L’auteur de science-fiction américain Isaac Asimov entre 1967 et 1988 écrivit une série d’ouvrages appelée couramment La saga des robots. Il créa une véritable sociologie de la coexistence entre les hommes et les robots notamment en leur donnant un statut quasiment humain. Ce fut bien évidemment reçu comme une aimable plaisanterie. Ce thème avait été repris par un film émouvant de Spielberg intitulé Intelligence artificielle (2001). Dans mon dernier ouvrage intitulé La fin de l’espèce humaine, je dénonçais les dangers d’une robotisation à outrance compte tenu des professions déjà nombreuses remplacées par des robots. Je posais naïvement la question de savoir si les robots auraient des droits. Aimable plaisanterie ?

Pour la première fois au monde, le 31 mai il a été déposé une proposition parlementaire dans le cadre de l’Europe. Celle-ci envisage de doter les robots d’une forme de « personnalité ». Les plus évolués d’entre eux devraient être reconnus par la Commission européenne comme des « personnes électroniques », dotées de droits et de devoirs. A priori cette idée semble saugrenue. Mais pas tant que cela. Ainsi, il semble légitime de se demander dans quel cadre juridique se situeront les robots des voitures sans conducteur qui vont arriver sur le marché.

La proposition parlementaire estime qu’à partir d’un certain degré d’intelligence et d’autonomie, les robots remplaceront complètement l’homme ; ce qui est déjà le cas dans le cadre par exemple des chaînes de montage dans les usines. Il est évident que leur usage nécessite bien sûr des contrats d’assurance. Il en sera de même pour les humanoïdes intelligents. Ce qui suppose une responsabilité personnelle des robots.

En pratique, tout bêtement, les auteurs de cette proposition se disent que les robots remplaceront les hommes qui travaillent ; et leurs propriétaires ne payeront pas de charges sociales. Il faut donc taxer les entreprises qui les utiliseront. Mais est-ce-possible de leur faire payer des charges sociales équivalentes à celles des salariés ? Notamment pour pouvoir prendre en charge les chômeurs qui perdront leur emploi à cause de l’arrivée des robots. Pourquoi pas ? Ce sera une manière de faire face au « grand remplacent » des travailleurs par les machines robotisées. Déjà le marché des humanoïdes représente près de 18 milliards en Allemagne. Toutefois cette proposition parlementaire semble généralement prématurée. Mais un premier pas sera franchi quand les ordinateurs seront taxés car ils remplacent en partie les secrétaires.

En attendant, l’enfant dans le sein de sa mère n’a aucun droit sinon celui d’être tué. Il n’a légalement aucun statut alors que les robots pourraient en avoir.

Jean-Pierre Dickès

A voir aussi et à lire surtout le livre La fin de l’espèce Humaine.

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