Vingt-et-unième dimanche après la Pentecôte – « Pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. »
A LA MESSE. Durand de Mende, dans son Rational, s’applique à montrer que ce Dimanche et ceux qui le suivent relèvent toujours de l’Évangile des noces divines, et n’en sont que le développement. « Parce que, dit-il pour aujourd’hui, ces noces n’ont point de plus grand ennemi que la jalousie de Satan contre l’homme, l’Église traite, en ce Dimanche, de la guerre contre Satan et de l’armure qu’il nous faut revêtir pour soutenir cette guerre, comme on le verra dans l’Épître. Et parce que le cilice et la cendre sont les armes de la pénitence, l’Église emprunte, dans l’Introït, la voix de Mardochée qui priait Dieu sous le cilice et la cendre. » Les réflexions de l’évêque de Mende sont fondées. Mais, si la pensée de l’union divine qui se consommera bientôt ne quitte pas l’Église, c’est surtout néanmoins en s’oubliant elle-même, pour ne songer qu’aux hommes dont le salut lui a été confié par l’Époux, qu’elle se montrera véritablement Épouse dans les malheurs des derniers temps. Nous l’avons dit : l’approche du jugement final, l’état lamentable du monde dans les années qui précéderont immédiatement ce dénouement de l’histoire humaine, inspire et remplit maintenant la Liturgie. Aujourd’hui, la partie de la Messe qui frappait surtout nos pères était l’Offertoire tiré de Job, avec ses Versets aux exclamations si expressives, aux répétitions si instantes ; et l’on peut dire, en effet, que cet Offertoire donne bien le vrai sens qu’il convient d’attribuer au vingt-et-unième Dimanche après la Pentecôte. Le monde, réduit, comme Job sur son fumier, à la misère la plus extrême, n’a plus rien à espérer que de Dieu seul. Les saints qu’il renferme encore, entrant pour lui dans les dispositions du juste de l’Idumée, honorent le Seigneur par une patience et une résignation qui n’enlèvent rien à la puissance et à l’ardeur de leurs supplications. C’est le sentiment qui met tout d’abord en leur bouche la prière sublime que Mardochée formulait pour son peuple condamné à une extermination absolue, figure de celle qui attend le genre humain. L’Église, dans la Collecte, montre assez que si elle est prête à subir les temps mauvais, elle préfère toutefois la paix, qui lui permet d’offrir librement au Seigneur le tribut de la confession simultanée par les œuvres et la louange. La dernière supplication de Mardochée, dans la prière dont l’Introït nous a donné les premiers mots, était pour cette liberté de la louange divine qui sera le dernier rempart du monde : « Que nous puissions chanter votre Nom, ô Seigneur ! Ne fermez pas les bouches de ceux qui vous louent ». ÉPÎTRE. Les commencements de l’union divine sont, d’ordinaire, sous le charme d’une sérénité sans mélange. L’éternelle Sagesse qui, tout d’abord, a conduit l’homme par les épreuves laborieuses de la purification de l’esprit et des sens, le laisse, quand l’alliance est conclue, reposer sur son sein, et achève de se l’attacher par des délices enivrantes qui sont l’avant-goût des joies célestes. Il semble que, selon la prescription du Deutéronome, nulle guerre, nul souci, ne doivent troubler les premiers temps de cette union fortunée. Mais une telle exemption des charges publiques ne se prolonge jamais ; car la guerre est la condition de tout homme ici-bas. Le Très-Haut se complaît dans la lutte ; il n’est point de nom qui lui soit plus souvent appliqué par les Prophètes que celui de Dieu des armées. Son Fils, qui est l’Époux, se présente à la terre comme le Seigneur puissant dans les combats. L’épithalame sacré nous le montre ceignant l’épée, et se faisant jour par ses flèches aiguës au travers des ennemis, pour arriver dans la valeur et la victoire jusqu’à son Épouse. Pareille à lui, cette Épouse dont il a convoité la beauté, qu’il veut associer à toutes ses gloires, s’avance au-devant de lui dans l’éclat d’une parure de guerre, entourée de chœurs