Les hérésies du pape François sont toujours plus au cœur des préoccupations de quelques évêques et théologiens conservateurs, au profil séduisant pour des fidèles conciliaires attachés à des formes liturgiques plus traditionnelles et défenseurs des normes morales fondées sur la loi naturelle.

Après les dubia envoyés par quatre cardinaux au pape François au sujet d’Amoris Laetitia, après la « Correction fraternelle » signée par quelque 70 « savants catholiques » en septembre 2017 qui condamnait « sept propositions hérétiques » favorisées par cette même encyclique, courant mars 2019, Mgr Schneider faisait paraître une étude personnelle sur la question du pape hérétique, dont un théologien traditionnel, l’abbé Gleize, dans la revue Le Courrier de Rome, n° 620, avril 2019, a fait une remarquable analyse critique en démontrant les limites de cette « vision héritée de la nouvelle théologie ».

Ce mois-ci, une vingtaine de théologiens et universitaires catholiques ont décider de publier une lettre ouverte aux « évêques de l’Eglise catholique » pour, premièrement, « accuser le pape François du délit canonique d’hérésie », et deuxièmement, leur demander « de prendre les mesures nécessaires pour réagir à la situation grave d’un pape hérétique ».

Un lecteur de ce document note avec justesse que l’on peut déplorer « l’absence totale de condamnations du concile Vatican II et les références à Jean Paul II et au magistère conciliaire. Ce qui rend ce document sans grande valeur théologique puisque les hérésies du Pape François ne sont que le développement logique des erreurs et de l’esprit conciliaire. Cette réaction, aussi louable soit-elle, se situe dans la logique de ceux qui pensent pouvoir concilier le concile Vatican II et la tradition catholique de l’Eglise ».

Mais souligne-t-il, et nous adhérons à sa réflexion, ce texte a cependant un intérêt majeur qui se trouve dans l’annexe :

« Les universitaires rappellent les positions catholiques en ce qui concerne la situation d’un pape hérétique. Et force est de constater que la position de Mgr Lefebvre était la bonne : d’une part ne pas se soumettre à un pape qui professe des hérésies et d’autre part impossibilité d’affirmer que le pape est automatiquement déchu de son autorité par l’affirmation d’hérésies (sédévacantisme). »

Ci-dessous la traduction cette lettre ouverte, effectuée par la journaliste Jeanne Smits :

« Eminence, Béatitude, Excellence,

Nous vous adressons cette lettre pour deux raisons : premièrement, pour accuser le Pape François du délit canonique d’hérésie, et deuxièmement, pour vous demander de prendre les mesures nécessaires pour réagir à la situation grave d’un pape hérétique.

Nous prenons cette initiative en guise de solution de dernier recours pour répondre à l’accumulation de dommages causés par les paroles et les actions du pape François depuis plusieurs années, qui ont donné lieu à l’une des pires crises que l’Église catholique ait connues au long de son histoire.

Nous accusons le Pape François du délit canonique d’hérésie. Pour que le délit canonique d’hérésie soit constitué, deux conditions sont requises : la personne en question doit mettre en doute ou nier, par des paroles et (ou) par des actes publics, une vérité de la foi catholique révélée par Dieu et qui doit être crue de foi divine et catholique ; et ce doute ou cette négation doit être obstiné, c’est-à-dire, la personne doit avoir conscience de ce que la vérité mise en doute ou niée a été enseignée par l’Église catholique comme une vérité révélée par Dieu et qui doit être cru avec l’assentiment de la foi ; le doute ou le déni doit être permanent.

Certes, accuser un pape d’hérésie constitue une mesure extraordinaire qui doit être fondée sur des preuves solides,  maisces deux conditions ont été manifestement remplies par le pape François. Nous ne l’accusons pas d’avoir commis le délit d’hérésie chaque fois qu’il a semblé contredire publiquement une vérité de la foi. Nous nous limitons à l’accuser d’hérésie lorsqu’il a publiquement nié les vérités de la foi, et qu’il a ensuite agi d’une manière qui démontre qu’il ne croit pas ces vérités qu’il a publiquement niées. Nous ne prétendons pas qu’il ait nié les vérités de la foi dans des déclarations qui remplissent les conditions d’un enseignement papal infaillible. Nous affirmons que ce serait impossible, car ce serait incompatible avec la direction donnée à l’Église par l’Esprit Saint. Nous contestons que cela puisse même sembler avoir été le cas aux yeux de toute personne raisonnable, puisque le pape François n’a jamais fait une déclaration qui remplisse les conditions d’infaillibilité.

Nous accusons le Pape François d’avoir, par ses paroles et ses actes, fait montre publiquement et avec obstination de sa croyance dans les propositions suivantes qui contredisent la vérité révélée par Dieu (pour chaque proposition, nous fournissons une sélection d’enseignements bibliques et magistériels qui les condamnent comme contraires à la révélation divine ; ces références sont probantes mais ne prétendent pas être exhaustives).

I. Une personne justifiée n’a pas la force avec la grâce de Dieu d’accomplir les exigences objectives de la loi divine, comme si l’un quelconque des commandements de Dieu était impossible pour le justifié, ou comme si la grâce de Dieu, quand elle accomplit la justification d’un individu, ne produisait pas invariablement et de par sa nature la conversion par rapport à tout péché grave, ou ne suffisait pas à convertir de tout péché grave.

[Concile de Trente, session 6, canon 18 : « Si quelqu’un dit que les commandements de Dieu sont impossibles même pour un homme qui est justifié et établi dans la grâce, qu’il soit anathème » (DH 1568).
Voir aussi : Gen. 4:7 ; Dt. 30:11-19 ; Ecclésiastique 15:11-22 ; Mc 8:38 ; Lc 9:26 ; Héb. 10:26-29 ; 1 Jean. 5 :17 ; Zosime, 15e (ou 16e) Synode de Carthage, canon 3 sur la grâce, DH 225 ; Félix III, 2e Synode d’Orange, DH 397 ; Concile de Trente, Session 5, canon 5 ; Session 6, canons 18-20, 22, 27 et 29 ; Pie V, Bulle Ex omnibus afflictionibus, sur les erreurs de Michel de Bay, 54, DH 1954 ; Innocent X, Constitution Cum occasione, Sur les erreurs de Cornelius Jansen, 1, DH 2001 ; Clément XI, Constitution Unigenitus, Sur les erreurs de Pasquier Quesnel, 71, DH 2471 ; Jean-Paul II, Exhortation apostolique Reconciliatio et paenitentia 17 : AAS 77 (1985) : 222 ; Veritatis splendor 65-70 : AAS 85 (1993) : 1185-89, DH 4964-67.]

II. Un croyant chrétien peut avoir la pleine connaissance d’une loi divine et choisir volontairement de la violer dans une affaire grave, mais ne pas être dans un état de péché mortel à la suite de cette action.

Concile de Trente, session 6, canon 20 : « Si quelqu’un dit qu’un homme justifié, aussi parfait soit-il, n’est pas tenu d’observer les commandements de Dieu et de l’Église, mais est tenu seulement de croire, comme si l’Evangile n’était qu’une promesse absolue de vie éternelle sans la condition que les commandements soient observés, qu’il soit anathème » (DH 1570).

Voir aussi : Mc 8, 38 ; Lc 9, 26 ; Héb 10, 26-29 ; 1 Jean 5, 17 ; Concile de Trente, session 6, canons 19 et 27 ; Clément XI, Constitution Unigenitus, Sur les erreurs de Pasquier Quesnel, 71, DH 2471 ; Jean-Paul II, Exhortation apostolique Reconciliatio et paenitentia 17 : AAS 77 (1985) : 222 ; Veritatis splendor, 65-70 : AAS 85 (1993) : 1185-89, DH 4964-67.]

III. Une personne est capable, tout en obéissant à une interdiction divine, de pécher contre Dieu par cet acte même d’obéissance.

[Ps. 18:8 : « La loi du Seigneur est sans tache, elle restaure les âmes. »

Voir aussi : Ecclésiastique 15:21 ; Concile de Trente, session 6, canon 20 ; Clément XI, Constitution Unigenitus, Sur les erreurs de Pasquier Quesnel, 71, DH 2471 ; Léon XIII, Libertas praestantissimum, ASS 20 (1887-88) : 598 (DH 3248) ; Jean Paul II, Veritatis splendor, 40 : AAS 85 (1993) : 1165 (DH 4953)].

IV. La conscience peut vraiment et à juste titre juger que les actes sexuels entre des personnes qui ont contracté un mariage civil l’une avec l’autre, bien que l’une d’elles ou les deux soient sacramentellement mariée(s) à une autre personne, peuvent parfois être moralement justes, voire voulus ou même commandés par Dieu.

[Concile de Trente, session 6, canon 21 : « Si quelqu’un dit que Jésus-Christ a été donné par Dieu aux hommes comme le rédempteur en qui ils doivent avoir confiance, mais non comme un législateur auquel ils sont tenus d’obéir, qu’il soit anathème », DH 1571.

