Sanctoral
XII° dimanche après la Pentecôte : Le Christ, le bon Samaritain et le Moïse glorifié.
C’est l’Evangile du bon Samaritain qui donne aujourd’hui son nom au douzième Dimanche après la Pentecôte.
L’Introït débute par le beau verset du psaume LXIX : O Dieu, venez à mon aide ; Seigneur, hâtez-vous de me secourir ! Dans sa dixième Conférence, Cassien montre comment ce cri de l’âme convient à tous les états et répond à tous les sentiments. Durand de Mende en fait application dans la circonstance présente à Job, parce que les lectures de l’Office de la nuit tirées du Livre où sont racontées ses épreuves se rencontrent quelquefois, quoique rarement, avec ce Dimanche. Rupert y voit de préférence les accents du sourd-muet, dont la guérison mystérieuse faisait, il y a huit jours, l’objet de nos méditations. « Le genre humain dans la personne de nos premiers parents, dit-il, était devenu sourd pour écouter les commandements du Créateur, et muet pour chanter ses louanges ; le premier mouvement de sa langue déliée par le Seigneur est pour invoquer Dieu. » C’est aussi chaque matin le premier élan de l’Église, comme sa première parole à chacune des Heures du jour et de la nuit. Il arrive souvent, on l’a remarqué et nous en avons donné la raison, que la Collecte des Messes du Temps après la Pentecôte n’est pas sans rapport avec l’Évangile du Dimanche précédent. L’Oraison qui suit se prête elle-même à ce rapprochement. Il y a huit jours, l’Évangile nous rappelait que l’homme, inhabile naguère au service de son Créateur, ayant retrouvé par la divine bonté ses aptitudes surnaturelles, s’exprime depuis lors comme il convient dans la langue de la louange, loquebatur recte. L’Église, partant de cette conclusion du récit sacré, dit aujourd’hui à Dieu : « Dieu tout-puissant et miséricordieux, de la grâce de qui vient que vos fidèles vous servent comme il convient et d’une façon digne de louange ; accordez-nous, selon notre prière, de courir sans broncher dans la voie qui conduit aux biens que vous avez promis. Par notre Seigneur. »
ÉPITRE. Les promesses vers lesquelles la dernière partie de la Collecte élevait nos pensées se dessinent dans l’Épître. Les quelques lignes qu’on vient d’entendre paraissent, il est vrai, s’appliquer seulement à la gloire du ministère apostolique. Mais la gloire des apôtres est celle de celui qu’ils annoncent ; et cette gloire unique, qui est la sienne, le Christ chef la communique dans l’unité à tous ses membres. Le rayonnement divin comme la vie divine s’échappent à la fois de cette tête sacrée par tous les canaux de la sainte Église ; s’ils arrivent aux chrétiens dans des proportions différentes, la différence ne vient pas de la nature diverse de ce rayonnement et de cette vie pour les uns ou les autres. Chaque membre de l’Homme-Dieu, dans son corps mystique, est appelé à se faire à lui-même son degré de capacité pour la gloire : non sans doute, comme le dit l’Apôtre, que nous soyons capables d’avoir, de notre fonds, même une pensée ; mais quelle diversité ne se rencontre pas dans la manière dont les hommes savent faire valoir en eux le fonds divin constitué par la grâce ! Oh ! si nous connaissions le don de Dieu! Si nous comprenions la dignité suréminente réservée, sous la loi d’amour, à tout homme de bonne volonté ! Peut-être nos lâchetés céderaient enfin ; peut-être nos âmes s’éprendraient-elles de la noble ambition qui fait les saints. Du moins saurions-nous que l’humilité chrétienne, dont on nous parlait dans les dimanches précédents, n’est point l’abaissement vulgaire d’une âme dégénérée, mais l’entrée glorieuse dans la voie qui conduit par l’union divine au seul anoblissement véritable. Funeste inconséquence des hommes, qui, passionnés à bon droit pour la gloire, rétrécissent eux-mêmes leurs horizons dans les fumées de l’orgueil, et se laissent détourner par les hochets de la vanité de la recherche des honneurs que leur réservait dès ce monde, sous l’œil de Dieu et de ses saints, la Sagesse éternelle ! Au nom donc de nos intérêts les plus chers, les mieux entendus, écoutons l’Apôtre et laissons-nous gagner par son céleste enthousiasme. Nous pénétrerons sa pensée davantage, en la suivant au-delà du passage choisi pour Épître en ce Dimanche. Comme toujours, l’Église n’a pas de plus grand désir que de voir ses enfants continuer eux-mêmes, en dehors de la sainte Liturgie, les lectures forcément abrégées dans l’assemblée commune ; cette réflexion s’applique d’autant mieux aujourd’hui, que la seconde lettre aux Corinthiens s’offre à nous pour la première et la dernière fois dans cette partie de l’année. Quelle est donc cette gloire du Testament nouveau dont la grandeur fait tressaillir l’Apôtre, et près de laquelle celle de l’ancien s’éclipse tellement à ses yeux ? Certes, pourtant, l’alliance du Sinaï ne fut pas sans splendeur. Jamais la majesté, la toute-puissance et la sainteté du Très-Haut ne s’étaient manifestées à la fois comme au jour où, rassemblant au pied de cette montagne fameuse les descendants des douze fils de Jacob devenus un peuple immense, il renouvela miséricordieusement avec eux tous le pacte conclu avec leurs pères et leur donna sa loi dans l’appareil redoutable décrit au livre de