chantant les hauts faits de l’Époux, terrible elle-même comme une armée rangée en bataille. L’armure des forts charge ses bras et sa poitrine ; son cou rappelle la tour de David avec ses remparts et ses mille boucliers. Dans les délices de son union avec l’Époux, les plus vaillants guerriers l’entourent. Leur titre à cet honneur est la sûreté de leur glaive et leur science des combats ; chacun d’eux a l’épée au côté, dans la crainte des surprises de la nuit. Car d’ici que se lève le jour éternel, et que les ombres de la vie présente s’évanouissent dans la lumière de l’Agneau pleinement vainqueur, la puissance est aux chefs de ce monde de ténèbres, nous dit saint Paul ; et c’est contre eux qu’il nous faut revêtir l’armure de Dieu dont il parle, si nous voulons être en mesure de résister, au jour mauvais. Les jours mauvais, que signalait l’Apôtre Dimanche dernier déjà, sont nombreux dans la vie de chaque homme et dans l’histoire du monde. Mais, pour chaque homme et pour le monde, il est un jour mauvais entre tous : celui de la fin et du jugement, dont l’Église chante que le malheur et la misère en feront un jour grand d’amertume. Les années ne sont données à l’homme, les siècles ne se suivent pour le monde, que dans le but de préparer le dernier jour. Heureux les combattants du bon combat et les vainqueurs en ce jour terrible, ceux qui, selon le mot du Docteur des nations, apparaîtront alors debout sur les ruines et parfaits en tout ! Ils ne connaîtront point la seconde mort ; couronnés du diadème de la justice, ils régneront avec Dieu sur le trône de son Verbe. La guerre est facile avec l’Homme-Dieu pour chef. Il ne nous demande, par son Apôtre, que de chercher notre force en lui seul et dans la puissance de sa vertu. C’est appuyée sur son Bien-Aimé que l’Église monte du désert ; soutenue ainsi, elle afflue de délices dans les plus mauvais jours. L’âme fidèle se sent émue d’amour à la pensée que les armes qu’elle porte sont celles mêmes de l’Époux. Ce n’est point en vain que les Prophètes nous l’avaient dépeint à l’avance ceignant le premier le baudrier de la foi, prenant le casque du salut, le bouclier, la cuirasse de justice, le glaive de l’esprit qui est la parole de Dieu : l’Évangile nous l’a montré descendu dans la lice pour former les siens, par son exemple, au maniement de ces armes divines. Armes multiples en raison de leurs multiples effets, et qui toutes cependant, offensives ou défensives, se résument dans la foi. Il est facile de le voir en lisant notre Épître, et c’est ce que notre chef divin a voulu nous apprendre, lorsqu’à la triple attaque dirigée contre lui sur la montagne de la Quarantaine, il se contenta de répondre en invoquant par trois fois l’Écriture. La victoire qui triomphe du monde est celle de notre foi, dit saint Jean ; c’est dans le combat de la foi que Paul, à la fin de sa carrière, résume les luttes de son existence et de toute vie chrétienne. C’est la foi qui, en dépit des conditions désavantageuses signalées par l’Apôtre, assure le triomphe aux hommes de bonne volonté. Si l’on devait, dans la lutte engagée, estimer les espérances de succès des parties adverses à la comparaison de leurs forces respectives, la présomption ne serait certes pas en notre faveur. Car ce n’est point à des êtres de chair et de sang comme nous le sommes, qu’il nous faut tenir tête, mais à des ennemis insaisissables, remplissant l’air et pourtant invisibles, intelligents et forts, connaissant à merveille les tristes secrets de notre pauvre nature déchue, et tournant tous leurs avantages contre l’homme à le tromper, pour le perdre en haine de Dieu. Créés à l’origine pour refléter dans la pureté d’une nature toute spirituelle l’éclat divin de leur auteur, ils montrent, accompli en eux par l’orgueil, ce hideux prodige de pures intelligences dévouées au mal et à la haine de la lumière. Comment donc nous, qui déjà ne sommes par notre nature qu’obscurité, lutterons-nous