Sanctoral
La Vigile de la Nativité de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
La Vigile de Noël est imprégnée de sainte allégresse, et n’étaient les ornements de pénitence et le jeûne, l’on croirait cette fête déjà commencée. C’est qu’en effet, l’Église attend dans la joie l’avènement du Rédempteur qui vient « sauver son peuple de ses péchés ». Tous ceux qui ont foi en Jésus-Christ font partie de ce peuple: « toute chair verra le salut de notre Dieu », dit Isaïe et saint Paul atteste dans l’épître d’aujourd’hui qu’il a été choisi pour faire reconnaître la foi par toutes les nations et leur donner d’appartenir à Notre-Seigneur Jésus-Christ. La messe d’aujourd’hui nous prépare à célébrer l’anniversaire de « l’adorable naissance du Fils unique de Dieu », de celui que l’épouse de Joseph enfanta, mais qui, « né de la race de David selon la chair, a été prédestiné pour régner avec puissance par sa résurrection d’entre les morts ». La naissance du Christ nous est ainsi présentée comme orientée déjà, à travers la passion, vers sa résurrection et son règne glorieux. Il y a là comme une double venue, ou plus exactement deux moments d’une même venue; la naissance du Rédempteur prépare son retour final comme Juge et Triomphateur. C’est à cette lumière qu’il faut comprendre la plupart des textes liturgiques de Noël qui, dans les abaissements de Bethléem, nous font déjà chanter un avènement de gloire et saluent, dès son aurore, une œuvre de rédemption pleinement réalisée. La messe de la Vigile est particulièrement frappante à cet égard; dans presque toutes ses parties, on retrouve la même pensée. On comprend un saint Bernard, commentant à Matines l’hostie et la mane dont parle l’Exode, voyant là désignés le jour de la vie présente, court et encore ténébreux, et celui de l’éternité dans les splendeurs des Saints.
Saintes Tharsille et Émilienne, Vierges
Tharsille et Émilienne étaient deux tantes paternelles de saint Grégoire le Grand, et c’est ce saint Pape qui nous raconte leur touchante histoire. Elles renoncèrent ensemble au monde, ensemble consacrèrent à Dieu leur virginité, et demeurèrent dans leur maison comme dans un couvent. Elles avaient une soeur nommée Gordienne, qui avait pris les mêmes engagements, mais elle était retombée peu à peu, au grand chagrin de Tharsille et d’Émilienne, dans l’amour du siècle. Elles la reprenaient avec douceur, mais l’esprit inconstant de Gordienne oubliait bien vite leurs charitables leçons. Tharsille, étant la plus assidue à l’oraison, la plus généreuse dans les voies de la mortification, arriva bientôt à un éminent degré de sainteté. Elle eut un jour une vision, où saint Félix, son aïeul, lui apparut et, lui montrant un palais d’une splendeur merveilleuse, lui dit; « Venez avec moi dans ce lieu de lumière. » Le lendemain elle fut saisie d’une fièvre qui la conduisit en peu de temps au tombeau. A l’heure de son agonie, elle éleva tout à coup la voix et dit à ceux qui entouraient sa couche: « Retirez-vous et faites place: je vois Jésus qui vient à moi. » Et tandis qu’elle fixait l’objet de sa vision, son âme fut délivrée des liens du corps. L’odeur dont la chambre fut remplie confirma la vision que la vierge avait eue avant de mourir. Quand on lava son corps, avant de l’ensevelir, on remarqua que ses genoux et ses coudes étaient recouverts d’une croûte épaisse et dure, témoignage de ses longues prières. Peu de jours après, Tharsille apparut à Émilienne et lui dit: « Ma soeur, venez, je n’ai point célébré avec vous la naissance du Seigneur, mais nous ferons ensemble la fête de l’Épiphanie. – Si vous m’appelez seule, répondit Émilienne, que deviendra notre soeur Gordienne? – Venez, vous dis-je, reprit Tharsille avec tristesse; Gordienne est décidée à rester avec les mondains. » Après cette vision, Émilienne tomba malade et mourut. Saint Grégoire rappelle, à propos des trois soeurs, que celui-là seul qui aura persévéré sera sauvé, et que rien ne sert de commencer, si l’on n’achève l’oeuvre de son salut. Qu’il est triste de penser que, dans les mêmes familles, il y aura des élus et des réprouvés!