l’Exode. Mais cette loi, gravée par le doigt de Dieu sur la pierre, ne l’était point pour cela dans les cœurs ; et sa sainteté n’empêchait pas le péché qu’elle condamnait de régner au fond des âmes. Moïse, qui l’apportait, descendait de l’auguste montagne resplendissant des rayons mêmes de la Divinité ; mais le rayonnement qui s’échappait du front du chef d’Israël, ne devait pas se communiquer au peuple qu’il avait à conduire ; il lui restait personnel, non moins que la faveur qu’il avait eue de traiter face à face avec Dieu ; il disparut avec lui, marquant par sa durée transitoire le caractère de ce ministère qui devait cesser à l’avènement du Messie, comme la lumière empruntée qui brille durant la nuit s’efface d’elle-même à l’arrivée du jour. Et comme pour mieux marquer que le temps n’était pas venu encore où Dieu manifesterait directement sa gloire, la vue des Juifs du Sinaï se trouvant impuissante à porter l’éclat de la face de Moïse, celui-ci dut désormais voiler son visage, quand il voulut parler à son peuple. C’est qu’en effet, tout emprunté qu’il fût, l’éclat de son front représentait la gloire de l’alliance future dont les splendeurs étaient appelées à rayonner, non plus sans doute extérieurement, mais dans nos cœurs à tous, en nous montrant la lumière même de Dieu sur la face du Christ Jésus : lumière vivante et vivifiante qui n’est autre que le Verbe divin, la Sagesse du Père, et que l’énergie des sacrements, aidée de la contemplation et de l’amour, fait passer de l’humanité de notre Chef adoré au plus intime des âmes. Ce Dimanche, nous le verrons, doit ramener encore le souvenir de Moïse ; mais là est bien pour le chef hébreu le secret de sa vraie et de sa durable grandeur. De même qu’Abraham fut plus grand dans la postérité spirituelle issue de sa foi que dans sa race selon la chair, la gloire de Moïse est moins d’être resté quarante années durant à la tête du peuple ancien, que d’avoir représenté pleinement dans sa personne le rôle du Christ-Roi et les prérogatives du nouveau peuple. Le gentil est délivré de la loi de la crainte et du péché par la loi de la grâce qui non seulement déclare, mais donne la justice ; le gentil, devenu l’enfant de Dieu, traite avec lui dans la liberté qui vient de l’Esprit d’amour. Mais il n’a pas de type plus parfait, sous l’ancienne alliance, que le législateur même d’Israël trouvant grâce devant le Seigneur au point d’être admis à la contemplation de sa gloire, et s’entretenant avec lui familièrement dans les sentiments d’une admirable confiance, comme l’ami fait avec son ami. De même que le Seigneur se montrait à lui directement, autant qu’il se peut pour un homme ici-bas, et sans intermédiaire de représentations figurées, Moïse, quand il allait vers Dieu, découvrait son visage voilé dans les autres temps comme nous avons dit. Même aujourd’hui, le juif s’obstine à garder entre lui et le Christ ce voile qui est tombé pour le reste du monde ; mais le chrétien, possédé de la sainte audace dont parle l’Apôtre, écarte aussi pour aller à son Dieu les intermédiaires, et rejette loin de lui tous les voiles des figures. Aussi, dit saint Paul, contemplant à découvert la gloire du Seigneur dans le miroir de son Christ, nous sommes transformés de clarté en clarté par son Esprit-Saint dans la même image, devenant d’autres christs, semblables comme Jésus-Christ à Dieu son Père. Ainsi est accomplie la volonté de ce Père souverain pour la sanctification des élus. Dieu se retrouve en ces prédestinés devenus conformes, dans la belle lumière divine, à l’image de son Fils. Il peut redire pour chacun d’eux la parole du Jourdain et du Thabor : Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui j’ai mis mes complaisances. Il fait d’eux son vrai temple, réalisant la parole qu’il avait dite autrefois : « J’habiterai en eux et je marcherai dans leur compagnie. De l’Orient et de l’Occident, de l’Aquilon et du Midi ils viendront à moi, et je les recevrai ; je serai leur père, et ils seront mes fils et mes filles ». Telles sont les promesses dont l’accomplissement doit nous exciter, dit l’Apôtre, à parfaire l’œuvre de notre sanctification dans la plus exacte pureté du corps et de l’âme, dans la crainte et l’amour. Telle est cette gloire du Testament nouveau, cette gloire de l’Église et de toute âme chrétienne, qui dépasse immensément les splendeurs de l’ancienne alliance et le rayonnement de la face de Moïse. Quoique ayant ce trésor ici-bas en des vases d’argile, nous ne devons pas pour cela défaillir, mais bien plutôt nous réjouir de cette faiblesse qui relève en nous la vertu de Dieu, et mettre à profit nos misères et la mort même pour manifester davantage la vie du Seigneur Jésus dans notre chair mortelle. Qu’importe à notre foi et à nos espérances, si en nous l’homme extérieur s’en va et tombe en ruines, quand l’intérieur se renouvelle de jour en jour ? La souffrance légère et passagère du moment produit en nous un poids éternel de gloire. Contemplons donc, non ce qui se voit, mais l’invisible ; car ce qui se voit passe, mais l’invisible est éternel. Le genre humain, délivré de son mutisme séculaire et comblé du même coup des dons divins, chante, au Graduel, la reconnaissance qui déborde en son cœur.