avec ces puissances spirituelles mettant leur intelligence au service de la nuit ? « En devenant lumière », dit saint Jean Chrysostome. La face du Père, il est vrai, ne doit point luire directement sur nous avant le grand jour de la révélation des fils de Dieu ; mais d’ici là, pour suppléer à notre cécité, nous avons la parole révélée. Le baptême a ouvert l’ouïe en nous, quoique non encore les yeux ; Dieu parle par l’Écriture et son Église, et la foi nous donne une certitude aussi grande que si déjà nous voyions. Par sa docilité d’enfant, le juste marche en paix dans la simplicité de l’Évangile. Mieux que le bouclier, mieux que le casque et la cuirasse, la foi le couvre contre les dangers ; elle émousse les traits des passions, et rend impuissantes les ruses ennemies Point n’est besoin avec elle de subtils raisonnements ni de considérations prolongées : pour découvrir les sophismes de l’enfer ou prendre une décision dans un sens ou dans l’autre, ne suffit-il pas, en toute circonstance, de la parole de Dieu qui ne manque jamais ? Satan craint qui s’en contente. Il redoute plus un tel homme que toutes les académies ; il sait qu’en toute rencontre, il sera broyé sous ses pieds avec une rapidité plus grande que celle de la foudre. Ainsi, au jour du grand combat, fut-il précipité des cieux par un seul mot de Michel l’Archange, devenu, comme nous l’avons dit, notre modèle et notre défenseur en ces jours. L’Église, dans le Graduel et le Verset, rappelle au Seigneur qu’il n’a jamais cessé d’être le refuge de son peuple ; sa bonté, comme sa puissance, est d’avant tous les âges, parce qu’il est Dieu dès l’éternité. Qu’il protège donc maintenant les siens réduits à préparer dans leur petit nombre, comme autrefois Israël, l’exode final de l’Église quittant pour la vraie terre promise ce monde redevenu infidèle. ÉVANGILE. « Juge vengeur et juste, accordez-nous remise avant le jour des comptes ! » C’est le cri qui s’échappe du cœur de l’Église en ces jours, lorsqu’elle songe au sort de ses innombrables fils moissonnés chaque année par la mort ; c’est la supplication qui doit s’élever de toute âme vivante, à la lecture de l’Évangile que nous venons d’entendre. La Prose des morts, d’où est tirée cette exclamation poignante, n’est point seulement une prière sublime pour les trépassés ; elle est également, dans cette partie du Cycle, l’expression de l’attente de nous tous qui vivons encore, qui semblons abandonnés, oubliés sur le soir des siècles, et pourtant ne préviendrons point au pied du redoutable tribunal ceux qui dorment déjà du grand sommeil. « Combien grande sera la terreur, dit la sainte, Mère Église, quand le juge viendra pour tout scruter rigoureusement ! La trompette éclatante, retentissant par les sépulcres de l’univers, rassemblera tous les humains devant le trône. La mort et la nature seront dans la stupeur, lorsque ressuscitera la créature pour répondre à son juge. On produira le livre écrit renfermant tout l’objet du jugement du monde. Quand donc s’assiéra le juge, tout ce qui se cache apparaîtra, rien ne demeurera sans vengeance. Que dirai-je alors, malheureux ? Quel défenseur implorerai-je, quand à peine rassuré sera le juste ? Roi de majesté redoutable, qui sauvez gratuitement ceux qui doivent l’être, sauvez-moi, source de miséricorde. Souvenez-vous, ô doux Jésus, que je suis la cause de votre venue : ne me perdez pas en ce jour ! » Sans nul doute, une telle prière a toute chance d’être exaucée, lorsqu’elle s’adresse ainsi à celui qui n’a rien plus à cœur que notre salut, et qui, pour l’obtenir, s’est dévoué aux fatigues, aux tourments, à la mort de la croix. Mais nous serions inexcusables et mériterions doublement la condamnation, en ne profitant pas des avis qu’il nous donne lui-même, pour parer d’avance aux angoisses de « ce jour de larmes où l’homme coupable se lèvera de sa cendre pour être jugé. » Méditons donc la parabole de notre Évangile, qui n’a d’autre but que