Bienheureux Bentivolio de Bonio, Prêtre, Premier Ordre franciscain
Bentivolio est né sous le nom de San Severino dans la marche d’Ancône vers la fin du XIIe siècle et appartenait à la famille distinguée des Buoni. À peu près au moment où il devenait un jeune homme, des rapports sur saint François et son ordre nouvellement fondé atteignirent sa ville natale, et peu de temps après, un franciscain prêcha à San Severino. Bentivolio fut tellement impressionné par ses paroles et par toute son apparence qu’il fut impatient de rejoindre le nouvel ordre. Triomphant des premières objections de son père, le bienheureux Bentivolio de Bonio se rendit à Assise et reçut le saint habit des mains de saint François lui-même. Bientôt, il se distingua parmi ses frères par une vertu exceptionnelle. Son humilité, sa patience, son obéissance et sa simplicité enfantine étaient particulièrement remarquables. Il possédait le don rare de procurer à la fois du plaisir et de l’édification par sa pieuse conversation sur les choses célestes. Même s’il semblait tout dire d’une manière désinvolte, tout le monde sentait néanmoins que cela venait d’un cœur saint, qu’une puissance invisible semblait les pousser à lutter vers la perfection. Une fois qu’une étoile brillante brillait sur son front, c’était un signe qu’il était rempli du feu du Saint-Esprit. La piété et la sainteté du bienheureux Bentivolio étaient évidentes dans sa conversation pieuse. De même qu’au tic-tac d’une horloge on peut savoir si tout est en ordre à l’intérieur, de même on peut généralement déceler dans la conversation d’une personne comment les choses se passent intérieurement pour elle. Celui qui ne pense qu’au profit et au gain, parle continuellement de commerce et d’affaires. Celui qui est rempli d’amour-propre parle continuellement de lui-même et considère les autres sans importance. Celui qui est vaniteux parle de vêtements et de beauté. Celui dont le cœur n’est pas pur prend plaisir aux propos indécents. Celui qui a Dieu dans son cœur s’entretient avec plaisir de Dieu et des questions religieuses. Devenu prêtre et confesseur, Bentivolio travailla avec un heureux succès au saint tribunal du confessionnal. A la prière, à laquelle il était le plus dévoué, on le voyait souvent en extase ; parfois il était même élevé au-dessus de la terre. Dieu a glorifié le bienheureux Bentivolio de Bonio par de nombreux autres miracles avant et après sa mort, de sorte que la vénération qui lui était rendue sur sa tombe dans l’église franciscaine de San Severino ne cessait de croître. Le pape Pie IX a donné l’approbation de l’Église à cette vénération, le déclarant ainsi bienheureux.
Martyrologe
A Cracovie, en Pologne, l’anniversaire de saint Jean de Kenty, prêtre et confesseur. Célèbre par sa science, par son zèle pour la propagation de la foi, par ses vertus et ses miracles, il a été inscrit au nombre des saints par le souverain pontife Clément XIII. Sa fête se célèbre le 13 des calendes de novembre (20 octobre).
A Spolète, saint Grégoire, prêtre et martyr. Au temps des empereurs Dioclétien et Maximien, il fut d’abord frappé avec des bâtons noueux, puis, après avoir souffert sur le gril et langui en prison, il eut les genoux déchirés avec des cordes de fer, les côtés brûlés avec des torches ardentes, et fut enfin décapité.
A Tripoli, en Phénicie, les saints martyrs Lucien, Métrobe, Paul, Zénobe, Théotime et Druse.
A Nicomédie, saint Euthyme martyr. Durant la persécution de Dioclétien, après avoir préparé beaucoup de fidèles à souffrir le martyre, il alla bientôt lui-même partager leur couronne, ayant été percé d’un coup d’épée.
A Antioche, l’anniversaire de quarante bienheureuses vierges, qui, durant la persécution de Dèce, consommèrent leur martyre par diverses sortes de tourments.
A Bordeaux, saint Delphin évêque, qui brilla par sa sainteté au temps de l’empereur Théodose.
A Rome, l’anniversaire de sainte Tharsille vierge, tante du pape saint Grégoire, lequel affirme qu’à l’heure de sa mort elle vit Jésus venir à elle.
A Trèves, sainte Irmine vierge, fille du roi Dagobert.
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