Vingt-Deuxième dimanche après la Pentecôte

Vingt-Deuxième dimanche après la Pentecôte – « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu »

D’après Honorius d’Autun, la Messe du jour se rapporte au temps de l’Antéchrist. L’Église jette ses yeux dans l’avenir sur le règne de cet homme de péché, et comme déjà sous le coup de la persécution redoutable des derniers jours, elle emprunte l’Introït au psaume CXXIX. Si, concurremment avec le sens prophétique que revêtent aujourd’hui les paroles de ce psaume, nous en voulons une application présente et toujours pratique, étant donnée notre misère, rappelons-nous l’Évangile de la semaine précédente, qui était autrefois celui du présent Dimanche. Chacun de nous se reconnaîtra dans la personne du débiteur insolvable qui n’a d’espoir qu’en la bonté de son maître ; et nous nous écrierons, dans la confusion de notre âme humiliée : Si vous considérez les iniquités, Seigneur, qui subsistera devant vous ? Nous venons de ranimer notre confiance, en chantant que la miséricorde est en Dieu. C’est lui-même qui donne leur pieux accent aux prières de son Église, parce qu’il veut l’exaucer. Mais nous ne serons écoutés avec elle qu’à la condition de prier comme elle selon la foi, c’est-à-dire conformément aux enseignements de l’Évangile. Prier selon la foi, c’est donc aujourd’hui remettre à nos compagnons leurs dettes envers nous, si nous demandons à être absous nous-mêmes par le Maître commun.

