Kiev a accusé les militaires russes de crimes monstrueux contre la population civile de Boutcha (région de Kiev). Les forces armées russe ont quitté cette localité le 30 mars et quatre jours plus tard le camp ukrainien diffusait un message sur la « sauvagerie des occupants », ainsi que des vidéos et photographies montrant des rues jonchées de cadavres. Cette annonce a été qualifiée de provocation par le Ministère de la Défense russe. « Les Izvestia » retracent ci-dessous la chronologie des évènements, les énormités de la version ukrainienne sur ce qui s’est produit à Boutcha, les noms des possibles auteurs de cette mise en scène et coupables des victimes parmi la population civile.

Vidéo choc

Les journaux, sites d’information et chaînes de télé ont accusé à la hâte la Russie d’une tuerie de masse de la population civile dans la banlieue de Kiev. La cause de telles accusations étaient des images diffusées par le camp ukrainien montrant des corps d’hommes abattus, portant des vêtements civils. Les cadavres filmés jonchaient littéralement une rue de Boutcha, puis ces photos ont été diffusées sur les messageries. Quelques-unes des victimes ont les mains liées derrière le dos. Le 3 avril, Reuters, le Wall Street Journal, le service russe de la BBC et d’autres médias ont publié de manière synchronisée la version du massacre par les Russes de simples Ukrainiens dans les rues. Après une attaque médiatique massive les politiciens européens y compris des chefs d’État ont accusé les militaires russes de s’être vengés sans tenir compte du droit. De plus les appels à renforcer la pression sur la Russie ont commencé quelques heures à peine après l’apparition des premières photos choquantes. Sans aucune enquête, aucune reconnaissance des victimes et autres expertises, le président de la République française brandissait la menace de nouvelles sanctions.

« Ce qui s’est déroulé à Boutcha nous contraint à adopter une nouvelle série de sanctions. Nous projetons de coordonner nos efforts avec nos partenaires européens, en particulier l’Allemagne » a déclaré le chef de la Ve République, oublieux de la présomption d’innocence.

Comme prévu le Ministère des Affaires Étrangères britannique en la personne de Liz Truss a violemment chargé la Russie, faisant tout de même allusion à la nécessité d’une enquête.

« Indignée par la barbarie à Boutcha et dans d’autres villes d’Ukraine. Les informations selon lesquelles des militaires russes s’attaquent à des civils innocents suscitent le dégout. La Grande-Bretagne travaille avec ses alliés pour rassembler les preuves et le soutien à une enquête sur des crimes de guerre. Les coupables devront rendre des comptes ». a écrit Truss sur les réseaux sociaux. Le Pentagone s’est au contraire exprimé au sujet des évènements de la banlieue de Kiev de façon beaucoup plus mesurée. La déclaration n’est apparue que le 4 avril, après qu’aient surgi des questions inconfortables pour les diffuseurs de ces vidéos et photographies.

« Nous ne pouvons confirmer de source indépendante les informations sur la sauvagerie à Boutcha… » a déclaré le fonctionnaire haut placé, source de l’agence Reuters.

Réaction de défense

La Russie a démenti toutes les accusations de crimes de guerre — le porte-parole du président Dimitri Peskov a catégoriquement démenti toute participation à des assassinats de civils. Il a ajouté que les spécialistes du Ministère de la Défense de Russie avaient découvert des signes de contrefaçon dans les vidéos et autres « fake ».

« La situation est sans aucun doute préoccupante, et nous avons exigé, pour que beaucoup de dirigeants internationaux ne se précipitent pas inconsidérément à faire des accusations en bloc, mais qu’ils demandent des informations à diverses sources, et au minimum qu’ils écoutent notre argumentation » a dit Peskov

En fait, on a privé la Russie de présenter ses arguments sur la scène internationale le 4 avril — la Grande-Bretagne a refusé son accord à une convocation du Coneil de Sécurité de l’ONU sur Boutcha, initiée par la Russie.

Rappelons que les militaires russes ont occupé Boutcha au début des opérations militaires, à la suite de durs combats. La ville a été contrôlée par les forces russes et celles de la République du Donbass plus d’un mois, bien celui-ci ne s’étende pas sur toue la localité. Cependant le groupe de forces armées s’est installé sur ses positions et les a tenues jusqu’au repli organisé des troupes.

« Nous souhaitons particulièrement souligner que tous les détachements russes ont quitté Boutcha dès le 30 mars, le jour suivant les négociations de visu entre Russie et Ukraine en Turquie » a déclaré le Ministère de la Défense Russe.

Les points faibles du scénario

S’il n’est pas très difficile de tromper les lecteurs et les spectateurs occidentaux peu au courant des préambules du conflit, l’auditoire russophone après de nombreux « fake » ukrainiens ont développé une réflexion critique en regardant les vidéos ukrainiennes.

Il n’est as exclu qu’au moment des combats à Boutcha il y ait eu des victimes civiles si l’on considère le tactique militaire des Ukrainiens de faire feu à partir des quartiers d’habitation et de se servir des civils comme de boucliers vivants.

