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Dimanche 19 février – Dimanche de la Quinquagésime – Saint Conrad de Plaisance, Tertiaire franciscain, Ermite – Saint Barbat, Evêque de Bénévent

Dimanche de la Quinquagésime –  » Jésus lui dit : Vois ! Ta foi t’a sauvé. »

« La vocation d’Abraham est le sujet que l’Église offre aujourd’hui à nos méditations. Quand les eaux du déluge se furent retirées, et que le genre humain eut de nouveau couvert la surface de la terre, la corruption des mœurs qui avait allumé la vengeance de Dieu reparut parmi les hommes, et l’idolâtrie, cette plaie que la race antédiluvienne avait ignorée, vint mettre le comble à tant de désordres. Le Seigneur, prévoyant dans sa divine sagesse la défection des peuples, résolut de se créer une nation qui lui serait particulièrement dévouée, et au sein de laquelle se conserveraient les vérités sacrées qui devaient s’éteindre chez les Gentils. Ce nouveau peuple devait commencer par un seul homme, père et type des croyants. Abraham, plein de foi et d’obéissance envers le Seigneur, était appelé à devenir le père des enfants de Dieu, le chef de cette génération spirituelle à laquelle ont appartenu et appartiendront jusqu’à la fin des siècles tous les élus, tant de l’ancien peuple que de l’Église chrétienne. Il nous faut donc connaître Abraham, notre chef et notre modèle. Sa vie se résume tout entière dans la fidélité à Dieu, dans la soumission à ses ordres, dans l’abandon et le sacrifice de toutes choses, pour obéir à la sainte volonté de Dieu. C’est le caractère du chrétien ; hâtons-nous donc de puiser dans la vie de ce grand homme tous les enseignements qu’elle renferme pour nous. Quelle plus vive image pouvait nous être offerte du disciple de Jésus-Christ que celle de ce saint Patriarche, si docile et si généreux à suivre la voix de Dieu qui l’appelle ? Avec quelle admiration ne devons-nous pas dire, en répétant la parole des saints Pères : « O homme véritablement chrétien avant même que le Christ fût venu ! ô homme évangélique avant l’Évangile ! ô homme apostolique avant les Apôtres ! » A l’appel du Seigneur, il quitte tout, sa patrie, sa famille, la maison de son père, et il s’avance vers une région qu’il ne connaît pas. Il lui suffit que Dieu le conduise ; il se sent en sûreté, et ne regarde pas en arrière. Les Apôtres eux-mêmes ont-ils fait davantage ? Mais voyez la récompense. En lui toutes les familles de la terre seront bénies; ce Chaldéen porte dans ses veines le sang qui doit sauver le monde. Il clora néanmoins ses paupières, avant de voir se lever le jour où, après bien des siècles, un de ses petits-fils, né d’une vierge et unie personnellement au Verbe divin, rachètera toutes les générations passées, présentes et futures. Mais en attendant que le ciel s’ouvre pour le Rédempteur et pour l’armée des justes qui auront déjà conquis la couronne, les honneurs d’Abraham dans le séjour de l’attente seront dignes de sa vertu et de ses mérites. C’est dans son sein, autour de lui, que nos premiers parents purifiés par la pénitence, que Noé, Moïse, David, tous les justes en un mot, jusqu’à Lazare l’indigent, ont goûté les prémices de ce repos, de cette félicité qui devait les préparer à l’éternelle béatitude. Ainsi Dieu reconnaît l’amour et la fidélité de sa créature. Quand les temps furent accomplis, le Fils de Dieu, en même temps fils d’Abraham, annonça la puissance de son Père, qui s’apprêtait à faire sortir une nouvelle race d’Enfants d’Abraham des pierres même de la gentilité. Nous sommes, nous chrétiens, cette nouvelle génération ; mais sommes-nous dignes de notre Père ? voici ce que dit l’Apôtre des Gentils : « Plein de foi, Abraham obéit au Seigneur ; il partit sans délai pour se rendre dans le lieu qui devait être son héritage, et il se mit en route, ne sachant pas où il allait. Plein de foi, il habita cette terre qui lui avait été promise, comme si elle lui eût été étrangère, vivant sous la tente, avec Isaac et Jacob, les cohéritiers de la promesse; car il attendait cette cité dont les fondements ont Dieu même pour auteur et pour architecte. » Si donc nous sommes les enfants d’Abraham, nous devons, ainsi que la sainte Église nous en avertit, en ce temps de la Septuagésime, nous regarder comme des exilés sur la terre, et vivre déjà, par l’espérance et l’amour, dans cette unique patrie dont nous sommes exilés, mais dont nous nous rapprochons chaque jour, si, comme Abraham, nous sommes fidèles à occuper les diverses stations que le Seigneur nous indique. Dieu veut que nous usions de ce monde comme n’en usant pas ; que nous reconnaissions à toute heure qu’il n’est point pour nous ici-bas de cité permanente, et que notre plus grand malheur et notre plus grand danger serait d’oublier que la mort doit nous séparer violemment de tout ce qui passe. Combien donc sont loin d’être de véritables enfants d’Abraham ces chrétiens qui, aujourd’hui et les deux jours suivants, se livrent à l’intempérance et à une dissipation coupable, sous le prétexte que la sainte Quarantaine va bientôt s’ouvrir ! On s’explique aisément comment les mœurs naïves de nos pères ont pu concilier avec la gravité chrétienne ces adieux à une vie plus douce que le Carême venait suspendre, de même que la joie de leurs festins dans la solennité Pascale témoignait de la sévérité avec laquelle ils avaient gardé les prescriptions de l’Église. Mais si une telle conciliation est toujours possible, combien de fois n’arrive-t-il pas que cette chrétienne pensée des devoirs austères que l’on aura bientôt à remplir, s’efface devant les séductions d’une nature corrompue, et que l’intention première de ces réjouissances domestiques finit par n’être plus même un souvenir ? Qu’ont-ils de commun avec les joies innocentes que l’Église tolère dans ses enfants, ceux pour qui les jours du Carême ne se termineront pas par la réception des Sacrements divins qui purifient les cœurs et renouvellent la vie de l’âme ? Et ceux qui se montrent avides de recourir à des dispenses qui les mettent plus ou moins sûrement à couvert de l’obligation des lois de