ÉVANGILE. Le Docteur des nations exaltait la gloire du Testament nouveau dans l’Épître. Celui dont Paul n’était que le serviteur, l’Homme-Dieu, nous révèle dans l’Évangile la perfection de cette loi glorieuse qu’il est venu donner au monde. Et comme pour renouer en quelque sorte les enseignements de sa bouche divine à la parole de son Apôtre, et justifier l’enthousiasme de celui-ci, c’est dans le tressaillement de son âme très sainte elle-même qu’après avoir remercié de ces grandes choses le Père souverain, il s’écrie en se tournant vers ses disciples : Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! C’était la pensée que devait exprimer à son tour le chef du collège apostolique, en parlant de la joie inénarrable et glorieuse qu’apportait cette alliance nouvelle où la réalité remplaçait les figures. Dans sa première Épître aux élus de l’Esprit-Saint dispersés par le monde, Pierre redit de même, après Celui qui l’a établi le vicaire de son amour, les aspirations -non satisfaites des justes de l’ancienne alliance, de ces hommes si grands dans la foi dont Paul, son frère, décrit ailleurs les héroïques combats et les sublimes vertus. Il célèbre en accents inspirés ces prédestinés de l’Église de l’attente, l’âme remplie de la pensée des grâces futures, supputant les années, scrutant les temps dans la longue nuit, bien qu’ils sussent que la vue tant désirée des mystères du salut n’était point pour eux, et que leur mission fût d’annoncer pour d’autres, dans leurs prophéties, les gloires de l’avenir. Mais quels sont ces rois dont les désirs s’unirent alors, d’après l’Évangile, aux aspirations des prophètes ? Sans parler des saints personnages à qui les honneurs d’un trône terrestre ne purent faire perdre de vue l’objet des espérances du monde, n’étaient-ils pas rois en toute vérité, comme l’observent les Pères, ceux que saint Paul nous montre, en ces mêmes temps, vainqueurs des royaumes par la foi, plus forts que les armées, maîtres des lions, des éléments et d’eux-mêmes ? Supérieurs aux moqueries comme aux persécutions d’un monde qui n’était pas digne d’eux, on les vit, ces athlètes de la foi, promener dans les solitudes ou abriter dans les cavernes des montagnes l’amour indompté de leurs cœurs, et des espérances qui devaient, ils le savaient, n’être satisfaites qu’après leur mort et des siècles sans nombre. Nous donc leurs fils, qu’ils attendaient pour entrer en part des biens que préparaient leurs angoisses et leurs aspirations, comprenons le bienfait du Seigneur ! Nous si petits par la vertu en face des pères de notre foi, et que pourtant l’avènement de l’Esprit d’amour a plus éclairés que ne le furent jamais les prophètes, en nous donnant la possession des mystères mêmes qu’ils annonçaient : comment ne sentirions-nous pas l’obligation qui s’impose à nous de reconnaître par la sainteté de toute notre vie, par un amour ardent et généreux, les faveurs de celui qui nous a gratuitement appelés des ténèbres à son admirable lumière ? Ayant sur nos têtes une telle nuée de pareils témoins, laissons enfin là fardeaux et entraves, dégageons-nous, pour courir résolument dans la carrière, les yeux fixés sur l’auteur et le consommateur de la foi. Jésus-Christ aux délices qu’il pouvait choisir a préféré la croix, méprisant la honte, et, maintenant, il est assis à la droite de Dieu. Nous le savons plus sûrement que nous ne voyons les événements qui se passent sous nos veux ; car lui-même il est en nous sans cesse, par son Esprit, nous incorporant ses mystères. L’illumination du saint baptême a produit dans nos âmes cette révélation du Seigneur Jésus qui pose le principe de la vie chrétienne, et dont l’Homme-Dieu félicitait ses disciples. Car c’était d’elle qu’il parlait, bien plus que de la vue extérieure de sa nature humaine commune aux Juifs ennemis et aux Apôtres. Le Docteur des nations le déclare suffisamment, quand il dit, écrivant après la transformation opérée dans ces derniers par l’Esprit sanctificateur : Si nous avons connu le Christ selon la chair, nous ne le connaissons plus maintenant de cette sorte. C’est en nous en effet, et non plus dans les villes de Judée, qu’est maintenant le royaume de Dieu. La foi nous découvre le Christ habitant dans nos cœurs pour nous fonder dans la charité, pour croître en nous, en nous transformant dans lui-même, et nous remplir de la plénitude de Dieu. C’est l’œil fixé sur l’image divine rayonnant silencieusement dans son âme baptisée, que l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour, comme nous le disions, par la contemplation incessante, l’amour croissant, l’imitation persévérante, et parfaite à la fin, de son Créateur et Sauveur. Combien il importe donc que nous laissions en nous libre expansion à la lumière surnaturelle de la foi, qu’aucun de nos actes, aucune pensée, aucun repli