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Notre gouvernement, confronté à la crise de son école et plus largement de l’éducation, songe à bannir les notes scolaires et à interdire la fessée.

Longtemps elles ont été volontiers associées : de mauvaises notes pouvaient engendrer de « bonnes fessées » avec souvent une certaine efficacité dans les effets.

Aujourd’hui cette conjonction est quasiment considérée comme une double peine. Les premières servent encore beaucoup, mais la seconde, sauf cas pathologiques outrageusement exploités, est généralement devenue une arme de dissuasion atomique, d’usage rarissime et en dernier recours. De toutes les façons la fessée est abandonnée de plus en plus tôt et les notes sont dispensées de plus en plus tard .

Toutes les 2 sont remises en question par les mauvaises consciences modernes, comme grossières, injustes, traumatisantes et sadiques.

La honte des mauvaises notes et places attribuées à notre « système éducatif » qui fut prestigieux, par les instances internationales décrétées compétentes, nous pousse à admirer et à imiter les modèles des nations les plus avancées dans la modernité triomphante. Il faudrait donc, pour être mieux classés et notés, abolir les notes classantes, et ne plus fesser du tout.

Chacun sait que les démocrates éclairés ne doivent satisfaire l’opinion populaire majoritaire que lorsqu’elle est bien inspirée dans le sens de l’histoire, et dans le cas contraire, rééduquer par les médias sa sensibilité, puis la sonder et re-sonder jusqu’à ce que la mort des mauvaises opinions s’en suive.

Pourtant, si les sondages contre les notes semblent en nette évolution favorable (récemment à 55%), ceux qui proposent l’interdiction de la fessée, pourtant plus évidemment violente, parce que physique, se heurtent dans notre pays à une résistance de 80%.

Même dans les pays qui ne sont pas comme le nôtre, estimés archaïques et latins, un écart conséquent demeure.

Pourquoi ?

Constatons d’abord que les populations sondées ne sont pas les mêmes :

– pour la fessée, ce serait un échantillonnage représentatifs de tous les punisseurs potentiels…

– pour les notes, ce ne sont pas les « punisseurs » qui sont interrogés, mais des parents, souvent plus affectés que les élèves eux-mêmes par les résultats insatisfaisants. C’est particulièrement le cas de ceux que représentent les A.P.E.L, parents de l’enseignement partiellement « libre », commanditaires d’un récent sondage. Ils attendraient des professionnels de l’enseignement qu’ils trouvent une meilleure façon d’évaluer et de motiver.

La question devient donc : par quoi remplacer l’une et l’autre ?

La fessée peut être infligée par tout parent, avec ou sans formation éducative théorique. Elle est souvent utilisée dans des situations dans lesquelles il est difficile, ou inapproprié, de se poser beaucoup de questions. De plus, il n’est pour le moins pas certain que des raisonnements, des injonctions morales, des marchandages de préférence affectifs, ou tout simplement le laisser-faire, conseillés par des théoriciens souvent étrangers à ces situations concrètes, soient plus efficaces, éducatifs, ou tout simplement gérables.

Pour les notes, sans rapport avec les actuels « ABCD de l’égalité », on a voulu, après 1968, les remplacer par les catégories A, B, C et D. On avait alors vu se multiplier les moins et plus pour retrouver la diversité de 0 à 20. C’est pourquoi cette solution a fait long feu, même si des Congrégations l’avaient antérieurement employée, sans doute avec plus de discernement.

On reproche aux notes de ne pas indiquer comment progresser. La réponse classique est que l’appréciation du professeur a ce rôle quand elle est judicieusement utilisée.

L’ « évaluation des compétences », d’origine internationale, serait plus précise et plus objective. C’est méconnaître que l’alternative « acquis » ou « non acquis » à chaque « item » engendre la perplexité des enseignants surtout quand, sous pressions institutionnelles, il faut valider une acquisition souvent très relative et l’assumer ensuite. Pour ne pas léser des élèves jusque-là bien notés et ne pas briser toute motivation dépassant le minimum requis, la catégorie « expert » est proposée. Un élève bien noté dans toutes les « compétences » devient-il « expert universel » sans risquer de perdre toute modestie et toute lucidité encore plus sûrement qu’avec de « bonnes notes » plus nuancées ? Il paraît donc heureux, qu’au-delà des premiers apprentissages, les notes cohabitent encore avec ce nouveau « mode d’évaluation » nonobstant le réel surcroît de travail pour les enseignants …

L’admiration du « premier de classe » finlandais, où de multiples différences de données seraient à prendre en compte, peut-elle nous faire croire que son imitation à propos des notes et des fessées résoudrait la crise profonde de l’école et de l’éducation dans notre pays ?

La question qui se pose devient alors : quelle note et quelle punition devraient être infligées aux auteurs de ces diversions irréalistes et dérisoires ?

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