Les escrocs israéliens Gilbert Chikli et Anthony Lasarevitsch font quelque peu reparler d’eux ces jours-ci. C’est en effet ce mercredi que Gilbert Chikli devait être entendu par un juge parisien.
Le Canard Enchaîné rapporte que Gilbert Chikli aurait tenté d’escroquer plus de 150 personnalités en usurpant l’identité de Jean-Yves Le Drian, ministre français des affaires étrangères, et du Prince Albert II de Monaco.
L’escroquerie aurait fonctionné au moins à trois reprises : auprès d’une fondation suisse (pour plus de 800.000 euros de préjudice), du prince Aga Khan IV, imam de la communauté ismaélienne (pour 19,9 millions d’euros), et de Corinne Mentzelopoulos, copropriétaire des vignes du Château Margaux (pour 5,95 millions d’euros).
La femme d’affaires avait reçu un appel en mars 2016 d’une personne se faisant passer pour le ministre Jean-Yves Le Drian. L’imposteur racontait que des Français étaient retenus otages en Syrie, leurs ravisseurs réclamant une rançon de 40 millions d’euros. Comme il fallait agir avec discrétion car l’Etat français ne peut pas officiellement payer de rançon, le faux ministre en appelait au patriotisme de Corinne Mentzelopoulos. Une lettre à en-tête du ministère avait été envoyée dès le lendemain à la femme d’affaires pour lui confirmer sommairement l’entretien et lui affirmer que la France lui rembourserait ensuite la somme sur un compte UBS en Suisse.
Parmi les autres personnalités visées par les escrocs israéliens, Le Canard Enchaîné cite le chef d’Etat africain Ali Bongo, le roi Albert II de Belgique, des grands patrons tels que Martin Bouygues, Bernard Arnault ou encore le défunt Serge Dassault, mais également la Banque du Vatican, Nicolas Hulot, l’actrice Brigitte Bardot, ainsi que les archevêques de Paris et de Lyon.
Gilbert Chikli n’en était pas à son coup d’essai. Il est l’inventeur de « l’escroquerie au président » qui consistait à se faire passer pour le président d’une société ou d’une ONG pour procéder à des arnaques.
Pour ses premières arnaques, Gilbert Chikli avait déjà été condamné à sept ans de prison pour escroquerie, mais il avait fui en Israël en 2009. Il y paradait avec arrogance, s’affichant dans une luxueuse villa avec une superbe jeune femme, et y accueillant des journalistes pour s’y moquer de la justice française.
Accompagné de son complice Anthony Lasarevitsch, lui-aussi sous le coup d’un mandat d’arrêt international, il avait ensuite quitté Israël pour Kiev en août 2017. Les deux hommes y ont été arrêtés, avant d’être extradés puis incarcérés en France, en vertu du mandat d’arrêt international dont ils faisaient l’objet. Sur les téléphones portables, les enquêteurs ont retrouvé des échanges sur la messagerie WhatsApp entre les deux escrocs. Ils cherchaient des masques « en latex ou silicone » de visages de personnalités politiques (François Hollande, Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron,…) et prévoyaient de s’adresser à leurs victimes potentielles en se filmant grimés dans un appartement meublé à la façon d’un bureau présidentiel.
En novembre 2017, face aux magistrats, Anthony Lasarevitsch avait tout nié, prétendant s’être rendu en Ukraine « pour aller péleriner à Ouman sur la tombe de Rabbi Nahman« , le fondateur d’un mouvement juif hassidique. Et pieux avec ça !
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