de nous enseigner un moyen sûr d’apurer dès maintenant nos comptes avec le Roi éternel. Nous sommes tous, a le bien prendre, ce serviteur négligent, débiteur insolvable, que son maître est en droit de vendre avec tout ce qu’il possède et de livrer aux bourreaux. La dette contractée par nos fautes envers la Majesté souveraine est de telle nature qu’elle requiert, en toute justice, des tourments sans fin, et suppose un enfer éternel où, payant sans cesse, l’homme pourtant ne s’acquitte jamais. Louange donc et reconnaissance infinie au divin créancier ! touché par les prières du malheureux qui le supplie de lui donner le temps de s’acquitter, il va plus loin que sa demande et lui remet dès l’instant toute sa dette. Mais c’est à la condition pour le serviteur, la suite le fait bien voir et la clause est trop juste, d’en user avec ses compagnons comme son maître l’a fait avec lui. Exaucé si grandement par son Seigneur et Roi, délivré gratuitement d’une dette infinie, pourrait-il rejeter, venant d’un égal, cette même prière qui l’a sauvé, et se montrer impitoyable au sujet des obligations contractées envers lui ? « Tout homme sans doute, dit saint Augustin, a son frère pour débiteur ; car quel est l’homme qui n’ait jamais été offensé par personne ? Mais quel est l’homme aussi qui ne soit le débiteur de Dieu, puisque tous ont péché ? L’homme est donc à la fois débiteur de Dieu, créancier de son frère. C’est pourquoi le Dieu juste t’a posé cette règle d’en agir avec ton débiteur comme il le fait avec le sien… Tous les jours nous prions, tous les jours nous faisons monter la même supplication aux oreilles divines, tous les jours nous nous prosternons pour dire : Remettez-nous nos dettes, comme nous les remettons nous-mêmes à nos débiteurs. De quelles dettes parles-tu ? de toutes tes dettes, ou seulement d’une partie ? Tu vas dire : De toutes. Remets donc tout toi-même à ton débiteur, puisque c’est la règle posée, la condition acceptée. » « Il est plus grand, dit saint Jean Chrysostome, de remettre au prochain ses torts envers nous qu’une dette d’argent ; car, en lui remettant ses péchés, nous imitons Dieu. » Et qu’est donc, après tout, le tort de l’homme envers l’homme, comparé à l’offense de l’homme envers Dieu ? Cependant, hélas ! celle-ci nous est familière : le juste la connaît sept fois le jour ; plus ou moins donc, elle remplit nos journées. Qu’au moins l’assurance d’être pardonnés chaque soir à la seule condition du désaveu de nos misères, nous rende accessibles à la miséricorde pour autrui. C’est une sainte habitude que celle de ne regagner sa couche qu’à la condition de pouvoir s’endormir sur le sein de Dieu, comme l’enfant d’un jour ; mais si nous éprouvons l’heureux besoin de ne trouver à la fin de nos journées, dans le cœur du Père qui est aux cieux, qu’oubli de nos fautes et tendresse infinie, comment prétendre garder en même temps dans notre cœur à nous de fâcheux souvenirs ou des rancunes, petites ou grandes, contre nos frères qui sont aussi ses fils ? Lors même que nous aurions été de leur part l’objet d’injustes violences ou d’atroces injures, leurs fautes contre nous égaleront-elles jamais nos attentats contre ce Dieu très bon dont nous sommes nés les ennemis, dont nous avons causé la mort ? Il n’est donc point de circonstance où ne s’applique la règle de l’Apôtre : Soyez miséricordieux, pardonnez-vous mutuellement comme Dieu vous a pardonné dans le Christ ; soyez les imitateurs de Dieu comme ses fils très chers. Tu appelles Dieu ton Père, et tu gardes mémoire d’une injure ! « Ce n’est pas là le fait d’un fils de Dieu », dit encore admirablement saint Jean Chrysostome ; « l’œuvre d’un fils de Dieu, c’est de pardonnera ses ennemis, de prier pour ceux qui le crucifient, de répandre son sang pour ceux qui le haïssent. Voilà qui est digne d’un fils de Dieu ; les ennemis, les ingrats, les voleurs, les impudents, les traîtres, en faire ses frères et ses cohéritiers ! ».