de nos cœurs n’échappe à son influence, à sa direction souveraine ! Dans les âmes fidèles, l’Esprit Paraclet fait sur ce point des prodiges ; l’épanouissement non contrarié des dons supérieurs de Sagesse et d’Intelligence arrive, dans les saints, à faire prédominer tellement la divine lumière, qu’auprès d’elle pour eux l’éclat du soleil est sans force. Quelquefois même l’Esprit dépasse, dans sa liberté toute-puissante, le développement régulier de ces dons communs à tous : l’âme, entraînée dans des régions supérieures aux voies ordinaires de la vie chrétienne, se voit plongée dans l’inscrutable abîme de la Sagesse ; elle s’y unit avec délices aux rayons qui descendent des sommets éternels, et, dans leur calme et radieuse simplicité embrassant tout, elle sent qu’elle possède le secret de toutes choses. En de certains moments, soulevée plus haut encore, bien au-dessus de la région des sens et du domaine de la raison, par-delà tout intelligible, ainsi que s’exprime Denys l’Aréopagite, elle arrive à toucher de son aile éperdue le sommet même où réside dans son essence la lumière incréée, le faîte trois fois saint d’où elle s’échappe, pour se jouer jusqu’aux dernières limites de la création, par mille détours et mille traductions de sa divine splendeur. C’est alors qu’agissant miséricordieusement avec l’âme impuissante encore à porter directement sa gloire, l’éternelle Trinité l’enveloppe de ces ténèbres mystérieuses qu’ont signalées les Saints au point le plus élevé des ascensions mystiques : ténèbres augustes, retraite dernière de la Divinité pour les mortels, obscurité plus pénétrante que la lumière, nuit sacrée au silence éloquent ; sanctuaire où l’adoration absorbe l’âme, d’où sont bannies également la vision et la science, et dans lequel cependant l’intelligence et l’amour, agissant de concert par un mode ineffable, prennent possession des plus sublimes mystères de la théologie dans la simplicité, l’absolu et l’immuable qui les caractérisent en Dieu ! Sans doute, de telles faveurs ne sont connues que d’un petit nombre ; et la vertu la mieux établie, la fidélité la plus méritante ne donnent à personne le droit d’y prétendre. La perfection d’ailleurs n’y est point attachée. La foi qui dirige le juste suffit à lui faire apprécier la vie extérieure des sens pour ce qu’elle est, misérable et obscure ; et c’est facilement qu’avec le secours de la grâce ordinaire, il vit tout entier dans cette retraite intime de l’âme où il sait, sur la parole de son Dieu, que réside la Trinité sainte. Son cœur est un ciel où, caché en Dieu avec le Christ à qui vont toutes ses pensées, il donne sans cesse au Bien-Aimé la seule preuve d’amour qui ne trompe pas, la seule qu’ait réclamée le Seigneur : l’observation des commandements. C’est sans impatience et sans trouble, malgré ses désirs et l’ardeur de son espérance, qu’il attend cette révélation suprême du Christ sa vie qui le fera, au dernier jour, apparaître lui-même avec l’Homme-Dieu dans la gloire ; car sans le voir il sait qu’il l’aime, parce que sans le voir il croit en lui. Le développement toujours croissant des vertus dont il donne le spectacle au monde, montre mieux la puissance de la foi que ne peuvent faire les manifestations merveilleuses dont nous parlions, et dans lesquelles l’âme, domptée passivement, se trouve à peine libre de refuser l’amour. Aussi n’est-ce pas sans motif et sans lien que le récit de notre Évangile passe immédiatement, des premières lignes que nous avons commentées, à la promulgation nouvelle du grand commandement qui renferme toute la Loi et les Prophètes. C’est appuyé sur les données sublimes de la foi, éclairé par elle, que l’homme peut et doit, ici-bas, aimer le Seigneur son Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toutes ses forces et de tout son esprit, et le prochain comme lui-même. L’Église, dans l’Homélie qu’elle propose aujourd’hui comme de coutume à ses fils sur le texte sacré, n’étend pas son interprétation au-delà de l’interrogation du docteur de la loi : c’est assez faire voir que, dans sa pensée, la dernière partie de l’Évangile, quoique plus longue de beaucoup, n’est que la conclusion pratique de la première, selon cette parole de l’Apôtre : La foi opère par la charité. Et en effet la parabole du bon Samaritain, qui, par ailleurs, se prête à tant d’applications du plus haut symbolisme, n’est amenée, dans le sens littéral, sur les lèvres du Sauveur que pour détruire péremptoirement les restrictions apportées par les Juifs au grand précepte de l’amour. Si toute perfection est renfermée dans l’amour, si sans lui nulle vertu ne produit de fruit pour le ciel, l’amour n’est vrai qu’autant qu’il s’étend au prochain ; et c’est même surtout dans ce dernier sens, remarque saint Paul, que l’amour accomplit toute la loi, qu’il en est la plénitude. Car