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Dimanche 10 mars – Quatrième dimanche de Carême, dit de Laetare – Sainte Catherine de Bologne, Clarisse (+ 1463) – Les saints Quarante Martyrs

Quatrième dimanche de Carême, dit de Laetare

Quatrième dimanche de Carême, dit de Laetare (1) – « La multiplication des pains, figure de la Pâque chrétienne »

En ce jour la Station se fait à Rome à Sainte-Croix-en-Jérusalem (2). Sainte Hélène, en effet, mère de Constantin, qui habitait sur le Mont Coelius un palais connu sous le nom de maison sessorienne, le transforma, pour y déposer d’importantes reliques de la vraie Croix, en un sanctuaire qui représente, en quelque sorte, Jérusalem à Rome. Aussi l’Introït, la Communion et le Trait parlent-ils de Jérusalem que S. Paul compare dans l’Épître au Mont Sinaï. C’est là que le peuple chrétien chantera le mieux sa joie « Lætare » (Intr., Ep.) pour la victoire obtenue par Jésus sur la croix à Jérusalem, et c’est là aussi que sera le mieux évoqué le souvenir de la Jérusalem céleste dont la mort de Jésus nous a rouvert les portes. C’est le motif pour lequel on bénissait autrefois dans cette église en ce jour une rose, la reine des fleurs, car ainsi que le rappellent les formules de la bénédiction — usage consacré par l’iconographie chrétienne — c’est par un jardin fleuri qu’on représente le ciel. On emploie pour cette bénédiction des ornements rosés, aussi tous les prêtres peuvent-ils célébrer aujourd’hui en ornements de cette couleur. Cet usage est passé de là au 3e dimanche de l’Avent, qui est le dimanche Gaudete « Réjouissez-vous » et qui vient au milieu de l’Avent nous exciter par une sainte allégresse à poursuivre courageusement notre laborieuse préparation à la venue de Jésus. A son tour, le dimanche Lœtare « Réjouissez-vous » est une étape au milieu de l’observance quadragésimale. L’Église y fait luire, dans l’église du Calvaire, à Rome, qui est celle de la Croix, notre espérance, un rayon de joie sur nos âmes pour nous engager à persévérer dans la lutte contre le démon, la chair et le monde jusqu’à la grande solennité de Pâques. « Réjouissez-vous, tressaillez de joie », nous dit l’Introït, car morts au péché avec Jésus pendant le Carême, nous allons bientôt ressusciter avec lui par la confession et la communion pascales. C’est pour ce motif que l’Évangile parle à la fois de la multiplication des pains et des poissons, symboles de l’Eucharistie et du Baptême, que l’on recevait autrefois en même temps à Pâques, et que l’Épître fait allusion à notre délivrance par le sacrement de Baptême (reçu autrefois par les catéchumènes à Pâques). Et si nous avons eu le malheur d’offenser Dieu gravement, c’est notre confession pascale, qui nous rendra cette liberté. Aussi l’Épître nous rappelle-t-elle, par l’allégorie de Sara et d’Agar, que le Christ nous a délivrés de la servitude du péché.

(1) Ce Dimanche, appelé Lætare, du premier mot de l’Introït de la Messe, est un des plus célèbres de l’année. L’Église, en ce jour, suspend les saintes tristesses du Carême ; les chants de la Messe ne parlent que de joie et de consolation ; l’orgue, muet aux trois Dimanches précédents, fait entendre sa voix mélodieuse ; le diacre reprend la dalmatique, le sous-diacre la tunique : et il est permis de remplacer sur les ornements sacrés la couleur violette par la couleur rose. Nous avons vu, dans l’Avent, ces mêmes rites pratiques au troisième Dimanche appelé Gaudete. Le motif de l’Église, en exprimant aujourd’hui l’allégresse dans la sainte Liturgie, est de féliciter ses enfants du zèle avec lequel ils ont déjà parcouru la moitié de la sainte carrière, et de stimuler leur ardeur pour en achever le cours. Nous avons parlé, au jeudi précédent, de ce jour central du Carême, jour d’encouragement, mais dont la solennité ecclésiastique devait être transférée au Dimanche suivant, dans la crainte qu’une trop grande liberté ne vint altérer en quelque chose l’esprit du jeune : aujourd’hui rien ne s’oppose a la joie des fidèles, et l’Église elle-même les y convie.