Concile de Trente, session 24, canon 2 : « Si quelqu’un dit qu’il est permis aux chrétiens d’avoir plusieurs femmes en même temps, et que cela n’est interdit par aucune loi divine, qu’il soit anathème », DH 1802.

Concile de Trente, session 24, canon 5 : « Si quelqu’un dit que le lien du mariage peut être dissous à cause de l’hérésie ou des difficultés de cohabitation ou à cause de l’absence volontaire de l’un des époux, qu’il soit anathème », DH 1805.

Concile de Trente, session 24, canon 7 : « Si quelqu’un dit que l’Eglise est dans l’erreur pour avoir enseigné et enseigner encore que, selon la doctrine évangélique et apostolique, le lien du mariage ne peut être dissous à cause de l’adultère de l’un des époux et que ni l’un ni l’autre, pas même l’innocent qui n’a donné aucune cause d’infidélité, ne peut contracter un autre mariage du vivant de l’autre, et que le mari qui renvoie une femme adultère et se remarie et que la femme qui renvoie un mari adultère et se remarie soit coupable d’adultère, qu’il soit anathème », DH 1807.

Voir aussi : Ps. 5:5 ; Ps. 18:8-9 ; Ecclésiastique 15:21 ; Héb. 10:26-29 ; Jas. 1:13 ; 1 Jn. 3:7 ; Innocent XI, Propositions condamnées des “Laxistes”, 62-63, DH 2162-63 ; Clément XI, Constitution Unigenitus, Sur les erreurs de Pasquier Quesnel, 71, DH 2471 ; Léon XIII, Lettre encyclique Libertas praestantissimum, ASS 20 (1887-88) : 598, DH 3248 ; Pie XII, Décret du Saint-Office sur l’éthique des situations, DH 3918 ; 2e Concile du Vatican, Constitution pastorale Gaudium et spes, 16 ; Jean-Paul II, Veritatis splendor, 54 : AAS 85 (1993) : 1177 ; Catéchisme de l’Église catholique, 1786-87.]

V.  Il est faux que les seuls actes sexuels qui sont bons par nature et moralement licites soient les actes entre mari et femme.

[1 Corinthiens 6:9-10 : « Ne vous y trompez pas : ni les fornicateurs, ni les idolâtres, ni les adultères, 10ni les efféminés, ni les abominables, ni les voleurs, ni les avares, ni les ivrognes, ni les médisants, ni les rapaces, ne posséderont le royaume de Dieu.» ; Jude 1:7 ; « De même, Sodome et Gomorrhe, et les villes voisines, qui se livrèrent comme eux à l’impureté et à des vices contre nature, sont devant nous comme un exemple, subissant la peine du feu éternel. »

Voir aussi : Romains 1, 26-32 ; Éphésiens 5, 3-5 ; Galates 5, 19-21 ; Pie IX, Casti connubii, 10, 19-21, 73 ; Paul VI, Humanae vitae, 11-14 ; Jean Paul II, Evangelium vitae, 13-14.]

VI. Les principes moraux et les vérités morales contenus dans la Révélation divine et dans la loi naturelle n’incluent pas les interdictions négatives qui interdisent absolument certains types d’actions, dans la mesure où elles sont toujours gravement illicites en raison de leur objet.

[Jean-Paul II, Veritatis splendor 115 : « Chacun de nous sait l’importance de la doctrine qui constitue l’essentiel de l’enseignement de la présente encyclique et qui est rappelée aujourd’hui avec l’autorité du Successeur de Pierre. Chacun de nous peut mesurer la gravité de ce qui est en cause, non seulement pour les individus, mais encore pour la société entière, avec la réaffirmation de l’universalité et de l’immutabilité des commandements moraux, et en particulier de ceux qui proscrivent toujours et sans exception les actes intrinsèquement mauvais » DH 4971.

Voir aussi : Rom. 3:8 ; 1 Cor. 6:9-10 ; Gal. 5:19-21 ; Apoc. 22:15 ; 4e Concile du Latran, chapitre 22, DH 815 ; Concile de Constance, Bulle Inter cunctas, 14, DH 1254 ; Paul VI, Humanae vitae, 14:AAS 60 (1968) 490-91 ; Jean Paul II, Veritatis splendor, 83 : AAS 85 (1993) : 1199, DH 4970.]

VII. Dieu ne permet pas seulement le pluralisme et la diversité des religions, chrétiennes et non chrétiennes, les veut aussi positivement.

[Jean 14:6 ; « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Personne ne vient au Père si ce n’est par moi. »
Actes 4:11-12 : « C’est lui qui est la pierre rejetée par vous les constructeurs, et qui est devenu la pierre de l’angle, 12et il n’y a de salut en aucun autre : car aucun autre nom sous le ciel n’a été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés. »

Voir aussi Exode 22:20 ; Exode 23:24 ; 2 Chroniques 34:25 ; Psaume 95:5 ; Jérémie 10:11 ; 1 Corinthiens 8:5-6 ; Grégoire XVI, Mirari vos, 13-14 ; Pie XI, Qui pluribus, 15 ; Singulari quidem, 3-5 ; Premier Concile Vatican, Profession de foi : Léon XIII, Immortale Dei, 31 ; Satis cognitum, 3-9 ; Pie XI, Mortalium Animos, 1-2, 6].

Ces hérésies sont liées entre elles. Le fondement de la morale sexuelle catholique consiste en l’affirmation selon laquelle l’activité sexuelle est ordonnée à la procréation au sein du mariage, et qu’elle est moralement répréhensible si elle est sciemment pratiquée en dehors de ce cadre.

L’affirmation qui fait partie du (IV) ci-dessus, selon laquelle les personnes divorcées civilement de leur conjoint peuvent licitement se livrer à des activités sexuelles avec une autre personne qui n’est pas leur conjoint, rejette ce fondement. Par conséquent, affirmer la proposition IV, c’est permettre la légitimation de nombreux types d’activités sexuelles en dehors du mariage, et pas seulement des rapports sexuels entre les personnes civilement mariées. Le pape François a protégé et promu des clercs homosexuels actifs et des clercs qui ont fait apologie de l’activité homosexuelle. Cela indique qu’il croit que l’activité homosexuelle n’est pas un péché grave. Ces croyances s’inscrivent dans le cadre de la revendication plus large formulée en (V), selon laquelle tous les actes sexuels entre personnes qui ne sont pas mariées ne sont pas moralement répréhensibles. L’affirmation selon laquelle un croyant chrétien peut avoir la pleine connaissance d’une loi divine et choisir volontairement de la violer d’une manière grave, et ne pas être dans un état de péché mortel à la suite de cette action, suppose l’approbation par le Pape François de l’affirmation de Luther selon laquelle justification n’exige pas le respect de la loi divine. L’ensemble de ces positions équivaut à un rejet total de l’enseignement catholique sur le mariage et l’activité sexuelle, de l’enseignement catholique sur la nature de la loi morale et de l’enseignement catholique sur la grâce et la justification.

Preuve que le pape François est coupable du délit d’hérésie

Cette preuve est double : elle est constituée par les déclarations publiques du pape François et par ses actions publiques (les déclarations citées ci-dessous d’Amoris laetitia ne doivent pas être interprétées comme des énoncés isolés, mais selon leur véritable sens dans le contexte de l’ensemble du chapitre VIII de ce document). Ces deux formes de preuve sont liées. Les actions publiques du pape François servent à établir qu’il avait l’intention de voir comprises les déclarations publiques énumérées ci-dessous dans un sens hérétique.

(A) Les déclarations publiques du pape François contredisant les vérités de la foi

1. Amoris laetitia 295 : « Saint Jean-Paul II proposait ce qu’on appelle la “loi de gradualité”, conscient que l’être humain “connaît, aime et accomplit le bien moral en suivant les étapes d’une crois¬sance”. Ce n’est pas une “gradualité de la loi”, mais une gradualité dans l’accomplissement pru¬dent des actes libres de la part de sujets qui ne sont dans des conditions ni de comprendre, ni de valoriser ni d’observer pleinement les exigences objectives de la loi. » (I, II, IV)

2. Amoris laetitia 298 : « Les divorcés engagés dans une nouvelle union, par exemple, peuvent se retrouver dans des situations très différentes, qui ne doivent pas être cataloguées ou enfermées dans des affirma¬tions trop rigides sans laisser de place à un dis¬cernement personnel et pastoral approprié. Une chose est une seconde union consolidée dans le temps, avec de nouveaux enfants, avec une fidé¬lité prouvée, un don de soi généreux, un engage¬ment chrétien, la conscience de l’irrégularité de sa propre situation et une grande difficulté à faire marche arrière sans sentir en conscience qu’on commet de nouvelles fautes. L’Église recon-naît des situations où “l’homme et la femme ne peuvent pas, pour de graves motifs – par exemple l’éducation des enfants –, remplir l’obligation de la séparation”. Il y aussi le cas de ceux qui ont consenti d’importants efforts pour sauver le pre¬mier mariage et ont subi un abandon injuste, ou celui de “ceux qui ont contracté une seconde union en vue de l’éducation de leurs enfants, et qui ont parfois, en conscience, la certitude sub¬jective que le mariage précédent, irrémédiable¬ment détruit, n’avait jamais été valide”. Mais autre chose est une nouvelle union provenant d’un divorce récent, avec toutes les conséquences de souffrance et de confusion qui affectent les enfants et des familles entières, ou la situation d’une personne qui a régulièrement manqué à ses engagements familiaux. Il doit être clair que ceci n’est pas l’idéal que l’Évangile propose pour le mariage et la famille. Les Pères synodaux ont af¬firmé que le discernement des Pasteurs doit tou¬jours se faire “en distinguant attentivement” les situations, d’un “regard différencié”. Nous savons qu’il n’existe pas de “recettes simples”. »  (III, IV)