ÉPÎTRE. Saint Paul, au nom de l’Église, attire de nouveau notre attention sur l’approche de la fin. Mais ce dernier des jours, qu’il nommait Dimanche le jour mauvais, est appelé aujourd’hui par deux fois, dans le court passage de l’Épître aux Philippiens qu’on vient d’entendre, le jour du Christ Jésus. La lettre aux Philippiens est toute à la confiance, l’allégresse y déborde ; et cependant elle nous montre la persécution sévissant sur l’Église, et l’ennemi mettant à profit la tempête pour exciter les passions mauvaises au sein même du troupeau du Christ. L’Apôtre est enchaîné ; la jalousie et la trahison des faux frères ajoutent à ses maux. Mais la joie domine sur la souffrance en son cœur, parce qu’il est arrivé à cette plénitude de l’amour où la douleur alimente mieux que toutes délices la divine charité. Pour lui, Jésus-Christ est sa vie, et la mort est un gain : entre la mort qui répondrait au plus intime désir de son cœur en le rendant au Christ, et la vie qui multiplie ses mérites et le fruit de ses œuvres, il ne sait que choisir. Que peuvent, en effet, sur lui les considérations personnelles ? Sa joie présente, sa joie future, est que le Christ soit connu et glorifié, peu lui importe en quelle manière. Son attente ne sera point confondue, puisque la vie et la mort n’aboutiront qu’à glorifier le Christ en sa chair. De là, dans l’âme de Paul, cette indifférence sublime qui est le sommet de la vie chrétienne, et n’a rien de commun, on le voit, avec l’engourdissement fatal où les faux mystiques prétendirent, au XVIIe siècle, enfermer l’amour. Quelle tendresse prodigue à ses frères le converti de Damas, à cette hauteur où il est parvenu dans le chemin de la perfection ! Dieu m’est témoin, dit-il, combien je vous aime et désire tous dans les entrailles de Jésus-Christ ! L’aspiration qui le remplit et l’absorbe, est que le Dieu qui a commencé en eux l’œuvre bonne par excellence, cette œuvre de la perfection du chrétien arrivée à sa consommation dans l’Apôtre, la poursuive et l’achève en tous pour le jour où le Christ apparaîtra dans sa gloire. Il prie pour que la charité, cette robe nuptiale des bénis du Père qu’il a fiancés à l’unique Époux, les entoure d’un éclat non pareil au grand jour des noces éternelles. Or le moyen que la charité se développe en eux sûrement, c’est qu’elle y grandisse dans l’intelligence et la science du salut, c’est-à-dire dans la foi. C’est la foi, en effet, qui forme la base de toute justice surnaturelle. Une foi diminuée ne peut, dès lors, porter qu’une charité restreinte. Combien donc ils se trompent, ces hommes pour qui le souci de la vérité révélée ne va pas de pair avec celui de l’amour ! Leur christianisme se résume à ne croire que le moins possible, à prêcher l’inopportunité de nouvelles définitions, à rétrécir savamment et sans fin l’horizon surnaturel par égard pour l’erreur. La charité, disent-ils, est la reine des vertus ; elle leur inspire de ménager même le mensonge ; reconnaître à l’erreur les mêmes droits qu’à la vérité, est pour eux le dernier mot de la civilisation chrétienne établie sur l’amour. Et ils perdent de vue que le premier objet de la charité étant Dieu, qui est la vérité substantielle, n’a pas de pire ennemi que le mensonge ; et ils oublient qu’on ne fait point acte d’amour, en plaçant sur le même pied l’objet aimé et son ennemi mortel. Ce n’est point ainsi que l’entendaient les Apôtres : pour faire germer la charité dans le monde, ils y semaient la vérité. Tout rayon nouveau dans l’âme de leurs disciples profitait à l’amour ; et ces disciples, devenus lumière eux-mêmes au saint baptême, n’avaient rien tant à cœur que de ne pactiser point avec les ténèbres. Renier la vérité était, dans ces temps, le plus grand des crimes ; s’exposer par mégarde à diminuer quoi que ce fût de ses droits, était la souveraine imprudence. Le christianisme avait trouvé l’erreur maîtresse du monde ; devant la nuit qui retenait la race humaine immobilisée dans la mort, il ne connut point d’autre procédé de salut que de faire briller la lumière ; il n’eut point d’autre politique que de proclamer la puissance de la seule vérité pour sauver l’homme, et d’affirmer ses droits exclusifs à régner sur le monde. Ce fut le triomphe de l’Évangile, après trois siècles de lutte acharnée et violente du côté des ténèbres, qui se prétendaient souveraines et voulaient rester telles, de lutte sereine et radieuse du côté des chrétiens, dont le sang versé ne faisait qu’augmenter l’allégresse en affermissant sur la terre le règne simultané de l’amour et de la vérité. Aujourd’hui que par la connivence des baptisés l’erreur reprend ses prétendus droits, la charité d’un grand nombre a diminué du même coup ; la nuit s’étend de nouveau sur un monde agonisant et glacé. La ligne de conduite des fils de lumière reste la même qu’aux premiers jours. Sans terreur et sans trouble, fiers de souffrir pour Jésus-Christ, comme leurs devanciers et comme les Apôtres ils gardent chèrement la parole de vie ; car ils savent que, tant qu’il restera pour le monde une lueur d’espérance, elle sera dans la vérité. Ne se préoccupant que de marcher d’une manière digne de l’Évangile, ils poursuivent, dans la simplicité des enfants de Dieu, leur carrière au milieu d’une génération mauvaise et perverse, comme font les astres au firmament dans la nuit. « Les astres brillent dans la nuit, dit saint Jean Chrysostome, ils éclatent dans les ténèbres ; bien loin de perdre à l’obscurité qui les entoure, ils en apparaissent plus brillants : ainsi en sera-t-il de toi-même, si tu demeures juste au milieu des pervers ; ta lumière en ressortira davantage. » — « Comme les étoiles, dit de même saint Augustin, poursuivent leur course dans les sentiers tracés par Dieu, sans se lasser de projeter leur lumière au sein des ténèbres, sans se troubler des maux qui arrivent sur la terre : ainsi doivent faire les saints, dont la conversation est vraiment au ciel, ne se préoccupant pas plus que les astres eux-mêmes de ce qui se dit ou se fait contre eux. » Le Graduel chante la douce et puissante unité maintenue jusqu’à la fin dans l’Église par la charité, à l’accroissement de laquelle nous exhorte l’Épître, et que l’ancien Évangile de ce Dimanche recommandait comme l’unique moyen de salut pour le jour du jugement.

