Vingt-et-unième dimanche après la Pentecôte – « Pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. »
A LA MESSE. Durand de Mende, dans son Rational, s’applique à montrer que ce Dimanche et ceux qui le suivent relèvent toujours de l’Évangile des noces divines, et n’en sont que le développement. « Parce que, dit-il pour aujourd’hui, ces noces n’ont point de plus grand ennemi que la jalousie de Satan contre l’homme, l’Église traite, en ce Dimanche, de la guerre contre Satan et de l’armure qu’il nous faut revêtir pour soutenir cette guerre, comme on le verra dans l’Épître. Et parce que le cilice et la cendre sont les armes de la pénitence, l’Église emprunte, dans l’Introït, la voix de Mardochée qui priait Dieu sous le cilice et la cendre. » Les réflexions de l’évêque de Mende sont fondées. Mais, si la pensée de l’union divine qui se consommera bientôt ne quitte pas l’Église, c’est surtout néanmoins en s’oubliant elle-même, pour ne songer qu’aux hommes dont le salut lui a été confié par l’Époux, qu’elle se montrera véritablement Épouse dans les malheurs des derniers temps. Nous l’avons dit : l’approche du jugement final, l’état lamentable du monde dans les années qui précéderont immédiatement ce dénouement de l’histoire humaine, inspire et remplit maintenant la Liturgie. Aujourd’hui, la partie de la Messe qui frappait surtout nos pères était l’Offertoire tiré de Job, avec ses Versets aux exclamations si expressives, aux répétitions si instantes ; et l’on peut dire, en effet, que cet Offertoire donne bien le vrai sens qu’il convient d’attribuer au vingt-et-unième Dimanche après la Pentecôte. Le monde, réduit, comme Job sur son fumier, à la misère la plus extrême, n’a plus rien à espérer que de Dieu seul. Les saints qu’il renferme encore, entrant pour lui dans les dispositions du juste de l’Idumée, honorent le Seigneur par une patience et une résignation qui n’enlèvent rien à la puissance et à l’ardeur de leurs supplications. C’est le sentiment qui met tout d’abord en leur bouche la prière sublime que Mardochée formulait pour son peuple condamné à une extermination absolue, figure de celle qui attend le genre humain. L’Église, dans la Collecte, montre assez que si elle est prête à subir les temps mauvais, elle préfère toutefois la paix, qui lui permet d’offrir librement au Seigneur le tribut de la confession simultanée par les œuvres et la louange. La dernière supplication de Mardochée, dans la prière dont l’Introït nous a donné les premiers mots, était pour cette liberté de la louange divine qui sera le dernier rempart du monde : « Que nous puissions chanter votre Nom, ô Seigneur ! Ne fermez pas les bouches de ceux qui vous louent ».
ÉPÎTRE. Les commencements de l’union divine sont, d’ordinaire, sous le charme d’une sérénité sans mélange. L’éternelle Sagesse qui, tout d’abord, a conduit l’homme par les épreuves laborieuses de la purification de l’esprit et des sens, le laisse, quand l’alliance est conclue, reposer sur son sein, et achève de se l’attacher par des délices enivrantes qui sont l’avant-goût des joies célestes. Il semble que, selon la prescription du Deutéronome, nulle guerre, nul souci, ne doivent troubler les premiers temps de cette union fortunée. Mais une telle exemption des charges publiques ne se prolonge jamais ; car la guerre est la condition de tout homme ici-bas. Le Très-Haut se complaît dans la lutte ; il n’est point de nom qui lui soit plus souvent appliqué par les Prophètes que celui de Dieu des armées. Son Fils, qui est l’Époux, se présente à la terre comme le Seigneur puissant dans les combats. L’épithalame sacré nous le montre ceignant l’épée, et se faisant jour par ses flèches aiguës au travers des ennemis, pour arriver dans la valeur et la victoire jusqu’à son Épouse. Pareille à lui, cette Épouse dont il a convoité la beauté, qu’il veut associer à toutes ses gloires, s’avance au-devant de lui dans l’éclat d’une parure de guerre, entourée de chœurs