3. Amoris laetitia 299 : « J’accueille les considérations de beaucoup de Pères synodaux, qui sont voulu signaler que “les baptisés divorcés et remariés civilement doivent être davantage intégrés dans les communautés chrétiennes selon les diverses façons possibles, en évitant toute occasion de scandale. La logique de l’intégration est la clef de leur accompagnement pastoral, afin que non seulement ils sachent qu’ils appartiennent au Corps du Christ qu’est l’Église, mais qu’ils puissent en avoir une joyeuse et féconde expérience. Ce sont des baptisés, ce sont des frères et des sœurs, l’Esprit Saint déverse en eux des dons et des charismes pour le bien de tous. Leur participation peut s’exprimer dans divers services ecclésiaux : il convient donc de discerner quelles sont, parmi les diverses formes d’exclusion actuellement pratiquées dans les domaines liturgique, pastoral, éducatif et institutionnel, celles qui peuvent être dépassées. Non seulement ils ne doivent pas se sentir excommuniés, mais ils peuvent vivre et mûrir comme membres vivants de l’Église, la sentant comme une mère qui les accueille toujours, qui s’occupe d’eux avec beaucoup d’affection et qui les encourage sur le chemin de la vie et de l’Évangile”. » (II, IV)

4. Amoris laetitia 301 : « Il n’est plus possible de dire que tous ceux qui se trouvent dans une certaine situation dite “irrégulière” vivent dans une situation de péché mortel, privés de la grâce sanctifiante. Les limites n’ont pas à voir unique¬ment avec une éventuelle méconnaissance de la norme. Un sujet, même connaissant bien la norme, peut avoir une grande difficulté à saisir les “valeurs comprises dans la norme” ou peut se trouver dans des conditions concrètes qui ne lui permettent pas d’agir différemment et de prendre d’autres décisions sans une nou¬velle faute. » (II, III, IV)

5. Amoris laetitia 303 : « Cette conscience peut reconnaître non seulement qu’une situation ne répond pas objectivement aux exigences générales de l’Évangile. De même, elle peut reconnaître sincèrement et honnêtement que c’est, pour le moment, la réponse généreuse qu’on peut donner à Dieu, et découvrir avec une certaine assurance morale que cette réponse est le don de soi que Dieu lui-même demande au milieu de la complexité concrète des limitations, même si elle n’atteint pas encore pleinement l’idéal objectif. » (II, IV, V)

6. Amoris laetitia 304 : « Je demande avec insistance que nous nous souvenions toujours d’un enseignement de saint Thomas d’Aquin, et que nous apprenions à l’intégrer dans le discernement pastoral : “Bien que dans les principes généraux, il y ait quelque nécessité, plus on aborde les choses particulières, plus on rencontre de défaillances […]. Dans le domaine de l’action, au contraire, la vérité ou la rectitude pratique n’est pas la même pour tous dans les applications particulières, mais uniquement dans les principes généraux ; et chez ceux pour lesquels la rectitude est identique dans leurs actions propres, elle n’est pas également connue de tous […]. Plus on entre dans les détails, plus les exceptions se multiplient.” Certes, les normes générales présentent un bien qu’on ne doit jamais ignorer ni négliger, mais dans leur formulation, elles ne peuvent pas embrasser dans l’absolu toutes les situations particulières. »

7. Le 5 septembre 2016 les évêques de la région de Buenos Aires ont publié une déclaration sur l’application d’Amoris laetitia, dans lequel ils ont déclaré :

6) En otras circunstancias más complejas, y cuando no se pudo obtener una declaración de nulidad, la opción mencionada puede no ser de hecho factible. No obstante, igualmente es posible un camino de discernimiento. Si se llega a reconocer que, en un caso concreto, hay limitaciones que atenúan la responsabilidad y la culpabilidad (cf. 301-302), particularmente cuando una persona considere que caería en una ulterior falta dañando a los hijos de la nueva unión, Amoris laetitia abre la posibilidad del acceso a los sacramentos de la Reconciliación y la Eucaristía (cf. notas 336 y 351). Estos a su vez disponen a la persona a seguir madurando y creciendo con la fuerza de la gracia. …
9) Puede ser conveniente que un eventual acceso a los sacramentos se realice de manera reservada, sobre todo cuando se prevean situaciones conflictivas. Pero al mismo tiempo no hay que dejar de acompañar a la comunidad para que crezca en un espíritu de comprensión y de acogida, sin que ello implique crear confusiones en la enseñanza de la Iglesia acerca del matrimonio indisoluble. La comunidad es instrumento de la misericordia que es «inmerecida, incondicional y gratuita» (297).
10)  El discernimiento no se cierra, porque «es dinámico y debe permanecer siempre abierto a nuevas etapas de crecimiento y a nuevas decisiones que permitan realizar el ideal de manera más plena» (303), según la «ley de gradualidad» (295) y confiando en la ayuda de la gracia.

[Point n° 6. En d’autres circonstances plus complexes, et lorsqu’il n’a pas été possible d’obtenir une déclaration de nullité, l’option évoquée peut ne pas être mise en œuvre dans les faits. Nonobstant, un chemin de discernement est également possible. Si on en arrive à reconnaître que, dans un cas concret, il y a des limitations qui atténuent la responsabilité et la culpabilité (cf 301-302), particulièrement lorsqu’une personne estime qu’elle tomberait dans une nouvelle faute en faisant du tort aux enfants de la nouvelle union, Amoris laetitia ouvre la possibilité de l’accès aux sacrements de la Réconciliation et de l’Eucharistie (cf les notes 336 et 351). Ceux-ci à leur tour dispose la personne à continuer de mûrir et de croître avec la force de la grâce. »
Point n°9. Il peut être opportun qu’un éventuel accès aux sacrements se réalise de manière discrète, surtout lorsque l’on prévoit des situations conflictuelles. Mais en même temps il ne faut pas laisser d’accompagner la communauté pour qu’elle grandisse dans l’esprit de compréhension et d’accueil, sans que cela implique de créer des confusions quant à l’enseignement de l’église à propos du mariage indissoluble. La communauté est un instrument de la miséricorde qui est “imméritée, inconditionnelle et gratuite”. »
Point n°10. Le discernement ne se renferme pas parce qu’il est « dynamique et doit demeurer toujours ouvert à de nouvelles étapes de croissance et à de nouvelles décisions qui permettront de réaliser l’idéal plus pleinement » (303) selon la « loi de la gradualité » (295) avec confiance en l’aide de la grâce.]

Cela affirme que selon Amoris laetitia, bien que l’indissolubilité du mariage ne soit pas niée, les divorcés et les remariés peuvent recevoir les sacrements, et que persister dans cet état est compatible avec la réception de l’aide de la grâce. Le Pape François a écrit une lettre officielle datée du même jour à Mgr Sergio Alfredo Fenoy, évêque de San Miguel, délégué de la Région de Buenos Aires des évêques d’Argentine, indiquant que les évêques de la région de Buenos Aires avaient donné la seule interprétation possible d’Amoris laetitia :

Querido hermano:
Recibí el escrito de la Región Pastoral Buenos Aires «Criterios básicos para la aplicación del capítulo VIII de Amoris laetitia». Muchas gracias por habérmelo enviado; y los felicito por el trabajo que se han tomado: un verdadero ejemplo de acompañamiento a los sacerdotes… y todos sabemos cuánto es necesaria esta cercanía del obíspo con su clero y del clero con el obispo . El prójimo «más prójimo» del obispo es el sacerdote, y el mandamiento de amar al prójimo como a sí mismo comienza para nosotros obispos precisamente con nuestros curas.
El escrito es muy bueno y explícita cabalmente el sentido del capitulo VIII de Amoris Laetitia. No hay otras interpretaciones.

 [Mon cher frère,
J’ai reçu l’écrit de la région pastorale Buenos Aires “critères de base pour l’application du chapitre 8 d’Amoris laetitia”. Je vous remercie beaucoup de me l’avoir envoyé, et je vous félicite pour le travail que vous avez accompli : un véritable exemple d’accompagnement des prêtres… et nous savons tous combien est nécessaire cette proximité de l’évêque avec son clergé et du clergé avec l’évêque. Le prochain “le plus prochain” de l’évêque est le prêtre, et le commandement d’aimer son prochain comme soi-même commence, pour nous autres évêques, précisément avec nos curés.
L’écrit est très bon et il explicite parfaitement le sens du chapitre 8 d’Amoris laetitia. Il n’y a pas d’autre interprétation.]