ÉVANGILE. Il faut bien que la diminution des vérités doive être le danger tout spécial des derniers temps, puisque l’Église, en ces semaines qui ont pour objet de représenter les derniers jours du monde, nous ramène saris cesse à la prudence de l’entendement comme à la grande vertu qui doit alors garder ses fils. Dimanche, elle leur remettait comme arme défensive le bouclier de la foi, comme arme offensive la parole de Dieu ; huit jours plus tôt, c’était la circonspection de l’intelligence qui leur était recommandée, pour conserver, dans les jours mauvais, leur sainteté fondée sur la vérité leur richesse consistant dans la science. Aujourd’hui, dans l’Épître, c’était encore l’intelligence et la science qui leur étaient proposées, comme pouvant seules accroître leur amour et parfaire l’œuvre de leur sanctification pour le jour du Christ. L’Évangile vient conclure opportunément ces leçons de l’Apôtre parle récit d’un fait tiré de l’histoire du Sauveur, et leur donner l’autorité qu’apporte avec soi tout exemple emprunté à la vie du divin modèle de l’Église. Jésus-Christ, en effet, s’y montre à nous comme l’exemple des siens dans les embûches tendues à leur bonne foi par les complots des méchants. C’était le dernier jour des enseignements publics de l’Homme-Dieu, presque à la veille de sa sortie de ce monde. Ses ennemis, tant de fois déjoués dans leurs ruses, essayèrent un suprême effort. Les Pharisiens, qui ne reconnaissaient point la domination de César et son droit au tribut, s’unirent à leurs adversaires, les partisans d’Hérode et de Rome, pour poser à Jésus la question insidieuse : Est-il permis ou non de payer le tribut à César ? Si la réponse du Sauveur était négative, il encourait la colère du prince ; s’il se prononçait pour l’affirmative, il perdait tout crédit dans l’esprit du peuple. Avec sa divine prudence, Jésus déconcerta leurs menées. Les deux partis, si étrangement alliés par la passion, se refusèrent à comprendre l’oracle qui pouvait les unir dans la vérité, et retournèrent bientôt sans doute à leurs querelles. Mais la coalition formée contre le juste était rompue ; l’effort de l’erreur, comme toujours, avait tourné contre elle ; et la parole qu’elle avait suscitée, passant des lèvres de l’Époux à celles de l’Épouse, ne devait plus cesser de retentir en ce monde, où elle forme la base du droit social au sein des nations. Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu, redisaient les Apôtres ; et s’ils proclamaient bien haut qu’il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ils ajoutaient : « Que toute âme soit soumise aux puissances supérieures ; car il n’y a point de puissance qui ne procède de Dieu, et celles qui existent, c’est Dieu qui les a établies. Celui donc qui résiste à la puissance, résiste à l’ordre établi de Dieu, et s’attire la damnation. Demeurez donc soumis, parce qu’il est nécessaire, soumis non seulement par le sentiment de la crainte, mais aussi par le devoir de la conscience. C’est pour la même raison que vous payez des tributs aux princes, parce qu’ils sont les ministres de Dieu. » La volonté de Dieu, telle est donc la source comme la vraie grandeur de toute autorité parmi les hommes. L’homme, par lui-même, n’a aucun droit de commander à son semblable. Le nombre ne change rien à cette impuissance des hommes sur ma conscience, puisque, nombreux ou non, je suis l’égal de chacun d’eux par nature, et qu’additionner les droits sur moi de chacun, c’est additionner le néant. Mais Dieu, voulant que les hommes vécussent en société, a voulu par là même qu’il y eût à leur tête un pouvoir chargé de ramener les volontés multiples à l’unité du but social. Il laisse aux événements conduits par sa providence, aux hommes eux-mêmes à l’origine des sociétés, une grande latitude pour déterminer la forme sous laquelle devra s’exercer le pouvoir civil et son mode de transmission. Mais, une fois régulièrement investis, les dépositaires souverains du pouvoir ne relèvent que de Dieu dans la sphère de leurs attributions légitimes, parce que c’est de lui seul que leur vient la puissance, non de leurs peuples qui, n’ayant point cette puissance en eux-mêmes, ne pourraient la donner. Tant qu’ils observent les conditions du pacte social, ou ne tournent pas à la ruine de la société le pouvoir reçu pour son bien, leur droit à l’obéissance est celui de Dieu même : soit qu’ils prélèvent les tributs nécessaires à leur gouvernement ; soit que les lois portées par eux viennent restreindre, dans le commerce ordinaire de la vie, la liberté laissée par le droit naturel, ou que leurs ordres envoient le soldat à une mort certaine pour la défense de la patrie. Dans tous ces cas, c’est Dieu même qui commande par eux et veut être obéi : dès ce monde, il met le glaive en leurs mains pour la punition des rebelles ; il châtiera lui-même dans l’autre éternellement ceux qui ne se seront pas amendés. Combien grande n’est donc pas cette dignité de la loi humaine, qui fait du législateur le vicaire même de Dieu, en même temps qu’elle épargne au sujet l’humiliation de l’abaissement devant un autre homme ! Mais, pour que la loi oblige et soit vraiment loi, il est clair qu’elle doit avant tout se conformer aux prescriptions et aux défenses de l’Être souverain dont la volonté seule peut lui donner son caractère auguste, en la faisant entrer dans le domaine de la conscience. C’est pour cela qu’il ne peut y avoir de loi contre Dieu, contre son Christ ou son Église. Dès lors que Dieu n’est plus avec l’homme qui commande, la puissance de celui-ci n’est que force brutale. Le prince ou l’assemblée qui prétend réglementer les mœurs d’un pays à l’encontre de Dieu, n’a donc droit qu’à la révolte et au mépris de tous les gens de cœur ; donner le nom sacré de loi à ces tyranniques élucubrations, est une profanation indigne d’un chrétien comme de tout homme libre.