chantant les hauts faits de l’Époux, terrible elle-même comme une armée rangée en bataille. L’armure des forts charge ses bras et sa poitrine ; son cou rappelle la tour de David avec ses remparts et ses mille boucliers. Dans les délices de son union avec l’Époux, les plus vaillants guerriers l’entourent. Leur titre à cet honneur est la sûreté de leur glaive et leur science des combats ; chacun d’eux a l’épée au côté, dans la crainte des surprises de la nuit. Car d’ici que se lève le jour éternel, et que les ombres de la vie présente s’évanouissent dans la lumière de l’Agneau pleinement vainqueur, la puissance est aux chefs de ce monde de ténèbres, nous dit saint Paul ; et c’est contre eux qu’il nous faut revêtir l’armure de Dieu dont il parle, si nous voulons être en mesure de résister, au jour mauvais. Les jours mauvais, que signalait l’Apôtre Dimanche dernier déjà, sont nombreux dans la vie de chaque homme et dans l’histoire du monde. Mais, pour chaque homme et pour le monde, il est un jour mauvais entre tous : celui de la fin et du jugement, dont l’Église chante que le malheur et la misère en feront un jour grand d’amertume. Les années ne sont données à l’homme, les siècles ne se suivent pour le monde, que dans le but de préparer le dernier jour. Heureux les combattants du bon combat et les vainqueurs en ce jour terrible, ceux qui, selon le mot du Docteur des nations, apparaîtront alors debout sur les ruines et parfaits en tout ! Ils ne connaîtront point la seconde mort ; couronnés du diadème de la justice, ils régneront avec Dieu sur le trône de son Verbe. La guerre est facile avec l’Homme-Dieu pour chef. Il ne nous demande, par son Apôtre, que de chercher notre force en lui seul et dans la puissance de sa vertu. C’est appuyée sur son Bien-Aimé que l’Église monte du désert ; soutenue ainsi, elle afflue de délices dans les plus mauvais jours. L’âme fidèle se sent émue d’amour à la pensée que les armes qu’elle porte sont celles mêmes de l’Époux. Ce n’est point en vain que les Prophètes nous l’avaient dépeint à l’avance ceignant le premier le baudrier de la foi, prenant le casque du salut, le bouclier, la cuirasse de justice, le glaive de l’esprit qui est la parole de Dieu : l’Évangile nous l’a montré descendu dans la lice pour former les siens, par son exemple, au maniement de ces armes divines. Armes multiples en raison de leurs multiples effets, et qui toutes cependant, offensives ou défensives, se résument dans la foi. Il est facile de le voir en lisant notre Épître, et c’est ce que notre chef divin a voulu nous apprendre, lorsqu’à la triple attaque dirigée contre lui sur la montagne de la Quarantaine, il se contenta de répondre en invoquant par trois fois l’Écriture. La victoire qui triomphe du monde est celle de notre foi, dit saint Jean ; c’est dans le combat de la foi que Paul, à la fin de sa carrière, résume les luttes de son existence et de toute vie chrétienne. C’est la foi qui, en dépit des conditions désavantageuses signalées par l’Apôtre, assure le triomphe aux hommes de bonne volonté. Si l’on devait, dans la lutte engagée, estimer les espérances de succès des parties adverses à la comparaison de leurs forces respectives, la présomption ne serait certes pas en notre faveur. Car ce n’est point à des êtres de chair et de sang comme nous le sommes, qu’il nous faut tenir tête, mais à des ennemis insaisissables, remplissant l’air et pourtant invisibles, intelligents et forts, connaissant à merveille les tristes secrets de notre pauvre nature déchue, et tournant tous leurs avantages contre l’homme à le tromper, pour le perdre en haine de Dieu. Créés à l’origine pour refléter dans la pureté d’une nature toute spirituelle l’éclat divin de leur auteur, ils montrent, accompli en eux par l’orgueil, ce hideux prodige de pures intelligences dévouées au mal et à la haine de la lumière. Comment donc nous, qui déjà ne sommes par notre nature qu’obscurité, lutterons-nous