l’Église, sont-ils fondés à préluder par des têtes à une carrière durant laquelle, peut-être, le poids de leurs péchés, loin de s’alléger, deviendra plus lourd encore? Puissent de telles illusions captiver moins les âmes chrétiennes ! puissent ces âmes revenir à la liberté des enfants de Dieu, liberté à l’égard des liens de la chair et du sang, et qui seule rétablit l’homme dans sa dignité première! Qu’elles n’oublient donc jamais que nous sommes dans un temps où l’Église elle-même s’interdit ses chants d’allégresse, où elle veut que nous sentions la dureté du joug que la profane Babylone fait peser sur nous, que nous rétablissions en nous cet esprit vital, cet esprit chrétien qui tend toujours à s’affaiblir. Si des devoirs ou d’impérieuses convenances entraînent durant ces jours les disciples du Christ dans le tourbillon des plaisirs profanes, qu’ils y portent du moins un cœur droit et préoccupé des maximes de l’Évangile. A l’exemple de la vierge Cécile, lorsque les accords d’une musique profane retentiront à leurs oreilles, qu’ils chantent à Dieu dans leurs cœurs, et qu’ils lui disent avec cette admirable Épouse du Sauveur : « Conservez-nous purs, Seigneur, et que rien n’altère la sainteté et la dignité qui doivent toujours résider en nous ». Qu’ils évitent surtout d’autoriser, en y prenant part, ces danses libertines, où la pudeur fait naufrage, et qui seront la matière d’un si terrible jugement pour ceux et celles qui les encouragent. Enfin qu’ils repassent en eux-mêmes ces fortes considérations que leur suggère saint François de Sales: Tandis que la folle ivresse des divertissements mondains semblait avoir suspendu tout autre sentiment que celui d’un plaisir futile et trop souvent périlleux, d’innombrables âmes continuaient d’expier éternellement sur les brasiers de l’enfer les fautes commises au milieu d’occasions semblables ; des serviteurs et servantes de Dieu, à ces mêmes heures, s’arrachaient au sommeil pour venir chanter ses louanges et implorer ses miséricordes sur vous ; des milliers de vos semblables expiraient d’angoisses et de misère sur leur triste grabat ; Dieu et ses Anges vous considéraient attentivement du haut du Ciel ; enfin, le temps de la vie s’écoulait, et la mort avançait sur vous d’un degré qui ne reculera pas. Il était juste, nous en convenons, que ces trois premiers jours de la Quinquagésime, ces trois derniers jours encore exempts des saintes rigueurs du Carême, ne s’écoulassent pas sans offrir quelque aliment à ce besoin d’émotions qui tourmente tant d’âmes. Dans sa prévision maternelle, l’Église y a songé ; mais ce n’est pas en abondant dans le sens de nos vains désirs d’amusements frivoles, et des satisfactions de notre vanité. A ceux de ses enfants sur lesquels la foi n’a pas encore perdu son empire, elle a préparé une diversion puissante, en même temps qu’un moyen d’apaiser la colère de Dieu, que tant d’excès provoquent et irritent. Durant ces trois jours, l’Agneau qui efface les péchés du monde est exposé sur les autels. Du haut de son trône de miséricorde, il reçoit les hommages de ceux qui viennent l’adorer et le reconnaître pour leur roi ; il agrée le repentir de ceux qui regrettent à ses pieds d’avoir suivi trop longtemps un autre maître que lui ; il s’offre à son Père pour les pécheurs qui, non contents d’oublier ses bienfaits, semblent  avoir résolu  de l’outrager  en ces jours plus que dans tout autre temps de l’année. Cette sainte et heureuse pensée d’offrir une compensation à la divine Majesté pour les péchés des hommes, au moment même où ils se multiplient davantage, et d’opposer aux regards du Seigneur irrité son propre Fils, médiateur entre le ciel et la terre, fut inspirée dès le XVI° siècle au pieux cardinal Gabriel Paleotti, Archevêque de Bologne, contemporain de saint Charles Borromée et émule de son zèle pastoral. Ce dernier s’empressa d’adopter lui-même pour son diocèse et pour sa province une coutume si salutaire. Plus tard, au XVIII° siècle, Prosper Lambertini, qui gouverna avec tant d’édification la même Église de Bologne, eut à cœur de suivre les traditions de Paleotti son prédécesseur, et d’encourager son peuple à la dévotion envers le très saint Sacrement, dans les trois jours du Carnaval ; et étant monté sur la Chaire de saint Pierre sous le nom de Benoît XIV, il ouvrit le trésor des indulgences en faveur des fidèles qui, durant ces mêmes jours, viendraient visiter notre Seigneur dans le divin mystère de son amour, et implorer le pardon des pécheurs. Cette faveur ayant d’abord été restreinte aux Églises de l’État romain, Clément XIII, en 1765, daigna l’étendre à l’univers entier, en sorte que cette dévotion, dite communément des Quarante heures, est devenue l’une des plus solennelles manifestations de la piété catholique. Empressons-nous donc d’y prendre part ; comme Abraham, dérobons-nous aux profanes influences qui nous assiègent, et cherchons le Seigneur notre Dieu; faisons trêve pour quelques instants aux dissipations mondaines, et venons mériter, aux pieds du Sauveur, la grâce de traverser celles qui nous seraient inévitables, sans y avoir attaché notre cœur. Considérons maintenant la suite des mystères du Dimanche de la Quinquagésime. Le passage de l’Évangile que l’Église nous y présente contient la prédiction que le Sauveur fit à ses Apôtres sur sa passion qu’il devait bientôt souffrir à Jérusalem. Cette annonce si solennelle prélude aux douleurs que nous célébrerons bientôt. Qu’elle soit donc reçue dans nos cœurs avec attendrissement et reconnaissance ; qu’elle les aide dans ces efforts qui les arracheront à eux-mêmes pour les mettre à la disposition de Dieu, comme fut le cœur d’Abraham, Les anciens liturgistes ont remarqué aussi la guérison de l’aveugle de Jéricho, symbole de l’aveuglement des pécheurs, en ces jours où les bacchanales du paganisme semblent si souvent revivre au milieu des chrétiens. L’aveugle recouvra la vue, parce qu’il sentait son mal, et qu’il désirait voir. La sainte Église veut que nous formions le même désir, et elle nous promet qu’il sera satisfait. » (Dom Guéranger)