L’Antienne de l’Offertoire et ses anciens Versets se réfèrent, comme l’Introït, au temps de la dernière persécution. La prière d’Esther au moment de paraître devant Assuérus, pour combattre Aman figure de l’Antéchrist, en fournit les paroles. Esther est l’image de l’Église ; et nous ne pouvons indiquer mieux les sentiments dans lesquels il convient de chanter l’Offertoire du jour, qu’en traduisant ici l’en-tête consacré par l’Esprit-Saint lui-même, dans l’Écriture, à cette prière sublime. « La reine Esther eut recours au Seigneur, épouvantée du péril imminent. Déposant ses habits royaux, elle prit des vêtements propres aux pleurs ; sur sa tête, les parfums variés furent remplacés par la cendre et l’ordure ; son corps s’humilia dans les jeûnes ; tous les lieux, auparavant témoins de sa joie, furent remplis de ses cheveux qu’elle arrachait dans sa douleur. Et elle priait le Seigneur Dieu d’Israël, disant : « Mon Seigneur, « qui êtes seul notre roi, assistez-moi solitaire ». La plus sûre garantie contre l’adversité est l’absence du péché dans les âmes, le péché excitant la colère de Dieu et appelant sa vengeance. Disons avec l’Église, dans la Secrète : L’Antienne de la Communion nous donne à remarquer, pour nous porter à les imiter, la persévérance et l’instance des supplications de la sainte Église. En célébrant la mémoire du Sauveur selon sa recommandation, dans les Mystères, nous ne devons point perdre de vue que ces Mystères sacrés sont aussi le refuge de notre misère. Ce serait présomption ou folie que de ne point songer à les utiliser par la prière en ce sens, comme fait l’Église dans la Postcommunion.

Saint Jean de Kenty, Confesseur, vingt octobre
Le souverain Pontife Clément XIII l’a solennellement inscrit au nombre des Saints.

Sanctoral 

Saint Jean de Kenty, Confesseur

Jean naquit au bourg de Kenty, dans le diocèse de Cracovie, et fut pour cela surnommé Cantius. Ses parents, pieux et honnêtes, se nommaient Stanislas et Anne. Dès son enfance, la gravité, la douceur et l’innocence de ses mœurs firent concevoir l’espérance qu’il parviendrait à un haut degré de vertu. Il étudia la philosophie et la théologie à l’Université de Cracovie et passa par tous les grades académiques. Docteur et professeur pendant plusieurs années, il éclairait l’esprit de ses auditeurs par la doctrine sacrée qu’il leur exposait, et les enflammait d’ardeur pour toute sorte de bien, et cela par ses exemples aussi bien que par son enseignement. Devenu Prêtre, il s’appliqua davantage à la perfection chrétienne, sans négliger aucunement l’étude des lettres. Autant il déplorait avec amertume que Dieu fût partout offensé, autant il s’efforçait de détourner sa colère de lui-même et du peuple, en offrant chaque jour, avec abondance de larmes, le Sacrifice non sanglant de l’autel. Il gouverna parfaitement, pendant quelques années, la paroisse d’Ilkusi ; mais, troublé à la vue du péril des âmes, il quitta cette paroisse et, l’académie le demandant, il se remit à enseigner. Tout e temps que l’étude lui laissait, il le consacrait, soit à procurer le salut du prochain, surtout par la prédication, soit à prier. On rapporte que, dans l’exercice de l’oraison, il lui arriva quelquefois d’être favorisé de visions et d’entretiens célestes.