avec ces puissances spirituelles mettant leur intelligence au service de la nuit ? « En devenant lumière », dit saint Jean Chrysostome. La face du Père, il est vrai, ne doit point luire directement sur nous avant le grand jour de la révélation des fils de Dieu ; mais d’ici là, pour suppléer à notre cécité, nous avons la parole révélée. Le baptême a ouvert l’ouïe en nous, quoique non encore les yeux ; Dieu parle par l’Écriture et son Église, et la foi nous donne une certitude aussi grande que si déjà nous voyions. Par sa docilité d’enfant, le juste marche en paix dans la simplicité de l’Évangile. Mieux que le bouclier, mieux que le casque et la cuirasse, la foi le couvre contre les dangers ; elle émousse les traits des passions, et rend impuissantes les ruses ennemies Point n’est besoin avec elle de subtils raisonnements ni de considérations prolongées : pour découvrir les sophismes de l’enfer ou prendre une décision dans un sens ou dans l’autre, ne suffit-il pas, en toute circonstance, de la parole de Dieu qui ne manque jamais ? Satan craint qui s’en contente. Il redoute plus un tel homme que toutes les académies ; il sait qu’en toute rencontre, il sera broyé sous ses pieds avec une rapidité plus grande que celle de la foudre. Ainsi, au jour du grand combat, fut-il précipité des cieux par un seul mot de Michel l’Archange, devenu, comme nous l’avons dit, notre modèle et notre défenseur en ces jours. L’Église, dans le Graduel et le Verset, rappelle au Seigneur qu’il n’a jamais cessé d’être le refuge de son peuple ; sa bonté, comme sa puissance, est d’avant tous les âges, parce qu’il est Dieu dès l’éternité. Qu’il protège donc maintenant les siens réduits à préparer dans leur petit nombre, comme autrefois Israël, l’exode final de l’Église quittant pour la vraie terre promise ce monde redevenu infidèle.
ÉVANGILE. « Juge vengeur et juste, accordez-nous remise avant le jour des comptes ! » C’est le cri qui s’échappe du cœur de l’Église en ces jours, lorsqu’elle songe au sort de ses innombrables fils moissonnés chaque année par la mort ; c’est la supplication qui doit s’élever de toute âme vivante, à la lecture de l’Évangile que nous venons d’entendre. La Prose des morts, d’où est tirée cette exclamation poignante, n’est point seulement une prière sublime pour les trépassés ; elle est également, dans cette partie du Cycle, l’expression de l’attente de nous tous qui vivons encore, qui semblons abandonnés, oubliés sur le soir des siècles, et pourtant ne préviendrons point au pied du redoutable tribunal ceux qui dorment déjà du grand sommeil. « Combien grande sera la terreur, dit la sainte, Mère Église, quand le juge viendra pour tout scruter rigoureusement ! La trompette éclatante, retentissant par les sépulcres de l’univers, rassemblera tous les humains devant le trône. La mort et la nature seront dans la stupeur, lorsque ressuscitera la créature pour répondre à son juge. On produira le livre écrit renfermant tout l’objet du jugement du monde. Quand donc s’assiéra le juge, tout ce qui se cache apparaîtra, rien ne demeurera sans vengeance. Que dirai-je alors, malheureux ? Quel défenseur implorerai-je, quand à peine rassuré sera le juste ? Roi de majesté redoutable, qui sauvez gratuitement ceux qui doivent l’être, sauvez-moi, source de miséricorde. Souvenez-vous, ô doux Jésus, que je suis la cause de votre venue : ne me perdez pas en ce jour ! » Sans nul doute, une telle prière a toute chance d’être exaucée, lorsqu’elle s’adresse ainsi à celui qui n’a rien plus à cœur que notre salut, et qui, pour l’obtenir, s’est dévoué aux fatigues, aux tourments, à la mort de la croix. Mais nous serions inexcusables et mériterions doublement la condamnation, en ne profitant pas des avis qu’il nous donne lui-même, pour parer d’avance aux angoisses de « ce jour de larmes où l’homme coupable se lèvera de sa cendre pour être jugé. » Méditons donc la parabole de notre Évangile, qui n’a d’autre but que