c’est le prochain qu’ont en vue directement la plupart des préceptes du Décalogue, et la charité envers Dieu n’est complète, elle aussi, qu’en aimant avec Dieu ce qu’il aime, ce qu’il a fait à son image. En sorte que l’Apôtre, ne distinguant même pas, comme le fait l’Évangile, entre les deux préceptes de l’amour, ose bien dire : « Toute la loi est contenue dans cette seule parole : Vous aimerez votre prochain comme vous-même ». Mais plus est grande l’importance d’un tel amour, plus l’est aussi la nécessité de ne pas se méprendre sur la signification et l’étendue de ce terme de prochain. Les Juifs n’y comprenaient que ceux de leur race, suivant en cela les mœurs des nations païennes pour qui l’étranger n’était qu’un ennemi. Mais voici qu’interpellé par un représentant de cette loi diminuée, le Verbe divin, auteur de la loi, la rétablit dans sa plénitude. Il ne s’entoure point de nouveau pour cela des tonnerres et des flammes du Sinaï. Homme conversant avec les hommes, il leur révèle sous une forme accessible à tous la portée du précepte éternel qui conduit à la vie. Dans une similitude, où plusieurs ont vu le récit d’un fait réel connu de ceux à qui s’adressait le Sauveur, Jésus met en scène un homme sorti de la ville sainte et un Samaritain, de tous ces étrangers ennemis dont il était question tout à l’heure le plus méprisé et le plus odieux pour un habitant de Jérusalem. Et cependant, de l’aveu du docteur qui l’interroge, comme sans nul doute de tous ceux qui l’entendent, le prochain, pour l’infortuné tombé entre les mains des voleurs, c’est ici beaucoup moins le prêtre ou le lévite de sa race, que l’étranger Samaritain qui, oubliant leurs rancunes nationales devant sa misère, ne voit en lui qu’un homme son semblable. C’était bien dire que nulle exception ne pouvait prévaloir contre la loi souveraine de l’amour, ici-bas comme au ciel ; et Jésus fut compris.
L’Offertoire est tiré du passage de l’Exode où Moïse est représenté luttant contre Dieu pour sauver son peuple après l’érection du veau d’or, et triomphant de la colère du Très-Haut. Il peut arriver que ce Dimanche tombe le jour même ou près du jour auquel l’Église fait mémoire du chef hébreu, dans son Martyrologe (4 septembre) ; et c’est, d’après Honorius d’Autun, la raison de la mention réitérée faite aujourd’hui de ce glorieux législateur d’Israël. La Secrète prie le Seigneur d’agréer les offrandes du Sacrifice, qui doivent nous mériter l’indulgence et rendre gloire à son Nom. De même qu’il y a huit jours, l’Antienne de la Communion fait une allusion évidente au temps des moissons et de la vendange. Le pain, le vin et l’huile ne sont pas seulement les soutiens de notre vie matérielle ; ils sont aussi la matière des sacrements les plus augustes ; leur louange ne saurait être mieux à sa place, dans la bouche de l’homme, qu’au sortir du banquet sacré. La vie qui nous vient des sacrés Mystères trouve en eux, par le dégagement toujours plus accentué des restes du mal qui avait causé notre mort, sa perfection et sa défense. C’est ce qu’exprime la prière de l’Église dans la Postcommunion.
Saint Philippe Beniti, Confesseur, Servite
Philippe, né à Florence de l’illustre famille des Beniti, donna dès son berceau des marques de sa future sainteté. A peine était-il âgé de cinq mois, que sa langue se délia miraculeusement pour engager sa mère à faire l’aumône aux Frères Servites. Encore adolescent, étant à Paris pour étudier les belles lettres, il joignit à cette étude une ardente piété et alluma le désir du ciel en plusieurs de ses compagnons. Rentré dans sa patrie, une vision de la sainte Vierge lui fit connaître sa vocation pour l’Ordre des Servites, récemment fondé. Retiré avec eux dans une grotte, du mont Senario, il y passa des jours pleins de douceur, soumettant son corps à de rudes austérités et méditant les souffrances du Seigneur crucifié. Puis il se mit à parcourir l’Europe et une grande partie de l’Asie pour y prêcher l’Évangile ; il établit des couvents des Sept-Douleurs de la Sainte Vierge et propagea son Ordre par le rare exemple de ses vertus. Le feu de la divine charité dont il brûlait et son zèle ardent pour l’extension de la foi catholique l’ayant fait élire, malgré ses résistances, général de son Ordre, il envoya un grand nombre de ses frères prêcher l’Évangile en Russie ; lui-même parcourut les principales villes de l’Italie, apaisant les discordes qui s’élevaient de plus en plus parmi les citoyens, et en ramenant aussi plusieurs sous l’obéissance du Pontife romain. Il ne négligea rien de ce qui pouvait contribuer au salut du prochain, et fit passer des hommes très pervers, de la fange des vices à la pénitence et à l’amour de Jésus-Christ. Extrêmement assidu à l’oraison, il parut souvent ravi en extase. La virginité lui était si chère, qu’il s’infligea