Cette lettre aux évêques de Buenos Aires a ensuite été publiée dans les Acta Apostolicae Sedis d’octobre 2016, avec une note précisant que le Pape François avait ordonné leur publication comme un acte du magistère authentique. Cette note n’affirme pas que les déclarations d’Amoris laetitia ou des évêques de Buenos Aires eux-mêmes font partie du magistère authentique ; elle affirme avec l’autorité magistérielle que la compréhension que les évêques de Buenos Aires ont de ce que le Pape François voulait dire dans Amoris laetitia est correcte.

Il faut noter que le refus de la Communion aux couples divorcés et aux couples remariés de manière invalide ou concubins invalides est, en soi, une doctrine fondée sur les Saintes Écritures et sur la loi divine.  Affirmer la possibilité de donner la Sainte Communion aux couples divorcés et remariés invalides implique, par une inférence inévitable, la croyance aux hérésies II, IV, et V, ou bien un déni du dogme de l’indissolubilité du mariage.

8. Le 16 juin 2016, lors d’un Congrès pastoral pour le diocèse de Rome, le Pape François a déclaré que de nombreux couples « en concubinage » ont la grâce du mariage. (II, IV, V)

9. Lors d’une conférence de presse le 26 juin 2016, le Pape François a déclaré :
« Je pense que les intentions de Martin Luther n’étaient pas erronées. C’était un réformateur. Peut-être que certaines méthodes n’étaient pas correctes. … Et aujourd’hui, luthériens et catholiques, protestants, nous sommes tous d’accord sur la doctrine de la justification. Sur ce point, qui est très important, il n’a pas commis d’erreur. » (I)

10. Dans une homélie prononcée dans la cathédrale luthérienne de Lund, en Suède, le 31 octobre 2016, le pape François a déclaré :

« L’expérience spirituelle de Martin Luther nous interpelle et nous rappelle que  nous ne pouvons rien faire sans Dieu : “Comment puis-je avoir un Dieu miséricordieux ?” C’est la question qui hantait constamment Luther. En effet, la question de la relation juste avec Dieu est la question décisive de la vie. Comme on le sait, Luther a trouvé ce Dieu miséricordieux dans la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ incarné, mort et ressuscité. Par le concept “uniquement par la grâce divine”, on nous rappelle que c’est toujours Dieu qui prend l’initiative et qu’il précède toute réponse humaine, en même temps qu’il cherche à susciter cette réponse. La doctrine de la justification, par conséquent, exprime l’essence de l’existence humaine face à Dieu. » (I)

11. Le 31 octobre 2016, le pape François a signé la Déclaration commune à l’occasion de la commémoration commune catholique-luthérienne de la Réforme, qui comprenait cette affirmation : « Nous sommes profondément reconnaissants pour les dons spirituels et théologiques reçus à travers la Réforme. » (I)

12. Le 4 février 2019, le pape François et Ahmad Al-Tayyeb, le grand imam de la mosquée Al-Azhar, ont publiquement signé et publié une déclaration intitulée « Document sur la fraternité humaine ». Ils y affirment ce qui suit :

« La liberté est un droit de toute personne : chacune jouit de la liberté de croyance, de pensée, d’expression et d’action. Le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains. Cette Sagesse divine est l’origine dont découle le droit à la liberté de croyance et à la liberté d’être différents. »  (VII)

(B) Les actions publiques du Pape François
qui indiquent un rejet des vérités de la foi

Considérées dans leur sens le plus évident, les déclarations énumérées ci-dessus sont hérétiques. C’est ce qui a été souligné, pour beaucoup d’entre eux, dans la Correction filiale envoyée au Pape François et dans les censures théologiques d’Amoris laetitia qui ont été envoyées au collège des cardinaux par 45 universitaires catholiques. Ils ont été compris dans un sens hérétique par une grande partie de l’Église, qui s’en est saisie pour légitimer des croyances et des actions qui s’y conforment. Le Pape François n’a pas corrigé ceux qui ont interprété publiquement ces déclarations dans un sens hérétique, même lorsque les personnes qui ont soutenu ces interprétations hérétiques étaient des évêques ou des cardinaux.

Ces déclarations ne sont cependant pas les seules preuves de l’adhésion publique du pape François à l’hérésie. Il est possible de démontrer sa croyance en une proposition par des actions aussi bien que par des mots. Le droit canonique a toujours accepté les actions non verbales comme preuve de l’hérésie ; par exemple, le refus de s’agenouiller devant le Saint Sacrement a été considéré comme une preuve d’absence de foi dans la doctrine de la Présence réelle. Les actions non verbales peuvent en elles-mêmes indiquer la croyance en une hérésie, ou bien elles peuvent le faire en conjonction avec des déclarations verbales et écrites. Dans ce dernier cas, elles fournissent un contexte qui indique clairement que les déclarations verbales et écrites en question doivent être comprises dans un sens hérétique. Un grand nombre d’actions publiques du pape François ont manifesté sa croyance dans les hérésies énumérées ci-dessus, par l’une ou l’autre de ces deux voies. Nous fournissons ci-dessous une liste récapitulative de ces actes. Cette liste n’est pas exhaustive. Il n’est pas non plus nécessaire qu’elle le soit ; lorsqu’elle est considérée conjointement avec les déclarations du pape François mentionnées ci-dessus, le nombre et la gravité des actes énumérés ci-dessous suffisent à établir au-delà de tout doute raisonnable que le pape François a publiquement manifesté sa croyance en des hérésies que nous lui reprochons de professer.

Les actions du pape François manifestent sa croyance aux hérésies énumérées ci-dessus de plusieurs façons. Ces actions comprennent la protection, la promotion et l’éloge des clercs et des laïcs qui ont manifesté leur croyance en ces hérésies, ou qui ont constamment agi d’une manière qui conteste les vérités que ces hérésies contredisent. Le droit canonique a traditionnellement considéré que la protection, la promotion et l’aide aux hérétiques peuvent être en soi des indications d’hérésie. En faisant l’éloge de clercs et de laïcs qui professent ces hérésies, ou en les nommant à des postes influents, ou en protégeant les clercs de ce type de la punition ou de la rétrogradation quand ils ont commis ces actes gravement criminels et immoraux, il les aide à répandre leurs convictions hérétiques. En choisissant des prélats hérétiques pour les postes les plus importants de la Curie romaine, il manifeste son intention d’imposer ces hérésies à toute l’Église. En protégeant les clercs coupables d’actes sexuels immoraux et criminels, même lorsque cette protection provoque de graves scandales pour l’Église et menace de conduire à des actions calamiteuses de la part des autorités civiles, il manifeste son incroyance à l’égard de l’enseignement catholique sur la morale sexuelle, montrant que le soutien apporté à des religieux hérétiques et criminels est pour lui plus important que le bien de l’Église. En faisant publiquement l’éloge de personnes qui ont consacré leur carrière à s’opposer à l’enseignement de l’Église et de la foi catholique, à promouvoir et à commettre des crimes condamnés par la Révélation divine et la loi naturelle, il communique le message selon lequel les croyances et les actions de ces personnes sont légitimes et dignes d’éloges.

Il convient de noter que son approbation et son soutien publics ne sont pas sans discernement ; il ne fait pas souvent l’éloge des catholiques qui sont connus pour être entièrement fidèles à l’enseignement de la foi, et il ne cite pas le comportement des catholiques de ce genre comme un exemple à suivre. Il faut aussi observer comment il a rétrogradé ou mis à l’écart ceux qui sont empreints de fidélité et d’orthodoxie.

Voici une liste d’actions qui indiquent la croyance aux hérésies énumérées ci-dessus.