de nous enseigner un moyen sûr d’apurer dès maintenant nos comptes avec le Roi éternel. Nous sommes tous, a le bien prendre, ce serviteur négligent, débiteur insolvable, que son maître est en droit de vendre avec tout ce qu’il possède et de livrer aux bourreaux. La dette contractée par nos fautes envers la Majesté souveraine est de telle nature qu’elle requiert, en toute justice, des tourments sans fin, et suppose un enfer éternel où, payant sans cesse, l’homme pourtant ne s’acquitte jamais. Louange donc et reconnaissance infinie au divin créancier ! touché par les prières du malheureux qui le supplie de lui donner le temps de s’acquitter, il va plus loin que sa demande et lui remet dès l’instant toute sa dette. Mais c’est à la condition pour le serviteur, la suite le fait bien voir et la clause est trop juste, d’en user avec ses compagnons comme son maître l’a fait avec lui. Exaucé si grandement par son Seigneur et Roi, délivré gratuitement d’une dette infinie, pourrait-il rejeter, venant d’un égal, cette même prière qui l’a sauvé, et se montrer impitoyable au sujet des obligations contractées envers lui ? « Tout homme sans doute, dit saint Augustin, a son frère pour débiteur ; car quel est l’homme qui n’ait jamais été offensé par personne ? Mais quel est l’homme aussi qui ne soit le débiteur de Dieu, puisque tous ont péché ? L’homme est donc à la fois débiteur de Dieu, créancier de son frère. C’est pourquoi le Dieu juste t’a posé cette règle d’en agir avec ton débiteur comme il le fait avec le sien… Tous les jours nous prions, tous les jours nous faisons monter la même supplication aux oreilles divines, tous les jours nous nous prosternons pour dire : Remettez-nous nos dettes, comme nous les remettons nous-mêmes à nos débiteurs. De quelles dettes parles-tu ? de toutes tes dettes, ou seulement d’une partie ? Tu vas dire : De toutes. Remets donc tout toi-même à ton débiteur, puisque c’est la règle posée, la condition acceptée. » « Il est plus grand, dit saint Jean Chrysostome, de remettre au prochain ses torts envers nous qu’une dette d’argent ; car, en lui remettant ses péchés, nous imitons Dieu. » Et qu’est donc, après tout, le tort de l’homme envers l’homme, comparé à l’offense de l’homme envers Dieu ? Cependant, hélas ! celle-ci nous est familière : le juste la connaît sept fois le jour ; plus ou moins donc, elle remplit nos journées. Qu’au moins l’assurance d’être pardonnés chaque soir à la seule condition du désaveu de nos misères, nous rende accessibles à la miséricorde pour autrui. C’est une sainte habitude que celle de ne regagner sa couche qu’à la condition de pouvoir s’endormir sur le sein de Dieu, comme l’enfant d’un jour ; mais si nous éprouvons l’heureux besoin de ne trouver à la fin de nos journées, dans le cœur du Père qui est aux cieux, qu’oubli de nos fautes et tendresse infinie, comment prétendre garder en même temps dans notre cœur à nous de fâcheux souvenirs ou des rancunes, petites ou grandes, contre nos frères qui sont aussi ses fils ? Lors même que nous aurions été de leur part l’objet d’injustes violences ou d’atroces injures, leurs fautes contre nous égaleront-elles jamais nos attentats contre ce Dieu très bon dont nous sommes nés les ennemis, dont nous avons causé la mort ? Il n’est donc point de circonstance où ne s’applique la règle de l’Apôtre : Soyez miséricordieux, pardonnez-vous mutuellement comme Dieu vous a pardonné dans le Christ ; soyez les imitateurs de Dieu comme ses fils très chers. Tu appelles Dieu ton Père, et tu gardes mémoire d’une injure ! « Ce n’est pas là le fait d’un fils de Dieu », dit encore admirablement saint Jean Chrysostome ; « l’œuvre d’un fils de Dieu, c’est de pardonnera ses ennemis, de prier pour ceux qui le crucifient, de répandre son sang pour ceux qui le haïssent. Voilà qui est digne d’un fils de Dieu ; les ennemis, les ingrats, les voleurs, les impudents, les traîtres, en faire ses frères et ses cohéritiers ! ».
