Premier dimanche de Carême – Station au Latran
Le dimanche de la Septuagésime, nous nous rendions au tombeau de saint Laurent ; le dimanche de la Sexagésime, à celui de saint Paul ; et le dimanche de la Quinquagésime, à celui de saint Pierre. Aujourd’hui, la liturgie nous conduit dans le sanctuaire du « Saint Sauveur », dans la première église de la chrétienté romaine. Cela nous indique, déjà, que ce jour est d’une grande importance. Il est très important, en effet. C’est dans l’église du Baptiste, l’homme du désert, que nous accompagnons le Seigneur au désert pour son jeûne de quarante jours. C’est dans cette église baptismale, que nous reviendrons, dans quarante jours, célébrer, dans la nuit pascale, le mystère de la Résurrection. Nous venons y demander, aujourd’hui, la grâce pour le temps de la préparation. L’église de station est donc le cadre qui convient pour célébrer aujourd’hui le commencement du Carême.
Ce dimanche, le premier de ceux qui se rencontrent dans la sainte Quarantaine, est aussi l’un des plus solennels de Tannée. Son privilège, qu’il partage avec le Dimanche de la Passion et celui des Rameaux, est de ne cédera aucune fête, pas même à celle du Patron, du Saint titulaire de l’Église, ou de la Dédicace. Sur les anciens Calendriers, il est appelé Invocabit, à cause du premier mot de l’Introït de la Messe. Au moyen âge on le nommait le Dimanche des brandons, par suite d’un usage dont le motif ne semble pas avoir été toujours ni partout le même ; en certains lieux, les jeunes gens qui s’étaient trop laissé aller aux dissipations du carnaval devaient se présenter ce jour-là à l’église, une torche à la main, pour faire satisfaction publique de leurs excès. C’est aujourd’hui que le Carême apparaît dans toute sa solennité. On sait que les quatre jours qui précèdent ont été ajoutés assez tardivement, pour former le nombre de quarante jours de jeûne, et que, le Mercredi des Cendres, les fidèles n’ont pas l’obligation d’entendre la Messe. La sainte Église, voyant ses enfants rassemblés, leur adresse la parole, à l’Office des Matines, en se servant de l’éloquent et majestueux langage de saint Léon le Grand :
« Très chers fils, leur dit-elle, ayant à vous annoncer le jeûne sacré et solennel du Carême, puis-je mieux commencer mon discours qu’en empruntant les paroles de l’Apôtre en qui Jésus-Christ parlait, et en répétant ce qu’on vient de vous lire : Voici maintenant le temps favorable ; voici maintenant les jours du salut ? Car encore qu’il n’y ait point de temps dans l’année qui ne soient signalés par les bienfaits de Dieu, et que, par sa grâce, nous ayons toujours accès auprès de sa miséricorde ; néanmoins nous devons en ce saint temps travailler avec plus de zèle à notre avancement spirituel et nous animer d’une nouvelle confiance. En effet, le Carême, nous ramenant le jour sacré dans lequel nous fûmes rachetés, nous invite à pratiquer tous les devoirs de la piété, afin de nous disposer, par la purification de nos corps et de nos âmes, à célébrer les mystères sublimes de la Passion du Seigneur. Il est vrai qu’un tel mystère mériterait de notre part un respect et une dévotion sans bornes, et que nous devrions toujours être devant Dieu tels que nous voulons être dans la fête de Pâques ; mais comme cette constance n’est pas le fait du grand nombre ; que la faiblesse de la chair nous oblige à relâcher l’austérité du jeûne. et que les diverses occupations de cette vie divisent et partagent nos sollicitudes : il arrive que les cœurs religieux sont sujets à contracter quelque peu de la poussière de ce monde. C’est donc avec une grande utilité pour nous qu’a été établie cette institution divine qui nous donne quarante jours pour recouvrer la pureté de nos âmes, en rachetant par la sainteté de nos œuvres et par le mérite de nos jeûnes les fautes des autres temps de l’année. A notre entrée, mes très chers fils, en ces jours mystérieux qui ont été saintement institués pour la purification de nos âmes et de nos corps, ayons soin d’obéir au commandement de l’Apôtre, en nous affranchissant de tout ce qui peut souiller la chair et l’esprit, afin que le jeûne réprimant cette lutte qui existe entre les deux parties de nous-mêmes, l’âme recouvre la dignité de son empire, étant elle-même soumise à Dieu et se laissant gouverner par lui. Ne donnons à personne l’occasion de se plaindre de nous ; ne nous exposons point au juste blâme de ceux qui veulent trouver à redire. Car les infidèles auraient sujet de nous condamner, et nous armerions nous-mêmes, par notre faute, leurs langues impies contre la religion, si la pureté de notre vie ne répondait pas à la sainteté du jeûne que nous avons embrassé. Il ne faut donc pas s’imaginer que toute la perfection de notre jeûne consiste dans la seule abstinence des mets ; car ce serait en vain que l’on retrancherait au corps une partie de sa nourriture, si en même temps on n’éloignait pas son âme de l’iniquité. »
