Vingt-cinquième dimanche après la Pentecôte [3ème de novembre, 5ème après l’Epiphanie] – « Ramassez l’ivraie pour la brûler, portez le bon grain dans mon grenier ».
Ce dimanche, célébré à la fin de l’année liturgique, présente dans son Évangile de très belles pensées. Que signifiait l’Évangile de l’ivraie dans le temps après l’Épiphanie ?
L’interprétation de la parabole se divise en trois parties : 1. Les semailles du froment et de l’ivraie ; 2. La conduite du maître envers l’ivraie pendant la croissance ; 3. La récolte ou moisson. Au temps de l’Épiphanie, c’est plutôt la seconde partie que nous considérions. Nous voyions le Christ, en Juge et Roi sage et patient, laisser croître et mûrir la bonne et la mauvaise semence. Mais, maintenant, à l’automne liturgique où nous avons les yeux fixés sur la fin de la vie et du monde, le Seigneur nous montre le ciel et l’enfer. L’Église soulève aujourd’hui le voile de l’au-delà ; elle nous fait jeter un regard dans l’abîme fumant de l’enfer, et aussi lever les yeux vers les bienheureux dans le ciel. En outre, l’Église nous apprend à comprendre le mystère du mal ; car, justement dans les derniers temps, à la fin du monde, le mal relèvera encore une fois la tête. Enfin nous pensons que, aujourd’hui aussi, à la messe, le Christ veut jeter dans nos âmes la bonne semence, le froment divin ; celui-ci doit croître dans une vie bien chrétienne (pensée de Pâques).
Pensées du Dimanche. — Les chants psalmodiques sont du XXIIIe dimanche après la Pentecôte ; ils nous sont donc déjà connus. Quiconque aime approfondir ces morceaux les entend résonner de tous les thèmes de l’automne liturgique (depuis la crainte et le pèlerinage terrestre jusqu’à la nostalgie et au désir du ciel). Les lectures nous montrent deux images de l’Église qui s’opposent, l’une gracieuse, l’autre sévère, une image idéale et une image réaliste. Dans l’Épître, saint Paul nous décrit l’idéal de la vie chrétienne. C’est une communauté de saints que pare toute une couronne de vertus ; la charité y commande en reine, à sa suite marche la paix du Christ. L’Apôtre nous fait jeter un regard sur la vie cultuelle et sur la vie privée. La parole de Dieu règne dans toute sa richesse au sein de cette communauté ; nous l’entendons chanter des psaumes et des cantiques spirituels ; mais, en leur particulier, ses membres vivant en toutes choses au nom de Jésus. L’Évangile nous montre une image toute différente : nous voyons encore une communauté de chrétiens, mais là avec des faiblesses humaines, des péchés, ainsi que de graves scandales, de la tiédeur, de l’indifférence, de la jalousie chez les chrétiens ; nous en éprouvons de la peine. Toutefois le Sauveur nous aide à résoudre le problème du mal dans l’Église et dans les âmes.
Programme de la semaine : En ce qui nous concerne, efforçons-nous de réaliser parfaitement en nous et autour de nous l’image idéale ; en ce qui concerne les autres, essayons d’imiter la patience de Dieu à l’égard du mal et à ne pas nous en scandaliser ; mais pensons aussi à l’enfer.
La Messe (Dicit Dominus). — L’Église et l’âme attendent « le jour du Christ ». Déjà nous entendons l’amicale invitation du Roi clément, déjà nous voyons les exilés se rendre dans la patrie (Intr.) ; l’Oraison implore protection pour les derniers jours : « Garde ta famille ; elle n’a d’autre appui que la grâce céleste. » Maintenant l’Église nous met au cœur deux enseignements : a) La fin est proche ; c’est maintenant qu’il faut atteindre l’idéal ; vivons donc comme si le jour du Christ devait venir demain. Menons, dans la perspective du retour, une vie chrétienne idéale ; « revêts-toi, pour recevoir le grand Roi, du vêtement de la miséricorde, de la bonté, de l’humilité, de la modestie, de la patience » b) Il y a un enfer et un ciel ; l’ivraie est brûlée, le bon grain va dans les greniers célestes. C’est une image saisissante du jugement dernier que le Sauveur esquisse ici : Là, les gerbes embrasées des malheureux damnés éclairent les profondeurs de la nuit de leurs abominables flammes rouges et les remplissent de leurs inutiles cris de désespoir ; mais, là-haut, brillant comme de magnifiques soleils à l’heure du coucher, les bienheureux franchissent la porte ouverte de l’éternel royaume. Les pensées de la parabole peuvent nous inspirer de réciter les versets suppliants du De profundis (Off., Allél.). Combien d’ivraie dans mon âme ! Puisse l’actuel sacrifice de « la réconciliation » écarter l’ivraie et relever nos « cœurs chancelants » (Secr.). L’Eucharistie est le « gage du salut » ; reportons-nous à l’Évangile : dès aujourd’hui, le Divin Moissonneur place nos gerbes mûres dans les greniers célestes (Postc.).