(2) La Station, à Rome, est dans la Basilique de Sainte-Croix-en-Jérusalem, l’une des sept principales de la ville sainte. Élevée au IVe siècle par Constantin, dans la villa de Sessorius, ce qui l’a fait appeler aussi la basilique Sessorienne, elle fut enrichie des plus précieuses reliques par sainte Hélène, qui voulait en faire comme la Jérusalem de Rome. Elle y fit transporter, dans cette pensée, une grande quantité de terre prise sur le mont du Calvaire, et déposa dans ce sanctuaire, entre autres monuments de la Passion du Sauveur, l’inscription qui était placée au-dessus de sa tête pendant qu’il expirait sur la Croix, et qu’on y vénère encore sous le nom du Titre de la Croix. Le nom de Jérusalem attaché à cette Basilique, nom qui réveille toutes les espérances du chrétien, puisqu’il rappelle la patrie céleste qui est la véritable Jérusalem dont nous sommes encore exilés, a porté dès l’antiquité les souverains Pontifes à la choisir pour la Station d’aujourd’hui. Jusqu’à l’époque du séjour des Papes à Avignon, c’était dans son enceinte qu’était inaugurée la Rose d’or, cérémonie qui s’accomplit de nos jours dans le palais où le Pape fait sa résidence.

Le Dimanche de la Rose. La bénédiction de la Rose d’or est donc encore un des rites particuliers du quatrième Dimanche de Carême : et c’est ce qui lui a fait donner aussi le nom de Dimanche de la Rose. Les idées gracieuses que réveille cette fleur sont en harmonie avec les sentiments que l’Église aujourd’hui veut inspirer à ses enfants, auxquels la joyeuse Pâque va bientôt ouvrir un printemps spirituel, dont celui de la nature n’est qu’une faible image : aussi cette institution remonte-t-elle très-haut dans les siècles. Nous la trouvons déjà établie dès le temps de saint Léon IX ; et il nous reste encore un sermon sur la Rose d’or, que le grand Innocent III prononça en ce jour, dans la Basilique de Sainte-Croix-en-Jérusalem. Au moyen âge, quand le Pape résidait encore au palais de Latran, après avoir béni la Rose, il partait en cavalcade, la mitre en tête, avec tout le sacré Collège, pour l’Église de la Station, tenant cette fleur symbolique à la main. Arrivé à la Basilique, il prononçait un discours sur les mystères que représente la Rose par sa beauté, sa couleur et son parfum. On célébrait ensuite la Messe. Quand elle était terminée, le Pontife revenait dans le même cortège au palais de Latran, toujours en cavalcade, et traversait l’immense plaine qui sépare les deux Basiliques, portant toujours dans sa main la fleur mystérieuse dont l’aspect réjouissait le peuple de Rome. A l’arrivée au seuil du palais, s’il y avait dans le cortège quelque prince, c’était à lui de tenir l’étrier et d’aider le Pontife à descendre de cheval ; il recevait en récompense de sa filiale courtoisie cette Rose, objet de tant d’honneurs et de tant d’allégresse. De nos jours, la fonction n’est plus aussi imposante ; mais elle a conservé tous ses rites principaux. Le Pape bénit la Rose d’or dans la Salle des parements, il l’oint du Saint-Chrême, et répand dessus une poudre parfumée, selon le rite usité autrefois ; et quand le moment de la Messe solennelle est arrivé, il entre dans la chapelle du palais, tenant la fleur mystique entre ses mains. Durant le saint Sacrifice, elle est placée sur l’autel et fixée sur un rosier en or disposé pour la recevoir ; enfin, quand la Messe est terminée, on l’apporte au Pontife, qui sort de la chapelle la tenant encore entre ses mains jusqu’à la Salle des parements. Il est d’usage assez ordinaire que cette Rose soit envoyée par le Pape à quelque prince ou à quelque princesse qu’il veut honorer ; d’autres fois, c’est une ville ou une Église qui obtiennent cette distinction.

Catherine a été canonisée en 1712 par le Pape Clément XI.