La passion du Christ le touchait à ce point, qu’il passait parfois des nuits entières à la méditer, et que, pour se la retracer plus vivement, il fit le pèlerinage de Jérusalem. Là, enflammé du désir du martyre, il ne craignit pas de prêcher, aux Turcs eux-mêmes, le Christ crucifié. Il se rendit quatre fois à Rome, au tombeau des saints Apôtres, faisant la route à pied et chargé lui-même de ce qu’il lui fallait pour le voyage. Le saint y allait tant pour honorer le Siège apostolique, auquel il était extrêmement dévoué, que pour diminuer, disait-il, les peines de son purgatoire, grâce à la rémission des péchés offerte là, chaque jour, aux fidèles. Au cours de ce voyage, des voleurs le dévalisèrent et lui demandèrent ensuite s’il avait encore autre chose ; Jean ne se souvint pas de quelques pièces d’or, cousues dans son manteau, et répondit qu’il ne lui restait plus rien. Déjà les voleurs s’enfuyaient, lorsqu’il se mit à crier pour les leur offrir aussi ; mais, admirant sa simplicité et sa bonté, ils lui rendirent spontanément ce qu’ils lui avaient pris. Pour qu’on ne blessât point la réputation du prochain, il fit, à l’exemple de saint Augustin, graver des vers sur la muraille de sa demeure, comme un perpétuel avertissement pour lui-même et pour ceux qui le visitaient.

Les pauvres qui souffraient de la faim, il les nourrissait des mets de sa table ; ceux qui n’avaient pas de vêtements, il leur en achetait et il quittait même ses habits et ses chaussures pour les leur donner ; alors il laissait tomber son manteau jusqu’à terre, pour qu’on ne le vît pas rentrer pieds nus chez lui. Il dormait peu, et par terre ; comme vêtement, comme nourriture, il n’avait que ce qu’il faut pour couvrir le corps et soutenir les forces. Un dur cilice, les flagellations et le jeûne, furent les moyens par lesquels il garda sa virginité, comme un lis au milieu des épines. Bien plus, pendant environ les trente-cinq dernières années de sa vie, il s’abstint constamment de l’usage de la viande. Enfin, plein de jours et de mérites, après s’être longtemps et soigneusement préparé à la mort, dont il pressentait l’approche, il distribua aux pauvres tout ce qu’il pouvait encore avoir chez lui, afin qu’aucune chose ne le retînt plus. Puis, saintement muni des sacrements de l’Église, « désirant d’être dissous et d’être avec Jésus-Christ, » il s’envola dans le ciel, en la veille de Noël, et fut illustre par d’éclatants miracles, après sa mort comme pendant sa vie. Dès qu’il eut rendu l’esprit, on le porta dans l’église de Sainte-Anne, voisine de l’Université, et on l’y ensevelit avec honneur.

La vénération du peuple et le concours à son tombeau s’étant accrus de jour en jour, on l’honore très religieusement comme un des principaux patrons de la Pologne et de la Lithuanie. De nouveaux miracles ayant ajouté à sa gloire, le souverain Pontife Clément XIII l’a solennellement inscrit au nombre des Saints, le dix-septième jour dés calendes d’août, de l’an mil sept cent soixante-sept.

Bienheureux Contardo Ferrini, Confesseur, Tiers Ordre Franciscain, vingt octobre
Le pape Pie XI a conféré au bienheureux Contardo Ferrini le titre de Vénérable en 1931 ; et le pape Pie XII le béatifie en 1947.

Bienheureux Contardo Ferrini, Confesseur, Tiers Ordre Franciscain

La ville de Milan regorge d’hommes savants et vertueux. Notre époque actuelle y a révélé une nouvelle étoile, destinée à montrer à une génération moderne étonnée qu’une connaissance profonde et une foi humble peuvent aller de pair. Le bienheureux Contardo Ferrini est né le 4 avril 1859 dans une famille distinguée. Alors qu’il était encore étudiant au lycée et au collège, il encourageait ses compagnons à mener une bonne vie et exerçait parmi eux une sorte d’apostolat laïc. Après avoir obtenu son doctorat en droit, il obtient une bourse du gouvernement pour étudier à l’étranger. Il se rend à Berlin, où il étudie le droit romano-byzantin, domaine dans lequel il acquiert une renommée internationale. Dans la capitale de l’empire allemand, les préjugés contre les catholiques n’empêchèrent pas le professeur Ferrini de professer publiquement sa foi.