Sanctoral
Saint André Avellin, Confesseur
André Avellin, auparavant nommé Lancelot, naquit dans un bourg de Lucanie appelé Castronuovo, et donna dès son enfance des marques non équivoques de sa future sainteté. Arrivé à l’adolescence, il-dut s’éloigner de la maison paternelle pour étudier les lettres ; mais il traversa cette phase dangereuse de la vie en s’appliquant, au milieu de ses études, à ne perdre jamais de vue « la crainte de Dieu qui est le commencement de la sagesse. » Joignant à une rare beauté un amour de la chasteté qui lui fit éviter les embûches de femmes impudiques, il les repoussa même quelquefois par la force ouverte. Enrôlé dans la milice cléricale, il se rendit à Naples pour étudier le droit, et y obtint le titre de docteur ; mais ayant été élevé à la dignité sacerdotale, il plaida seulement au for ecclésiastique et pour quelques particuliers, suivant les règles des saints canons. Mais un léger mensonge lui ayant un jour échappé dans sa plaidoirie, ouvrant ensuite comme par hasard la sainte Écriture, il y tomba sur ce passage : « La bouche menteuse tue l’âme, » et fut saisi d’une telle douleur de sa faute, d’un tel repentir, qu’il résolut aussitôt de quitter son genre de vie.
Abandonnant donc le barreau, il se consacra entièrement au culte divin et au saint ministère. Ses éminents exemples de toutes les vertus ecclésiastiques portèrent l’Archevêque de Naples à lui confier la direction d’une maison de religieuses. Ayant éprouvé dans cet emploi la haine d’hommes pervers, il put échapper à un premier attentat contre sa vie ; mais, peu après, un assassin lui fit trois blessures au visage, sans que cette cruelle injure troublât son égalité d’âme. Le vif désir de mener une vie plus parfaite lui fit solliciter avec instance d’être admis parmi les Clercs réguliers, et, son vœu ayant été exaucé, il obtint, à cause du grand amour de la croix qui l’embrasait, qu’on lui imposât le nom d’André. Entré avec une joyeuse ardeur dans la carrière d’une vie plus austère, il s’appliqua surtout à des exercices de vertu, auxquels il s’astreignit même par des vœux très difficiles à garder, à savoir : l’un, de combattre constamment sa propre volonté, l’autre, d’avancer toujours plus avant dans le chemin de la perfection chrétienne. Fidèle observateur de la discipline religieuse, André eut très grand soin de la faire observer par les autres, quand il fut à leur tête. Tout le temps que lui laissaient la charge de son institut et l’accomplissement de sa règle, il le donnait à l’oraison et au salut des âmes. Dans l’audition des confessions, son admirable piété et sa prudence parurent avec éclat. Il parcourait fréquemment les villes et les villages des environs de Naples en ministre de l’Évangile, au grand profit des âmes. Le Seigneur se plut à illustrer, même par des prodiges, cette ardente charité du saint homme envers le prochain. Comme il revenait chez lui pendant une nuit d’orage, après avoir entendu la confession d’un malade, la pluie et la violence du vent éteignirent le flambeau qui éclairait sa marche ; or, non seulement ses compagnons et lui ne furent aucunement mouillés, malgré cette pluie torrentielle, mais son corps projeta miraculeusement une clarté extraordinaire, qui servit à guider ses compagnons au milieu des ténèbres les plus épaisses.