volontairement les plus rigoureuses mortifications pour la garder intacte jusqu’au dernier soupir. On vit constamment briller en lui une tendre compassion envers les pauvres ; elle parut surtout avec éclat lorsque, dans un faubourg de Sienne, il donna son propre vêtement à un pauvre lépreux à peu près nu ; aussitôt que ce malheureux en fut couvert, il se trouva guéri de sa lèpre. Le bruit de ce miracle s’étant répandu de tous côtés, quelques-uns des Cardinaux réunis à Viterbe pour l’élection du successeur de Clément IV, jetèrent les yeux sur Philippe, dont ils connaissaient du reste la prudence toute céleste. A cette nouvelle, l’homme de Dieu craignant de se voir imposer la charge de pasteur suprême, s’enfuit sur le mont Tuniato, et y demeura caché jusqu’au moment où Grégoire fut proclamé souverain Pontife. En cet endroit se trouve une source d’eau qu’on appelle encore aujourd’hui Fontaine de Saint-Philippe, eau qui doit à ses prières la vertu de guérir les malades. Enfin il quitta très saintement cette vie, à Todi, le 22 août 1285, en embrassant le crucifix, qu’il appelait son livre. A son tombeau, des aveugles recouvrèrent la vue, des boiteux furent guéris et des morts ressuscitèrent. Devant l’éclat de ces prodiges et de beaucoup d’autres encore, le souverain Pontife Clément X l’inscrivit au nombre des Saints en 1671. Alexandre VIII en fit un semidouble ad libitum en 1690 ; Innocent XII un semidouble de précepte en 1693. Il fut ensuite élevé au rang de double, ce qui réduisit la vigile de St Barthélemy à une commémoraison.
Bienheureux Bernard d’Offida, Frère Lai capucin
Ce parfait religieux naquit en Italie, près du lieu dont il porte le nom, le 7 novembre 1604. Il eut pour parents Joseph Peroni et Dominique d’Appignano, honnêtes paysans remplis de piété, qui mirent tous leurs soins à inspirer à leurs fils de grands sentiments de religion. Le Seigneur bénit leurs efforts. Dominique (c’était le nom qu’il avait reçu au baptême et qu’il changea en celui de Bernard quand il prit l’habit de religion) était un enfant accompli. Sa docilité, sa douceur, son obéissance, étaient admirables. Il avait tant de charité pour ses frères que, lorsqu’il les voyait résister aux volontés de leurs parents, il disait à son père et à sa mère : « Je ferai ce que refuse de faire mon frère. S’il mérite d’être châtié, châtiez-moi. » Chargé dès l’âge de sept à huit ans de garder un troupeau, il se livrait à l’oraison avec cette facilité et cet attrait que l’Esprit-Saint donne aux âmes pures. Ses bons exemples entraînaient les autres pâtres, et tous avec lui s’occupaient à méditer quelque vérité du salut, ou à réciter le Rosaire. Telle fut la conduite de Dominique dans son enfance et sa première jeunesse. Guidé par un sage directeur, qui lui avait enseigné le catéchisme, il s’habitua de bonne heure à maîtriser ses passions ; aussi les vanités du monde ne purent-elles le séduire; il aimait la solitude et n’en sortait que par nécessité. Toute son occupation le Dimanche était de visiter les églises, d’y prier avec assiduité et de se disposer à recevoir les sacrements, dont il s’approchait avec une ferveur angélique. Il supplia ses parents de ne point s’inquiéter ces jours-là de sa nourriture, mais de le laisser en liberté satisfaire sa piété ; elle l’attachait tellement à de saintes pratiques, que souvent il arrivait le soir à la maison sans avoir rien mangé du jour. Dominique, qui désirait vivement connaître et suivre la volonté de Dieu, étudiait sa vocation avec un soin particulier. L’état religieux avait pour lui beaucoup d’attraits, et la vie édifiante des Capucins du couvent d’Offida lui donnait la pensée de se fixer parmi eux ; mais l’opposition de ses parents à l’exécution d’un semblable dessein, et la crainte de leur déplaire lui paraissaient des obstacles bien difficiles à surmonter. Le Seigneur tira son serviteur d’inquiétude ; son père, quoiqu’il l’aimât tendrement, lui conseilla d’embrasser l’état religieux. Dominique, plein de joie, vit dans les paroles de l’auteur de ses jours l’expression de la volonté divine, et désormais libre de suivre son attrait, il entra chez les Capucins de Corinaldo, où il commença son noviciat et où il prit l’habit le 15 février 1626. Exercé depuis longtemps à la pratique des vertus chrétiennes, il ne lui fut pas difficile d’acquérir les vertus religieuses ; aussi passa-t-il dans la ferveur tout le temps de son noviciat, et cette ferveur était si grande, que ses frères, surpris de cette perfection, se disaient : « Si tels sont ses commencements, que sera sa fin ? » Bernard, ayant prononcé ses vœux à Camerino le 15 février 1627, fut envoyé au couvent de Fermo, ville de la Marche d’Ancône. 