• Cardinal Domenico Calcagno

Le cardinal Calcagno était connu pour avoir protégé Nello Giraudo, un prêtre qui avait abusé d’un mineur du même sexe, avant l’élection du pape François. Celui-ci l’a maintenu en fonction comme président de l’Administration du Patrimoine du Saint-Siège jusqu’à ce qu’il atteigne l’âge de la retraite en 2017. (II, V)

• Cardinal Francesco Coccopalmerio

Le Cardinal Coccopalmerio a déclaré publiquement en 2014 que les responsables catholiques doivent mettre l’accent sur les éléments positifs des relations homosexuelles et que, dans certaines circonstances, il serait erroné de refuser la communion aux personnes vivant dans des relations adultères ou de leur demander de dissoudre leur relation. Il a montré d’autres signes d’approbation de l’activité homosexuelle. Le pape François l’a nommé à un certain nombre de postes importants, dont un groupe de travail chargé d’accélérer le processus d’évaluation de la nullité du mariage, et à la commission de révision de la Congrégation de la doctrine de la foi qui examine les appels interjetés par les membres du clergé reconnus coupables d’abus sexuels sur mineurs. (II, IV, V)

• Cardinal Blase Cupich

Au Synode de 2015 sur la famille, le Cardinal Cupich a soutenu les propositions selon lesquelles les personnes vivant dans des relations adultérines et les homosexuels sexuellement actifs pourraient recevoir l’Eucharistie en toute bonne conscience dans certaines circonstances. Le pape François l’a nommé archevêque de Chicago en 2014, l’a nommé cardinal en 2016 et l’a nommé membre de la Congrégation pour les évêques et la Congrégation pour l’éducation catholique. (II, IV, V)

• Cardinal Godfried Danneels

En 1997 et 1998, le cardinal Danneels a été invité à agir à propos du manuel de catéchisme Roeach, utilisé en Belgique sous son autorité. Ce manuel scolaire faisait de la corruption de mineurs au moyen d’une éducation sexuelle contraire aux principes catholiques, en leur apprenant à rechercher n’importe quel plaisir sexuel de leur choix, qu’il fût solitaire, hétérosexuel ou homosexuel. Il contenait des allégations propres à la propagande habituelle utilisée afin de légitimer l’abus sexuel d’enfants prépubères. Le cardinal a défendu le manuel et a refusé de le faire modifier ou supprimer, y compris lorsque des parents belges ont contesté ses encouragements à la pédophilie. Le cardinal a pris des mesures en vue de protéger l’évêque pédophile Roger Vangheluwe après qu’on eut appris que celui-ci avait abusé sexuellement de son propre neveu, à partir du moment où celui-ci avait eu cinq ans. Lorsque ledit neveu, devenu adulte, a demandé à Danneels de prendre des mesures contre Vangheluwe, Danneels a refusé, a enjoint le neveu de se taire et lui a affirmé qu’il devait reconnaître sa propre culpabilité. Tous ces actes étaient de notoriété publique en 2010. Le cardinal Danneels se tenait aux côtés du pape François sur le balcon de l’église Saint-Pierre lorsque le pape a fait sa première apparition publique après son élection. Le pape François l’a nommé délégué spécial au Synode sur la famille de 2015. A sa mort en 2019, le pape François a fait son éloge, le présentant comme un « pasteur zélé » qui « a servi l’Eglise avec dévouement ». (II, IV, V)

• Cardinal John Dew

Le Cardinal Dew a plaidé pour l’admission des couples adultères à l’Eucharistie au Synode sur l’Eucharistie en 2005. Le Pape François l’a nommé cardinal en 2015 et l’a nommé délégué spécial au Synode sur la famille de 2015. (II, IV, V)

• Cardinal Kevin Farrell

Le Cardinal Farrell a exprimé son soutien à la proposition d’autoriser aux divorcés remariés de recevoir la communion. Le Pape François l’a nommé préfet du nouveau Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, l’a promu au rang de cardinal et l’a nommé cardinal camerlingue. (II, IV, V)

• Cardinal Oswald Gracias

Le Cardinal Gracias a publiquement exprimé l’opinion selon laquelle l’homosexualité peut être une orientation donnée aux personnes par Dieu. Le pape François l’a nommé au nombre des organisateurs du sommet du Vatican sur les abus sexuels en février 2019. (II, IV, V)

• Cardinal Jozef de Kesel

En 2014, le cardinal de Kesel, alors évêque de Bruges, nomma le père Tom Flamez à un poste de curé après que ce dernier eut été condamné pour abus sexuel. Il n’a pas retiré le P. Antoon Stragier de son ministère avant 2015, bien que les crimes de Stragier eussent été connus du diocèse en 2004. Le pape François a choisi Mgr de Kesel comme archevêque de Malines-Bruxelles en novembre 2015 et l’a nommé cardinal en novembre 2016.  (II, IV, V)

• Cardinal Rodriguez Maradiaga

Dans un discours à l’Université de Dallas en 2013, le cardinal Maradiaga a déclaré que le Concile Vatican II « signifiait la fin des hostilités entre l’Église et le modernisme condamné par le Concile Vatican I », et il a affirmé que « le modernisme était, la plupart du temps, une réaction aux injustices et abus qui portaient atteinte à la dignité et aux droits des personnes ». Il a déclaré que  « au sein du peuple, il n’y a pas de double classification des chrétiens, entre laïcs et clergé essentiellement différents », mais que « pour parler correctement, nous ne devrions pas parler de clergé et de laïcs, mais plutôt de communauté et de ministère ». Il a affirmé : « Le Christ lui-même ne s’est pas proclamé ou prêché Lui-même, mais le Royaume. L’Église, en tant que son disciple et son serviteur, doit faire de même. »

Le Cardinal Maradiaga n’a pas agi alors qu’il a été saisi d’accusations d’inconduite sexuelle avec des séminaristes et de détournement de fonds à l’égard de José Juan Pineda Fasquelle, évêque auxiliaire de Tegucigalpa. Ces accusations ont donné lieu à une visite apostolique de Mgr Alcides Jorge Pedro Casaretto, qui a présenté un rapport au pape François en mai 2017. Mgr Fasquelle a démissionné de ses fonctions en juillet 2018 à l’âge de 57 ans. Maradiaga a refusé d’enquêter sur les plaintes déposées par 48 des 180 séminaristes au sujet de l’inconduite homosexuelle au séminaire du Honduras, et a au contraire attaqué les plaignants. Le pape François a nommé Maradiaga comme membre et coordinateur du conseil des neuf cardinaux qu’il a créé en 2013 pour le conseiller dans le gouvernement de l’Eglise universelle. (II, IV, V)

• L’ex-cardinal Theodore McCarrick

Selon de nombreux accusateurs crédibles, l’ancien cardinal McCarrick a fait pression sur des séminaristes pour qu’ils aient des relations homosexuelles avec lui. Ces accusations étaient connues du Saint-Siège dès 2002. Entre 2005 et 2007, le diocèse de Metuchen et l’archidiocèse de Newark ont versé des compensations financières à deux prêtres qui avaient accusé McCarrick d’abus. Le pape François a été personnellement informé de ce comportement en 2013 et a appris que le pape Benoît XVI lui avait imposé des restrictions. Le pape François a sorti McCarrick de sa retraite et l’a utilisé pour de nombreuses tâches importantes, notamment comme représentant du Saint-Siège en Israël, en Arménie, en Chine, en Iran et à Cuba. Il a accompagné le pape François lors de ses voyages en Israël et à Cuba. Lorsque l’archevêque Mgr Carlos Maria Viganò affirma en août 2018 que le pape François savait depuis 2013 que McCarrick était un prédateur en série, le pape refusa de répondre à cette affirmation. En février 2019, l’ancien cardinal est retourné à l’état laïc. Malgré l’exemple du comportement de l’ancien cardinal, le sujet des abus homosexuels sur adultes, et en particulier sur des séminaristes, a été exclu du débat lors du sommet sur les abus sexuels qui s’est tenu à Rome le même mois. (II, IV, V)

• Cardinal Donald Wuerl

Le cardinal Wuerl a permis au P. George Zirwas de continuer d’exercer son ministère après avoir appris qu’il avait commis de nombreux crimes d’abus sexuels. Wuerl a démissionné de son poste d’archevêque de Washington après que ses actions dans cette affaire et dans d’autres affaires d’abus sexuels eussent été critiqués par un rapport du grand jury de Pennsylvanie. Lorsque Wuerl a démissionné à la suite de ces échecs, le pape François l’a félicité pour sa noblesse, l’a maintenu à la tête de l’archidiocèse de Washington comme administrateur apostolique et l’a maintenu comme membre de la Congrégation pour les évêques. (II, IV, V)

• Mgr Mario Enrico Delpini, archevêque

En tant que vicaire général de l’archidiocèse de Milan, le P. Delpini a transféré le P. Mauro Galli dans une nouvelle paroisse après avoir été informé du fait que Galli avait agressé sexuellement un jeune homme. Delpini a avoué cela dans une déposition au tribunal en 2014. Le Saint-Siège en a été informé. Le pape François l’a nommé archevêque de Milan en 2017. (II, IV, V)

• Mgr Juan Barros Madrid

Barros a couvert les graves crimes sexuels du P. Fernando Karadima, reconnu coupable d’abus sexuels par un tribunal ecclésiastique en 2011. Le pape François a nommé Barros évêque d’Osorno en 2015 malgré les vives protestations des fidèles et a décrit ses critiques comme des calomniateurs. Mgr Barros a reconnu sa responsabilité et a démissionné en 2018 après que le pape François eut reconnu avoir commis de « graves erreurs » dans le traitement de son cas. (II, IV, V)

• Mgr Juan Carlos Maccarone

Maccarone était évêque de Santiago de Estero en Argentine et doyen de la Faculté de Théologie de l’Université Pontificale de Buenos Aires. En 2005, une vidéo de Maccarone en train de se faire sodomiser par un chauffeur de taxi a été rendue publique. Il a alors pris sa retraite comme évêque. Après cet incident, Mgr Bergoglio a signé une déclaration de solidarité avec Mgr Maccarone, émise par la Conférence épiscopale d’Argentine, dont il était alors le président. (II, IV, V)

