleure formule de l’union divine : « Adhérons à lui seul, jouissons de lui seul, soyons tous un en lui : haereamus uni, fruamur uno, permaneamus unum. » La belle Antienne de l’Offertoire de ce jour, séparée des Versets qui l’accompagnaient autrefois, ne laisse plus deviner la raison pour laquelle cette place lui fut assignée dès les temps les plus reculés. Le dernier Verset de l’Antienne se termine par la nouvelle de l’arrivée du prince des armées célestes au secours du peuple de Dieu. C’est l’explication désirée, quand on sait, d’autre part, que ce Dimanche ouvre la semaine de la fête du grand Archange sur l’Antiphonaire publié par le Bienheureux Tommasi d’après les manuscrits les plus anciens, et que le Dimanche suivant s’y trouve désigné sous le nom de premier Dimanche après la Saint-Michel (post Sancti Angeli). Délivrance pour le passé et sécurité pour l’avenir, tels sont les effets qui dépendent du grand Sacrifice. Demandons-les, dans la Secrète, avec l’Église. Le moment des Mystères est celui où l’âme chrétienne présente au Seigneur, dans l’enthousiasme de l’amour, ses promesses et ses vœux. Qu’elle se livre sans réserve au Dieu caché qui la comble ; mais néanmoins qu’elle n’oublie pas, dans la si juste expansion de son cœur, que celui qui se dérobe ainsi miséricordieusement sous les voiles eucharistiques est le Très-Haut, terrible aux rois, et châtiant les parjures. C’est la sainteté même de Dieu qui vient, au divin Sacrement, guérir nos vices et fortifier nos pas dans la route de l’éternité. Offrons nos âmes à son action salutaire par la prière de la Postcommunion.
Sanctoral
La Bienheureuse Vierge Marie de la Merci
C’était au temps où la plus vaste et la plus belle partie de l’Espagne était soumise au joug barbare des Sarrasins. D’innombrables fidèles, retenus dans une captivité douloureuse, étaient grandement exposés à renier la foi chrétienne et à compromettre leur salut éternel. La bienheureuse Reine du ciel, voulant apporter remède à des maux si grands et si nombreux, manifesta sa très ardente charité pour leur délivrance. Saint Pierre Nolasque, renommé par sa piété autant que par ses richesses, se livrait à de saintes méditations, et s’ingéniait sans cesse à découvrir comment il adoucirait les épreuves d’un si grand nombre de Chrétiens, soumis à la domination des Maures. La bienheureuse Vierge lui apparut elle-même avec un visage bienveillant et lui fit connaître combien il serait agréable à son Fils unique et à elle-même, s’il fondait en son honneur un Ordre religieux ayant pour but d’arracher les captifs à la tyrannie des Turcs. Encouragé par cette vision céleste, l’homme de Dieu sentit son cœur s’embraser d’une ardente charité ; il n’eut plus qu’un seul désir, celui de se livrer lui-même, et de consacrer l’Ordre qu’il instituerait, à la pratique de cet amour généreux par lequel chacun donnerait sa vie pour ses amis et son prochain. La même nuit, la très sainte Vierge apparut aussi au bienheureux Raymond de Pennafort et à Jacques, roi d’Aragon, leur donnant avis d’instituer un Ordre religieux, et leur persuadant de concourir par leur fortune à la fondation d’une si belle œuvre. Pierre accourut aussitôt se jeter aux genoux de Raymond, son confesseur, et lui fit tout connaître ; l’ayant trouvé instruit lui-même de toutes ces choses par la révélation céleste, il se soumit très humblement à sa direction. Le roi Jacques survenant, décida de mettre à exécution ce que la bienheureuse Vierge Marie lui avait également révélé. Après en avoir conféré entre eux, tous tombèrent d’accord, et entreprirent de fonder un institut en l’honneur de la Vierge Mère, sous le vocable de sainte Marie de la Merci ou de la rédemption des captifs. En conséquence, le dix du mois d’août, l’an du Seigneur mil deux cent dix-huit, le roi Jacques décréta l’établissement de cet institut, dont ces saints hommes avaient conçu le projet. Ceux qui voulaient en faire partie devaient s’engager, par un quatrième vœu. à rester comme otage au pouvoir des païens, si la délivrance des Chrétiens l’exigeait. Le roi leur concéda le privilège de porter sur la poitrine ses propres armes, et s’occupa de faire approuver par Grégoire IX un institut et des vœux de religion, inspirés par une si sublime charité envers le prochain. Dieu lui-même, par l’intermédiaire de la Vierge-Mère, donna l’accroissement à cette œuvre, car elle se répandit avec beaucoup de rapidité et de succès sur toute la surface de la terre, et vit fleurir des héros de sainteté, des hommes d’une charité et d’une piété incomparables, se dévouant à recueillir les aumônes des Chrétiens pour racheter leurs frères, et à se donner souvent eux-mêmes comme rançon pour délivrer un grand nombre de captifs. Afin de rendre à Dieu et à la Vierge Mère de dignes actions de grâces pour un si grand bienfait et pour une institution si secourable, le Siège apostolique a permis de célébrer cette Fête particulière et de réciter cet Office, après avoir accordé à l’Ordre lui-même des privilèges presque sans nombre.