Sanctoral

Saint Conrad de Plaisance, tertiaire franciscain, ermite

Conrad naquit à Plaisance en 1290 de parents riches, qui le marièrent et lui laissèrent à leur mort des biens considérables. Quoiqu’il eût des principes religieux, il se laissa aller aux vanités du monde. Un jour, à la chasse, ayant allumé un grand feu pour forcer quelque bête fauve à quitter son terrier, l’incendie se communiqua de proche en proche, et Conrad, après de vains efforts pour l’éteindre, s’enfuit, laissant la forêt à moitié consumée. Le dégât fut considérable. L’autorité se mit aussitôt à en rechercher l’auteur; plusieurs personnes furent emprisonnées, entre autres un malheureux qu’on avait vu revenant de la forêt quelques heures avant l’incendie. Il nia d’abord avec fermeté. Mais les juges, trompés par les apparences, l’ayant fait appliquer à la question, il avoua, vaincu par la douleur, tout ce qu’on voulut, et il fut condamné à mort. Conrad, déchiré par le remords, alla trouver les magistrats, leur avoua la vérité et offrit de payer le dommage occasionné par son imprudence. Sa proposition fut acceptée, mais pour la remplir il fut obligé de vendre une partie de ses biens. Cet événement lui inspira la résolution de ne s’occuper que de son salut, qu’il avait négligé jusqu’alors. Après avoir fait partager à son épouse les nouveaux sentiments qui l’animaient, il mit ordre à toutes ses affaires, et ils partirent ensemble pour Rome. Conrad entra dans le Tiers-Ordre de saint François, et sa femme se fit carmélite. Après quelques temps de séjour à Rome, Conrad se rendit en Sicile, où il se dévoua au service des malades; puis, entraîné par l’amour de la solitude, il gagna une haute montagne où il passa le reste de ses jours dans la pénitence et les austérités. Il mourut en 1351, à l’âge de soixante et un ans. Plusieurs miracles qu’il opéra, après sa mort, lui ont mérité les honneurs que l’Église rend aux Saints en 1625. Le pape Urbain VIII étendit sa fête à toute la Famille franciscaine.