• Mgr José Tolentino Mendonça

En 2013, Mendonça a fait l’éloge de la théologie de Sœur Teresa Forcades, qui défend la moralité des actes homosexuels et affirme que l’avortement est un droit, et qui a déclaré que « Jésus de Nazareth n’a pas codifié, ni établi de règles ». Le pape François l’a nommé archevêque et chef des Archives secrètes du Vatican en 2018. Il l’a également choisi pour prêcher la retraite de Carême au pape et aux hauts responsables de la Curie en 2018. (II, IV, V, VI)

• Mgr Gustavo Óscar Zanchetta

Zanchetta avait été nommé évêque d’Oran en Argentine par le Pape François en 2013. Zanchetta s’est rendu coupable d’inconduite homosexuelle, et notamment de harcèlement sexuel de séminaristes. Des preuves photographiques ont été présentées au Saint-Siège en 2015. En décembre 2017, le Pape François a nommé Zanchetta comme assesseur de l’Administration du Patrimoine du Siège Apostolique.  (II, IV, V)

• Mgr. Battista Mario Salvatore Ricca

Battista Ricca s’est rendu coupable de grave inconduite homosexuelle alors qu’il était employé de la nonciature papale en Uruguay. Il s’est notamment retrouvé coincé dans un ascenseur avec un prostitué et a dû être secouru par les pompiers. Après que ces scandales eurent été rendus publics, le pape François l’a nommé prélat de l’Istituto delle Opere di Religione, et l’a chargé de gérer sa résidence, la Casa Santa Marta. (II, IV, V)

• P. Julio Grassi

Grassi a été reconnu coupable en 2009 d’avoir agressé sexuellement un adolescent. La Conférence épiscopale argentine, présidée par le cardinal Bergoglio, s’est démenée pour empêcher la condamnation de Grassi. La Conférence épiscopale a commandé à cet effet un ouvrage en quatre volumes qui calomnie les victimes de Grassi. Mgr Grassi a déclaré que tout au long de son procès judiciaire, Mgr Bergoglio lui avait « tenu la main ».  (II, IV, V)

• P. Mauro Inzoli

Le P. Inzoli a été condamné en première instance pour abus sexuels envers des mineurs à  la réduction à l’état laïc par la Congrégation pour la Doctrine de la foi en 2012, mais il a fait appel et la sentence a été suspendue. En juin 2014, le pape François a modifié la condamnation pour la réduire à une peine beaucoup plus douce, la prescription d’une vie retirée. Inzoli a été arrêté en 2016 et condamné par un tribunal italien. Ce n’est qu’à l’issue de sa condamnation par ce tribunal que François l’a enfin réduit à l’état laïc en 2017. (II, IV, V)

• P. James Martin S.J.

Martin est un défenseur bien connu de la justification des relations homosexuelles et de l’activité homosexuelle. En 2017, le pape François le nomme consultant auprès du Secrétariat des Communications du Saint-Siège. (II, IV, V)

• Père Timothy Radcliffe O.P.

En 2013, Radcliffe a déclaré que l’activité homosexuelle peut être une expression du don de soi du Christ. Le Pape François l’a nommé consulteur auprès du Conseil Pontifical Justice et Paix en mai 2015. (II, IV, V)

• Emma Bonino

Emma Bonino, la plus en vue des militants politiques pro-avortement et pro-euthanasie en Italie ; elle s’est vantée d’avoir pratiqué personnellement de nombreux avortements. En 2015, le Pape François l’a reçue au Vatican et en 2016, il l’a saluée comme l’une des « grandes oubliées » de l’Italie.  (II, IV, V, VI)

• Académie Pontificale pour la Vie

En 2016, le Pape François a renvoyé les 132 membres de l’Académie Pontificale pour la Vie. Il a supprimé le serment obligatoire que les membres de l’Académie devaient prêter, jurant de respecter les enseignements catholiques sur la vie humaine et de ne pas effectuer de recherches destructrices sur l’embryon ou le fœtus, l’avortement volontaire ou l’euthanasie. Parmi les 45 nouveaux membres de l’Académie qu’il a nommés figurent plusieurs personnalités qui rejettent l’enseignement moral catholique. Le P. Maurizio Chiodi a plaidé pour l’euthanasie par l’arrêt de la nourriture et de l’hydratation, et il a également rejeté l’enseignement moral catholique sur la contraception. Le P. Alain Thomasset a rejeté l’idée qu’il existe des actions intrinsèquement mauvaises : il a aussi déclaré que certaines relations homosexuelles peuvent être des chemins de sainteté. Le P. Humberto Miguel Yanez soutient que la contraception artificielle peut être licite en certaines circonstances. Le professeur Marie-Jo Thiel rejette l’enseignement de l’Église selon lequel les actes homosexuels sont intrinsèquement mauvais, ainsi que son enseignement selon lequel la contraception est moralement mauvaise. Le professeur Nigel Biggar soutient que l’avortement jusqu’à 18 semaines de grossesse peut être licite et admet que l’euthanasie puisse être justifiée dans certains cas. (II, IV, V, VI)

• Promotion de la réception de l’Eucharistie par les personnes divorcées remariées

Le pape François a persisté à promouvoir la réception de l’Eucharistie dans certaines circonstances par des personnes ayant divorcé civilement de leur conjoint et vivant dans une relation sexuelle avec une autre personne. Sa lettre aux évêques de Buenos Aires, citée plus haut, approuve explicitement cette pratique. Il est intervenu dans la composition de la Relatio post disceptationem pour le Synode sur la famille 2014. Son ajout à la Relatio proposait d’autoriser la Communion pour les catholiques divorcés remariés au cas par cas. Il affirma que les pasteurs feraient bien de souligner les « aspects positifs » des modes de vie que l’Église considère comme gravement peccamineux, y compris le remariage civil après le divorce et la cohabitation prénuptiale. Ces propositions ont été incluses dans la Relatio sur son insistance personnelle, en dépit du fait qu’elles n’avaient pas obtenu la majorité des deux tiers requise par les règles du Synode. Il a émis des directives pour le diocèse de Rome permettant la réception de l’Eucharistie dans certaines circonstances par des catholiques divorcés et remariés vivant more uxorio avec leur partenaire civil. Ces enseignements et ces actions sont en eux-mêmes une offense à la foi, puisque la doctrine selon lequel les catholiques ayant un conjoint vivant qui cohabitent ouvertement avec une autre personne ne peuvent recevoir l’Eucharistie est au moins une vérité appartenant à l’objet secondaire de l’infaillibilité de l’Église. C’est au moins une vérité dont l’acceptation est nécessaire pour que le dépôt de la foi puisse être efficacement défendu ou proposé avec une autorité suffisante. Nous ne nions pas qu’elle fasse partie de la Tradition Sacrée divinement révélée. Sa négation n’a pas été ajoutée à la liste des hérésies épousées par le pape François parce que certains théologiens catholiques dignes de respect ont soutenu qu’elle ne fait pas partie du dépôt de la foi révélé par Dieu. La négation de cette vérité soutient les hérésies (IV) et (V) énumérées ci-dessus.

• Autres indications

Le 9 juin 2014, le pape François a reçu au Vatican les dirigeants de l’organisation militante pro-homosexuelle Tupac Amaru d’Argentine et a béni des feuilles de coca qu’ils avaient apportées, en vue d’une utilisation dans leurs rituels religieux païens, dans lesquelles la plante de coca est considérée comme sacrée. (II, IV, V, VII)

Le pape François n’a pas dit un mot en faveur des campagnes populaires visant à préserver les pays catholiques de l’avortement et de l’homosexualité, par exemple, avant le référendum cherchant à introduire l’avortement en Irlande en mai 2018. (II, IV, V, VI)

Lors de la messe d’ouverture du Synode de la Jeunesse en 2018, le pape François portait une férule en forme de bâton de sorcier, un objet utilisé dans les rituels sataniques. (VI, VII)
Lors du Synode de la jeunesse en 2018, le pape François portait une croix arc-en-ciel déformée, l’arc-en-ciel étant un symbole populaire du mouvement homosexuel. (II, IV, V)

Le pape François a conclu un accord avec la Chine qui permet au gouvernement chinois de choisir des évêques catholiques dans ce pays, et a ordonné à un certain nombre d’évêques catholiques fidèles de céder leur diocèse à des évêques nommés par l’État. La Chine est un État athée qui persécute les chrétiens et applique une politique démographique immorale qui comprend la promotion de la contraception et l’avortement forcé à grande échelle. Cette politique démographique est une priorité absolue pour le gouvernement chinois ; elle a causé des dommages incalculables. Le contrôle de l’Église par le gouvernement chinois fera en sorte que l’Église en Chine ne puisse offrir aucune résistance à cette politique. (II, VI)

Le Pape François a refusé de nier qu’Amoris laetitia enseigne les hérésies (IV), (V) et (VI) énumérées ci-dessus, lorsque les cardinaux Brandmüller, Burke, Caffarra et Meisner lui ont demandé de le faire en septembre 2016 en lui soumettant leurs dubia. Ces dubia mentionnaient en particulier la grave désorientation et la grande confusion de nombreux fidèles en ce qui concerne les questions de foi et de morale résultant d’Amoris laetitia. La soumission de dubia par les évêques et la réponse à ces derniers constituent une procédure tout à fait traditionnelle et normale, de sorte que le refus de répondre à ces dubia résulte d’un choix délibéré de la part du Pape François.