Sanctoral
Saintes Alodie et Nunilon, Martyres
Saint Euloge qui a fait la relation de la vie des deux saintes les qualifie de « belles roses nées dans les buissons ». (in SS. PP. Toletanorum opera, éd F. de Lorenzana, t. II, Madrid 1785). Nunilon et Alodie, de famille noble, étaient nées d’un mariage mixte: un père musulman et une mère chrétienne. Malheureusement, le père musulman qui avait laissé sa femme libre d’enseigner le christianisme à ses filles mourut rapidement. Sa femme, veuve se remaria avec un autre musulman, qui ne supporta pas la foi de ses deux belles-filles. En effet, musulman fidèle, cet homme, d’un rang social élevé, obéissait à la loi islamique qui oblige les enfants de musulmans à adopter la religion paternelle, sous peine de mort. De plus, en 851, l’émir de Cordoue, Abd al-Rahman II fit publier un décret interdisant la pratique du Christianisme. Le beau-père s’appuya sur ce décret pour forcer ses belles-filles à apostasier, mais rien n’y fit. Bientôt, le beau-Père de Nunilon et d’Alodie voulut les marier. Elles refusèrent car elles s’étaient données à Jésus-Christ, leur Seigneur, et avaient décidé de Le servir dans la virginité. Bientôt elles purent aller se réfugier chez une tante qui était une chrétienne fervente. Elles suivirent alors librement les exigences de leur religion chrétienne. Enfin, Nunilon et Alodie étaient heureuses. Mais cela ne dura pas longtemps. Nos deux jeunes filles vivaient près de Castro-Viejo, sur les frontières de la Navarre. Cette ville était sous la domination des Sarrasins. Or, Abd al-Rahman II, l’émir de Cordoue, fit publier un décret contre les chrétiens, décret qui prévoyait que les enfants nés d’un parent musulman et professant la foi chrétienne devaient apostasier ou mourir. Nunillon et Alodie, très connues en raison de leur naissance, de leur ferveur et de leur zèle, furent arrêtées les premières et emprisonnées dans des cachots séparés. Puis, elles furent conduites devant le juge. On commença par les intimider avec des menaces, mais compte tenu de leur résistance, on voulut les séduire. Tous les moyens mis en œuvre pour faire apostasier ces deux chrétiennes furent inutiles. Enfin, les bourreaux déclarèrent aux juges que rien ne pourrait les faire renoncer à leur religion. Nunilon et Alodie furent donc condamnées à être décapitées dans la prison de Huesca où elles étaient enfermées. La sentence fut exécutée, publiquement, le 22 octobre 851. On les enterra sur le lieu même, et leurs corps fut gardés par des sentinelles afin que les chrétiens ne puissent venir les prendre et les ensevelir. Ce n’est qu’en 880 que les chrétiens purent récupérer les saintes reliques et les porter au monastère de Saint-Sauveur à Leyre, en Navarre où deux scènes sculptées sur le portail Ouest représentent leur martyre.