Sanctoral

Sainte Catherine de Bologne, Clarisse (+ 1463)

Catherine est née à Bologne en 1413, enfant de la famille patricienne des Vigri, proche des seigneurs de Ferrare. Son père ayant été chargé par Nicolas III de Ferrare d’un poste important à la cour, elle devint la compagne de Marguerite, princesse de Ferrare et partagea ses jeux et son éducation raffinée. Catherine fut ainsi capable de lire et d’écrire en latin, et apprit aussi la peinture et l’art de la miniature religieuse. Une grande partie du temps était aussi consacrée à l’étude de la religion et de la philosophie chrétienne. Catherine prenait part aux bals et aux plaisirs qu’appréciait cette jeunesse princière, on disait d’elle qu’elle était belle, et que les bons partis se pressaient auprès d’elle. Toutefois, elle avait des goûts plus simples, elle aimait la solitude, et refusait obstinément de se marier. Quand sa compagne Marguerite épousa Roberto Malatesta, prince de Rimini, elle ne voulut toutefois pas la suivre, malgré ses objurgations, et préféra consacrer sa vie à la prière et aux œuvres charitables. Malgré les réticences et la tristesse de ses parents, elle partit donc rejoindre une communauté de dames pieuses qui faisaient partie d’un Tiers-ordre d’inspiration augustinienne. Conseillées par des franciscains, elles transformèrent leur communauté en monastère de Clarisses. Catherine y prononça ses vœux en 1432. Elle y était chargée de la formation des novices. Rapidement, elle fut favorisée de visions, d’extases, mais aussi de tentations, de doutes. Elle bénéficia d’une vision de Notre-Dame la nuit de Noël 1445 qui lui présenta l’Enfant Jésus. Elle vit aussi saint François d’Assise lui montrant ses stigmates.

Ses sœurs admiraient son application, son bon sens, et sa profonde piété. En 1455, le vicaire général de l’Observance avait obtenu du Pape Calixte III un bref autorisant la fondation de monastères de Clarisses en divers points d’Italie. Quelques chevaliers furent ainsi envoyés depuis Bologne jusqu’à Ferrare pour y demander l’envoi de religieuses. Catherine fut de celles-ci, et fut désignée comme abbesse de la nouvelle fondation. Elle arriva dans sa ville natale, le 22 juillet 1456, et fut solennellement accueillie par le cardinal Bessarion, légat du Pape, et par le cardinal archevêque de la ville, suivi du clergé, du Sénat, et de toute la population. Catherine s’y distingua par sa profonde vie spirituelle, et par ses conseils avisés aux sœurs du monastère. Elle passa 7 ans à Bologne et mourut le 9 mars 1463. Aussitôt des miracles se produisirent sur son tombeau, à tel point que sa dépouille, seulement 18 jours après ses obsèques, fut exposée à la vénération des sœurs et des fidèles. On l’installa sous un baldaquin dans une chapelle de l’église Corpus Domini du monastère, où elle se trouve toujours. Catherine a été canonisée en 1712 par le Pape Clément XI.

Les 40 martyrs de Sébaste, chantés par saint Basile et par saint Grégoire de Nysse, obtinrent, dès le haut moyen âge, une grande célébrité.

Les saints Quarante Martyrs

Vers l’an 320, sous l’empereur Licinius et le gouverneur Agricola, à Sébaste en Arménie, quarante soldats firent briller d’un vif éclat leur foi en Jésus-Christ et leur courage à souffrir les tourments. Après qu’on les eut jetés à diverses reprises dans une affreuse prison, chargés de chaînes, et qu’on leur eut brisé les mâchoires à coups de pierres, on leur fit passer la nuit sur un étang glacé, nus, exposés à la rigueur de l’air dans le temps le plus rigoureux de l’hiver afin qu’ils mourussent de froid. Or, une même prière était celle de tous : « Seigneur, disaient-ils, nous sommes entrés quarante dans la lice ; accordez-nous d’être aussi quarante à recevoir la couronne, et qu’il n’en manque pas un à ce nombre. Il est en honneur, ce nombre que vous avez consacré par un jeûne de quarante jours, ce nombre par le moyen duquel la loi divine fut donnée au monde ; et c’est aussi en cherchant Dieu par un jeûne de quarante jours qu’Élie a obtenu de le voir. »