(C) L’obstination pape François à adhérer aux propositions hérétiques

Le Pape François acheva les études théologiques nécessaires à l’ordination, obtint une licence en philosophie et une licence en théologie, et devint professeur universitaire de théologie aux Facultés de philosophie et de théologie de San Miguel, une université et un séminaire jésuite en Argentine. Il est par la suite devenu recteur de ces facultés. L’exhortation apostolique Familiaris consortio et l’encyclique Veritatis splendor, qui condamnent plusieurs des hérésies énumérées ci-dessus, ont été publiées alors qu’il était prêtre et évêque respectivement. Il a cité Familiaris consortio dans ses écrits et a participé à une conférence théologique sur Veritatis splendor en 2004, à laquelle il a contribué en affirmant la doctrine niée dans l’hérésie (VI) évoquée plus haut. Les dubia mentionnés ci-dessus, qui ont été envoyés au Pape François en privé en septembre 2016 et rendus publics en novembre de la même année, rappellent des passages dans Veritatis splendor et Familiaris consortio. On peut donc supposer qu’il est suffisamment bien informé de la doctrine catholique pour savoir que les hérésies qu’il professe lui sont contraires. Leur caractère hérétique a également été établi et souligné dans une correction filiale qui lui a été adressée par plusieurs savants catholiques en août 2017, et rendue publique en septembre de la même année.

La demande que nous vous adressons du fait de votre épiscopat

Nous demandons donc à vos Eminences, Béatitudes, Excellences, de vous pencher d’urgence sur la question de l’adhésion publique du pape François à l’hérésie. Nous reconnaissons avec gratitude que certains d’entre vous avez réaffirmé les vérités contraires aux hérésies que nous avons énumérées, ou bien avez mis en garde contre les graves dangers qui menacent l’Église dans ce pontificat. Nous rappelons, par exemple, que Son Éminence le cardinal Burke a déjà déclaré en octobre 2014 que l’Église apparaît comme un navire sans gouvernail, et qu’avec Son Éminence le cardinal Pujats, feu le cardinal Caffarra et plusieurs autres évêques, il a signé en septembre 2016 une Déclaration de fidélité aux enseignements immuables de l’Église sur le mariage. Nous rappelons également la déclaration de Son Éminence le cardinal Eijk, en mai de l’année dernière, selon laquelle l’incapacité actuelle de transmettre fidèlement la doctrine, de la part des évêques en union avec le successeur de saint Pierre, évoque la grande tromperie annoncée pour les derniers jours ; et des remarques plus récentes assez comparables de Son Éminence le cardinal Gerhard Müller dans son Manifeste pour la foi. Pour ces interventions, et d’autres du même genre, de cardinaux et d’évêques, qui ont contribué à rassurer les fidèles, nous rendons grâce à Dieu.

Pourtant, dans une situation d’urgence aussi grave et sans précédent, nous croyons qu’il ne suffit plus d’enseigner la vérité comme si elle était abstraite, ni même de dénoncer la « confusion » dans l’Église en des termes assez généraux. Car les catholiques auront du mal à croire que le pape s’en prend à la foisi cela n’est pas dit expressément ; et par conséquent, de simples dénonciations abstraites risquent de servir de couverture au pape François pour avancer et atteindre son but.

Malgré les preuves que nous avons présentées dans cette lettre, nous reconnaissons qu’il ne nous appartient pas de déclarer le pape coupable du délit d’hérésie d’une manière qui aurait des conséquences canoniques pour les catholiques. Nous en appelons donc à vous qui êtes nos pères spirituels, vicaires du Christ dans vos propres juridictions et non pas vicaires du pontife romain, à exhorter publiquement le pape François à abjurer les hérésies qu’il a professées. Même indépendamment de la question de son adhésion personnelle à ces croyances hérétiques, le comportement du Pape à l’égard des sept propositions qui contredisent la vérité divinement révélée, mentionnées au début de cette Lettre, justifie l’accusation du délit d’hérésie. Il ne fait aucun doute qu’il promeut et diffuse des opinions hérétiques sur ces points. La promotion et la diffusion de l’hérésie constituent en soi un motif suffisant pour accuser du délit d’hérésie. Il y a donc une raison surabondante pour que les évêques prennent au sérieux l’accusation d’hérésie et tentent de remédier à la situation.

Puisque le pape François a manifesté l’hérésie par ses actions aussi bien que par ses paroles, toute abjuration doit impliquer la répudiation et l’annulation de ces actions, y compris celles des nominations d’évêques et de cardinaux qui ont soutenu ces hérésies par leurs paroles ou leurs actions. Une telle admonition relève d’un devoir de charité fraternelle envers le Pape, ainsi que d’un devoir envers l’Église. Si – ce qu’à Dieu ne plaise ! – le Pape François ne porte pas le fruit d’un vrai repentir en réponse à ces avertissements, nous vous demandons d’accomplir le devoir de votre office en déclarant qu’il a commis le délit canonique d’hérésie, et qu’il doit subir les conséquences canoniques de ce crime.

Ces actes n’ont pas besoin d’être posés par tous les évêques de l’Église catholique, ni même par une majorité d’entre eux. Une partie substantielle et représentative des évêques fidèles de l’Église aurait le pouvoir de prendre ces mesures.  Étant donné la nature ouverte, générale et dévastatrice de l’hérésie du pape François, la volonté de réprimander publiquement le pape François pour son hérésie semble maintenant constituer une condition nécessaire pour être un évêque fidèle de l’Église catholique.

Cette ligne de conduite est soutenue et exigée par le droit canonique et la tradition de l’Église. Nous donnons ci-dessous un bref compte-rendu des fondements canoniques et théologiques qui la fondent.

Nous demandons à la Sainte Trinité d’éclairer le Pape François pour qu’il rejette toute hérésie opposée à une saine doctrine, et nous prions pour que la Bienheureuse Vierge Marie, mère de l’Eglise, puisse gagner pour Vos Seigneuries la lumière et la force pour défendre la foi du Christ. Permettez-nous de dire avec hardiesse qu’en agissant ainsi, vous n’aurez pas affronter ce reproche du Seigneur : « Vous n’êtes pas montés à la rencontre d l’ennemi, et vous ne vous êtes pas opposés comme un mur pour la maison d’Israël, pour tenir ferme dans le combat au jour du Seigneur » (Ezéchiel 13:5).

Nous demandons humblement votre bénédiction et vous assurons de nos prières pour votre ministère et pour l’Église.

Fidèlement vôtres en Jésus-Christ,

Matteo d’Amico, Professeur d’Histoire et de Philosophie, Collège d’Ancône

Georges Buscemi, président de Campagne Québec-Vie, membre de l’Académie Jean-Paul II pour la vie humaine et la famille

Robert Cassidy STL

P. Thomas Crean OP

Diacre Nick Donnelly MA

Maria Guarini STB, Pontificia Università Seraphicum, Rome ; rédactrice du site Chiesa e postconcilio

Pr Robert Hickson PhD, professeur retraité de littérature et d’études stratégiques et culturelles

P. John Hunwicke, ancien agrégé supérieur de recherche, Pusey House, Oxford

Peter Kwasniewski PhD

John Lamont DPhil (Oxon.)

Brian M. McCall, Professeur de droit Orpha et Maurice Merrill, rédacteur en chef de Catholic Family News

P. Cor Mennen JCL, diocèse de Bois-le-Duc, Pays-Bas, chanoine du chapitre de la cathédrale, chargé de cours au séminaire diocésain de Bois-le-Duc

Stéphane Mercier, STB, PhD, ancien chargé de cours à l’Université catholique de Louvain

P. Aidan Nichols OP

Paolo Pasqualucci, Professeur de philosophie (retraité), Université de Pérouse

Claudio Pierantoni, professeur de philosophie médiévale, Université du Chili ; ancien professeur d’histoire de l’Église et de patrologie à l’Université catholique pontificale du Chili

Pr John Rist

Anna Silvas, agrégée supérieure auxiliaire de recherche, Faculté des sciences humaines, des arts, des sciences sociales et de l’éducation, Université de la Nouvelle-Angleterre

W.J. Witteman, physicien, professeur émérite, Université de Twente

ANNEXE
Le droit canonique et la théologie catholique
 à propos de la situation d’un pape hérétique

La situation d’un pape tombant dans l’hérésie a longtemps fait l’objet de discussions de la part des théologiens catholiques. Cette situation a été mise en évidence après que le Troisième Concile œcuménique de Constantinople eut anathémisé l’hérésie monothélite en 681, et anathémisé à titre posthume le pape Honorius pour son soutien à cette hérésie ; cette condamnation d’Honorius en tant qu’hérétique fut reprise par saint Léon II quand il approuva les actes dudit concile. Depuis lors, les théologiens et canonistes catholiques sont parvenus à un consensus sur plusieurs éléments essentiels concernant les effets entraînés par le fait qu’un pape tombe dans l’hérésie publique. Nous présenterons brièvement ces éléments ici.