11 eut le bonheur de rencontrer dans le supérieur de la maison et dans le compagnon qui lui fut donné deux hommes solidement vertueux et bien propres à soutenir un jeune profès dans la perfection de son état. Mais si Bernard trouva près d’eux à s’édifier, de son côté il excita leur admiration, par la manière dont il remplissait ses devoirs. Entre autres occupations, il avait celle de soigner les religieux âgés et infirmes , dont les uns étaient impotents , les autres atteints de maladies ou couverts de plaies bien propres à donner de la répugnance : loin de montrer pour eux le moindre éloignement, il leur rendait tous les services qu’une ingénieuse charité peut inventer, et il le faisait avec un calme , une douceur que n’altéraient jamais ni la mauvaise humeur des malades , ni la longueur de leurs maux, ni les fatigues qu’un pareil travail lui causait. Placé successivement dans plusieurs maisons de son ordre, Bernard laissa partout après lui la bonne odeur de ses vertus. Enfin, lorsqu’il eut atteint l’âge de soixante ans, et que sa grande prudence bien connue de tous eut inspiré en lui une confiance entière, il fut chargé dans le couvent d’Offida de l’emploi de quêteur. Cet emploi est très pénible chez les Capucins et en même temps très dangereux pour la vertu, car la règle de ce saint ordre voulant que les religieux ne vivent que d’aumônes, il faut que chaque jour un frère lui aille faire la quête , qu’il ait par conséquent des relations habituelles avec les séculiers, qu’il entre dans les maisons, et qu’il s’expose ainsi à perdre l’esprit de son état, s’il n’y est pas bien affermi. Cette épreuve ne fut pour le bienheureux qu’une occasion dans laquelle Dieu se plut à manifester sa sainteté. Ses compatriotes, qui se rappelaient la sagesse qu’il avait montrée dans son jeune âge, l’observaient avec curiosité, lors de son retour à Offida ; mais bientôt ils purent se convaincre qu’il n’avait fait que croître en perfection. Ils le voyaient pendant le temps de sa quête marcher les yeux baissés, la contenance modeste, en inspirant la vénération par sa figure angélique. Il n’entrait dans les maisons que pour voiries bienfaiteurs malades. S’il rencontrait quelque pauvre qui fût souffrant, il l’assistait avec la plus touchante charité. Le respect pour lui était général, et ce ne fut qu’avec une vive douleur que les habitants apprirent que Bernard quittait son pays pour aller, par l’ordre de ses supérieurs, au couvent d’Ascoli. Ils ne se bornèrent pas à des regrets stériles en cette circonstance. Ils s’adressèrent aux supérieurs pour obtenir qu’on leur rendit le saint frère, et leur demande fut écoutée. Il revint donc à Offida, où son retour causa une joie universelle. Il y reprit son emploi de quêteur, qui était pour lui très pénible, car pour recueillir les aumônes il allait dans les environs de la ville jusqu’à la distance de quatre lieues, souvent par des chemins très- mauvais, ou par une chaleur excessive. Toutes ces courses se faisaient à pied, et ce qui les lui rendait encore plus fatigantes, c’est qu’il avait une grave infirmité, et qu’il était constamment couvert d’un rude cilice. Lorsqu’il rentrait accablé de lassitude, on l’entendait s’écrier : « Paradis, Paradis. » Ou bien : « Ce mauvais corps ne veut-il pas souffrir ? S’il veut jouir, il faut bien qu’il souffre. » En sollicitant les secours temporels, Bernard donnait à toute la contrée qu’il habitait des secours spirituels, mille fois plus précieux ; il consolait les pauvres et les affligés ; instruit par une lumière surnaturelle du secret des cœurs, il remettait par ses conseils l’ordre dans des consciences criminelles ; il empêchait qu’on offensât Dieu, et surtout il avait un talent admirable pour apaiser les différends et rétablir l’union dans les familles. Aussi, lorsque son trépas priva le peuple de sa présence, l’on disait : « II est mort celui qui mettait fin aux discordes, qui réunissait les cœurs, qui faisait régner la bonne harmonie entre les parents ! Ah ! si frère Bernard revenait ! » Lorsque les infirmités toujours croissantes du saint religieux ne lui permirent plus d’exercer l’emploi de quêteur, ses supérieurs le chargèrent de remplir celui de portier. Ce ne fut pour lui qu’un nouveau moyen de pratiquer la charité envers le prochain. Les pauvres accouraient à lui en foule, il les assistait ; les affligés venaient lui raconter leurs peines, il les consolait. Des enfants mal élevés mettaient souvent sa patience à l’épreuve par leurs espiègleries ; il les supportait, sans jamais montrer la moindre vivacité. Les ignorants excitait surtout son zèle, il les instruisait des vérités de la religion et les disposait à la réception des sacrements. Enfin, l’idée que sa vie sainte donnait de sa vertu était si bien établie, qu’ou venait lui demander des miracles et qu’on les obtenait de lui. Une mère lui apporta un jour son fils, en bas âge et dangereusement malade ; elle le lui remit entre les mains pour qu’il obtînt sa guérison, mais l’enfant mourut aussitôt. Alors cette femme, égarée par sa douleur, se mit à crier que frère Bernard avait tué son fils, et voyant qu’il se retirait, elle le retint par son habit en lui disant : « Je ne vous laisserai point aller que vous ne me l’ayez rendu vivant. » Le saint homme, attendri, versa des pleurs avec elle, puis entrant dans l’église, il alla devant l’autel de saint Félix de Cantalice, auquel il avait une grande dévotion, il déposa l’enfant sur cet autel, et se mettant à genoux, il dit avec une simplicité admirable : « Voici le moment de m’assister, mon bon saint Félix. » Il pria ensuite quelques instants. 