Saint Pacifique de San Sévérino, Confesseur, Ordre des frères mineurs
De son vrai nom Charles-Antoine Divini, saint Pacifique de San Sévérino est orphelin de ses deux parents dès l’âge de trois ans, il est élevé par un de ses oncles. À 17 ans, il rejoint les Franciscains et sept ans plus tard il est ordonné prêtre franciscain dans la Marche d’Ancône en Italie. Professeur de philosophie, il fut aussi un brillant prédicateur. A trente-cinq ans, il devient infirme, impotent, sourd et aveugle. Il doit alors cesser toute activité extérieure. Il passe les 30 dernières années de sa vie dans cet état de souffrance, occupé exclusivement à la prière et connait de nombreux épisodes d’extases. Il grandit ainsi dans une intense vie intérieure offrant à Dieu ces souffrances qui l’attachaient à la croix du Christ, comme les stigmates de son Père saint François. Il meurt le 24 septembre 1721. Le Pape Pie VI le béatifie le 4 août 1786 et le Pape Grégoire XVI le canonise le 26 mai 1839.
Martyrologe
La commémoraison de la bienheureuse Vierge Marie de la Merci, qui institua elle-même, sous ce vocable, l’Ordre pour le rachat des captifs. Son apparition a été mentionnée le 4 des ides d’août (10 août).
A Brescia, la mise au tombeau de saint Anathalon évêque. Disciple du bienheureux Apôtre Barnabé, il lui succéda comme évêque de l’église de Milan.
En Pannonie, saint Gérard, évêque du siège de Moriséna et martyr, appelé l’apôtre des Hongrois; il était patrice de Venise. Comme il se rendait de Csanad à Albe-Royale, il fut attaqué près du Danube par les infidèles, lapidé et enfin percé d’une lance; il fut ainsi le premier à illustrer sa patrie par un glorieux martyre.
A Autun, l’anniversaire des saints martyrs Andoche prêtre, Thyrse diacre et Félix. Envoyés d’Orient par le bienheureux Polycarpe, évêque de Smyrne, pour évangéliser la Gaule, c’est là qu’ils sont cruellement flagellés et suspendus les bras retournés, durant tout un jour, puis jetés dans le feu, mais sans en être brûlés; enfin ou leur brisa le cou avec des barres de bois, c’est ainsi que les très glorieux martyrs obtiennent la couronne.
En Egypte, la passion de saint Paphnuce et de ses compagnons martyrs. Paphnuce, qui vit dans le désert, apprenant que beaucoup de chrétiens étaient détenus dans les chaines, vient de lui-même, poussé par l’Esprit de Dieu, se présenter au préfet, et fait ouvertement profession de pratiquer la religion chrétienne; aussitôt jeté dans les fers, il est tourmenté très longtemps sur le chevalet, et envoyé avec beaucoup d’autres à Dioclétien, qui le fait clouer à un palmier; les autres périssent par le glaive.
En Chalcédoine, quarante-neuf saints martyrs, qui, après le supplice de sainte Euphémie sous l’empereur Dioclétien, furent condamnés aux bêtes; mais comme par la protection de Dieu, ils n’en recevaient aucun mal, ils furent enfin mis à mort par le glaive et s’en allèrent au ciel.
Dans la cité des Arvernes, en Gaule, la mise au tombeau de saint Rustique, évêque et confesseur.
A Flay, au territoire de Beauvais, saint Germer, prêtre et abbé.
A San-Severino, dans les Marches, la mise au tombeau de saint Pacifique, prêtre de l’Ordre des Frères Mineurs, et confesseur, homme d’une admirable patience, célèbre par son amour pour la solitude. Il a été inséré au catalogue des saints par le pape Grégoire XVI.
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