Sanctoral
Saint Aubin, Évêque d’Angers (470-550)
Saint Aubin naquit au diocèse de Vannes. Son enfance, prévenue de toutes les grâces du Seigneur, fit présager sa sainteté future; il ne connut du jeune âge ni la légèreté, ni les défauts, et dès qu’il put marcher, ce fut pour aller à Dieu et Le prier à l’écart, loin du bruit, dans la compagnie des Anges. De tels débuts montraient assez que le pieux Aubin n’était point fait pour le monde; au grand désespoir de sa noble famille, on le vit un jour quitter le foyer paternel et prendre le chemin du monastère. Là, ses veilles, ses jeûnes, ses oraisons l’élevèrent bientôt à une telle perfection, qu’il dépassait de beaucoup les plus anciens et les plus fervents religieux. On admirait surtout son recueillement continuel. Ses yeux ne s’ouvraient que pour Dieu; dans le monastère, il ignorait ce qui se passait autour de lui, et au dehors, quand il devait sortir, il se faisait dans son coeur une délicieuse retraite, où il continuait ses entretiens célestes. Un jour, l’abbé du monastère l’envoya dans un village voisin. Pendant qu’il s’acquittait de sa mission, il tomba, sur la maison où il était venu, une telle quantité de pluie, que le toit s’entr’ouvrit et que toutes les personnes présentes furent trempées: Aubin seul, à l’admiration de tous, fut épargné; il ne tomba pas sur lui une goutte d’eau. Abbé du monastère à trente-cinq ans, il fit revivre parmi ses frères la ferveur des premiers temps et les amena, par sa douceur et son exemple, à une perfection rare, même dans les plus austères couvents. Mais l’évêque d’Angers étant venu à mourir, le clergé et le peuple de ce diocèse, auxquels était parvenu le renom de la sainteté d’Aubin, l’élurent unanimement, et il dut courber ses épaules sous le lourd fardeau de l’épiscopat. S’il était possible de connaître, parmi tant de vertus qu’il pratiqua dans sa vie nouvelle, quelle était sa vertu dominante, on dirait que ce fut la charité. Elle était, en effet, sans bornes pour les malheureux, pour les prisonniers, pour les malades, pour les pauvres, et souvent Dieu la récompensa par les plus frappants miracles. En voici un exemple: Le charitable pasteur se rendit un jour aux prisons de la ville pour en retirer une pauvre dame, poursuivie par ses créanciers. Devant le Saint, les gardiens s’écartent pour lui laisser passage; un seul veut lui refuser obstinément l’entrée; mais le Pontife souffle sur le visage de cet insolent, qui tombe mort à ses pieds; puis il va délivrer la prisonnière et payer ses dettes.
Martyrologe
A Rome, deux cent soixante martyrs, que l’empereur Claude condamna d’abord, en raison du nom chrétien, à tirer du sable au-delà de la porte Salaria, et qu’il fit ensuite percer de flèches par ses soldats dans l’amphithéâtre.
De plus, l’anniversaire des saints martyrs Léon, Donat, Abondance, Nicéphore et neuf autres.
A Marseille, en France, les saints martyrs Hermès et Adrien.
A Héliopolis, près du Liban, sainte Eudoxie martyre. Durant la persécution de Trajan, ayant été baptisée et préparée au combat par l’évêque Théodote, elle fut, au même endroit, percée du glaive par ordre du préfet Vincent, et reçut ainsi la couronne du martyre.
Le même jour, sainte Antonine martyre. Pendant la persécution de Dioclétien, elle s’était moquée des dieux des païens, et, pour ce motif, après divers tourments, on l’enferma dans un tonneau et on la plongea dans l’étang de la ville de Céa.
A Rome, l’anniversaire du pape saint Félix III, aïeul de saint Grégoire le Grand. Le même Grégoire raconte de lui qu’il apparut à sa nièce sainte Tharsille, et l’appela au royaume céleste.
Dans la cité de Verden, saint Suitbert évêque. Au temps du pape saint Sergius Ier, il prêcha l’Évangile aux Frisons, aux Bataves, et à d’autres peuples de la Germanie.
A Angers, en France, saint Aubin, évêque et confesseur, homme d’une vertu et d’une sainteté éclatantes.
Dans le Maine, en France, saint Siviard abbé.
A Pérouse, la translation de saint Herculan, évêque et martyr: il fut décapité par ordre de Totila, roi des Goths. Le quarantième jour après la décollation, le corps, d’après le récit du pape saint Grégoire, fut trouvé uni à la tête et intact comme si le fer ne l’avait pas amputé.
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