Sanctoral
Saint Edouard, Roi et Confesseur
Édouard surnommé le Confesseur, était petit-fils de S. Édouard, roi et Martyr, et fut le dernier souverain des Anglo-Saxons. Le Seigneur fit voir dans une extase, à un homme de très grande sainteté nommé Brithuald, qu’Édouard serait roi. Il n’avait que dix ans lorsque les Danois, qui alors dévastaient l’Angleterre le cherchant pour le faire mourir, il fut contraint de s’exiler, et se réfugia chez son oncle, le duc de Normandie. Là, au milieu des séductions du vice, il fit paraître une telle intégrité de vie et une si grande innocence de mœurs, qu’il fut un sujet d’admiration pour tous. On vit même alors éclater en lui une piété admirable envers Dieu et pour les choses divines.
Il était d’un caractère très doux et sans aucune ambition du pouvoir ; on rapporte de lui cette parole, qu’il aimait mieux se passer de la royauté, s’il ne pouvait l’obtenir sans carnage et effusion de sang. Après la mort des tyrans qui avaient enlevé à ses frères la vie avec la couronne, il fut rappelé dans sa patrie et mis en possession du trône, d’après les vœux et aux applaudissements de tous. Il s’appliqua tout entier à faire disparaître les traces de ressentiments et d’inimitiés. Commençant par les choses saintes et par les églises, dont il réédifia ou restaura les unes, enrichit les autres de revenus et de faveurs, il mit ses plus grands soins à relever et faire refleurir la religion. Poussé par les grands du royaume à se marier, il conserva avec son épouse la virginité dans l’état du mariage : les écrivains sont d’accord pour l’affirmer. Il avait tant de foi et d’amour envers Jésus-Christ que plusieurs fois, pendant la célébration des saints Mystères, il mérita de le voir apparaître, le visage empreint de douceur divine.
Partout on l’appelait le père des orphelins et des indigents, et jamais il n’était plus joyeux que lorsqu’il avait épuisé les trésors royaux à soulager les pauvres. Doué du don de prophétie, il prévit surnaturellement plusieurs faits à venir concernant l’état de l’Angleterre, et, chose remarquable entre toutes, il connut par inspiration divine, au moment même où elle arrivait, la mort de Suénon, roi des Danois, qui fut submergé en s’embarquant pour aller faire invasion en Angleterre. Édouard eut pour saint Jean l’Évangéliste un culte particulier, et il avait coutume de ne rien refuser de ce qu’on sollicitait de lui en son nom. Saint Jean, sous les haillons d’un pauvre, lui ayant un jour demandé l’aumône, le roi, dépourvu d’argent, prit l’anneau qu’il portait au doigt et le lui donna ; mais peu de temps après, le saint Apôtre le lui rendit en l’avertissant de sa fin prochaine. Le roi demanda donc aussitôt des prières, et le jour des nones de janvier, jour qu’avait prédit l’Évangéliste, il mourut très saintement, l’an du Seigneur mil soixante-six. Des miracles ayant jeté sur lui de l’éclat, le Pape Alexandre III, au cours du siècle suivant, le mit au nombre des Saints. Innocent XI ordonna d’honorer sa mémoire dans toute l’Église par un Office public, et cela, au jour même où, trente-six ans après sa mort, son corps, dans la translation qu’on en fit, fut trouvé exempt de corruption et exhalant une suave odeur.