De retour en Italie, il enseigne dans diverses institutions supérieures d’enseignement et finalement à l’Université de Paris. Il faut souligner ici que la vie de Ferrini fut pratiquement une élévation ininterrompue de son âme vers Dieu. Ses voies intellectuelles pénétrantes pénétrèrent jusqu’au dernier principe de toutes choses. « Notre vie, dit-il, doit s’étendre vers l’Infini, et de cette source nous devons puiser tout ce que nous pouvons attendre de mérite et de dignité ».Chaque jour, il s’approchait de la Sainte Table. Il faisait quotidiennement une courte méditation et lisait également Thomas et Kempis. Ses livres préférés étaient ceux de la Bible. Pour mieux savourer l’esprit de leur contenu, il les lisait dans les langues originales, qu’il maîtrisait parfaitement. Comme un autre Joseph d’Égypte, il préserva sa pureté intacte au milieu des dangers de la vie dans les grandes villes. Il pratiquait des mortifications nombreuses et variées pour se prémunir contre le mal. En 1886, le bienheureux Contardo Ferrini entra dans le Tiers-Ordre de Saint François et, pendant le reste de sa vie, il en observa fidèlement la règle. Il s’est également inscrit à la Société Saint-Vincent de Paul. Dans ses discours et ses écrits ainsi que dans sa conduite, il s’est fait un devoir de montrer que non seulement la foi et la science ne s’opposent pas, mais que la foi est plutôt un bouclier pour nous protéger de l’erreur et nous guider vers les véritables sommets.

En 1900, Contardo Ferrini souffrit d’une lésion cardiaque suite à un travail excessif. À l’automne 1902, ressentant le besoin de repos, il se rendit dans sa maison de campagne de Suna. Là, cependant, il fut frappé par le typhus. En raison de son état de faiblesse, il ne put résister à la fièvre maligne et mourut le 17 octobre 1902, à l’âge de 43 ans. La haute estime dans laquelle était tenu le défunt devenait alors évidente. Les lettres de condoléances des professeurs de l’université le félicitaient comme un saint. Les habitants de Suna exprimèrent aussitôt le désir de le voir compter parmi les saints. La demande de béatification devint de plus en plus insistante avec le temps, et la joie fut universelle lorsqu’en 1909 le pape saint Pie X nomma le cardinal Ferrari pour entamer le processus. Le pape Pie XI a conféré au bienheureux Contardo Ferrini le titre de Vénérable en 1931 ; et le pape Pie XII le béatifie en 1947.

Martyrologe

Saint Jean de Kenty, prêtre et confesseur, qui s’endormit dans le Seigneur le 9 des calendes de janvier (21 décembre).

Dans la cité d’Avia, près d’Aquila, dans les Abruzzes, l’anniversaire du bienheureux Maxime, diacre et martyr. Désireux du martyre, il se présenta de lui-même aux persécuteurs qui le recherchaient, et, après une confession généreuse, fut étendu et torturé sur le chevalet, puis meurtri de coups de bâton; il mourut enfin précipité d’un lieu élevé.

A Agen, en Gaule, saint Caprais martyr. Pour éviter la rigueur de la persécution, il se cacha dans une caverne. Mais apprenant de quelle manière la bienheureuse vierge Foi combattait pour le Christ, il éprouva le désir de souffrir les mêmes tourments et pria le Seigneur, s’il le jugeait digne de la gloire du martyre, de le lui montrer en faisant sortir une eau limpide d’une pierre de sa caverne: le Seigneur l’ayant exaucé, il courut alors plein de confiance au lieu du combat, soutint l’attaque avec force, et mérita la palme du martyre, sous l’empereur Maximien.

A Antioche, saint Artème, commandant impérial. Après avoir obtenu les premiers honneurs de la milice sous Constantin de Grand, il fut, par ordre de Julien l’Apostat, auquel il avait reproché sa cruauté envers les chrétiens, meurtri de coups de bâton, torturé de diverses manières, et enfin décapité.

A Constantinople, saint André de Crète, moine. Pour le culte des saintes images, il fut, sous Constantin Copronyme, battu de verges à plusieurs reprises: enfin on lui coupa un pied et il rendit l’esprit.

A Cologne, la passion des saintes vierges Marthe et Saule, avec plusieurs autres.

Près de Nabantia (auj. Thomar), en Portugal, sainte Irène, vierge et martyre. Son corps fut enseveli avec honneur à Scalabis, ville honorée plus tard du nom de la sainte.

A Aussonce, au pays rémois, saint Sindulphe, prêtre et confesseur.

A Minden, en Allemagne, la translation de saint Félicien, évêque de Foligno et martyr. Une partie de ses saintes reliques fut apportée en cette cité de Germanie, de la ville de Foligno en Ombrie, où il avait souffert le 9 des calendes de février (24 janvier).

A Paris, la translation des saints martyrs Georges diacre, et Aurèle, apportés de Cordoue, ville d’Espagne, où tous deux avaient jadis consommé leur martyre avec trois compagnons, le 6 des calendes d’août (27 juillet).

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