Telle était leur prière. Un des gardiens veillait, alors que les autres s’étaient abandonnés au sommeil ; pendant que les Martyrs priaient, il aperçut une lumière qui les environnait et des Anges qui descendaient du ciel pour donner des couronnes à trente-neuf soldats, comme de la part de leur roi. A cette vue, il se dit en lui-même : Ils sont quarante, où donc est la couronne du quarantième ? Tandis qu’il avait cette pensée, un d’entre eux manquant de courage pour supporter le froid, se jeta dans un bain d’eau tiède qui était proche, et affligea profondément les saints par sa désertion. Mais Dieu ne permit pas que leurs prières demeurassent sans effet, car le gardien émerveillé de ce qu’il venait de voir, réveilla aussitôt ses compagnons, puis, ayant ôté ses vêtements et publié à haute voix qu’il était chrétien, il alla se joindre aux Martyrs. Quand les satellites du gouverneur eurent appris que ce gardien était chrétien, ils leur brisèrent à tous les jambes à coups de bâtons. Tous moururent dans ce supplice, excepté le plus jeune, nommé Mélithon. Sa mère qui était présente, le voyant encore en vie, bien qu’il eût les jambes rompues, l’exhorta en ces termes : « Mon fils, souffre encore un peu, voici que le Christ se tient à la porte, t’aidant de son secours ». Lorsqu’elle vit qu’on chargeait sur des chariots les corps des autres Martyrs pour les jeter dans un bûcher et qu’on laissait le corps de son fils, parce que cette troupe impie espérait amener l’adolescent au culte des idoles, s’il survivait, cette sainte mère, l’ayant pris sur ses épaules, suivit les chariots qui portaient les corps des Martyrs. Mélithon rendit son âme à Dieu dans les embrassements de sa pieuse mère, et elle plaça son corps sur le même bûcher qui devait consumer les restes des autres Martyrs : en sorte que ceux qui avaient été si étroitement unis par la foi et le courage le furent encore après la mort dans les mêmes funérailles, et parvinrent au ciel tous ensemble.

Leurs corps étant brûlés, on jeta leurs ossements dans une rivière, mais on retrouva ces reliques conservées et entières, dans un même lieu où elles s’étaient miraculeusement réunies, et on les ensevelit avec honneur. Ils furent donc unis dans la mort comme dans la vie, et leurs âmes entrèrent en même temps au ciel. « Qu’il est doux pour des frères d’habiter ensemble! ». La Communion, qui fait allusion à cette charité fraternelle, est la même que celle des sept saints martyrs fêtés avec leur mère le 10 juillet. Jusque dans la légende, on voit la grande idée que les chrétiens se faisaient du martyre, et de la fraternité chrétienne, dans la fidélité au Christ.

Les 40 martyrs de Sébaste, chantés par saint Basile et par saint Grégoire de Nysse, obtinrent, dès le haut moyen âge, une grande célébrité même en Occident, et leur mémoire pénétra dans le Missel romain grâce aux diverses églises médiévales que leur dédia la Ville éternelle. Ainsi au XIIe siècle, Callixte II leur érigea un petit oratoire au pied du Janicule, non loin du titre transtévérin de Callixte. Une autre église sous leur vocable s’élevait près de l’antique Camp Prétorien, et elle est mentionnée à l’époque d’Innocent IV. Plus près du centre de la Ville, sur la voie papale, s’élevait le temple Sanctorum Quadraginta de calcarariis, consacré aujourd’hui aux stigmates de saint François ; et enfin, à proximité de l’amphithéâtre Flavien, se trouvait le temple Sanctorum Quadraginta, titre cardinalice aujourd’hui détruit.

Martyrologe

Les saints Quarante martyrs, dont l’anniversaire est rappelé le jour précédent.

A Apamée, en Phrygie, l’anniversaire des saints martyrs Caïus et Alexandre. Suivant ce qu’a écrit Apollinaire, évêque d’Hiérapolis, dans son livre contre les hérétiques Cataphrygiens; ils reçurent la glorieuse couronne du martyre durant la persécution de Marc Antonin et de Lucius Verus.

En Perse, la passion de quarante deux saints martyrs.

A Corinthe, les saints martyrs Codrat, Denis, Cyprien, Anect, Paul et Crescent. Ils furent frappés par le glaive, pendant la persécution de Dèce et de Valérien, sous le préfet Jason.

En Afrique, saint Victor martyr, en la fête duquel saint Augustin donna un sermon au peuple.

A Rome, saint Simplice, pape et confesseur. A Jérusalem, saint Macaire, évêque et confesseur. C’est à son instigation que les Lieux Saints furent purifiés et enrichis de saintes basiliques par Constantin le Grand et la bienheureuse Hélène, sa mère.

A Paris, la mise au tombeau de saint Droctovée abbé, disciple du bienheureux évêque Germain.

Au monastère de Bobbio, saint Attale abbé, célèbre par ses miracles.

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