Anniversaire du grand miracle solaire de Fatima
Ce 13 octobre 1917, malgré la pluie, la foule était au nombre de 50 000 à 60 000 personnes !. Certains étaient venus de très loin pour assister à l’Apparition promise. Parmi cette masse, des incroyants étaient eux aussi là, prêt à intervenir dans le cas où il ne se passerait pas le miracle annoncé par Notre-Dame, les mois précédents. Pour la première fois, la mère de Lucie pensa au drame qui pourrait survenir si le miracle du Ciel ne se produirait pas !, tandis que les parents de François et de Jacinthe, eux, avaient une grande confiance sur les promesses de la Sainte Vierge ; quant aux enfants, ils ne se troublaient pas du tout devant une si imposante foule. Pour réciter le chapelet la foule ferma les parapluies, bien qu’il pleuvait assez à cet instant, et, dans la boue, les fidèles s’agenouillèrent. Il était déjà 13h30 et certains incroyants commençaient à exciter les gens à cause que le miracle était annoncé pour midi.
Pourtant, la Sainte Vierge était à l’heure ! En effet, le gouvernement de l’époque, en pleine première guerre mondiale, avait imposé au pays une heure légale qui avançait de 90 minutes sur l’heure solaire ; mais le Ciel n’a que faire de l’heure des hommes ! … A l’heure du soleil il était bien midi et, regardant du côté du Levant, la petite vit la lumière qui précède chaque Apparition ; et, en effet, Notre-Dame apparut du dessus du chêne-vert. S’adressant à Lucie, Elle lui dit : « Je veux te dire que l’on fasse ici une chapelle en mon honneur. Je suis Notre-Dame du Rosaire. Que l’on continue toujours à réciter le chapelet tous les jours. La guerre va finir et les militaires rentreront bientôt chez eux. » Là encore, de nombreuses demandes de guérison étaient demandé à Notre-Dame. « Les uns guérirons, les autres non, car il faut qu’ils se corrigent, qu’ils demandent pardon de leurs péchés. [Et prenant un air plus triste] : Il faut cesser d’offenser davantage Dieu Notre Seigneur, car Il est déjà trop offensé », dit Notre-Dame. Pendant qu’Elle s’entretenait avec la petite voyante, la foule vit par trois fois se former autour du chêne une nuée, qui, ensuite, s’éleva dans l’air pour finalement disparaître. Interrogée le jour même de ce 13 octobre 1917 par l’abbé Formigão, la petite Lucie dit que « Notre-Dame a demandé de réciter le chapelet, de nous corriger de nos péchés, demander pardon à notre Seigneur, mais n’a pas parlé de pénitence. » (source : « Témoignages sur les apparitions de Fatima », par le Père de Marchi, 1974, p. 209). Pendant que Notre-Dame s’élevait, le reflet de la lumière qui se dégageait d’Elle se projeta sur le soleil. C’est à ce moment que la foule put contempler la danse du soleil : la pluie cessa soudainement et les nuages se dispersèrent brusquement, laissant apparaître un ciel clair. La foule put alors regarder directement le soleil sans risque de se brûler les yeux ni sans être aucunement incommodé.