Saint Barbat, évêque de Bénévent

Saint Barbat naquit dans le pays de Bénévent, en Italie, au commencement du VIIe siècle. Ses parents, qui craignaient Dieu, mirent tout en oeuvre pour lui procurer une éducation chrétienne, et ils eurent la consolation de voir que leurs soins n’étaient point inutiles. Dès ses premières années, le jeune Barbat montrait des dispositions qui présageaient l’éminente sainteté à laquelle il parvint dans la suite. Dès qu’il eut atteint l’âge requis, il reçut les saints Ordres. Il s’était rendu digne de cet honneur par un grand amour pour l’Écriture Sainte, par la simplicité et l’innocence de ses moeurs et par le zèle extraordinaire avec lequel il avançait continuellement dans les voies de la perfection. Le rare talent qu’il avait pour la prédication fit confier à son ministère une petite ville voisine de Bénévent. Le Saint s’aperçut bientôt qu’il avait affaire à des paroissiens intraitables et ennemis de tout bien. Son zèle ne fit que les aigrir contre lui, et, malgré son humilité profonde et sa patience inaltérable, il fut forcé, par la calomnie de quitter son église. Du moins, il remporta de sa mission l’avantage d’avoir profité des épreuves que Dieu avait permises pour purifier son coeur, en le détachant de plus en plus du monde et de lui-même. Barbat revint à Bénévent, où il fut reçu avec joie par tous ceux qui connaissaient la sainteté de sa vie. Il y travailla à l’extirpation des abus, non seulement par ses discours, mais encore par des prières ferventes et par des jeûnes rigoureux qu’il s’imposait. Il fut élu pour succéder à l’évêque Ildebrand de Bénévent et fut sacré le 10 mars 663 sous le règne du duc arien Romuald Ier de Bénévent. Il lutte activement contre le paganisme des Lombards (avant même qu’il devienne évêque), notamment contre le culte de l’arbre et de la vipère, cultes ayant même séduits un certain nombre de chrétiens. En 662, Bénévent est assiégé par les Byzantins de l’empereur Constant II, Barbat promet la victoire lombarde et la levée du siège si Romuald et les Lombards acceptent la religion chrétienne telle qu’elle professé par le pape, successeur de Pierre : Romuald et ses troupes reviennent dans le giron de l’Église Catholique Romaine, les Byzantins lèvent le siège, le duc de Bénévent est victorieux. Barbat assista à deux conciles importants en 680 : un concile de Rome et au sixième concile œcuménique ou troisième concile de Constantinople. Il meurt à Bénévent le 19 février 682 et devient plus tard le patron de la ville. Ses reliques se trouvent à Bénévent et à Montevergine.

Martyrologe 

A Rome, l’anniversaire de saint Gabin, prêtre et martyr, frère du bienheureux pape Caïus. Longtemps retenu en prison par Dioclétien et chargé de fers, il s’acquit à lui-même les joies du ciel par une mort précieuse.

En Afrique, les saints Publius, Julien, Marcel, et d’autres martyrs avec eux.
En Palestine, la commémoraison des saints moines et autres martyrs, qui furent cruellement massacrés pour la foi du Christ par les Sarrasins et leur chef Alamundar.

A Naples, en Campanie, saint Quodvultdeus (c’est.à.dire « ce que Dieu veut »), évêque de Carthage. En même temps que son clergé, il fut placé par le roi arien Genséric sur un navire avarié, sans rames et sans voiles, et, contre toute attente, il aborda à Naples; c’est là qu’en exil, il succomba en vrai confesseur.

A Jérusalem, saint Zambdas évêque.

A Soli, en Chypre, saint Auxibe évêque.

A Bénévent, saint Barbat évêque. Homme d’une admirable sainteté, il convertit au Christ les Lombards et leur chef.

A Milan, saint Mansuet, évêque et confesseur.

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