« Des opérations militaires se sont déroulées pendant plus d’un mois. La ligne de front traversait la ville. Il y a avait des affrontements violents. Lorsque des affrontements violents sont en cours les gens ne sortent pas en masse se promener. Dans le matériel présenté par le camp ukrainien, on peut voir des rues où les cadavres sont entassés. Un nombre et une densité étrange, comme si toute la rue était sortie, du reste uniquement les hommes pour assister au feu d’artifice. Ça saute aux yeux immédiatement. » a raconté le vice-ministre de l’information de la RPD Daniil Bezsonov.

Cependant, on soulignait au Ministère de la Défense que pendant la période où la ville était sous le contrôle des forces russes aucun civil n’a souffert de violences.

Bezsonov a attiré l’attention sur le fait que les visages des victimes n’étaient pas montrés dans les reportages. Les metteurs en scène ont également négligé des détails évidents pour des criminologues ou des médecins.

« Toutes les photos et vidéos publiées par le régime de Kiev témoignant de « crimes » des militaires russes dans la ville de Boutcha, région de Kiev, sont une provocation de plus. Le fait que les corps des gens, dont les formes ont été publiées par le régime de Kiev, ne soient pas raidies en quatre jours, ne présentent pas les taches caractéristiques des cadavres, que le sang des blessures ne soit pas coagulé, provoque particulièrement le malaise »  dit-on au Ministère de la Défense.

Ma langue est mon ennemi

Il y avait de sérieuses raisons de douter dès le début, mais les politiciens occidentaux et les médias mondiaux les ont ignorées ouvertement. Les images de « barbarie russe »ne sont pas les premières vidéos pro-ukrainiennes venues de Boutcha. Le déluge d’informations et les déclarations officielles de Kiev sont en contradiction directe avec le film des Forces Spéciales de la Garde Nationale ukrainienne, les premières à entrer dans Boutcha. Les combattants n’ont trouvé aucun cadavre sur les routes de la bourgade en dehors d’un corps gisant à la sortie de Gostomel. Les habitants de la ville n’ont rien dit aux gardes nationaux sur des fusillades ou des vengeances. Seul un d’entre eux a fait allusion à une affaire où on avait voulu le fusiller pour des symboles, avant de changer d’avis. La vidéo est accessible jusqu’à maintenant, elle a été vue par 1,3 million de spectateurs.

La bravade prématurée des nationalistes qui s’arrogeait la libération de la localité (rappelons que le départ des troupes russes de Kiev et Tcherningov était dû au résultat des négociations et une partie du plan de redéploiement de l’armée russe) est devenue une des preuves indirectes d’une mise en scène de guerre. Le 31 mars le maire de Boutcha a déclaré qu’il n’y avait plus de soldats russes en ville. Rien, dans sa vidéo, ne parlait d’habitants fusillés les mains liées sur les routes.

Un jour avant les nouvelles sur les « victimes militaires russes »  le 2 mars, sont apparues d’autres images, prises par des représentants des formations militaires ukrainiennes, procédant au nettoyage de la localité. Les hommes abattus sur les images peuvent parfaitement avoir été victimes de l’opération de nettoyage menée conjointement par les membres de la police nationale ukrainienne et les détachement de défense territoriale, pense le correspondant de guerre Alexandre Kots, qui s’est trouvé quelques jours dans la région.

« Parmi eux, le détachement d’un certain Botsman » écrit le correspondant de guerre sur sa chaîne Telegram.

Sur les images prises par les combattants eux-mêmes, on entend une réplique significative qui jette la lumière sur la façon dont sont apparus les cadavres dans la ville abandonnée par les Russes.

« Voilà un mec sans brassard bleu, je peux lui tirer dessus ? » demande un combattant ukrainien. « Et alors ! » répond brièvement son supérieur, sans doute Botsman lui-même. Ce genre d’ordre peut avoir déclenché la fusillade en masse de gens sans signes distinctifs et des hommes portant un brassard blanc sur l’épaule.

Il convient de préciser que les brassards bleus sont utilisés par les hommes de la défense territoriale et ceux des forces armées ukrainiennes. Les troupes russes, les forces de la RPD et de la PDL se servent de brassards blancs, écrit Kots. Les civils dans les localités contrôlées par les forces armées russes portaient aussi des brassards blancs.

Kots a déclaré sur sa chaîne que le couvre-feu avait été instauré en ville du 2 au 5 avril, ajoutant une capture d’écran de la page officielle de la mairie. Il n’est pas exclu que cette mesure ait été adoptée pour échapper aux témoins indésirables au moment de la mise en scène.

« Les gens n’en n’ont pas discuté — ile faut, c’est comme ça, voilà l’essentiel — ne mettez pas le nez dehors, ne dérangez pas nos soldats. Cette annonce n’est plus trouvable sur le chat, elle a disparu, et tous les commentaires des habitants de Boutcha au-dessous. Ce couvre-feu incompréhensible s’est terminé tout seul hier, bien qu’en principe il devait se poursuivre jusqu’au 5 avril. Les habitants de Boutcha étaient-ils confinés chez eux pour ne pas perturber le spectacle organisé ? »

Il n’est pas exclu que les cadavres victimes de fusillade par les hommes de la défense territoriale ait été disposé comme un échiquier, pour produire un tableau à effet maximal sur les journalistes « souhaités ».