Devant ce si grand miracle, défiant toutes les lois de la nature, il y avait un grand silence. L’astre se mit à trembler avec des mouvements brusques, puis il tourna sur lui-même à une vitesse vertigineuse, en lançant des gerbes de lumière de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Il semblait s’approcher de la terre, au point que la foule s’en inquiéta. En effet, le soleil, conservant son mouvement rapide de rotation, paraissait brusquement se détacher du ciel et avancer en zigzaguant sur la foule. Ce fut un instant si terrible que plusieurs personnes s’évanouirent, mais finalement il s’arrêta au grand soulagement de tous. À la stupéfaction générale, la foule put constater que leurs vêtements, trempés par la pluie quelques minutes auparavant, étaient complètement secs !. Ce phénomène qu’aucun observatoire astronomique n’a enregistré, et qui n’a pu être, par conséquent, un phénomène naturel, des personnes de toutes les conditions et de toutes classes sociales l’ont constaté, des incroyants comme des croyants. Les journalistes des principaux quotidiens du Portugal l’ont vu et raconté. Même des personnes qui se trouvaient à plusieurs kilomètres de Fatima en ont été témoins, ce qui détruit l’hypothèse d’une illusion d’optique ou de l’hallucination collective. Pendant les dix minutes où la foule contemplait ce miracle cosmique, les trois petits voyants purent admirer, près du soleil, trois tableaux successifs : LA VISION DE LA SAINTE FAMILLE : À côté du soleil apparut saint Joseph avec l’Enfant-Jésus et Notre-Dame, vêtue de blanc avec un manteau bleu. Saint Joseph et l’Enfant-Jésus semblait bénir le monde, avec des gestes qu’ils faisaient de la main, en forme de Croix. LA VISION DE NOTRE-DAME DES DOULEURS : Après la première vision ci-dessus, les enfants virent Notre Seigneur Jésus-Christ et Notre-Dame des 7 Douleurs. Notre Seigneur semblait bénir le monde. LA VISION DE NOTRE-DAME DU MONT-CARMEL : dans cette dernière vision, Notre-Dame apparut seule sous l’aspect de Notre-Dame du Carmel. Lucie seule vit la seconde et la dernière vision, tandis que François et Jacinthe n’eurent le privilège de n’apercevoir que la vision de la Sainte Famille. Ce fut la dernière fois que Notre-Dame apparut à la Cova da Iria, laissant les preuves irréfutables de Son existence. Bien sûr, cet événement parut dans la presse. Dans son cahier de souvenirs, soeur Lucie (alors soeur Marie de Jésus) avait ajouté des remarques qui s’adressent à nous tous : « En cette apparition, les paroles qui restèrent le plus profondément ancrées dans mon coeur furent celles par lesquelles notre sainte Mère du Ciel suppliait les hommes de ne plus peiner Notre Seigneur trop offensé. Quelle amoureuse plainte elles contiennent et quelle supplication ! Oh ! que je voudrais qu’elles résonnent dans le monde entier et que tous les enfants de la Mère céleste écoutent sa voix ! ». A un autre endroit, elle nous dit que lorsqu’elle parlait de cette dernière visite céleste avec ses cousins, ils ne pouvaient retenir leurs larmes en se rappelant la tristesse du visage de l’apparition quand elle avait prononcé ces paroles.
Martyrologe
Saint Édouard, roi d’Angleterre et confesseur. Il s’endormit dans le Seigneur le jour des nones de janvier (5 janvier), mais on l’honore plutôt en ce jour à cause de la translation de son corps.
A Troie ou Troas, ville de l’Asie Mineure, l’anniversaire de saint Carpe, disciple du bienheureux Apôtre Paul.
A Cordoue, en Espagne, l’anniversaire des saints martyrs Fauste, Janvier et Martial. Tourmentés d’abord par le supplice du chevalet, ils eurent ensuite les sourcils rasés, les dents arrachées, les oreilles et le nez coupés, et consommèrent leur martyre par le supplice du feu.
A Thessalonique, saint Florent martyr, qui, après divers tourments, fut consumé par le feu.
A Stockerau, en Autriche, saint Colman martyr.
A Antioche, saint Théophile évêque: il fut le sixième pontife de cette église après le bienheureux Apôtre Pierre.
A Tours, en Gaule, saint Venant, abbé et confesseur.
Près de Subiaco, en Latium, sainte Chélidoine vierge.
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