André pratiqua l’abstinence, la patience, le mépris et la haine de soi avec le plus grand soin et excella dans l’exercice de ces vertus. Il supporta, sans qu’aucun trouble agitât son âme, le meurtre dont le fils de son frère fut victime, réprimant chez les siens tout désir de vengeance, allant même jusqu’à implorer pour les meurtriers la clémence et l’assistance des juges. Il propagea dans beaucoup d’endroits l’Ordre des Clercs réguliers et leur fonda des maisons à Plaisance et à Milan. Deux Cardinaux, saint Charles Borromée et Paul d’Arezzo, Clerc régulier, qui l’avaient en très grande affection, recoururent à ses services dans les soins de la charge pastorale. André aimait et honorait singulièrement la Vierge, Mère de Dieu ; il mérita de jouir de la conversation des Anges, et attesta les avoir entendus chanter au ciel, pendant que lui-même célébrait les louanges divines. Enfin, après avoir donné d’héroïques exemples de vertus ; après s’être rendu célèbre par le don de prophétie, qui lui faisait voir clairement des faits éloignés ou futurs, comme par celui de pénétration des cœurs, déjà chargé d’années et épuisé par les fatigues, il fut frappé d’apoplexie, au moment où, après avoir répété pour la troisième fois le verset : « Je m’approcherai de l’autel de Dieu, » il allait monter à l’autel pour célébrer. Ayant été aussitôt muni des sacrements, André expira de la manière la plus douce, au milieu des siens. Son corps est vénéré jusqu’en ces temps-ci, dans l’église de Saint-Paul, à Naples, par un aussi grand concours de peuple qu’au moment où on l’inhuma. En raison des miracles éclatants opérés par lui durant sa vie et après sa mort, le souverain Pontife Clément XI l’inscrivit au catalogue des Saints avec les solennités accoutumées.
Saints Tryphon, Respice, Martyrs et Sainte Nymphe, Vierge et Martyre
Sous le règne de Dèce, Tryphon fut saisi par les satellites de cet empereur, au moment où il prêchait la foi du Christ et convertissait à son culte tous ceux qui l’écoutaient. On le tourmenta d’abord sur le chevalet, on le déchira au moyen d’ongles de fer ; ensuite on lui perça la plante des pieds avec des clous rougis au feu. On le frappa à coups de bâtons et on lui brûla les flancs en y appliquant des torches ardentes.
Voyant la constance du Martyr au milieu de toutes ces souffrances, le tribun Respice se convertit aussitôt à la foi du Christ le Seigneur, et déclara publiquement qu’il était Chrétien.
Après avoir infligé à celui-ci de cruels supplices, on le traîna avec Tryphon devant l’idole de Jupiter ; mais à peine Tryphon eut-il prié, que la statue tomba. Accablés, pour ce fait, de coups de verges plombées, ils achevèrent leur très glorieux martyre, le quatrième jour des ides de novembre.
Le même jour, une vierge, nommée Nymphe, ayant déclaré à haute voix que Jésus-Christ est le vrai Dieu, ajouta la palme du martyre à la couronne de la virginité.
Martyrologe
A Naples, en Campanie, l’anniversaire de saint André Avellin, clerc régulier et confesseur, très célèbre par la sainteté et son zèle à procurer le salut du prochain. En raison de l’éclat de ses miracles, le souverain pontife Clément XI l’a inscrit au nombre des saints.
Le même jour, l’anniversaire des saints martyrs Tryphon et Respice, et de sainte Nymphe vierge.
A Rome, l’anniversaire du pape saint Léon Ier, confesseur et docteur de l’église, qui en raison de ses éminentes vertus a reçu le surnom de Grand. De son temps fut célébré le saint Concile de Chalcédoine, dans lequel il condamna Eutychès par ses légats, et dont il confirma les décrets par son autorité. Après avoir porté de nombreuses ordonnances et composé de savants ouvrages, après avoir bien mérité de l’église de Dieu et de tout le troupeau du Seigneur, ce bon Pasteur reposa en paix. Sa fête se célèbre le 3 des ides d’avril (11 avril).
A Iconium, en Lycaonie, les saintes femmes Tryphenne et Tryphose. Instruites par la prédication du bienheureux Paul et l’exemple de Thècle, elles firent de merveilleux progrès dans la perfection chrétienne.
A Antioche, les saints Démétrius évêque, Agnan diacre, Eustose, et vingt autres martyrs.
Au territoire d’Agde, en Gaule, les saints martyrs Tibère, Modeste et Florence. Au temps de l’empereur Dioclétien, ils souffrirent divers tourments et consommèrent ainsi leur martyre.
A Ravenne, saint Probe évêque, célèbre par ses miracles.
A Orléans, en Gaule, saint Moniteur, évêque et confesseur.
En Angleterre, saint Just évêque: avec Augustin, Mellitus et quelques autres il fut envoyé par le bienheureux pape Grégoire dans cette ne pour y prêcher l’évangile; il s’y rendit célèbre par sa sainteté et s’endormit dans le Seigneur.
A Melun, en Gaule, saint Liesne confesseur.
Dans l’île de Paros, sainte Théoctiste vierge.
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