Bienheureux Jean-Baptiste Bullaker, Prêtre, Premier Ordre Franciscain
Ce martyr de l’ordre franciscain est né à Chichester, en Angleterre, en 1604. Il était le fils unique d’un fervent médecin et reçut le nom de Thomas au baptême. À l’âge de dix-huit ans, il résolut de devenir prêtre et missionnaire. Il songea d’abord à aller dans les missions des Antilles ; mais lorsqu’on lui fit remarquer plus tard que l’Angleterre était un terrain préférable pour ses travaux, il retourna volontiers dans son pays natal et y remporta la couronne de martyr. Toutes les institutions catholiques ayant été supprimées en Angleterre, il se rendit d’abord en France où, avec le consentement de ses parents zélés, il étudia au Collège des Jésuites de Saint-Omer. Vers cette époque, Dieu le remplit d’un fort désir d’entrer dans l’Ordre franciscain. C’est ainsi qu’à l’âge de dix-neuf ans, il fut investi de l’habit de saint François au couvent de Notre-Dame de l’Échelle du Ciel à Valladolid, en Espagne, recevant le nom de Jean-Baptiste. Le bienheureux Jean-Baptiste Bullaker fut ordonné prêtre en 1628 et, peu après, il fut envoyé par ses supérieurs comme missionnaire en Angleterre. A pied et sans argent, il entreprit son voyage. A Bordeaux, il rencontre le capitaine d’un navire qui se porte volontaire pour l’emmener en Angleterre. Le capitaine s’est révélé être un traître. Dès leur arrivée en Angleterre, il confia le père John à un magistrat. Mais la Providence a épargné le père Jean pour des choses encore plus grandes ; car, inexplicablement, il a gagné sa liberté. Pendant quatorze ans, il travailla alors en secret, au milieu de nombreuses épreuves, persécutions et dangers de toutes sortes. Il entreprit la tâche de réconforter les catholiques emprisonnés, en les fortifiant par les saints sacrements. En 1640, il lui fut révélé que le bienheureux Jean-Baptiste Bullaker mourrait en martyr. Le dimanche 11 septembre 1642, une servante d’une des maisons de Londres où il avait l’habitude de dire la messe en secret, le livra à un apostat pour cinq pièces d’or. Il fut arrêté pendant la célébration de la messe et traîné devant un magistrat à Londres. Le Père Jean-Baptiste professait et défendait sa religion avec une grande franchise et une fermeté invincible, et c’est pourquoi il fut condamné à mort. Il fut placé sur une claie et traîné dans les rues boueuses jusqu’à Tyburn, le lieu d’exécution. Sans peur et rempli d’une sainte joie, le martyr monta l’échelle jusqu’à la potence. Le bourreau pendit alors le bienheureux Jean-Baptiste Bullaker, et pendant qu’il respirait encore son cœur, toujours palpitant, a été montré à la foule. Finalement, sa tête fut coupée et placée sur un poteau sur le pont de Londres, et les quatre morceaux de son corps sur les quatre portes de la ville. Tout cela s’est déroulé devant une grande foule le 12 octobre 1642. En 1929, le pape Pie XI a béatifié le bienheureux Jean-Baptiste Bullaker avec cent trente-cinq autres martyrs.
Martyrologe
A Jérusalem, sainte Marie Salomé, mère des saints Apôtres Jacques et Jean. L’évangile rapporte qu’elle prit soin de la sépulture du Seigneur.
A Jérusalem encore, le bienheureux Marc évêque. Personnage très illustre et très savant, il fut le premier d’entre les Gentils qui reçut le gouvernement de l’église de Jérusalem. Peu après son élection, il mérita la palme du martyre sous l’empereur Antonin.
A Andrinople, en Thrace, l’anniversaire des saints martyrs Philippe évêque, Sévère prêtre, Eusèbe et Hermès. Sous Julien l’Apostat, ils furent consumés par les flammes, après avoir souffert la prison et les fouets.
De plus, les saints martyrs Alexandre évêque, Héraclius soldat, et leurs compagnons.
A Fermo, en Picenum (auj. les Marches), l’anniversaire de saint Philippe, évêque et martyr.
Près de Cologne, sainte Cordule, l’une des compagnes de sainte Ursule. Effrayée par les supplices et la mort des autres, elle se cacha, mais s’étant repentie le lendemain, elle alla d’elle-même se présenter aux Huns, et reçut, la dernière de toutes, la couronne du martyre.
A Huesca, en Espagne, les saintes vierges et sœurs Nunilone et Elodie. Pour avoir confessé la foi, elles furent condamnées par les Sarrasins à la peine capitale, et consommèrent ainsi leur martyre.
A Hiérapolis, en Phrygie, saint Abercius évêque, qui fut célèbre sous l’empereur Marc Antonin.
A Rouen, saint Mellon évêque, que le pape saint Etienne ordonna évêque et envoya dans cette ville pour prêcher l’évangile.
En Toscane, saint Donat, écossais, évêque de Fiësole.
A Vérone, saint Vérécond, évêque et confesseur.
Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !
Commentaires