Vingt-septième et dernier dimanche après la Pentecôte

Le Cycle liturgique se termine avec cette dernière semaine de l’année ecclésiastique, et avec lui le rappel de l’histoire du monde qu’il nous a retracée depuis ses origines au Temps de l’Avent jusqu’à son terme final en ce 27e dimanche après la Pentecôte.  Le Bréviaire comme le Missel attirent aujourd’hui notre attention sur la fin du monde et le jugement dernier. « Voici, dit le Prophète Michée, que le Seigneur va sortir de sa demeure ; les montagnes seront comme consumées sous ses pas, et les vallées s’entrouvriront comme la cire devant le feu et comme les eaux dévalant la pente. Tout cela, à cause du crime de Jacob et les péchés de la maison d’Israël ».

. Après ces menaces le prophète continue par des promesses de salut : le Christ naîtra à Bethléem et son royaume, qui est celui de la Jérusalem céleste, n’aura point de fin. Les prophètes Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie et Malachie, dont on lit les livres à l’Offices pendant la semaine, confirment ce qu’a dit Michée.

Jésus dans l’Evangile, commence par évoquer la prophétie de Daniel qui annonce la ruine totale et définitive du Temple de Jérusalem et de la nation juive par l’armée romaine. Cette abomination de la désolation est le châtiment que le peuple d’Israël a encouru pour avoir mis le comble à son Infidélité en rejetant le Christ. On sait comment cette prophétie s’est réalisée quelques années après la mort du Sauveur : la tribulation fut telle à ce moment que si elle avait duré longtemps aucun Juif n’aurait échappé à la mort, mais pour sauver ceux qui se convertirent à la suite d’une si rude leçon Dieu abrégea le siège de Jérusalem. C’est ainsi qu’il fera à la fin du monde dont la destruction de la ville de Jérusalem n’a été que la figure. « Tunc, alors », c’est-à-dire lors de l’avènement du Christ, il y aura des tribulations bien plus angoissantes encore : des imposteurs, parmi lesquels l’Antéchrist, feront des prodiges sataniques pour se faire passer pour le Christ; de nouveau, explique saint Jérôme, l’abomination de la désolation régnera dans le Temple,  car «l’homme d’iniquité et d’opposition s’élèvera, selon la parole de saint Paul, contre tout ce qui est appelé Dieu et adoré, et il poussera l’audace jusqu’à s’asseoir dans le Temple et se faire passer lui-même pour Dieu », mais ici encore, Dieu abrègera ces temps de malheur, afin que les élus ne soient pas induits en erreur.

Au reste ne vous y méprenez pas, dit le Sauveur, car ce ne sera pas, comme la première fois, dans les voiles du mystère et dans un petit coin du monde, mais d’une manière éclatante et partout à la fois, que le Fils de l’Homme apparaîtra, avec la rapidité de l’éclair. Alors tous les élus iront à sa rencontre comme les aigles qui se jettent sur leur proie. Son avènement sera marqué par des cataclysmes de toutes espèces dans le ciel et sur la terre, et toutes les tribus de la terre verront dans le ciel le signe éclatant de ma croix et le Fils de l’Homme venant avec une grande puissance et une grande majesté (Evangile). « Lorsque le désir de pécher vous envahit, commente saint Basile, je voudrais que vous pensiez à ce tribunal redoutable e terrible du Christ, qu’il présidera, siégeant sur un trône élevé ; toute créature alors comparaîtra toute tremblante en sa glorieuse présence. Amenés un à un, nous rendrons compte, nous aussi, des actions de notre vie ; puis ceux qui auront commis beaucoup de mal durant leur vie se verront entourés d’anges terribles et hideux qui les précipiteront dans un gouffre profond pour l’opprobre et la confusion sans fin. Craignez tout cela, et pénétrés de cette crainte, servez-vous comme d’un frein pour empêcher votre âme de se laisser entraîner à commettre le péché » .

Aussi l’Eglise nous exhorte-t-elle par la bouche de l’Apôtre dans l’Epitre, à nous conduire d’une manière digne du Seigneur et à fructifier en toutes sortes de bonnes œuvres, afin que fortifiés par sa puissance glorieuse, nous supportions tout avec patience et avec joie, remerciant Dieu le Père de nous avoir introduits dans l’héritage par le sang rédempteur de son Fils bien-aimé. A la fin des temps, pleinement vainqueur de ses ennemis qui ressusciteront pour leur châtiment, et roi sans conteste de tous les élus qui attendaient son avènement pour entrer, corps et âme, dans la gloire de l’éternité, le Christ remettra à son Père ce royaume qu’il a conquis au prix de son sang comme l’hommage parfait du chef et de ses membres. Et ce sera alors la véritable Pâques, le plein passage dans la vraie terre promise, et la prise de possession à tout jamais par Jésus et par tout son peuple du royaume de la Jérusalem céleste où dans ce Temple, qui n’est pas fait de main d’homme, règne le Dieu souverain en qui nous mettrons tous notre gloire et nous célébrerons le nom à jamais.