0 prodige ! L’enfant revint à la vie, fut guéri, et sourit à sa mère. Celle-ci, consolée et pleine de joie, demanda à l’homme de Dieu pardon des injures qu’elle lui avait dites. Il semblait qu’il eût manqué quelque chose à la perfection du Bienheureux, s’il n’avait pas eu à supporter des calomnies et des humiliations. Sa sollicitude pour les besoins des pauvres et les peines qu’il se donnait pour les soulager déplurent à quelques religieux, qui en firent des plaintes aux supérieurs et représentèrent frère Bernard comme dépourvu de discrétion dans la distribution des aumônes et capable de nuire ainsi au couvent. Le père provincial étant venu à Offida, manda le prétendu coupable, et le traita très-rudement devant la communauté assemblée. Bernard se jeta humblement à genoux, et par l’air tranquille et joyeux avec lequel il reçut cette réprimande, il montra quelle estime il faisait des contradictions. Son innocence, qui fut bientôt reconnue, contribua encore à augmenter l’admiration qu’on avait pour sa vertu. C’est en donnant ainsi l’exemple d’une sainteté parfaite que ce vénérable religieux parvint jusqu’à l’âge de quatre-vingt-dix ans. Il avait parcouru cette longue carrière, lorsque, dans le mois d’août 1694, il se sentit saisi d’une fièvre violente ; son premier soin, dès qu’il se vit malade, fut de se préparer à une confession générale. Quoiqu’il eût passé sa vie dans l’innocence, il la fit avec beaucoup de larmes, et une componction aussi vive que s’il avait été un grand pécheur. Le mal augmentant, il reçut avec une grande ferveur le saint Viatique, après lequel il tomba en extase. Revenu à lui, et se trouvant près de sa fin, il dit à son supérieur, avec cette aimable simplicité qui était son caractère distinctif : « Père gardien, donnez-moi votre bénédiction, afin que je m’en aille en paradis. » Le gardien ne voulut lui accorder cette grâce qu’après qu’il lui eut à lui-même donné la sienne et à tous les assistants. Bernard le fit par obéissance, en se servant du crucifix qu’il tenait entre ses mains. Ce fut sa dernière action. Il rendit tranquillement son âme à son Créateur, le matin du Dimanche 22 Août 1694. Le bruit de sa mort ne se fut pas plus tôt répandu, qu’on vit arriver au couvent une grande multitude, non-seulement d’Offida, mais des villes environnantes. On fut obligé de le garder trois jours exposé, avant de pouvoir le mettre en terre. Il s’opéra dès-lors des miracles par son intercession ; ces miracles et ses vertus ont porté le Saint-Siège à travailler à sa béatification, qui fut prononcée par le Pape Pie VI, le 19 mai 1795.
Martyrologe
Saint Philippe Beniti confesseur, qui fut le propagateur de l’Ordre des Servites de la bienheureuse Vierge Marie et s’en alla vers le Seigneur la veille de ce jour.
A Ostie, les saints martyrs Quiriace évêque, Maxime prêtre, Archélaüs diacre et leurs compagnons. Ils souffrirent sous le préfet Ulpien, au temps de l’empereur Alexandre.
A Antioche, l’anniversaire des saints Restitut ,Donat, Valérien, Fructuose et de douze autres martyrs. Ils furent couronnés après la gloire d’une brillante confession.
A Egée, en Cilicie, les saints frères et martyrs Claude, Astère et Néon. Accusés par leur belle-mère d’appartenir à la religion chrétienne, sous l’empereur Dioclétien et le préfet Lysias, après d’horribles tourments ils furent attachés à des croix sur lesquelles ils triomphèrent avec le Christ. Après eux, souffrirent Donvine et Théonille.
A Reims, en Gaule, l’anniversaire des saints Timothée et Apollinaire, qui consommèrent leur martyre en cette ville et méritèrent de parvenir au céleste royaume.
A Lyon, en Gaule, les saints martyrs Minerve, Eléazar et les huit fils de ce dernier.
De plus, saint Luppe martyr. De la condition d’esclave il passa à la liberté des enfants du Christ, et fut jugé digne de la couronne du martyre.
A Jérusalem, saint Zachée évêque: le quatrième qui après le bienheureux apôtre Jacques eut à gouverner cette église de Jérusalem.
A Alexandrie, saint Théonas, évêque et confesseur.
A Utique, en Afrique, le bienheureux Victor évêque.
A Autun, saint Flavien évêque.
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