Le consensus existe sur le fait qu’aucun pape ne peut soutenir l’hérésie lorsqu’il donne un enseignement dans le respect des conditions exigées pour qu’une déclaration magistrale soit infaillible. Cette restriction ne signifie pas qu’un pape ne peut être coupable d’hérésie, puisque les papes peuvent faire, et font de fait beaucoup de déclarations publiques qui ne sont pas infaillibles ; en fait, de nombreux papes n’expriment jamais une définition infaillible.

Le consensus existe sur le fait que l’Église n’a pas juridiction sur le pape, et qu’elle ne peut donc pas destituer un pape de ses fonctions par l’exercice d’une autorité supérieure, même pour le crime d’hérésie.

Le consensus existe sur le fait que le mal d’un pape hérétique est si grand qu’il ne doit pas être toléré au nom d’un bien prétendument plus grand. Suarez exprime ce consensus comme suit : « Il serait extrêmement dommageable pour l’Église d’avoir un tel pasteur et de ne pas pouvoir se défendre d’un danger aussi grave ; en outre, il serait contraire à la dignité de l’Église de l’obliger à rester soumise à un pontife hérétique sans pouvoir l’expulser d’elle-même, car tels sont le prince et le prêtre, tel est le peuple, habituellement. » Saint Robert Bellarmin évoque « le misérable état où serait l l’Église si elle ne pouvait se défaire d’un loup qui ravagerait ouvertement le troupeau » (Controverses, 3e controverse, Bk. 2, chap. 30).

Le consensus existe sur le fait que les autorités ecclésiastiques ont la responsabilité d’agir pour remédier au mal d’un pape hérétique. La plupart des théologiens soutiennent que les évêques de l’Église sont les autorités qui ont le devoir absolu d’agir de concert pour remédier à ce mal.

Le consensus existe sur le fait qu’un pape coupable d’hérésie et qui s’obstine dans ses vues hérétiques ne peut continuer d’être pape.  Les théologiens et les canonistes discutent de cette question dans le cadre du sujet de la perte de la charge papale. Les causes de la perte de la charge papale qu’ils énumèrent incluent toujours la mort, la démission et l’hérésie. Ce consensus correspond à la position du bon sens ordinaire, qui affirme que pour être pape, il faut être catholique. Cette position est fondée sur la tradition patristique et sur des principes théologiques fondamentaux relatifs à la fonction ecclésiastique, l’hérésie et l’appartenance à l’Église.  Les Pères de l’Église ont nié qu’un hérétique puisse posséder une juridiction ecclésiastique de quelque nature que ce soit. Plus tard, des docteurs de l’Église ont compris que cet enseignement se référait à l’hérésie publique soumise à des sanctions ecclésiastiques, et ils ont soutenu qu’il était fondé sur la loi divine plutôt que sur la loi positive de l’Eglise. Ils affirmaient qu’un hérétique de ce type ne peut exercer sa juridiction parce que son hérésie le sépare de l’Église, et que nulle personne expulsée de l’Église ne peut y exercer son autorité.

Le droit canonique de l’Église soutient ce consensus théologique. Le premier canon à considérer explicitement la possibilité d’une hérésie papale se trouve dans le Décret of Gratien. La Distinctio XL, canon 6 du Decretum dit que le pape ne peut être jugé par personne, à moins qu’on ne découvre qu’il s’est écarté de la foi :

Cunctos ipse iudicaturus a nemine est iudicandus, nisi deprehendaturatur a fide devius (« Celui qui doit tout juger ne doit être jugé par personne, sauf s’il est surpris à dévier de la foi »).

La formulation de cette déclaration semble avoir été influencée par le De sancta Romana ecclesia (1053) du cardinal Humbert, qui affirmait que le pape jouit de l’immunité à l’égard du jugement de quiconque, sauf en matière de foi : « A nemine est iudicandus nisi forte deprehendatur a fide devius. » L’affirmation du canon est un développement de la déclaration du pape Grégoire le Grand selon laquelle les mauvais prélats doivent être tolérés par leurs sujets si cela peut se faire tout en sauvegardant la foi (Moralia XXV c. 16 : « Subditi praelatos etiam malos tolerant, si salva fide possint… »).

L’affirmation canonique selon laquelle le pape peut être jugé pour hérésie a vu le jour en tant qu’explication du principe canonique selon lequel le pape n’est jugé par personne. L’affirmation contenue dans ce canon est l’énonciation d’un privilège ; son objet est d’affirmer que le pape jouit de l’exemption la plus largement possible par rapport au jugement d’autrui.

Ce canon a été inclus, avec l’ensemble du Decretum de Gratien, dans le Corpus iuris canonici, qui a constitué la base du droit canonique dans l’Église latine jusqu’en 1917. Son autorité est soutenue par l’autorité papale elle-même, puisque le droit canonique de l’Église est soutenu par l’autorité papale. Il a été enseigné par le Pape Innocent III, qui affirmait dans son sermon sur la consécration du Souverain Pontife que « Dieu était son seul juge pour les autres péchés, et qu’il ne pouvait être jugé par l’Église que pour les péchés commis contre la foi » (« In tantum enim fides mihi necessaria est, ut cum de caeteris peccatis solum Deum iudicem habeam, propter solum peccatum quod in fide commtitur possem ab Ecclesia judicari »). Le rejet de ce canon du Decretum saperait le fondement canonique de la primauté du pape elle-même, puisque ce canon fait partie de la base juridique du principe selon lequel le pape n’est jugé par personne.

Ce canon a été universellement accepté par l’Église après la compilation et la publication du Decretum. L’hérésie à laquelle il est fait référence dans ce canon est comprise par pratiquement tous les auteurs comme signifiant une hérésie extérieurement manifestée (la thèse selon laquelle un pape perd sa charge pour hérésie purement interne a été avancée par Juan de Torquemada O.P., mais elle a été réfutée avec force et rejetée par tous les canonistes et théologiens depuis lors). Ni le Code de droit canonique de 1917 ni le Code de droit canonique de 1983 n’abrogent le principe selon lequel un pape hérétique perd son office pontifical. Tous les commentateurs de ces codes sont d’accord sur ce point et affirment que ce principe est correct.

La tradition canonique primitive exige généralement que, dans le cas particulier de l’hérésie papale, le pape soit averti à plusieurs reprises avant d’être traité comme un hérétique. La Summa de Rufinus, la Summa antiquitate et tempore (après 1170) et la Summa de Johannes Faventius (après 1171) affirment toutes que le pape doit être averti une deuxième et une troisième fois pour renoncer à son hérésie avant de pouvoir être considéré comme hérétique. La Summa d’Huguccio déclare qu’avant que le pape ne puisse être jugé hérétique, il doit être adjuré d’abandonner l’hérésie et doit défendre avec obstination son erreur en réponse à cette admonestation.

Des auteurs sédévacantistes ont soutenu qu’un pape perd automatiquement la charge papale à cause de l’hérésie publique, sans que l’intervention de l’Église soit requise ou permise. Cette opinion n’est pas compatible avec la tradition et la théologie catholiques et doit être rejetée. Son acceptation jetterait l’Église dans le chaos dans le cas d’un pape embrassant l’hérésie, comme beaucoup de théologiens l’ont observé. Il laisserait à chaque catholique le soin de décider si et quand le pape peut être considéré comme hérétique, et s’il a perdu son office. On doit plutôt accepter que le pape ne peut perde son office sans l’action des évêques de l’Église.   Cette action doit inclure le fait d’adjurer le pape plus d’une fois de rejeter toute hérésie qu’il a pu embrasser, et de déclarer aux fidèles qu’il est devenu coupable d’hérésie s’il refuse de renoncer à ces hérésies. L’incompatibilité entre l’hérésie et l’appartenance à l’Église est à l’origine de la perte de l’office pontifical par un pape hérétique.  Le fait que l’Église détermine qu’un pape est hérétique, et l’annonce de son hérésie par les évêques de l’Église, est ce qui fait de l’hérésie du pape un fait juridique, un fait dont découle sa perte d’office.

Il y a moins de divergences d’opinion entre les théologiens catholiques concernant les mesures que l’Église doit prendre pour s’occuper d’un pape hérétique. L’école de Cajetan et Jean de Saint-Thomas affirment que pour que l’office papal soit perdu, l’Église, après s’être assurée et avoir déclaré que le pape est un hérétique, doit aussi commander aux fidèles de l’éviter à cause de son hérésie. L’école de saint Robert Bellarmin ne rejette pas l’idée de commander aux fidèles d’éviter le pape comme hérétique, mais elle ne considère pas cela comme une condition préalable nécessaire pour que le pape puisse perdre son office pour hérésie. Ces deux écoles ont leurs tenants, y compris de nos jours. Nous ne nous prononçons pas sur ces questions controversées, dont la résolution est du ressort des évêques de l’Église.

© Jeanne Smits pour la traduction

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