Saint Jean de la Croix, Confesseur et Docteur de l'Église, vingt-quatre novembre
Saint Jean de la Croix, confesseur et docteur de l’église, coopérateur de sainte Thérèse dans la réforme des Carmes.

Sanctoral

Saint Jean de la Croix, Confesseur et Docteur de l’Église

Jean de la Croix, né de parents pieux, à Fontibéra en Espagne, fit voir clairement dès ses premières années, combien il devait plus tard être cher à la Vierge Mère de Dieu ; car, à l’âge de cinq ans, étant tombé dans un puits, il fut soutenu sur l’eau par la main de Marie, et il en sortit sain et sauf. Un tel désir de souffrir l’enflamma, que, dès sa neuvième année, il laissait un lit moelleux pour s’étendre d’ordinaire sur une couche de sarments. Parvenu à l’adolescence il se consacra au service des pauvres malades, à l’hospice de Médina del Campo : la grande ardeur de sa charité le tenait toujours prêt à leur rendre les plus bas offices. Aussi les autres infirmiers, excités par son exemple, accomplissaient-ils avec un nouveau zèle les mêmes actes charitables. Mais appelé à une vocation plus sublime, Jean embrassa l’Ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont-Carmel, où il reçut la prêtrise par obéissance et désireux d’une discipline très sévère, d’un genre de vie plus austère, obtint de ses supérieurs la permission de suivre la règle primitive de l’Ordre. Dès lors, à cause de son continuel souvenir de la passion du Seigneur, il se déclara la guerre à lui-même, comme à son ennemi le plus redoutable, et il eut bientôt, par les veilles, les jeûnes, les disciplines de fer et toutes sortes de macérations « crucifié sa chair avec ses vices et ses convoitises » ; aussi mérita-t-il pleinement que sainte Thérèse le comptât parmi les plus pures et les plus saintes âmes illustrant alors l’Église de Dieu.

Muni (d’armes spirituelles) par la singulière austérité de sa vie et l’exercice de toutes les vertus, livré à la contemplation assidue des choses divines, Jean de la Croix éprouva souvent de merveilleuses extases ; il brûlait d’un tel amour envers Dieu, que parfois ce feu divin, ne pouvant être contenu plus longtemps en lui-même et semblant rompre ses digues, on le voyait irradier le visage du saint. D’une extrême sollicitude pour le salut du prochain, Jean s’adonnait sans relâche à la prédication de la parole divine et à l’administration des sacrements. Orné de tant de mérites et embrasé du désir véhément de promouvoir une plus stricte discipline, il fut donné par Dieu comme aide à sainte Thérèse pour ramener parmi les Frères la primitive observance du Carmel, qu’elle avait établie chez les Sœurs de cet Ordre. Pour promouvoir cette œuvre divine, il supporta, ainsi que la servante de Dieu, des fatigues innombrables, visitant chacun des monastères élevés par les soins de cette même sainte vierge par toute l’Espagne, et cela sans se laisser effrayer par aucune privation, par aucun danger ; faisant fleurir en ces maisons et en celles qu’il fonda lui-même, la nouvelle observance, et affermissant cette observance par ses paroles et son exemple. Aussi est-il considéré à juste titre, comme ayant, après sainte Thérèse, le plus contribué à la réforme des Carmes déchaussés, qui a reçu ses enseignements et le nomme son père. Jean garda toute sa vie la virginité, et des femmes impudentes s’efforçant de tendre des pièges à sa vertu, il ne se borna pas à les repousser, mais les gagna à Jésus-Christ. Pour l’explication des opérations mystérieuses de la grâce divine, il fut, au jugement du Saint-Siège, l’égal de sainte Thérèse, et c’est éclairé par les lumières d’en haut qu’il écrivit, sur la théologie mystique, des livres tout pleins d’une sagesse céleste.

