Après la Filiale supplique au Pape François sur l’avenir de la Famille, après les dubia concernant Amoris laetitia qui lui furent envoyés, après la Correctio Filialis, la correction filiale concernant la propagation d’hérésies, signée par quelques évêques, des prêtres et des fidèles, adressée pareillement au pontife argentin, voici un Appel pastoral aux évêques pour une Réaffirmation Apostolique de l’Évangile lancé à l’initiative d’un groupe de prêtres américains et européens, majoritairement diocésains.

Ces ecclésiastiques demandent à tous les évêques du monde de « réaffirmer l’enseignement du Christ » face à la « crise pastorale » qui sévit aujourd’hui dans l’Église officielle. Dans une note explicative, ils précisent leurs intentions :

« Les prêtres signataires de ce document se sont engagés dans un effort pastoral, et non dans une initiative politique » ;

les raisons de leur appel :

« Le présent Appel est fondé sur deux observations de fait et sur un jugement pastoral qui en découle. Les faits sont les suivantes : 1) le problème pastoral et le préjudice graves causés par la résurgence d’une approche nocive et longtemps rejetée de la vie morale chrétienne ; et 2) le caractère inadéquat des efforts ecclésiaux,passés et actuels, tendant à mettre un terme à cette approche fausse. Notre jugement pastoral nous amène à considérer qu’en raison de cette histoire, nous avons besoin d’une correction formelle de ces erreurs et d’une réaffirmation de l’Évangile exprimée avec toute l’autorité du ministère apostolique ; sans cela, une situation déjà dommageable ne manquera pas de s’aggraver significativement. » ;

et le but poursuivi qui est

« de rendre un témoignage public du Christ et de ses enseignements, » et « de demander au vu du caractère inadéquat de ces efforts passés, que chaque évêque envisage de faire usage de toute son autorité apostolique afin de réaffirmer l’Évangile et de réfuter ces erreurs ».

L’appel proprement dit, daté du dimanche du Bon pasteur, 22 avril 2018, et ouvert à d’autres signatures, est adressé aux évêques :

« afin de solliciter votre aide de façon à répondre à une approche erronée de la vie morale chrétienne, à laquelle nous sommes fréquemment confrontés et qui porte un préjudice considérable à ceux qui se laissent égarer par elle. Nous estimons que ce dommage pourrait en grande partie être réparé ou atténué si vous réaffirmiez les enseignements du Christ et corrigiez ces erreurs avec toute l’autorité de votre ministère apostolique. »

Les prêtres poursuivent en notant que « notre préoccupation pastorale nous amène à penser qu’en l’absence d’une telle assistance, cette situation préjudiciable va s’aggraver significativement ».

En substance, ces clercs condamnent la dérive immorale et amorale promue par la Rome bergoglienne, particulièrement grâce aux dispositions sacramentelles contenues dans Amoris laetitia : 

« Cette approche erronée revient à considérer en substance que les personnes qui commettent des actes objectivement mauvais tout en estimant qu’ils sont quittes de toute culpabilité doivent être permis à recevoir la Sainte Communion (…) et prétend que [ces actes mauvais],dans certaines circonstances, correspondent au plus grand bien qu’il est possible d’obtenir de manière réaliste,ou en réalité qu’ils sont tous simplement bons. »

Les signataires soulignent qu’« alors qu’une telle approche prétend constituer une évolution nouvelle et légitime, l’Église a toujours considéré que ces principes étaient contraires à l’Évangile », et estiment « que la résurgence récente de cette approche nocive malgré ces efforts ecclésiaux soutenus démontre la nécessité d’une réponse pastorale plus efficace que celle qui peut émaner du seul clergé paroissial ou de l’autorité limitée de déclarations classiques au niveau diocésain ou régional. »

Suit une liste d’affirmations de l’Évangile « centrées sur dix points essentiels que nous espérons vous voir affirmer officiellement » et qui rappellent les lois matrimoniales et sacramentelles traditionnelles.

Les prêtres à l’origine de cette lettre terminent en encourageant la hiérarchie apostolique officielle « à ne pas sous-estimer la valeur pastorale du soutien apostolique et de l’orientation que vous pouvez fournir à l’Église universelle, même en tant qu’évêque individuel » car, écrivent-ils, « le témoignage personnel d’un évêque, exprimé avec le souci pastoral et la pleine autorité d’un Successeur des Apôtres donnerait au Christ un moyen efficace de rassembler, aider et guider son peuple ».

Un des signataires de l’appel, le père Gerald Murray de l’église de la Sainte Famille de New York, a précisé auprès du National Catholic Register que l’on ne peut nier ou minimiser le fait que l’actuelle crise a été « occasionnée » par le chapitre VIII de l’exhortation du pape François Amoris laetitia :

« Si les catholiques n’ont plus besoin de conformer leur vie à l’enseignement du Christ sur l’indissolubilité du mariage au point d’estimer digne de recevoir la sainte Communion, alors bien d’autres péchés seront sujets à de pareilles reconsidérations. Cela serait désastreux. »

Ces prêtres conservateurs ou modérés qui signent ouvertement cette lettre qui est, en résumé, un réquisitoire contre la pastorale bergoglienne, qui acceptent d’être peut-être marginalisés dans leur diocèse ou paroisse, sont courageux. Peut-être recevront-ils quelques réponses de leurs évêques, certainement pas du pape qui n’a jamais répondu aux différents dubia, suppliques, corrections qui lui ont été adressés par des membres éminents de l’Église officielle…

Mais cet énième appel à la réaffirmation apostolique de l’Évangile aura-t-il une efficacité notable et freinera-t-il résolument la révolution du pape François ? Il est à craindre que non, d’abord parce que toute révolution a besoin d’une aile modérée pour avancer. Ensuite parce que cette révolution morale bergoglienne, qui fait frémir les signataires de toutes ces lettres ouvertes, est dans la logique du concile Vatican II. Ce dernier, infatué d’idées philosophiques modernes éloignées de la sainte scolastique et contenant doctrinalement des équivoques, des ambiguïtés, des erreurs, a ouvert la voie aux interprétations progressistes ultérieures, au nom de l’évolution du dogme. Ainsi, après avoir ces dernières décennies sous les papes conciliaires, ruiné la saine théologie, exposé une nouvelle doctrine qui n’enseigne plus la Vérité catholique dans son intégrité, inventé de nouveaux sacrements, une nouvelle messe, l’esprit du Concile ne peut que pousser, dans un mouvement progressiste perpétuel, l’Église conciliaire à décomposer, sous le pontificat de François, les normes morales traditionnelles, à institué une nouvelle morale protestantisante et à accélérer par la même occasion la disparition complète du catholicisme en son sein.

La nécessité tyrannique édictée par le Concile d’ouvrir l’Église au monde, d’adapter la religion à l’homme moderne, aux « frères séparés » et de soumettre le chrétien à la mode de son temps, est la cause première de la révolution bergoglienne. Le pape François est le digne fils des théologiens conciliaires dont il met en application avec fermeté et constance, sans se donner aucune limite et grâce à un sens pratique de la praxis, les idées modernistes et progressistes. Amorsi laetitia et cette « approche erronée de la vie morale chrétienne » dénoncée par cet appel ne sont que des dignes fruits post-conciliaires de Vatican II.

Aussi tant que Vatican II restera la boussole de ces conservateurs cardinaux, évêques, prêtres, la révolution progressiste a de beaux jours devant elle pour continuer son œuvre destructrice en tout domaine…

Francesca de Villasmundo

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