« Les cadavres sont disposés sur toute la route à intervalles équidistants l’un de l’autre. Mise en scène spéciale. C’est une production sans talent de gens tentant de démontrer « la barbarie de l’armée russe ». Ces « fake » ont déferlé sur la Russie depuis les premiers jours de l’opération spéciale en Ukraine, comme des bombes à fragmentation. On assiste maintenant à une nouvelle vague. Ils présentent leurs actes comme ceux de l’armée russe. » a commenté l’observateur militaire des « Izvestia » Victor Litovkine.

La falsification manifeste a sauté aux yeux dans le rétroviseur d’une équipe de tournage, où l’on voyait distinctement le corps d’une victime se redresser et s’asseoir

Un autre détail attire l’attention — les mains liées dans le dos des cadavres sur les images. Selon les vétérans de la RPD, les combattants des bataillons nationalistes ne courent pas seulement vers les extrémités attachées pour s’assurer de l’immobilité définitive de leurs victimes, mais aussi pour pouvoir les transporter plus facilement. Il n’est pas exclu qu’on ait transporté les cadavres vers le lieu du tournage.

Les multiples erreurs techniques ne pas seules à révéler que les Russes n’ont rien à voir avec les tueries de Boutcha. Il y a aussi l’absence de motifs des forces armées russes et RPD de faire preuve d’une cruauté injustifiée envers des citoyens ordinaire. Si paradoxal que cela paraisse, la barbarie des Russes est utile exclusivement à Kiev pour augmenter la pression sur l’adversaire présenté comme violant les normes internationales humanitaires.

« Srebrenica » est l’exemple le plus éclatant d’une manipulation des faits réussie. Sous ce terme les spécialistes des Balkans ne désignent pas seulement un lieu géographique, une localité, mais aussi le génocide de la population musulmane qui aurait été mené par les troupes serbes en 1995. Cependant la question de savoir qui a ouvert le feu sur une colonne de civils se déplaçant de Srebrenica à Touzlou, ainsi que le nombre exact de victimes reste sujet à débat, un certain nombre de spécialistes considèrent que c’était une provocation. Selon différentes évaluations, les opérations militaires auraient provoqué de 5 à 27 victimes. Srebrenica devint un des instruments les plus importants de la rhétorique antiserbe pendant de longues années.

Architectes du « fake »

Retournons à Botsman, qui a participé au nettoyage et sans doute donné carte blanche pour tirer sur tous les hommes ne portant pas de brassard bleu (En tout cas la voix hors écran qu’on entend sur la vidéo mise sur son compte dans les réseaux sociaux). Sous le surnom de Botsman se cache le néo-nazi ethniquement russe Sergueï Korotkikh. En septembre de l’année dernière, un tribunal de Moscou a ouvert une procédure par contumace contre lui pour une série de meurtres à Moscou, accomplis par haine nationale. Selon les enquêteurs, il aurait participé au meurtre d’un habitant du Daghestan, originaire d’Asie Centrale. Ce forfait retentissant avait été filmé et envoyé aux médias. La déposition contre Botsman avait été faite par un des condamnés, qui se suicida plus tard en prison, Maxime Martsinkevitch, pour connu sous le surnom de Tessak.

« Le massacre » de Boutcha n’avait pas seulement des machinistes mais aussi un metteur en scène. Plusieurs chaînes Telegram soupçonnèrent aussitôt la participation de Marie Orlov, principale réalisatrice de la chaîne musicale O-TV appartenant à Vadim Rabbinovitch. Sa participation est, en particulier, annoncée sur la page de Jacob Kedmi.

Comme le raconte la gérante de média dans une interview, elle s’est retrouvée dans le show-biz dès l’adolescence, étoile de l’émission russe « brain-ring », dans les 15 premières émissions en direct. Avec le temps elle atteignit la « première émission nationale ». Elle travaillait avant tout dans les programmes de divertissement, les talk-shows, elle fut l’animatrice du concours « Eurovision » de 2004 à 2009.

« Nous vivons une époque très intéressante, le siècle de la technologie et des possibilités. Et nous sortons petit à petit du format des médias traditionnels. Je pense que le succès couronne ceux qui n’ont pas peur d’expérimenter et vivent avec leur temps » dit l’animatrice de télévision en 2016. Ensuite elle se maria à un entrepreneur israelien et mit un enfant au monde.

Le procureur général de Russie a entamé la vérification des publications diffusées sur la situation à Boutcha.

« Les circonstances de la fabrication et de la diffusion publique d’informations notoirement mensongères présentées comme dignes de confiance seront établies et on leur donnera les suites judiciaires qui conviennent » ont communiqué leurs services.

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