Le Christ lui ayant un jour demandé quelle récompense il souhaitait pour tant de travaux, il répondit : « Seigneur, souffrir et être méprisé pour vous ». Bien que son pouvoir sur les démons, qu’il chassait souvent du corps des possédés, le discernement des esprits, le don de prophétie, l’éclat des miracles l’eussent rendu très célèbre, son humilité demeura constamment telle, que souvent il demandait au Seigneur de mourir en un Heu où il serait ignoré de tous. Son vœu fut exaucé : une cruelle maladie le saisit à Ubède, et, pour combler son désir des souffrances, il lui survint à une jambe cinq plaies purulentes : toutes choses qu’il endura avec une constance admirable. Ayant reçu pieusement et saintement les sacrements de l’Église, dans l’embrassement de Jésus-Christ crucifié, qu’il avait toujours eu dans le cœur et sur les lèvres, et après avoir prononcé ces paroles : « Je remets mon âme entre vos mains », il s’endormit dans le Seigneur, au jour et à l’heure qu’il avait prédits, l’an du salut mil cinq cent quatre-vingt-onze, à l’âge de quarante-neuf ans. On vit un globe de feu tout éblouissant venir en quelque sorte au-devant de son âme pour la recevoir ; son -corps exhala un très suave parfum et, aujourd’hui encore exempt de corruption, il est vénéré avec honneur à Ségovie. Des miracles éclatants ayant précédé et suivi la mort de Jean de la Croix, le Souverain Pontife Benoît XIII l’a inscrit au nombre des saints et Pie XI, sur l’avis de la Sacrée Congrégation des Rites, l’a déclaré Docteur de l’Église universelle.

Saint Chrysogone, Martyr, vingt-quatre novembre
Son corps, jeté à la mer, fut trouvé peu après sur le rivage par le Prêtre Zollus, qui l’inhuma dans sa maison.

Saint Chrysogone, Martyr

Chrysogone fut mis en prison à Rome, au temps de l’empereur Dioclétien. Il y vécut deux ans des libéralités de sainte Anastasie ; celle-ci, maltraitée à cause du Christ par son mari Publius, écrivit au Saint pour lui demander le secours de ses prières et reçut de lui des lettres de consolation.

Mais un décret de l’empereur parvint à Rome, ordonnant de tuer les Chrétiens qui étaient dans les chaînes, et de lui envoyer Chrysogone à Aquilée.

Quand il y fut arrivé, l’empereur lui dit : « Je t’ai mandé, Chrysogone, pour te combler d’honneurs, si tu veux consentir à adorer les dieux. — Moi, répondit Chrysogone, je vénère en esprit celui qui est vraiment Dieu, et je le prie ; pour vos dieux, qui ne sont rien que les statues des démons, je n’ai que de la haine et de l’exécration. »

Furieux de cette réponse, l’empereur le fit périr sous la hache, près des Eaux de Grado, le huit des calendes de décembre.

Son corps, jeté à la mer, fut trouvé peu après sur le rivage par le Prêtre Zollus, qui l’inhuma dans sa maison.

Martyrologe

Saint Jean de la Croix, confesseur et docteur de l’église, coopérateur de sainte Thérèse dans la réforme des Carmes. Son anniversaire est mentionné le 19 des calendes de janvier (14 décembre).
Le même jour, l’anniversaire de saint Chrysogone martyr. Retenu longtemps dans les fers et dans les prisons pour avoir courageusement confessé le Christ, il fut, par ordre de Dioclétien, conduit à Aquilée, décapité et jeté à la mer, et consomma ainsi son martyre.

A Rome, saint Crescentien martyr, dont il est fait mention dans la passion du bienheureux pape Marcel.
Près de Corinthe, saint Alexandre martyr. Sous Julien l’Apostat et le préfet Salluste, il combattit jusqu’à la mort pour la foi du Christ.

A Pérouse, saint Félicissime martyr.

A Amélia, en Ombrie, sainte Firmine, vierge et martyre. Durant la persécution de l’empereur Dioclétien, elle fut, après diverses tortures, suspendue en l’air, brûlée avec des torches ardentes et rendit à Dieu son âme immaculée.

A Cordoue, en Espagne, les saintes vierges et martyres Flore et Marie, qui, après un long emprisonnement, périrent par le glaive, durant la persécution des Arabes.

A Milan, saint Protais évêque. Il défendit la cause d’Athanase au concile de Sardique, devant l’empereur Constance ; puis, après avoir beaucoup travaillé pour l’église confiée à ses soins et pour le bien de la religion, il s’en alla vers le Seigneur.

En Auvergne, saint Pourçain abbé, renommé pour ses miracles, au temps du roi Théodoric. Son nom a été donné au monastère qu’il gouverna et aussi à la ville qui s’éleva plus tard en cet endroit.

Dans la place forte de Blaye, en Gaule, saint Romain prêtre. Ses glorieux miracles sont la preuve éclatante de sa sainteté.

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